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    Dimanche 7 septembre 2008



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    Actualité récente : la semaine de l’unité
    Réflexion sur l’unité des Chrétiens et la démarche oecuménique.

     Que tous soient un !

    Réponse à une blogueuse chrétienne, membre de la communauté « religions en liberté », et quelque peu déçue par l’oecuménisme…



    La démarche oeucuménique part d’une intention généreuse et d’un ressenti juste : la division actuelle des Chrétiens est une souffrance et un contre-témoignage. Peut-on se réclamer du Christ Jésus et ne pas se sentir profondément blessé par ces ruptures et ces rivalités entre frères ? Peut-on se réclamer du Christ Jésus et ne pas aspirer du fond du cœur à la réconciliation et au rassemblement de la grande famille chrétienne ?

    Je suis personnellement convaincu que la plupart des croyants investis dans la démarche œcuménique sont sincèrement désireux de retisser des liens entre frères divisés. Cependant, quelque chose semble ne pas « fonctionner » et l’œcuménisme nous apparaît aujourd’hui comme entré dans une sorte d’impasse. L’enthousiasme de beaucoup de cœurs c’est refroidit et le doute pointe son nez… Que se passe-t-il ?

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    L’unité des Chrétiens n’est pas une option, il s’agit de la volonté même de Dieu. Mais de quelle unité s’agit-il ?

    Selon l’apôtre Jean, Jésus a lui-même prié pour l’unité de ceux qui croient en lui :

    « Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. Je ne prie pas pour eux seulement, mais aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi, afin que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé. Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un: moi en eux et toi en moi, afin qu’ils soient parfaits dans l’unité, et que le monde reconnaisse que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. » (Jean 17, 17-23)

     Dans la prière rapportée par Jean, Jésus n’évoque pas cette unité en terme d’institution, de système, encore moins en terme de pouvoir. Jésus évoque l’unité en termes spirituels.

    Les disciples doivent être unis tout comme Jésus est uni à son Père. Jésus évoque l’unité en termes d’amour, de relation, de sanctification, de perfection et d’engagement missionnaire. Il s’agit d’être un, comme Jésus et le Père sont un. Cette unité ne vient pas d’une unification organisationnelle ou dogmatique. Jésus est un avec son Père car il L’aime. Il est un avec son Père car, tout comme le Père, il aime les hommes. Jésus est un avec son Père, car il met sans cesse ses pas dans ceux du Père (RA 2/12). C’est le sens du propos rapporté par Jean : « le Fils ne peut rien faire de lui-même, qu’il ne le voit faire au Père; ce que fait celui-ci, le Fils le fait pareillement. » (Jean 5,19).

    C’est en faisant la volonté de Dieu, en étant parfait – dans une dynamique d’évolution créatrice, dans une tension permanente vers la perfection, la sainteté pour reprendre une expression biblique - à l’image et ressemblance de Dieu, tout comme Jésus, que les disciples de Jésus fondent leur unité et sont reconnus comme disciples. A ceci tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples: si vous avez de l’amour les uns pour les autres (Jean 13,35).


    Soyons lucides, les divisions entre Chrétiens ont contribué à éloigner les hommes de la foi et de Dieu, elles ont été facteur de scandale au sens biblique (Matthieu 18,6). Quelle espérance crédible peuvent susciter des hommes et des femmes qui prêchent la fraternité et l’amour, mais s’opposent, se méprisent, voire se déchirent ? Les premières séparations entre églises d’orient et d’occident après le concile de Chalcédoine (451), le grand schisme entre Chrétiens orthodoxes et catholiques romains (1054), les ruptures de la Réforme
    entre Catholiques et Protestants (à partir du 16ème siècle), les nombreuses scissions au sein même de ces trois grands groupes, les rivalités et parfois les guerre qui en ont résulté, l’exclusion ou la persécution des minorités atypiques ou simplement contestataires (les courants considérés comme « hérétiques » dès le second siècle, les ariens et autres chrétiens unitariens pratiquement depuis l’origine, les cathares, les vaudois, les anabaptistes, les églises considérées comme « sectes » aujourd’hui uniquement parce qu’elles sont très minoritaires numériquement ou dans leurs orientations théologiques, etc.)… la liste est longue des divorces et des luttes fratricides qui ont morcelé la foi chrétienne et meurtri la fraternité.

    Le bon sens et l’amour nous font naturellement aspirer au rassemblement. Mais de quel rassemblement s’agit-il ?

    Premièrement, un rassemblement de fraternité vraie, vivante, librement consentie et portée par la base, non un rassemblement contraint par des alliances d’appareils ou des centralisations administratives décidées par des instances.

    Deuxièmement, un rassemblement reconnaissant la diversité des sensibilités et des expériences, non une unification niveleuse et uniformisante. Le christianisme a été divers dés son origine, cela n’est aucunement un problème en tant que tel. Cela devient un problème lorsque les variations de sensibilité ou de compréhension tracent des frontières ou sont matière à conflit et à rejet. 

    Troisièmement, un rassemblement dans l’Esprit et l’amour, non dans les dogmes ou les formulations doctrinales qui ont toujours débouché, l’histoire du christianisme le montre, sur de nouvelles tensions et scissions. Ce n’est pas « par la tête » mais « par le cœur » que l’unité peut naître.

    Un exemple parmi d'autres : Les débuts du Renouveau charismatique ont montré que l’unité vécue émergeait spontanément dans la simplicité du cœur, le recentrage sur l’essentiel et l’ouverture à l’Esprit. Malheureusement, certaines démarches d’unité spontanée de Chrétiens de confessions diverses ont été freinées, voir découragées par les administrations religieuses… sous prétexte de « discernement » et de refus de la confusion. Est-ce de la confusion que d’aimer son frère avec simplicité et de vouloir surmonter, au nom de cet amour, les divisions doctrinales inutiles et les obstacles hérités de traditions culturelles et de concepts intellectuels qui ne viennent pas de l’Evangile ?
    Trop souvent les appels au « discernement » et à la prudence vis à vis de la « confusion » cachent de la peur, en particulier la peur de perdre le contrôle des fidèles. Ces arrières pensées affaiblissent considérablement la dynamique œcuménique dans ce qu’elle a des généreux et de sincère et peuvent finir par la tuer.  C’est pourquoi Dieu dit dans la Révélation d’Arès : la mort serre le nez des fils unis [XXXII /3]. Le déclin de l’œcuménisme institutionnel est fatal, il doit être remplacé par la fraternité simple vécu dans la liberté et l’intelligence du cœur.


    Pour aboutir, une démarche de rassemblement et d’unité doit mettre en œuvre, outre une dynamique de liberté dans l’Esprit et une reconnaissance positive de la diversité des richesses, une volonté ferme d’en finir avec l’esprit d’exclusive et la volonté d’unification formelle (institutionnelle). Précisons :

    - D’une part, une démarche de fraternisation et de rassemblement entre disciples de Jésus ne peut être féconde que si chacun des courants de foi concernés renonce sincèrement et définitivement à toute hégémonie sur l’ensemble du Peuple chrétien. Nulle église, nulle chapelle, ne doit partir du principe que l’unité doit se faire « sous son chapiteau » exclusif. Au contraire, cette démarche ne peut vivre que si chaque église ou sensibilité spirituelle reconnaît pleinement l’autre sensibilité comme une composante légitime de la famille chrétienne et l’accueille comme telle, sans arrière pensée de conversion ou de domination. Il faut impérativement en fini avec les « complexes de supériorité » des uns et des autres. Cela implique que chaque église doit cesser de se considérer comme l’Eglise – avec un grand E - et cesser de considérer les autres églises comme des voies d’erreur, de déviance ou pire, de perdition. Cela implique que chaque église reconnaisse humblement et durablement qu’elle n’a pas le monopole de la Vérité – avec un grand V -, la vérité plénière étant possession exclusive de Dieu.

     

    - D’autre part, une démarche de rassemblement vivante doit se fonder sur des liens de fraternité patiemment tissés par la base croyante en acceptant sans crainte la diversité des fonctionnements collectifs, des vécus d’assemblée et des expérimentations communautaires. Toute organisation, toute structure héritée de l’histoire doit se considérer comme relative, transitoire, dépassable. Aucune forme ne doit être décrétée seule acceptable ou praticable, considérée comme indépassable ou pire sacralisée. Aucune forme (modalité d’organisation, de concertation, de prise de décision…) n’est sacrée. Les formes ne sont que des outils et tout outil peut se révéler inadapté à un moment ou à un autre et se voir remplacé par un autre… Enfin, nous devons comprendre que l’unité n’est pas la résultante d’une centralisation et d’une normalisation (imposition de normes) mais plutôt l’harmonisation de la diversité dans la liberté. La liberté chrétienne ne doit pas être formatée et contrôlée par une institution mais orientée, modérée et régulée par l’Esprit, volontairement accueilli et la Parole, volontairement mise en œuvre par chacun et chacune. Pourquoi ? Parce que c’est librement que Jésus s’est ouvert à l’Esprit et a assumé la Volonté du Père. C’est librement qu’il a vécu l’unité avec le Père. Par conséquent, c’est librement que ses disciples accueillent Dieu à sa suite et vivent la fraternité et l’unité. L’unité des Chrétiens n’est viable que si elle prend pour modèle et fondation l’unité entre Jésus et son Père (cela ressort clairement de la prière rapportée par Jean citée en introduction de ce texte).

     
    Enfin, une démarche d’unité ne peut se fonder sur des bases saines et prometteuses que si chaque église ou chaque courant de foi cesse de considérer les autres comme responsables des divisions du passé et accepte de reconnaître d’abord ses erreurs et ses fautes. Il s’agit pour chaque église, chaque confession, de retirer la poutre dans son œil d’abord et de renoncer à tout jugement, à tout procès historique. Une dynamique d’unité ne peut être qu’une dynamique de pardon réciproque et d’espérance active où chacun se tourne vers l’avenir avec confiance, renonce à « régler les comptes » du passé. Ainsi, bien davantage qu’une question d’organisation ou de modalité pratique, la question de l’unité est une question de conversion en profondeur à l’évangile et particulièrement à ces exigences de non jugement et de pardon.

     
    L’unité en Dieu n’est pas une unification de structure ou de formulation doctrinale, c’est une harmonie plurielle et souple, une unité de complémentarité féconde, active, dynamique, vécues dans l’amour évangélique (lequel n’est pas nécessairement un amour sentimental ou d’affinité spontanée). Il s’agit de bien autre chose que le simple « respect » ou la simple « tolérance ». Il s’agit de relever le « défi évangélique » dans nos vies pour surmonter les obstacles à la fraternité. Il s’agit aussi d’entrer en relation avec l’autre croyant dans un esprit de partage et d’enrichissement pour un dépassement commun : Catholiques, orthodoxes, protestants de toutes obédiences, ainsi que les minorités marginalisées par l’histoire mais qui ont aussi leur richesse propre, ont beaucoup à apprendre les uns des autres pour progresser ensemble vers Dieu.

    Utopie ? Folie ? Mais alors toute la Parole de Dieu est une utopie et une folie… Peut-on se dire Chrétien sans être un peu utopiste et un peu fou ?

               

    A l’origine de ce texte, lire «Un oecuménisme timide» : http://et-si-c-etait-vrai.over-blog.fr/article-15956444-6.html

     Voir aussi pour info l’«arbre des religions chrétiennes» sur le site « chrétiens ensemble ». http://www.chretiensensemble.com/oecumenisme/arbredesreligions.php

    http://le-jardin.over-blog.net/article-16434441.html

     

     


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    Dimanche 7 septembre 2008

     

     



    Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU)    
         né du courant anti-trinitaire au sein des Réformes protestantes du XVI°s., l'unitarisme compte aujourd'hui près d'un million de personnes réparties dans une cinquantaine de pays, dont plusieurs pays francophones (France, Belgique, Suisse, Québec,...

     

     

    Fondée en 1996, l'AFCU eut Théodore Monod comme premier président d'honneur


     Elle est membre de la Fédération des réseaux du Parvis (mouvance chrétienne libérale) et reconnue "groupe émergent" par l'International Council of Unitarians and Universalists (ICUU). Elle se propose de réunir par les échanges, l'amitié et le culte tous les chrétiens qui n'adhèrent pas au dogme de la Trinité.


    voir aussi nos "Actualités unitariennes" au jour le jour http://actua.unitariennes.over-blog.com 
    et notre site documentaire, "La Besace des unitariens"
    http://labesacedesunitariens.over-blog.com

     
    La proposition en a été faite par Jean-Claude Barbier, secrétaire général de l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU), dans un article à la Une de la Correspondance unitarienne, afin d'accompagner la fondation de l'Eglise unitarienne francophone. Vous la trouverez sur le site de cette Eglise (en versions française et anglaise), à la rubrique "les piliers de l'Eglise".  http://eglise.unitarienne.francophone.over-blog.fr  

    Cette proposition est complémentaire au manifeste d'Avignon (ici sur ce site à la rubrique à ce nom) qui, lui, s'adresse aux communautés chrétiennes unitariennes.

    La mouvance unitarienne contemporaine se retrouve au niveau mondial au sein de l'International Council of Unitarians and Universalists (ICUU). Elle est composite. A nos Eglises historiques restées à 100% chrétiennes, s'ajoutent en effet les Eglises et congrégations nord-américaines, canadiennes et européennes qui ont opté pour l'unitarisme-universalisme, ainsi que des universalistes indépendants. L'ensemble constitue une grande famille fidèle au libéralisme théologique et qui met en avant la convivialité et le partage des convictions, des rituels et des fêtes religieuses.
     



    http://afcu.over-blog.org/pages/une_theologie_a_lusage_de_lunitarisme_contemporain-676558.html









     

     

    Le célèbre sermon du pasteur baptiste Noir-américain Martin Luther King, Jr, a été adapté par le révérend Richard Boeke, ministre unitarien britannique afin d'être chanté dans les Eglises unitariennes sur la musique de "Diademata". Traduction en français par Jean-Claude Barbier 


    cet article se trouve sur le blog des Unitariens


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    Alors que la plupart des autres chrétiens sont organisés en paroisses ou Eglises locales dans le cadre d’une hiérarchie (de prélats ou de synodes), d’une organisation pyramidale (très centralisée pour les catholiques et les témoins de Jéhovah), les communautés unitariennes, quant à elles, vivent et s’ébattent en toute liberté ! Chacune s’organise à sa guise (toutefois en fonction d’une histoire et d’une culture) et établit les relations qu’elle veut avec les autres. Certaines peuvent ainsi mener une vie tout à fait paisible, loin de tout débat, se contentant d’elles mêmes.

    Les unitariens français se sont " internationalisés " à la suite de l’adhésion en 1992, de Suisses (le groupe de Roger Sauter) et de Belges à l’Association unitarienne française (AUF, 1986-2005), celle-ci devenant statutairement "francophone ". Mais il faudra attendre 2005, cette fois-ci à l’initiative de l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU, fondée en 1996), pour que les unitariens établissent des partenariats avec les communautés italienne, burundaise et congolaise (Brazzaville), puis en 2006 avec le réseau international fondé au Québec, le Regroupement francophone unitarien universaliste (RFUU), enfin en 2008 avec les congolais de la RDC.

    Les chrétiens unitariens vont se montrer très actifs, n’hésitant pas à prendre des initiatives :

    Relance du réseau européen des protestants libéraux après mars 2007, à la suite de la mort subite de la révérende Péronne Boddaert qui en était l’âme ; réunion d’Utrecht en octobre 2007 avec des amis Remonstrants. Voir le site de l’AFCU, à la rubrique " ELPN (Europe) ", http://afcu.over-blog.org/categorie-10136976.html 

    Manifeste d’Avignon, signé en août 2006, par toutes les associations de chrétiens unitariens européens (associations en Grande Bretagne, France, Italie, Burundi, Congo Brazzaville et Congo RDC) donnant leur positionnement au sein de la diversité de l’unitarisme contemporain.
    Voir le site de l’AFCU, à la rubrique : " le manifeste d’Avignon ",
    http://afcu.over-blog.org/categorie-10148421.html

    Représentation statutaire de la France par l’AFCU, agréée groupe en émergence en avril 2006 par l’International Council of Unitarians and Universalists (ICUU), à la rencontre internationale de cette instance à Oberwesel, en Allemagne, en novembre 2007. Voir le site de l’AFCU, à la rubrique " ICUU (international) ", http://afcu.over-blog.org/categorie-10209966.html

    Jean-Claude Barbier à Ottawa, devant le Musée national de l'histoire sociale et humaine du Canada, en mai 2008 ; le badge est celui des participants au rassemblement annuel du CUC ; photo Léo Poncelet. 

    Participation de Jean-Claude Barbier à la rencontre annuelle du Conseil unitarien du Canada (CUC), sur invitation officielle de cette instance, qui s’est tenue à Ottawa du 16 au 19 mai 2008 : contribution aux ateliers en français, proclamation solennelle de l’appel francophone d’Ottawa dans le cadre d’une réunion animée par l’ICUU
    (voir le site de l’AFCU, à la rubrique " l’appel francophone d’Ottawa ",
    http://afcu.over-blog.org/categorie-10446540.html), participation aux cultes en anglais et en français de l’Eglise unitarienne de Montréal le dimanche 25 mai.

    Enfin, dans la dynamique de cet appel d’Ottawa qui recommande l’utilisation des langues internationales en plus de l’anglais, lancement, en juin 2008, d’une Eglise unitarienne francophone (EUfr) qui est une église " linguistique " entièrement sur la Toile concernant les unitariens de plusieurs pays (Québec, France et Europe occidentale francophone, Afrique noire francophone).

    Pour l’instant celle-ci se présente comme un site portail, mais elle pourra se doter d’espaces communs : un espace " prière " est déjà mis en place ; et, dans l’avenir, pourraient également être organisés, un module " formation des jeunes ",  à partir de l’expérience de nos amis montréalais, et un espace " cultuel " comportant des cultes réguliers et une pratique à domicile pour les isolés. Avant la fin de cette année, un conseil d’Eglise sera établi avec des personnes désignées par les communautés concernées.

    Pour plus ample information,
    voir sur le site de cette Eglise, à la rubrique " questions-réponses ",
    http://eglise.unitarienne.francophone.over-blog.fr

    bilan paru dans les informations de la Correspondance unitarienne, n° 81, juillet 2008

    http://afcu.over-blog.org/article-20777732.html


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    Dimanche 7 septembre 2008

     



    UN TERRIFIANT DOCUMENTAIRE SUR LES ÉVANGÉLISTES

     

         Un film d'une heure 30, tourné en caméra mobile au Missouri et au Nord-Dakota, par deux journalistes américaines . Diffusé en France en mai 2007, c'est à ma connaissance la seule documentation critique sur les évangélistes américains qui soit accessible pour l'instant. Je l'ai visionné, crayon à la main. Les passages mis entre guillemets sont des citations textuelles de témoignages et commentaires filmés : je garantis leur exacte authenticité.

          "25% de la population américaine est évangéliste, soit 80 millions. Il se crée une Église comme celle-ci tous les deux jours aux USA, et ce n'est que la partie visible d'un iceberg mondial. Quand les électeurs évangélistes votent dans ce pays, ce sont eux qui décident du sort des urnes !"

         Morne plaine du Missouri. La chapelle est vaste, ressemble à une salle de spectacle : immense podium, écrans géants, sono sans fil. La veille du camp, on nous montre les animateurs fouinant partout, mains étendues, pour toucher chaque élément du mobilier et l'imprégner de prière : "Chaise, que celui qui prendra place sur toi soit transformé... Micros, transmettez la parole ! Console de sonorisation, ne nous lâche pas ! Tableau électrique, au nom de Dieu, pas de pannes, même s'il y a un orage !" Etc. On fait le ménage avant, pour déloger l'Ennemi des objets.

         Le lendemain : 100 à 150 enfants de 6 à 14 ans, quelques parents. Pendant la durée du camp, ils ne vont quitter cette salle que pour le réfectoire et le dortoir.

     

    Méthodes d'incorporation gestuelle

         On les voit danser aux rythmes d'une musique endiablée (si j'ose dire), danser en maniant des bâtons selon des chorégraphies inspirées des arts martiaux. Danses guerrières synchronisées, attitudes belliqueuses comme celles de l'opéra chinois. On les voit sauter de joie et d'excitation sur place. Puis très vite crier, poings levés, les yeux fermés, cous tendus. Pleurer : souvent, et beaucoup. Murmurer des incantations, tête penchée, en se balançant d'avant en arrière. Tendus des pieds à la tête, bras collés au corps, hurler des slogans lancés par l'animateur. Soudain apaisés, ouvrir les mains, paumes vers le haut. Puis se balancer, bras levés, mains frémissantes qu'ils s'imposent mutuellement peu après, yeux fermés d'où coulent des larmes sur leurs joues d'enfants. Enfin tomber en transes au milieu des danseurs, secoués de spasmes prolongés, ou bien prosternés dans un coin, ou encore accroupis devant les marches du podium, bras écartés, yeux clos levés au ciel, visage crispé, nuque cassée.

         Ces enfants, qui doivent être inscrits du CM2 à la 4°, ne se possèdent plus. Ils sont possédés par leurs animateurs, qui appliquent toutes les techniques du "développement corporel".

     

    Enrôlés pour une guerre

         Extrait des harangues de l'animatrice : "Aujourd'hui, nous sommes engagés dans ce qu'ils appellent une guerre culturelle. Cette guerre, ce n'est pas nous qui l'avons déclarée : mais c'est eux contre nous. C'est la guerre, et nous appelons à nous la puissance du Christ ! Regardez nos ennemis : eux, ils mettent le paquet sur leurs enfants ! Ils leur apprennent le maniement des armes et des grenades, ils leur donnent envie de à se faire exploser. Eh bien moi, je veux que vous, vous soyez totalement donnés à la cause de Jésus-Christ ! "

         "Tout ce que vous entendez ici, recevez-le comme des prophéties, en faites-en de la guerre !" Puis elle va vers eux, pointe le doigt vers chacun, et  crescendo : "C'est la guerre, c'est la guerre, c'est la guerre ! Chaque jour, c'est la guerre totale : que la bataille commence, alleluya !"

         Entendu aussi, au détour d'un discours de feu :

         "La démocratie... ! Mais, à la fin des fins, leur démocratie, elle va nous détruire !"

     

    Une nouvelle religion

         On voit, dans un studio de radio (laquelle ?), un journaliste qui se lamente :

         "Aujourd'hui, il y a là-dedans une nouvelle forme de religion. Quelque chose de nouveau, depuis que Matthieu a écrit son évangile. Je suis chrétien depuis toujours : ces fondamentalistes n'ont rien de généreux, de compassionnel, de miséricordieux : c'est le contraire du christianisme ! Une nouvelle religion, qui n'a rien à voir avec le message du paix du Christ. Ils répètent que nous sommes engagés dans une guerre... Et ils ont grignoté le pouvoir, petit bout par petit bout : pouvoir judiciaire, économique, financier, politique, militaire, etc..."

         Confirmation : un animateur installe sur le podium un panneau de 3 mètres de haut : une photo de G.W. Bush en pied, souriant, aimable. Petit couplet à la louange du Président, grâce à qui le combat de Jésus est enfin engagé. Tous les enfants, extatiques, tendent les mains vers l'icône. Et l'animateur lance le slogan, repris par la foule : "Mister Président, one nation under God !"

         La nation américaine, unifiée par son Président dans la soumission à Dieu.

         Alors, l'animateur tend la main vers les gosses : "En tant que chrétiens, vous aussi vous êtes des leaders : vous parlez à la place de Dieu !"

         (Rappel : ils ont entre 6 et 14 ans, des bonnes bouilles de gosses, des tignasses de pré-adolescents, baskets et tee-shirts flottants)

     

    Développement personnel

         L'animatrice dans un couloir bavarde avec Lévi, blanc, mince, visage fin, 13 ans : "Hi, pourquoi est-ce que tu viens au camp ?" - "Parce que... je veux essayer de communiquer avec les autres" Il baisse la tête, gêné : "Je suis... timide" - "Mais pendant les happenings, tu n'es pas timide, n'est-ce pas ?" - "Oh non ! pas à ce moment-là !" Et de fait, on va bientôt voir Lévi prêcher à ses petits copains, avec une grande aisance.

         Slogans entendus : "Vous tenez les manettes (You hold the keys), vous pouvez changer le monde, AB-SO-LU-MENT !"

         "Ce monde est devenu malade : vous, vous pouvez le changer !"

         "Jamais encore il n'y a eu une génération comme celle-ci (doigt pointé vers eux) : MAINTENANT, c'est à vous, c'est le temps de l'accomplissement ! Nous prophétisons ! Et nous disons aux ossements desséchés (regard circulaire) : levez-vous ! MAINTENANT ! The time has come, c'est le moment !"

         "Quand vous sortirez d'ici, vous ne serez plus les mêmes que quand vous êtes arrivés : vous serez brûlants !"

     

    Gnose

         Le message évangéliste est un gnosticisme sommaire : eux seuls connaissent le dessein de Dieu, eux seuls accomplissent Sa volonté :

         "Regardez comment ils s'entraînent pour nous faire la guerre ! Mais nous, nous l'emporterons... parce que nous avons... (grand rire)... excusez-moi, mais... nous avons la vérité !"

         "Il y a deux sortes de personnes au monde : ceux qui aiment Jésus. Et ceux qui ne l'aiment pas !"

         "Il y a urgence : accrochez-vous, priez désespérément pour que la véritable volonté de Dieu soit faite !"

         Une gamine de 9 ans, seule dans un jardin, répond aux journalistes : "Ce que vous dites ? C'est votre parole. Ce que Dieu décide : c'est ma parole. Peu m'importe ce que vous pensez"

     

    La lessive des cerveaux

         La même fillette de 9 ans (cheveux courts, fossettes dans ses joues rebondies, sourire) : "Qu'est-ce que je ressens pendant les célébrations ? On ressent de la paix, mais on ressent aussi de l'excitation..."

         Au micro, l'animateur martèle, et les enfants hurlent après lui : "Dieu ! Je suis ici à l'entraînement ! Je suis ici pour être éduqué ! Je suis d'accord, Dieu ! Dis ce que tu veux que je fasse, et je le ferai ! Je ferai ce que tu veux que je fasse !"

         "Continuez à crier, enchaîne l'animateur : aujourd'hui, c'est le plus grand jour de toute votre vie !"

         L'animatrice visionne une cassette : on voit une petite fille, en pleurs, les yeux révulsés, marmonnant. Commentaire : "Elle ne se rend pas compte de ce qui lui arrive. C'est tout simple : elle est envahie, investie par l'Esprit... Ah,  Les enfants ! Donnez-moi n'importe lesquels : ils sont si ouverts, si disponibles, si prêts à tout ! En un rien de temps, je leur fais ressentir des choses, ils ont des visions, ils entendent des paroles ! Vous savez, 47% des évangélistes prennent la décision d'être born again, c'est à dire d'accepter Jésus comme sauveur, avant l'âge de 13 ans"

         Résultat : extraits de la prédication de Lévi (13 ans) devant l'assemblée :

         "Ce que je ressens profondément, c'est que cette génération est une génération-charnière : nous possédons la clé du retour de Jésus ! Nous sommes une génération qui doit se lever ! Quand je prêche devant vous, ce n'est plus moi qui parle. Bon, c'est moi... mais, vous savez : ce n'est plus moi"

     

    Serments de fin de camp

    1- Tous ont les yeux levés vers un drapeau, frappé d'une grande croix. Ils posent la main droite sur le coeur, et, d'une seule voix :

         "Je jure fidélité et soumission (I plead allegeance) au drapeau de Jésus"

    2- Ils se rassemblent en groupe compact autour d'une Bible posée sur une table basse. Ils tendent le bras vers cette Bible, poing fermé, jusqu'à ce que leurs poings se touchent, pouce contre annulaire, formant un cercle immatériel au-dessus du Livre sacré. Toujours d'une seule voix :

         "Je jure fidélité et soumission (I plead allegeance) à la Bible"

     

    Conclusion     

         Je me refuse à tout commentaire, et vous livre ce matériau brut, sachant qu'il semble pour l'instant seul de son genre sur le marché des médias. Trop de choses se bousculent dans ma tête, trop de tristesse dans mon coeur. Partagez-les, si vous voulez. Moi, je me tais.

                                                       M.B., 30 Juillet 2007



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    RÉSUMÉ DU FILM

    Documentaire - Plongée dans un camp de vacances religieux aux Etats-Unis. Des enfants de familles chrétiennes intégristes attendent d'y recevoir la parole divine, et s'agitent, en transe, comme possédés, quand l'Esprit saint parle en eux. Des mômes qui maudissent Harry Potter - parce qu'un héros sorcier est une chose sacrilège ; des gamins qui vénèrent le leader de leur pays, et embrassent son effigie en carton...

    CRITIQUE TELERAMA
    bien

    Film documentaire de Heidi Ewing et Rachel Grady (USA, 2006). Image : Mira Chang et Jenna Rosher. Musique : Force Theory. 84 mn. Inédit. Genre : Les déments de Jésus. Rachael, Levi, Tory et les autres ont une dizaine d'années, parfois moins. Ils prient pour la pureté de l'Amérique, le salut du président Bush et contre l'avortement. Heidi Ewing et Rachel Grady les ont filmés durant de longs mois, depuis Kansas City, où ils vivent, jusqu'à un camp d'été dans le Dakota du Nord. Pasteur pentecôtiste, Becky Fisher est à la tête de cette colo très spéciale. Celle qui sait faire monter la pression, invite les enfants à honnir le « sacrilège » ...

    http://www.telerama.fr/cinema/films/jesus-camp,299375.php


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    Dimanche 7 septembre 2008

     

     





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                              DIALOGUE, OU TOLÉRANCE ?

              Dialogue, du grec dià-logein, "se parler l'un l'autre". Pour dialoguer, il faut parler la même langue, c'est-à-dire avoir les mêmes références. Qu'en est-il entre chrétiens et musulmans ?

    I. Le passé, et le présent

              Dès ses débuts, l'auteur du Coran se définit par son opposition violente au judaïsme et au christianisme. La deuxième partie du Coran (dite "médinoise") est en fait le carnet de route d'un chef de guerre, qui prêche et qui pratique la conquête du pouvoir par l'élimination (entre autres) des juifs et des chrétiens.
              L'islam s'est étendu au détriment des puissances chrétiennes. Jusqu'au coup d'arrêt de la bataille de poitiers (732) : coup d'arrêt très momentané, puisque l'histoire de l'Occident restera dominée par la lutte contre les "Maures". Le siège de Vienne (1529), la bataille de Lépante (1571), sont quelques épisodes parmi tant d'autres de l'affrontement durable et permanent entre musulmans et chrétiens. Affrontement inévitable, puisqu'il est inscrit dans la lettre même du Coran, le texte fondateur de l'islam.
              En un seul lieu, l'Andalousie, et pendant une période limitée, l'islam a pu instaurer une coexistence pacifique avec les chrétiens. Coexistence toute relative : c'était la paix offerte par le vainqueur musulman aux chrétiens hispaniques soumis. Ne nous y trompons pas : le royaume arabe d'Al-Andalous est une exception dans l'histoire d'une confrontation incessante, par la violence, entre musulmans agresseurs et chrétiens sur la défensive.

              Puis le pendule de l'Histoire a tourné : ce sont les chrétiens qui sont devenus agressifs et conquérants, par la colonisation et l'anéantissement de l'Empire Ottoman.
              Au début du XX° siècle, les peuples musulmans étaient partout asservis par des puissances chrétiennes.
              Grâce en partie à la manne pétrolière, nous assistons depuis 1/2 siècle au réveil de la conscience musulmane. Aujourd'hui, l'affrontement islam/chrétienté se rééquilibre au profit des musulmans. Conséquence : le "fait religieux" prend sous nos yeux une place considérable dans les médias des pays occidentaux, qui se voudraient pourtant laïques.
              On entend beaucoup parler de "dialogue inter-religieux", et ce terme vise toujours le dialogue entre monde chrétien et monde musulman.
              Ce dialogue est-il un mythe, un leurre, ou un idéal réalisable ?

    II. L'évolution de l'Occident chrétien

              Constitué en théocraties pendant 15 siècles, de 381 à la fin du XIX° siècle (la Révolution française n'est qu'une brève parenthèse), l'Occident a accompli en un siècle une évolution considérable : la séparation des deux sphères, civile et religieuse, s'est imposée partout - on l'appelle laïcité. Elle s'accompagne d'un déclin des Églises historiques, qui adoptent une position de refus sur la "modernité". A des degrés divers, selon qu'il s'agit des Églises orthodoxes (toujours liées au pouvoir), catholique (crispée sur ses dogmes) ou protestantes (plus ouvertes, mais en position de faiblesse face aux divers "renouveaux" évangéliques).
              Ce déclin, qui marque la fin d'un monde dominé par elles, les Églises historiques se montrent incapables de l'enrayer. Sociologiquement, il apparît spectaculaire et irrémédiable. Mais un phénomène plus discret a miné profondément l'establishement ecclésial : ce sont les progrès de l'exégèse.
              Initiée au XIX° siècle par les protestants (alors seuls libres de penser et de travailler), l'exégèse historico-critique a été condamnée par l'Église catholique jusqu'en 1943. Contraint par les faits, Pie XII (encyclique Divino afflante spiritu) a fini par en accepter le principe, et par l'autoriser aux catholiques.
              Depuis, la Bible est étudiée comme n'importe quel autre texte ancien. Quelques chercheurs catholiques, peu connus du public, sont à la pointe de cette recherche. On redécouvre que Jésus était juif, que son enseignement était celui d'un juif et non d'un chrétien. On apprend à distinguer ce qui vient de lui, et ce qui a été rajouté dans les Évangiles par ses héritiers autoproclamés, pour des raisons qui tiennent plus de la politique que de l'Esprit-Saint. Le visage de Jésus, et son enseignement, sortent peu à peu de l'ombre des dogmes.
               Je vois dans ce travail en cours l'espoir d'un Occident démoralisé par la perte de ses repères ancestraux.
              Le même travail a été fait pour l'Ancien Testament. On sait distinguer ce qui tient à l'époque - les appels à la violence, notamment - et ce qui est le message profond des Prophètes du judaïsme, Prophètes dont Jésus se veut explicitement le continuateur : "Je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir"

              La Bible avait pu servir à St Bernard pour écrire la Règle des Templiers : "Sache, écrit-il aux moines-soldats, que si tu tues, c'est pour le Christ. Et si tu es tué, c'est pour Dieu". Aujourd'hui, plus aucun chrétien, même peu cultivé, ne tiendrait ce langage.
              Sauf peut-être quelques-uns de nos intégristes : hélas, ils ont fait souche aux USA, où certains évangélistes reprennent à peu près cette idéologie meurtrière d'un djihad chrétien.
              Ayant appris à lire la Bible, nous sommes en paix avec nous-mêmes et prêts à entamer un dialogue avec d'autres, qui se réclament eux aussi du Dieu d'Abraham.
              Du moins, c'est ce qu'affirme la pensée politiquement correcte diffusée par nos médias : c'est le dialogue inter-religieux dont nous rêvons avec l'islam.

    III. Les musulmans : bulletin de santé

              Ce travail fondamental sur nos textes sacrés, tout ce qui fait autorité dans l'islam l'interdit aux musulmans. Il y a un dogme absolu, intangible, fondateur : le Coran existe par lui-même, au ciel. Ce Coran céleste, il a été dicté par l'ange Gabriel à un Muhammad inculte, qui écrivait sans comprendre. Le Coran est ainsi, grammaticalement, la pensée même de Dieu. Ce n'est pas une pensée humaine : c'est LA parole de Dieu, exprimée dans la seule langue capable de la transmettre, l'arabe.
              Il est donc inconcevable - et interdit - d'appliquer au texte du Coran les méthodes de l'exégèse historico-critique. Que ce texte, comme n'importe quel autre, reflète l'évolution d'un homme (son auteur) dans un milieu donné, à une époque donnée. Qu'il ait été retouché par la suite. Que sa compréhension soit rendue difficile, voire impossible, par une tradition (Hadits et Sunna) qui s'en est servie pour établir, puis conforter le pouvoir de Califes et de royaumes arabes - un musulman qui affirme cela est passible de mort.
              En France, les Nouveaux Penseurs de l'islam s'arrêtent tous au seuil de cette frontière infranchissable : la nature du Coran - et par conséquent, la personne du Prophète.

              Pendant des siècles, les chrétiens eux aussi ont cru que la Bible avait été dictée par Dieu à Moïse, seul auteur du Pentateuque. On sait maintenant qu'il n'en est rien. Eh bien ! Ce travail (qui fut pour nous long et douloureux), les musulmans ne l'ont pas encore commencé.
              Quelques chercheurs français s'y sont attelés : le P. Gabriel Théry ou le fr. Bruno Bonnet-Aymard (tous deux intégristes catholiques, ce qui ne retire rien à l'intérêt de leurs travaux). Et plus récemment M. Marie-Édouard Gallez. J'ai longuement travaillé et retravaillé leurs ouvrages, confidentiels et difficiles à trouver. Le résultat est à la fois stupéfiant, et riche d'un immense espoir.

    IV. Vous avez dit "dialogue" ?

             Stupéfiant, parce qu'il montre la distance qu'il y a entre la légende musulmane et la réalité du texte. La même distance, tout compte fait, qu'il y avait entre la vieille idéologie chrétienne et la réalité de l'Ancien Testament ou des Évangiles.
              Riche d'espoir, parce qu'il permet - enfin - de faire le tri dans les paroles du Coran. Et parce qu'on découvre que l'auteur a été un arabe converti au judaïsme rabbinique du VII° siècle, avant de rencontrer des hérétiques du christianisme (les nazoréens, souvent cités dans le Coran). Que dans le Coran se mélangent les eaux de ce judaïsme et de ce christianisme particuliers et marginaux. Que la violence, et l'appel à la violence, qui parcourent tout le texte viennent à la fois de ses sources juives rabbiniques, et du tempérament d'un homme, son auteur.
              Entreprendre l'éxégèse historico-critique du Coran, ce serait trouver le chemin d'un véritable dialogue entre juifs, musulmans et chrétiens. Ce serait faire la part des choses, comme nous avons su le faire pour l'Ancien Testament, comme on est en train de le faire (bien discrètement !) pour les Évangiles.

              Tant que ce travail ne sera pas entrepris ouvertement et publiquement, il n'y aura pas de dialogue possible entre islam et christianisme, entre monde musulman et Occident. On se contentera de discourir gravement sur le port du voile, l'application de la Cha'aria, la communauté de foi au même Dieu - mais... est-ce bien le même ?
              Faute de vrai dialogue, on se repliera sur la tolérance.
              On tolère ce qu'on ne peut pas éviter. On tolère des enfants turbulents, une rage de dents, des voisins incivils, l'énergie nucléaire, que sais-je... On tolère, mais on n'accepte pas profondément ce qu'on tolère. On supporte l'insupportable.
              Quand on tolère, on "fait avec", on s'en accomode tant bien que mal, pour éviter l'affrontement.
              La tolérance n'est pas le dialogue. La tolérance, c'est l'aveu de l'échec du dialogue.

              Pour que naisse un dialogue inter-religieux avec les musulmans, il faudra qu'ils s'engagent dans le long chemin qui fut celui des chrétiens vis-à-vis de leur propre "révélation"


              I have a dream ! Que des chrétiens (qui auraient vraiment digéré leur mutation) s'assoient à côté de musulmans. Qu'ils leur disent combien ce fut difficile pour eux, mais aussi immensément profitable. Quelle paix profonde provoque la redécouverte du visage de ceux qui ont transmis des textes, devenus sacrés.

    Et qu'aucun texte n'est "sacré" : tout texte "sacré" n'a qu'une mission : nous conduire à Celui qui est au-delà des mots.
              I have a dream ! En verrai-je le commencement, avant de mourir ?

                                         M.B., 1° mai 2008


    http://michelbenoit17.over-blog.com/article-19208523.html


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    Dimanche 7 septembre 2008

     

     

     

    Dimanche 24 août 2008

     

     

    (Après lecture de l'article Comment fut inventé le peuple juif, par Shlomo Sand, dans Le Monde Diplomatique, Août 2008, qui annonce son prochain livre, Comment le peuple juif fut inventé, Fayard, septembre 2008)

     

              Début août, une "Affaire Siné" a occupé nos médias momentanément privés de scandales. On a pu entendre sur les ondes les mots de race juive et d'identité raciale juive. Que peut-on dire à ce sujet ?

     

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    Identité raciale
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               Prenons un exemple : y a-t-il une race française ?
              Non, bien sûr. Il y a vingt ou trente siècles, une population s'est mise à exister entre Meuse et Pyrénées, entre Cap Finistère et Calanques. Celtes, Grecs, Romains, Northmen, "Barbares", Francs, Saxons, Lombards, tant et tant d'autres se sont établis sur ce territoire au cours des siècles pour que puissent naître, aujourd'hui, M. Martin et Mme Lefèvre !
              S'il n'y a pas d'identité raciale française, y a-t-il une identité française ?
              Oui. Nous ne nous sentons ni allemands, ni anglais.
              Qu'est-ce qui est à l'origine de cette identité ? Au rebours de l'Histoire :

    -a- Un phénomène récent, le Siècle des Lumières, et la Révolution de 1789. Pour faire bref, on pourrait dire que l'identité française a commencé à naître à la bataille de Valmy, et grâce à la première coalition européenne menée contre la France.

    -b- Mais l'idée de nation n'aurait pu naître à la fin du XVIII° siècle sans l'œuvre centralisatrice des rois, commencée sous Philippe le Bel, poursuivie par Louis XIV, achevée par Napoléon.
              Ce qui sous-tend cette lente naissance, et qui n'apparaît pas au premier coup d'œil, c'est le rôle continu et essentiel joué par la religion dans la naissance de notre identité nationale.
              On en a un exemple éclatant dans la guerre civile, commencée en 1529, et qui opposera pendant plus de deux siècles catholiques et calvinistes. La France est, ne peut être, que catholique.
              Pourtant, en France le catholicisme a été plaqué de l'extérieur sur une population - appelons-la "Celte" - qui possédait déjà une culture très riche, enracinée dans une religion autochtone vivante. Cette religion étrangère lui est venue de Turquie (Constantinople) et de nos cousins Ritals (Rome). Nos ancêtres, qui possédaient des cultes et un imaginaire religieux d'une grande richesse, n'éprouvaient nullement le besoin spontané d'aligner leurs deux genoux, mis à terre, sur la ligne immatérielle du dogme catholique. Ils se sont soumis.    
              Pour eux, le christianisme était une religion qu'ils n'ont pas inventée, qu'ils ont subie, qui leur venait d'ailleurs.
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    L'identité du peuple juif
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              "Tout israélien, écrit Shlomo Sand, sait sans l'ombre d'un doute que le peuple juif existe depuis qu'il a reçu la Loi dans le Sinaï... Chacun se persuade que ce peuple, sorti d'Égypte, s'est fixé sur la "terre promise" où fut édifié le glorieux royaume de David et Salomon", etc.
              "D'où vient cette interprétation de l'histoire juive ? Elle est l'œuvre, depuis la seconde moitié du XIX° siècle, de talentueux reconstructeurs du passé" En fait, le passé juif a été reconstruit, inventé, non pas au XIX° siècle mais dès l'Exil du VI° siècle avant J.C. Des théologiens politiques écrivent les Livres historiques de la Bible, et inventent une saga fondatrice qui ne repose sur rien ou presque. On sait aujourd'hui que l'Exode ne s'est pas passé tel que le raconte le Livre du même nom, que le royaume de David n'a rien à voir avec le Livre de Samuel et des Rois, et que même après la destruction du Temple en l'an 70 aucun exode massif n'a donné naissance à une diaspora juive qui existait déjà.
              Que s'est-il passé ?
              Au VI° siècle avant J.C., des prêtres prennent le pouvoir au milieu d'un conglomérat informe d'exilés à Babylone. Ils éprouvent le besoin d'une existence identitaire : pour y parvenir, ils inventent une religion, monothéiste, et la saga historique qui la justifie.
              A ma connaissance, c'est le seul cas où une religion ait été inventée par des "gens", volontairement, consciemment, pour que ces "gens" deviennent un "peuple".
              Vingt cinq siècles plus tard, ce peuple est devenu une race : c'est un français, Gobineau, qui a contribué de façon efficace à implanter ce concept racial au début du XX° siècle.
              L'identité juive est exclusivement religieuse. Sa transformation en identité raciale est récente, mais elle est revendiquée par les sionistes. "Depuis les années 1970, en Israël - continue Sand - une succession de recherches "scientifiques" s'efforce de démontrer, par tous les moyens, la proximité génétique des juifs du monde entier. C'est... un champ légitimé et populaire de la biologie moléculaire... dans une quête effrénée de l'unicité d'origine du "peuple élu"
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     Identité chrétienne, identité française ?
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              L'identité chrétienne s'est construite de la même façon, par une relecture orientée des événements qui ont suivi la mort de Jésus. J'ai pas mal écrit là-dessus (1), qualifiant cette relecture des événements d'imposture - imposture qui a donné naissance au catholicisme que nous connaissons.
              Le drame que nous vivons depuis les années 1950, c'est que ce catholicisme prend l'eau de toutes parts. Il ne faut pas s'en réjouir, l'écroulement de notre fondement identitaire accompagne et "marque" la crise identitaire profonde que connaît la France, et toute l'Europe catholique ou protestante.
              Il n'y aurait qu'une seule façon de sortir de cette crise, c'est de revenir à Jésus, tel qu'il fut en lui-même et non tel qu'il a été maquillé par les théologiens-historiens pour justifier l'immense édifice du christianisme catholique.
              Je constate que ce retour à Jésus, à ce qu'il a réellement fait ou voulu faire, à ce qu'il a réellement enseigné, est considéré comme irrecevable par nos contemporains. Ce serait admettre la faillite du christianisme, et nous ne le voulons pas puisque notre identité historique est en jeu.
              L'homme de Galilée pourra-t-il un jour être entendu ?
              Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre. Après tant d'autres, on ne peut que poser une petite pierre sur une route qui, telle qu'elle est, semble ne devoir mener nulle part.
                                           M.B.

     

    (1) Voir, dans ce blog, nombre d'articles et la publication de deux essais, Dieu malgré lui, nouvelle enquête sur Jésus et

     

    Jésus et ses héritiers.

    http://michelbenoit17.over-blog.com/article-22204589.html


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    http://www.lamed.fr/judaisme/Bible4Dummies/698.asp


    L'opinion d'un Rabbin


     

    Joseph et tous ses frères sont morts. Une nouvelle génération se lève. Elle n'a aucun souvenir des patriarches et s'assimile rapidement en Egypte. La nouvelle génération d'Egyptiens a depuis longtemps oublie les services que Joseph a rendus à leur pays. Les Israelites semblent être une minorité dangereusement puissante ; les Egyptiens en ont peur et en sont terriblement jaloux. C'est pourquoi, ils les asservissent.

     

    A travers les siècles d'exil juif, tolérance et assimilation ont alterné avec persécution et oppression. Au dix-neuvième siècle, un des plus eminents financiers se nommait Gerson Blechroder. Les enfants de Blechroder se sont convertis au Christianisme et ont contracté des mariages mixtes. Cela n'a pas epargné ses petits enfants qui ont été déportés à Auschwitz en tant que juifs.

     

    En Hébreu, homme se dit aussi " za'har " et mémoire se dit " ze'her " . La mémoire ne nous permet pas seulement de nous rappeler où nous avons mis nos clefs, elle nous permet aussi de savoir qui nous sommes.

     

    Nous sommes le résultat des expériences qui nous ont précédées. Et, lorsque les Enfants d'Israel oublient leurs ancêtres , ils oublient la signification de leur propre identité. Et finissent esclaves !!!

     

     

     

     

     

    Le rabbin Nachum Braverman a étudié la philosophie à l' Université de Yale. Il a été pendant plusieurs années directeur pédagogique de Aish HaTorah Los Angeles et est actuellement directeur, pour la région occidentale, du Fonds pour Jérusalem de Aish HaTorah. Il vit avec sa famille à Los Angeles.


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