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    Samedi 13 septembre 2008

     




    Entre Bible et Coran

    Pour en finir
    avec le goût du sang



    Des Evangiles, les chrétiens ont cru tirer la justification des croisades. Au nom du Coran, les fous d’Allah posent des bombes... Pour sortir de la tragique impasse du « choc des civilisations », Jean-Claude Guillebaud fait le point sur le dialogue des religions


     

    Cette grande affaire des relations entre l’Islam et l’Occident chrétien (ou postchrétien) fait songer à certaines tempêtes maritimes : en surface les clapots sont très forts, mais un calme relatif se fait dès qu’on s’enfonce à une certaine profondeur. A la surface de l’actualité quotidienne, il y a l’abjection du terrorisme, l’imbécillité meurtrière des fatwas, le spectacle des frustes assassins d’Alger, de Bagdad ou de Londres, celui du petit peuple vociférant dans les rues d’Amman ou celui des illuminés de Dacca qui réclamaient en 1994, on s’en souvient, la pendaison de Taslima Nasreen. A tout cela, on doit ajouter la peur grandissante des chrétiens d’Orient (lire l’interview d’Antoine Sfeir p. 24), ceux de Bethléem ou d’Irak, que la haine islamiste conduit peu à peu à l’exil. Tant de bêtise meurtrière, tant de défilés assassins, tant de tracts vengeurs semblent justifier, en effet, des analyses sans nuances.
    A cette sinistre effervescence criminelle répond donc, notamment du côté chrétien, une diabolisation qui, soyons clair, vise parfois non seulement l’islamisme mais l’islam lui-même. On songe au mépris rageur exprimé en 2002 par la journaliste italienne Oriana Fallaci, récemment disparue (et qui a fait don de ses archives au Vatican !), ou aux condamnations, à peine moins sévères, régulièrement exprimées par ces intellectuels qui considèrent l’islam comme une forme contemporaine de fascisme, voire de nazisme. Chez nous, cette dénonciation abrupte n’est pas seulement le fait de philosophes ou d’essayistes qui, comme Pascal Bruckner ou André Glucksmann, ont soutenu l’intervention américaine en Irak et appellent les Occidentaux à la résistance contre le « péril vert ». Elle ne se réduit pas non plus aux réquisitoires des défenseurs de la laïcité républicaine et de la liberté d’expression, comme l’essayiste Caroline Fourest ou le professeur de philosophie Robert Redeker, récemment menacé de mort par des islamistes anonymes. Elle s’exprime aussi, mais différemment argumentée, chez certains chrétiens comme le catholique Jean-Claude Barreau, qui fit scandale voici une dizaine d’années avec un pamphlet contre l’islam, ou le protestant Alain Besançon, dont les analyses, dit-on, auraient influencé la raideur doctrinale du nouveau pape.

     
     

    Ces chrétiens-là opposent volontiers le personnage de Jésus à celui de Mahomet (voir encadrés ci-après). Il est vrai que, dans l’imaginaire collectif comme sur le plan de l’histoire, tout les distingue. Le premier est un crucifié, « agneau de Dieu », victime emblématique de la violence des hommes et doux parmi les doux. Le second est un guerrier qui leva des armées et qui, de La Mecque à Médine, posa les bases de la prodigieuse expansion de l’islam au viie et viiie siècle, y compris par les armes et la ségrégation juridique des vaincus. Au premier examen, le message de l’un paraît aussi pacifique que celui du second semble belliqueux.
    A cette opposition des deux figures fondatrices, on ajoute généralement un distinguo concernant le statut des textes sacrés eux-mêmes, c’est-à-dire le Coran et le Nouveau Testament. Du côté chrétien, on entend dire et répéter que la sacralité inaugurale du texte coranique, le fait qu’il soit considéré comme dicté par Dieu, distingue radicalement l’islam des autres religions monothéistes et bloque son adaptation à la modernité. Dans le christianisme, en effet, le statut des récits évangéliques, d’ailleurs contradictoires entre eux, rend impossible une interprétation littérale et présuppose l’exégèse, la réinterprétation et la contextualisation permanente. C’est l’irréductibilité de cet « obstacle théologique » propre à l’islam que certains responsables de l’Eglise voudraient à nouveau souligner.
     

    A leurs yeux, cette particularité du Coran, texte immuable, serait sociologiquement désastreuse dans nos sociétés développées, devenues multiconfessionnelles, et qui abritent de fortes minorités musulmanes en quête d’intégration. A s’en tenir à la lettre du Coran et à la charia qui s’en inspire, ces minorités seraient théologiquement empêchées d’adhérer aux règles démocratiques les plus ordinaires, par exemple celles qui touchent à la condition féminine, au droit d’expression ou encore à cette barbarie ancestrale qu’est la lapidation des femmes adultères. Pour cette raison théologique, un auteur protestant, Jacques Ellul (dont les livres sont aujourd’hui réédités), s’en prenait violemment dans les années 1980 (déjà !) à la jobardise de ces intellectuels occidentaux désenchantés, souvent venus de l’extrême-gauche, et que fascinaient les richesses spirituelles supposées de l’islam. « Nos intellectuels, écrivait-il, y trouvent un renouveau de possibilité d’un sens et d’une vérité » qui leur permet de « sortir de la monotone querelle hégélienne ? » (1).
    Aujourd’hui, pourquoi le cacher, de nombreux chrétiens raisonnent à nouveau de cette façon et considèrent que, dans son discours de Ratisbonne, le pape n’a fait qu’« exprimer tout haut ce que beaucoup pensent tout bas  ». C’est peu de dire que ce voyage pontifical se situe dans un moment de tension aiguë. A ces condamnations sans appel, les musulmans ont beau jeu de répondre en invoquant les croisades, cette « ratonnade » étalée sur quatre siècles, ou encore la théorie de la « guerre juste », élaborée par saint Augustin au ive siècle, après la conversion de l’Empire romain au christianisme, et alors que les « Barbares » menaient leurs assauts jusqu’à Rome.
    Symétriquement opposée quelques siècles plus tard au djihad, cette idée chrétienne de « guerre juste » servit souvent, de siècle en siècle – et jusqu’à aujourd’hui dans la bouche de George W. Bush à propos de l’Irak –, à justifier des entreprises bien moins respectables. Les mêmes musulmans font aussi valoir, à bon droit, que le fondamentalisme – y compris dans sa version agressive – n’est pas l’apanage de l’islam. Toutes les grandes religions, monothéiste ou non, en sont aujourd’hui affectées.
    A la surface de l’actualité, la querelle entre chrétiens et protestants est donc si brutale qu’elle semble s’apparenter, en effet, à un « choc de civilisations ».
    Mais on aurait tort de s’en tenir là. Quand on reprend l’analyse à un autre niveau, force est de constater que les choses ne sont pas et n’ont jamais été aussi tranchées. On peut même dire qu’une extraordinaire ambivalence – hostilité déclarée mais dialogue continué – présida depuis l’origine aux rapports entre chrétiens et musulmans. Ironie de l’histoire, la Turquie, où Benoît XVI s’aventure aujourd’hui, est justement l’un des endroits au monde où cette ambivalence fut et demeure la plus saisissante. Côté affrontement, c’est à proximité du Bosphore, à quelques dizaines de kilomètres d’Istanbul (qui s’appelait alors Constantinople) qu’eurent lieu, dans une optique de Reconquista chrétienne, les premiers massacres d’envergure entre chrétiens et musulmans. Ces horreurs réciproques ont laissé des traces encore vives dans la mémoire collective.
    En septembre 1096, après l’appel à la première croisade lancée l’année précédente par le pape Urbain II, les foules désordonnées conduites – en avant des armées officielles – par le prédicateur Pierre l’Ermite, hommes, femmes et enfants furent exterminées par les cavaliers du Turc Kilidj Arslan, dont les troupes menaçaient la capitale de l’Empire byzantin. Ce sont des dizaines de milliers de corps en décomposition, dispersés à flanc de colline entre le Bosphore et la ville de Nicée (aujourd’hui Iznik), que découvrirent quelques mois plus tard les armées croisées « officielles » conduites par Godefroi de Bouillon. Les ossements de ces malheureux étaient si nombreux qu’on fera encore mention de leur présence, deux siècles après, dans certains récits de voyageurs. Ils avaient servi à édifier des murettes entre les champs cultivés...
    Soucieuses de revanche, les armées de Godefroi ne furent pas en reste en matière de sauvagerie. Lors du siège de Nicée, en 1097, elles entreprirent de projeter par-dessus les remparts les têtes tranchées de leurs prisonniers musulmans afin de démoraliser les assiégés. Nicée prise, les croisés vainquirent ensuite le gros des armées turques à Dorylée (aujourd’hui Eskisehir), puis à Antioche et enfin à Jérusalem, où ils se livrèrent, en 1099, à des massacres insensés dont les musulmans d’aujourd’hui, neuf siècles plus tard, ne peuvent parler sans frémir de rage. Dès cette époque, pourtant, ces violences n’interdirent pas que se nouent assez extraordinairement entre les musulmans sur la défensive et les chrétiens venus d’Occident d’étranges liens marqués par une fascination réciproque. Détail oublié : les royaumes chrétiens créés en Orient, à Tripoli, à Edesse ou à Jérusalem, par les croisés firent ainsi durablement alliance (pendant soixante années !) avec les musulmans de Damas. Quant aux chrétiens de la deuxième génération, ces fils des croisés demeurés sur place – l’équivalent des pieds-noirs, les « poulains » –, ils s’habillaient à l’orientale, parlaient l’arabe et s’intéressaient beaucoup à l’islam, dont ils admiraient le raffinement. L’adversité militaire en Orient n’empêcha donc pas, de siècle en siècle, une réelle connivence culturelle et même religieuse entre les uns et les autres. Une anecdote entre mille : l’empereur germanique Frédéric II, héros de la sixième croisade (xiiie siècle) et maître de Jérusalem, exigea qu’y soient maintenues et même encouragées les prières des muezzins, qu’il jugeait sublimes.
    En Turquie même, la liquidation de l’Empire byzantin après la chute de Constantinople en mai 1453 et l’extension de l’Empire ottoman n’anéantit pas cette paradoxale attirance. On peut même dire qu’elle survécut à tous les conflits, à toutes les brouilles, à toutes les violences. Pendant près de cinq siècles, par exemple, les pèlerins chrétiens marchant vers Jérusalem à travers l’Anatolie furent accueillis et traités avec aménité par les autorités ottomanes et les musulmans locaux. Aujourd’hui encore, dans la Turquie moderne, une association musulmane regroupe des familles désireuses d’héberger des marcheurs chrétiens en route vers la Terre sainte. Ces rencontres privées donnent parfois lieu à des échanges théologiques approfondis.
    On reste là, malgré tout, au stade de l’anecdote. En revanche, c’est à cette même attirance, maintenue envers et contre tout, qu’il faut rattacher la très longue histoire du dialogue proprement théologique entre chrétiens et musulmans. L’histoire de ce « débat » va du vif intérêt marqué au xiiie siècle par saint Thomas d’Aquin pour les écrits d’Ibn Ruchd, dit Averroès (1126-1198) jusqu’au travail théorique des grands érudits islamophiles contemporains que furent Louis Massignon, Jacques Berque, Henry Corbin ou son élève Christian Jambet. C’est dans cette même perspective « dialoguante » qu’il faut interpréter l’engagement des sept moines trappistes de Tibérine, assassinés par les islamistes algériens en mai 1996. L’un d’eux, Christian de Chergé, pressentant le pire, avait rédigé un an auparavant un texte incroyable dans lequel il interdisait par avance que la responsabilité de son possible assassinat soit imputée à l’islam lui-même et aux musulmans en général.
    De la même façon, l’évêque d’Oran, Pierre Claverie, tué le 1er août 1996, avait déclaré peu avant sa mort : « L’autre (c’est-à-dire le musulman) est peut-être porteur d’une vérité qui me manque. » Ce texte étincelant a fait, via internet, le tour de la chrétienté. C’est aussi dans cette optique qu’on doit comprendre l’engagement obstiné de certaines associations chrétiennes comme la communauté italienne de Sant’ Egidio créée en 1968 dans la foulée de Vatican II et qui organisa d’innombrables rencontres avec l’islam.
    Aujourd’hui, en Europe, de nombreux chrétiens suivent avec une attention particulièrement bienveillante le travail interprétatif engagé par une nouvelle génération d’intellectuels musulmans. Utilisant les instruments fournis par les sciences humaines, ces derniers procèdent à une relecture non seulement du texte coranique, mais aussi des grands commentaires exégétiques. Ils s’efforcent de distinguer du texte lui-même les « ajouts », le plus souvent disciplinaires et rigoristes, imputables aux oulémas. Il en va ainsi pour les questions touchant au statut de la femme, à la sexualité ou à la consommation d’alcool. Pour ce qui concerne la France et pour ne citer que quelques noms, c’est tout le sens des travaux d’auteurs comme Abdelwahab Meddeb, Malek Chebel, Rachid Benzine ou le Tunisien Abdelmajid Charfi.
    Ce dernier, qui écrit ses livres en arabe, ne se contente pas de plaider pour une ouverture de l’islam à la modernité, il entend démontrer que cette adaptation est compatible avec le contenu  prophétique, et non normatif, du texte coranique. Il invite chacun à distinguer « l’esprit » de la Révélation des formulations sociales et politiques qu’en donnèrent, au fil des siècles, les jurisconsultes et les oulémas. Qu’il s’agisse du djihad, des prescriptions alimentaires, du rituel de la prière, des femmes et de la question du voile, Charfi ne craint pas de « heurter de front la lecture majoritaire des textes fondateurs ». Un croyant, ajoute-t-il, peut parfaitement s’émanciper de cette lecture, sans devenir pour autant un apostat ni mériter le qualificatif ambigu de mubtadi (novateur).
    Or ces réformateurs intrépides participent à de nombreux dialogues organisés à l’initiative de groupes chrétiens, catholiques ou protestants. Du côté chrétien, certaines individualités comme Christian Delorme, ancien curé des Minguettes, dans la banlieue lyonnaise, jouent depuis vingt ans un rôle aussi décisif que discret en la matière. Chez les musulmans, le philosophe algérien Mustapha Cherif, premier musulman à être reçu par le pape le 11 novembre dernier après la controverse de Ratisbonne, œuvre dans le même sens. Il fut l’un des fondateurs, en 1993, du groupe d’amitié islamo-chrétienne, groupe qui fait preuve, ces dernières années, d’un nouveau dynamisme. Sous les clapots désastreux de l’actualité, la réalité du dialogue est finalement plus paisible et plus prometteuse qu’on ne l’imagine.

    (1) « Islam et judéo-christianisme », PUF, 2004.

     

     

    Jean-Claude Guillebaud
    Le Nouvel Observateur


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    Samedi 13 septembre 2008


    Benoît XVI souligne le "rôle éminent"
    joué par les Juifs de France

    NOUVELOBS.COM | 12.09.2008 | 19:00

    http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20080912.
    OBS1103/benoit_xvi_souligne_le_role_eminent_joue_par_les_juifs_.html

    Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France était aux côtés de Carla et Nicolas Sarkozy pour accueillir Benoît XVI

    Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France était aux côtés de Carla et Nicolas Sarkozy pour accueillir Benoît XVI (AP)

    Au premier jour d'une visite de quatre jours en France, le pape Benoît XVI a souligné, vendredi 12 septembre, "le rôle éminent" joué par les Juifs de France dans l'histoire de France, en rencontrant les représentants de la communauté juive de Paris.
    "Je ne peux omettre, en une occasion comme celle-ci, de mentionner le rôle éminent joué par les Juifs de France pour l'édification de la Nation tout entière, et leur prestigieuse contribution à son patrimoine spirituel", a souligné le pape.

    Bénédiction

    "Ils ont donné, et continuent de donner, de grandes figures politiques, intellectuelles et artistiques", a-t-il ajouté.
    "Je forme des vœux respectueux et affectueux à l'adresse de chacun d'entre eux, et j'appelle avec ferveur sur toutes vos familles et sur toutes vos communautés une Bénédiction particulière du Maître des temps et de l'Histoire", a-t-il dit.
    "Il a une attitude d'humilité, c'est un homme très simple, il nous a reçus comme des amis, j'ai été sincèrement séduit", a déclaré le grand rabbin Joseph Sitruk, parlant d'un "rapprochement historique entre le judaïsme et l'Eglise", à l'issue de la rencontre avec le souverain pontife.

    "laïcité positive"


    Interrogé sur la laïcité, le grand rabbin a estimé que "la venue du pape tombait à point pour rappeler qu'on peut être un Français laïc et croire en Dieu".
    Pour sa part, le président du Consistoire central israélite de France, Joël Mergui, a parlé d'une rencontre "courte et intense" traduisant selon lui "une volonté réciproque de poursuivre le dialogue entre les juifs et les catholiques sur des sujets de société comme la famille et les préoccupations quotidiennes."
    Au sujet de la "laïcité positive", le président du Consistoire a assuré que c'était un "concept de plus en plus admis dans la société". "Différentes identités se côtoient et ont tout intérêt à se respecter", a-t-il ajouté, estimant par ailleurs qu'il était nécessaire de mener une "action en direction des nouvelles générations".

    http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/societe/20080912.OBS1103/
    benoit_xvi_souligne_le_role_eminent_joue_par_les_juifs
    _.html

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    Vendredi 12 septembre 2008

     

     

     

     

     

    Abd el Kader al Djazaïri (1808-1883)

     

     

    L'homme qui appela au djihad contre l'agression étrangère,
    c'est aussi celui-là même qui sut chanter l'amour;
    et l'amour proclamé par l'émir c'est l'amour de Dieu,
    l'amour du prochain, l'amour de la vie, l'amour de l'humanité
    mais aussi l'amour paternel et l'amour sentimental.
    N'écrit-il pas ces vers qui rappellent le mystique Ibn Arabi.

    . . . Je professe la religion de l'amour
    Et quelque direction que prenne ma monture
    L'amour est ma religion et ma foi ...

     

    http://www.oasisfle.com/culture_oasisfle/emir_abdelkader.htm





    Grandes figures. Découvrir :

    Abd el Kader al Djazaïri (1808-1883)
    Un mystique ?
    La religion de l'Amour ?
    Djihad défensif
    Il sauva des Maronites et des Européens




    L'homme qui appela au djihad contre l'agression étrangère, c'est aussi celui-là même qui sut chanter l'amour; et l'amour proclamé par l'émir c'est l'amour de Dieu, l'amour du prochain, l'amour de la vie, l'amour de l'humanité mais aussi l'amour paternel et l'amour sentimental. N'écrit-il pas ces vers qui rappellent le mystique Ibn Arabi.

    . . . Je professe la religion de l'amour
    Et quelque direction que prenne ma monture
    L'amour est ma religion et ma foi ...

    L'émir Abd el-Kader (1808-1883), héros de la lutte algérienne contre la colonisation française au XIX°siècle, a depuis jeudi une place à son nom à Paris dans le Vème arrondissement non loin de l'Institut du Monde arabe et de la Grande Mosquée.

    En présence d'un des arrières petit-fils de ce grand combattant, penseur musulman et humaniste qui organisa un Etat arabe fondé sur l'islam, le maire de Paris Bertrand Delanoë a salué «un personnage magnifique» à travers lequel la capitale veut «rendre hommage au peuple algérien».

    Cette place, située au croisement des rues Poliveau, des Fossés Saint-Marcel et Geoffroy Saint-Hilaire, permet d'inscrire le nom de ce «nationaliste algérien (...) dans l'éternité de Paris», a-t-il ajouté. C'est le 16 mai que le Conseil de Paris a décidé de ce geste qui prend une importance toute particulière au moment où Alger exige de la France une «repentance» pour la colonisation. Paris compte deux autres lieux portant les noms de grands dirigeants du Maghreb: la place Mohammed V, l'ancien roi du Maroc, inaugurée en 2002, et l'esplanade Habib Bourguiba, le leader de l'indépendance tunisienne, inaugurée en 2004.

    Né à La Guetna, près de Mascara, en mai 1808, alors que l'Algérie est ottomane, l'Emir Abd el-kader a reçu une solide éducation scientifique, philosophique et religieuse. Dès 1832, après le départ du dey d'Alger, il conçoit, puis fonde un Etat en Algérie, et conduit le combat contre le colonisateur français. Bien que désigné en 1834 «sultan des Arabes», ce n'était pas un homme de pouvoir, et il refusa la fonction de vice-roi que l'empereur Napoléon III voulut lui donner pour la partie non-ottomane du Proche-Orient.

    En 1831, la transformation de la plus grande mosquée d'Alger en cathédrale le révolta. La violence contre le vaincu lui faisait horreur. «Tout Arabe ayant un Français ou un chrétien en sa possession est tenu pour responsable de la façon dont il est traité [...]. Au cas où le prisonnier se plaindrait du plus petit sévice, l'Arabe qui l'a capturé perdrait tout droit à récompense», disait-il. Vaincu en 1847, après des combats terribles en 1845 contre les troupes du maréchal Thomas-Robert Bugeaud, il est interné en France, alors que son ennemi, le duc d'Aumale, qui se glorifiait d'avoir détruit sa «smala» (ensemble des tentes d'un chef combattant, avec ses soldats et ses richesses) lui avait promis la «terre d'Islam».

    Il demeure à Toulon - où il dispose aussi d'une rue, octroyée sous Vichy, en 1942 -, Pau, puis Amboise, où il approfondit ses liens avec les intellectuels français. Sans rien renier de lui-même, il devient alors l'ami de la France. Napoléon III, qui le respecte et dont il devient l'ami, le libère.En 1853, Abd el-Kader se retire en Turquie puis en Syrie, où, en 1860, il sauve les chrétiens du massacre et lance un dialogue interreligieux, aux accents très modernes. Il meurt à Damas le 25 mai 1883.

    L'enseignement de l'émir est un modèle de tolérance : tout individu en prière, qu'il soit juif, musulman, chrétien ou même idolâtre prie un seul et même Dieu unique. C'est la théorie du wahdat al-wujud, de l'unicité absolue de l'essence divine, qu'il développe notamment dans son œeuvre majeure, Kitâb al-mawâqif (Le Livre des haltes, des stases, des états et des étapes) : "Dieu est l'essence de tout adoré et tout adorateur n'adore que Lui." Mais il va plus loin encore qu'aucun homme de foi ou de religion avant lui : toutes les prières, enseigne-t-il, s'adressent au Dieu unique, seule la forme diverge car chaque peuple a reçu la parole divine selon le mode spécifique qui lui correspondait :


    Pour qui le veut le Coran [...]
    Pour qui le veut la Torah
    Pour tel autre l'Évangile
    Pour qui le veut mosquée où prier son Seigneur
    Pour qui le veut synagogue
    Pour qui le veut cloche ou crucifix
    Pour qui le veut Kaaba dont on baise pieusement la pierre
    Pour qui le veut images
    Pour qui le veut idoles
    Pour qui le veut retraite ou vie solitaire
    Pour qui le veut guinguette où lutiner la biche.


    L’éducation religieuse qu’il reçut fit de lui un musulman mystique et un théologien. Mais les circonstances le transformèrent en guerrier. Devenu soldat pour défendre la terre d’Islam, sa tentative de créer un État indépendant devait laisser un souvenir prestigieux: il est célébré aujourd’hui comme le fondateur de la nation algérienne.
    Proclamé "sultan des Arabes" par quelques tribus de l’Oranie le 22 novembre 1832, Abd el-Kader s’imposa par une victoire sur les milices de l’ancien bey turc et mena avec bravoure, pendant quinze ans, la guerre sainte contre les Français. Jusqu’en 1838, toutefois, ceux-ci l’aidèrent à asseoir sa souveraineté sur les deux tiers de l’Algérie. Les généraux français, Desmichels puis Bugeaud, après l’avoir combattu, crurent devoir négocier avec lui dans l’espoir d’instaurer un protectorat.
    Abd el-Kader en profita pour étendre son autorité dans les provinces d’Oran, d’Alger, du Titteri et jusque dans le Constantinois et organiser un État arabe. Les fondements en furent essentiellement islamiques et les dirigeants recrutés parmi l’aristocratie religieuse, ce qui entraîna l’opposition de la noblesse d’origine militaire, les jawada , et la méfiance des tribus kabyles, jusque-là quasi indépendantes. Abd el-Kader commença pourtant à unifier son État en supprimant la distinction traditionnelle entre tribus makhzen privilégiées et tribus sujettes exploitées, puis en percevant partout comme impôt la zakkat (dîme coranique). Il le fortifia en le dotant d’une armée de 10 000 volontaires rétribués, d’une ligne de places fortes et d’une capitale, Tagdempt.
    Lorsqu’il crut que le temps jouait en faveur des Français, il reprit la lutte en novembre 1839 et envahit la Mitidja, où étaient déjà installés des colons. Une grande guerre s’engagea, au cours de laquelle il tenta par la mobilité de ses troupes de suppléer à leur infériorité numérique. Vaincu au terme de quatre années de combats, affaibli par la soumission de nombreuses tribus, il dut se réfugier au Maroc à la fin de 1843, mais il réussit à entraîner le sultan ‘Abd al-Rahman dans la guerre contre les Français. Après les bombardements de Tanger et de Mogador et la défaite de l’armée marocaine à la bataille de l’Isly (14 août 1844), le sultan se résigna à la paix. Abd el-Kader, déclaré hors la loi au Maroc, se cantonna près de la frontière algérienne puis, profitant de nouveaux mouvements insurrectionnels déclenchés par la confrérie des Taibiyya en 1845, il reparut en Algérie. Ses succès (Sidi Brahim, 23 sept. 1846) firent craindre aux Français son triomphe définitif. L’armée française, forte de 106 000 hommes répartis en dix-huit colonnes opérant simultanément, parvint à le rejeter de nouveau au Maroc. Le sultan, qui redoutait désormais en lui un compétiteur, le fit pourchasser. Alors l’émir des Croyants préféra se rendre aux Français, le 23 décembre 1847.
    Manquant à la promesse qui lui avait été faite de le transporter avec les siens à Alexandrie, le gouvernement de Guizot, puis ceux de la IIe République, tout aussi méfiants, le retinrent prisonnier en France. Mais de nombreux Français lui témoignèrent égards et amitié. Le prince-président Louis-Napoléon, homme généreux, fut de ceux-là: le 16 octobre 1852, il vint lui-même annoncer à l’émir sa mise en liberté et un traitement digne de son rang pour s’établir à Brousse en Turquie.
    Ces cinq années de séjour forcé en France révélèrent cependant à Abd el-Kader ce qu’étaient la civilisation et la religion chrétiennes et expliquent peut-être qu’il ait pu songer plus tard à un rapprochement islamo-chrétien.
    Dans la troisième partie de son existence, qui se déroula tout entière dans le Proche-Orient, de 1852 à 1883, Abd el-Kader se consacra presque exclusivement à l’étude et à la méditation religieuses. Cette orientation répondait à une vocation profonde; dès sa jeunesse, il avait manifesté le goût de l’oraison et de l’exercice mystique. À Brousse, il rédigea un traité de philosophie religieuse à l’usage des chrétiens qu’il intitula Rappel à l’intelligent, avis à l’indifférent. Installé à Damas, où il vécut de 1855 jusqu’à sa mort, il prit figure de maître spirituel: son enseignement y fut recueilli. Une partie de ses propos et de ses commentaires écrits a été publiée sous le titre Le Livre des haltes (mystiques), très partiellement traduit en français. Cet ouvrage, dont la splendeur littéraire frappe, révèle la profondeur du mysticisme de l’émir. Il s’y affirme disciple d’un des plus grands soufis de l’Islam, Ibn ‘Arabi, le Shaykh al-akbar (ce qu’on a pu traduire par Doctor maximus de la gnose islamique). Ainsi s’explique la volonté d’Abd el-Kader d’être inhumé à Damas près de la tombe d’Ibn ‘Arabi.
    Bien qu’il se tînt désormais à l’écart des affaires politiques, Abd el-Kader s’occupait activement de la colonie des muhajirin (émigrés pour la foi) algériens qui affluaient à Damas. Cela l’obligea à solliciter parfois l’aide de l’empereur Napoléon III. Mais s’il intervint, en juillet 1860, lors des émeutes antichrétiennes de Damas, ce fut seulement, expliqua-t-il, "par devoir de religion et d’humanité".
    En prenant sous sa protection et celle de ses Algériens plusieurs milliers de maronites et d’Européens, il leur permit d’échapper aux massacres.
    Ce geste, qui eut un grand retentissement en Europe, attira à nouveau l’attention sur lui. Il fut décoré de l’ordre de Pie IX et reçut la grand-croix de la Légion d’honneur.


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    Dimanche 7 septembre 2008

     

     









    Cet arbre présente les liens entre les différentes églises chrétiennes et leurs évolutions au cours du temps.



    Pour connaître la définition des différentes églises mentionnées sur l'arbre, accédez au Glossaire.



    http://www.chretiensensemble.com/oecumenisme/arbredesreligions.php


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    Dimanche 7 septembre 2008





     








    Qu'est-ce que l'oecuménisme ?


    Qu'est-ce que l'oecuménisme ?
    L'Eglise chrétienne a subi plusieurs cassures au cours de l’Histoire. Pour s'en tenir aux plus importantes, citons au 11ème siècle la rupture de la communion entre les Eglises d'Occident et d'Orient, qui sont devenues respectivement Eglise catholique et Eglise orthodoxe...

    L'arbre des religions
    Il présente les liens entre les différentes églises chrétiennes et leurs évolutions au cours du temps.

    Glossaire
    Retrouvez ici toutes les définitions des termes permettant de mieux comprendre ce qu'est l'oecuménisme.

    http://www.chretiensensemble.com/oecumenisme/

    Sur Wikipedia.org

    « In principiis unitas, in dubiis libertas, in omnibus caritas. » (Saint Augustin)

    L’œcuménisme est un mouvement tendant successivement et selon les périodes de l'histoire :

    • à promouvoir l'unité ecclésiologique des Églises protestantes issues de la Réforme. Auquel cas, il s'agit d’unionisme ;
    • à promouvoir des actions communes entre les divers christianismes, en dépit des différences doctrinales affichées par les diverses Églises, avec pour objectif l’unité visible de l’Église[1], auquel cas, c'est l’œcuménisme.

    Ce mouvement entend répondre à la prière que l'Évangile selon Jean (Jn 17:21) attribue au Christ :

    « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu'eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m'as envoyé... »[2] »

    « L’unité visible de l’Église constitue l’objectif central du mouvement œcuménique » d'après le Conseil œcuménique des Églises, ce qui implique des relations et dialogues entre les diverses Églises[3]. Le mouvement œcuménique préconise le travail en commun des Églises qui le souhaitent, dans le respect mutuel des diverses institutions.

    L’œcuménisme, dans son sens actuel, ne préconise pas l'union de tous les chrétiens en une seule institution ecclésiale ; il ne vise donc pas nécessairement la réunion de toutes les Églises chrétiennes. L'unité visible à rechercher fait l'objet de débats, notamment quant aux perspectives de l'Église catholique romaine sur le sujet. La papauté, telle qu'elle s'exerce aujourd'hui, constitue en particulier un obstacle[4].

    Le terme est issu du grec oikomono gê, qui signifie « terre habitée », d'un point de vue didactique, il veut dire : « universel ». Ce terme a donc été utilisé pour désigner un mouvement qui concerne uniquement les chrétiens dans un premier temps, mouvement qu'il ne faut pas confondre avec le dialogue inter-religieux[5].

    Par ailleurs, l'adjectif œcuménique est utilisé par l'Église catholique romaine et l'Église orthodoxe pour désigner un concile auquel tous les évêques et tous les patriarches sont convoqués.

    Le fondateur de l'œcuménisme moderne est le luthérien Lars Olof Jonathan Söderblom, archevêque d'Uppsala (Suède); il reçut le prix Nobel de la paix en 1929 pour cette activité.

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