• L'identité juive. Qu'en penser, à la suite de l'affaire Siné ?

     
     
    Dimanche 7 septembre 2008

     

     

     

    Dimanche 24 août 2008

     

     

    (Après lecture de l'article Comment fut inventé le peuple juif, par Shlomo Sand, dans Le Monde Diplomatique, Août 2008, qui annonce son prochain livre, Comment le peuple juif fut inventé, Fayard, septembre 2008)

     

              Début août, une "Affaire Siné" a occupé nos médias momentanément privés de scandales. On a pu entendre sur les ondes les mots de race juive et d'identité raciale juive. Que peut-on dire à ce sujet ?

     

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    Identité raciale
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               Prenons un exemple : y a-t-il une race française ?
              Non, bien sûr. Il y a vingt ou trente siècles, une population s'est mise à exister entre Meuse et Pyrénées, entre Cap Finistère et Calanques. Celtes, Grecs, Romains, Northmen, "Barbares", Francs, Saxons, Lombards, tant et tant d'autres se sont établis sur ce territoire au cours des siècles pour que puissent naître, aujourd'hui, M. Martin et Mme Lefèvre !
              S'il n'y a pas d'identité raciale française, y a-t-il une identité française ?
              Oui. Nous ne nous sentons ni allemands, ni anglais.
              Qu'est-ce qui est à l'origine de cette identité ? Au rebours de l'Histoire :

    -a- Un phénomène récent, le Siècle des Lumières, et la Révolution de 1789. Pour faire bref, on pourrait dire que l'identité française a commencé à naître à la bataille de Valmy, et grâce à la première coalition européenne menée contre la France.

    -b- Mais l'idée de nation n'aurait pu naître à la fin du XVIII° siècle sans l'œuvre centralisatrice des rois, commencée sous Philippe le Bel, poursuivie par Louis XIV, achevée par Napoléon.
              Ce qui sous-tend cette lente naissance, et qui n'apparaît pas au premier coup d'œil, c'est le rôle continu et essentiel joué par la religion dans la naissance de notre identité nationale.
              On en a un exemple éclatant dans la guerre civile, commencée en 1529, et qui opposera pendant plus de deux siècles catholiques et calvinistes. La France est, ne peut être, que catholique.
              Pourtant, en France le catholicisme a été plaqué de l'extérieur sur une population - appelons-la "Celte" - qui possédait déjà une culture très riche, enracinée dans une religion autochtone vivante. Cette religion étrangère lui est venue de Turquie (Constantinople) et de nos cousins Ritals (Rome). Nos ancêtres, qui possédaient des cultes et un imaginaire religieux d'une grande richesse, n'éprouvaient nullement le besoin spontané d'aligner leurs deux genoux, mis à terre, sur la ligne immatérielle du dogme catholique. Ils se sont soumis.    
              Pour eux, le christianisme était une religion qu'ils n'ont pas inventée, qu'ils ont subie, qui leur venait d'ailleurs.
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    L'identité du peuple juif
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              "Tout israélien, écrit Shlomo Sand, sait sans l'ombre d'un doute que le peuple juif existe depuis qu'il a reçu la Loi dans le Sinaï... Chacun se persuade que ce peuple, sorti d'Égypte, s'est fixé sur la "terre promise" où fut édifié le glorieux royaume de David et Salomon", etc.
              "D'où vient cette interprétation de l'histoire juive ? Elle est l'œuvre, depuis la seconde moitié du XIX° siècle, de talentueux reconstructeurs du passé" En fait, le passé juif a été reconstruit, inventé, non pas au XIX° siècle mais dès l'Exil du VI° siècle avant J.C. Des théologiens politiques écrivent les Livres historiques de la Bible, et inventent une saga fondatrice qui ne repose sur rien ou presque. On sait aujourd'hui que l'Exode ne s'est pas passé tel que le raconte le Livre du même nom, que le royaume de David n'a rien à voir avec le Livre de Samuel et des Rois, et que même après la destruction du Temple en l'an 70 aucun exode massif n'a donné naissance à une diaspora juive qui existait déjà.
              Que s'est-il passé ?
              Au VI° siècle avant J.C., des prêtres prennent le pouvoir au milieu d'un conglomérat informe d'exilés à Babylone. Ils éprouvent le besoin d'une existence identitaire : pour y parvenir, ils inventent une religion, monothéiste, et la saga historique qui la justifie.
              A ma connaissance, c'est le seul cas où une religion ait été inventée par des "gens", volontairement, consciemment, pour que ces "gens" deviennent un "peuple".
              Vingt cinq siècles plus tard, ce peuple est devenu une race : c'est un français, Gobineau, qui a contribué de façon efficace à implanter ce concept racial au début du XX° siècle.
              L'identité juive est exclusivement religieuse. Sa transformation en identité raciale est récente, mais elle est revendiquée par les sionistes. "Depuis les années 1970, en Israël - continue Sand - une succession de recherches "scientifiques" s'efforce de démontrer, par tous les moyens, la proximité génétique des juifs du monde entier. C'est... un champ légitimé et populaire de la biologie moléculaire... dans une quête effrénée de l'unicité d'origine du "peuple élu"
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     Identité chrétienne, identité française ?
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              L'identité chrétienne s'est construite de la même façon, par une relecture orientée des événements qui ont suivi la mort de Jésus. J'ai pas mal écrit là-dessus (1), qualifiant cette relecture des événements d'imposture - imposture qui a donné naissance au catholicisme que nous connaissons.
              Le drame que nous vivons depuis les années 1950, c'est que ce catholicisme prend l'eau de toutes parts. Il ne faut pas s'en réjouir, l'écroulement de notre fondement identitaire accompagne et "marque" la crise identitaire profonde que connaît la France, et toute l'Europe catholique ou protestante.
              Il n'y aurait qu'une seule façon de sortir de cette crise, c'est de revenir à Jésus, tel qu'il fut en lui-même et non tel qu'il a été maquillé par les théologiens-historiens pour justifier l'immense édifice du christianisme catholique.
              Je constate que ce retour à Jésus, à ce qu'il a réellement fait ou voulu faire, à ce qu'il a réellement enseigné, est considéré comme irrecevable par nos contemporains. Ce serait admettre la faillite du christianisme, et nous ne le voulons pas puisque notre identité historique est en jeu.
              L'homme de Galilée pourra-t-il un jour être entendu ?
              Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre. Après tant d'autres, on ne peut que poser une petite pierre sur une route qui, telle qu'elle est, semble ne devoir mener nulle part.
                                           M.B.

     

    (1) Voir, dans ce blog, nombre d'articles et la publication de deux essais, Dieu malgré lui, nouvelle enquête sur Jésus et

     

    Jésus et ses héritiers.

    http://michelbenoit17.over-blog.com/article-22204589.html


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    http://www.lamed.fr/judaisme/Bible4Dummies/698.asp


    L'opinion d'un Rabbin


     

    Joseph et tous ses frères sont morts. Une nouvelle génération se lève. Elle n'a aucun souvenir des patriarches et s'assimile rapidement en Egypte. La nouvelle génération d'Egyptiens a depuis longtemps oublie les services que Joseph a rendus à leur pays. Les Israelites semblent être une minorité dangereusement puissante ; les Egyptiens en ont peur et en sont terriblement jaloux. C'est pourquoi, ils les asservissent.

     

    A travers les siècles d'exil juif, tolérance et assimilation ont alterné avec persécution et oppression. Au dix-neuvième siècle, un des plus eminents financiers se nommait Gerson Blechroder. Les enfants de Blechroder se sont convertis au Christianisme et ont contracté des mariages mixtes. Cela n'a pas epargné ses petits enfants qui ont été déportés à Auschwitz en tant que juifs.

     

    En Hébreu, homme se dit aussi " za'har " et mémoire se dit " ze'her " . La mémoire ne nous permet pas seulement de nous rappeler où nous avons mis nos clefs, elle nous permet aussi de savoir qui nous sommes.

     

    Nous sommes le résultat des expériences qui nous ont précédées. Et, lorsque les Enfants d'Israel oublient leurs ancêtres , ils oublient la signification de leur propre identité. Et finissent esclaves !!!

     

     

     

     

     

    Le rabbin Nachum Braverman a étudié la philosophie à l' Université de Yale. Il a été pendant plusieurs années directeur pédagogique de Aish HaTorah Los Angeles et est actuellement directeur, pour la région occidentale, du Fonds pour Jérusalem de Aish HaTorah. Il vit avec sa famille à Los Angeles.


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