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    Mercredi 11 mars 2009

     




    On peut définir cet intellectuel méridional
    comme un « pontife », un homme
    qui bâtit des ponts.
    Entre les cultures, les religions
    et ses semblables
    .

    Il fut un des premiers à s'intéresser au phènomène religieux du point de vue du sociologue et, à ce titre, cet arabophone, diplômé de l'institut Bourguiba des langues (Tunis), s'interessât particulièrement à l'islam comme en témoigne ses nombreux ouvrages : La France et l'Islam, Islam : des questions qui fâchent, L'Islamisme radical.

    A propos du radicalisme musulman, il soutenait que cette mouvance de l'islam procédait non d'un cheminement linéaire de la tradition islamique, mais bien d'une influence occidentale où le mimétisme aveugle joue le rôle de catalyseur.

    Bruno Etienne illustrait aussi les arcanes de l'ésotérisme musulman, en témoigne un article paru dans la revue « Vers la Tradition" où il donne le plan « ésotérique de la Smalah d'Abd-el-Kader, plan qui relève d'une géographie sacrée.

    Partisan d'un islam gallican, seul à même de le réformer, il plaidait pour l'abandon de l'ethnocentrisme et l'affirmation de l'universalité du message mohammedien.

    Ce Franc-Maçon du Grand-Orient de France n'en était pas moins un anti-jacobin, adveraire du cesaro-papisme étatique. Si l'Etat doit être reconnu par tous, il appartient aussi à l'Etat de reconnaître les différences et les protéger : sectes, bouddhisme, islam mais aussi régionalisme ont droit à une déférence qui leur est trop souvent niée par l'Etat Central lequel devrait, à l'instar d'autres pays européens, subsidier les cultes, les encadrer et reconnaître leur dimension sociale.

    Avec lui disparaît un humaniste, un de plus, nous n'en connaissons plus beaucoup, le désert culturel gagne chaque jour d'immenses espaces autrefois fertiles d'échanges et de discussions; la pensée unique progresse et, avec elle, la désolante ignorance.

    http://fatahelbab.over-blog.com 



    Il présidait l'observatoire des religions au sein de l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence, le professeur Bruno Etienne s'est éteint le 4 mars 2009.


    Bruno Etienne: "La religion est devenue un supermarché et pourquoi pas ?"
    Par pwallez le mardi 30 septembre 2008,

    Atteint d'un cancer, dont le traitement l'a contraint à différer la sortie d'un nouveau livre, l'intellectuel aixois poursuit ses recherches sur le phénomène des religions
    Dans la salle d'étude, aménagée dans le jardin d'une propriété d'Aix, les quintes de toux secouent sa grande carcasse, charpentée par une adolescence d'ascétisme et une longue pratique des arts martiaux à l'âge adulte. Le professeur Bruno Etienne est malade et il ne cache pas, sans s'étendre, qu'il s'agit d'un cancer.
    La religion n'est pas devenue pour autant thérapie, besoin vital. En tous cas pas davantage qu'avant la découverte de la maladie. "J'ai toujours été à la fois un chercheur et un cherchant". Se situant à la fois en dehors et dedans. Il dissèque au scalpel de l'anthropologue, sociologue, politologue cet objet d'études "depuis 45 ans". Mais il rajoute une intensité qui le questionne lui-même. "Déjà à l'âge de 14 ans, j'avais un goût immodéré des livres sacrés que mon psy qualifierait de tordu. J'ai une collection de Talmud, de Bible, de Coran et je connais ces deux derniers textes par coeur".


    Musulman et franc-maçon


    C'est le mécanisme de la croyance qui le fascine. Des croyances plutôt. Son dernier livre (1) étudiait les doubles appartenances au travers du personnage de l'émir Abd el-kader. Comment peut-on adhérer à deux systèmes de croyances a priori aussi lointains que l'islam et la franc-maçonnerie ? Son prochain ouvrage (2) aborde également cet angle. "La société a changé, la religion est devenue un super market dans lequel chacun fait son marché, en mélangeant un peu de tout, avec des emprunts de croyances à diverses confessions, une forme de religion personnalisée. Les exemples pullulent. A mon époque, quand on était franc-maçon, on était laïque, socialiste. Mon pépé de la Roque d'Anthéron, qui était tailleur de pierre et franc- maçon, poursuivait le curé dans la rue en criant "croa, croa". Maintenant, il ne reste plus qu'une loge à Aix où l'on crie "à bas la calotte". O surprise, ma loge était dirigée par un musulman jusqu'à l'an passé et deux ateliers féminins de Marseille ont des beurettes comme vénérables. Qui aurait pu penser que l'on pouvait pratiquer à la fois la franc-maçonnerie et l'islam ? "

    Les catholiques nombreux qui se payent des sessions de méditation bouddhiste s'inscrivent, selon le professeur Etienne, dans cette tendance. "Et pourquoi pas? Il n'y a qu'en France, ce pays de rationalité, où il est demandé de ne croire qu'en une seule chose". Ce qu'il décrit avec d'autres comme un besoin de spiritualité, il en trouve la preuve dans les 18 confessions qui sont pratiquées à Marseille. Ce goût de religion est "à l'image d'une société malade et qui cherche".

    Inclassable

    Déclarant aimer fouiller le "border line", les phénomènes à la marge, le professeur a souvent été jugé inclassable. Élève chez les cathos à la Seyne, puis influencé par son oncle avocat nîmois et prêcheur protestant, Bruno Etienne navigue, dans son auto portrait , entre les étiquettes de neo protestant, agnostique, et franc-maçon, ne renonçant pas d'ailleurs à jauger les uns et les autres à l'aune du sens critique.
    Cela peut désorienter certains. "Un jour, il est devenu bouddhiste"s'exclame Mohamed Allili, recteur de la mosquée de la Porte d'Aix, à Marseille, personnage médiatique de l'islam français. Bruno Etienne a bâti une partie de sa notoriété de chercheur sur l'étude de l'islam, au point que l'on a pu croire que le cherchant trouvait sa voie dans le Coran. Dans les années 80, les deux jeunes chercheurs dont il était le mentor, Jocelyne Césari (qui enseigne désormais à Harvard) et Franck Frégosi (chercheur du CNRS), réalisaient sous sa direction une enquête sur la mosquée de la porte d'Aix, et soulevait des questions sur ce qu'il appelle "la laïcité ouverte, malgré ce que disent mes copains et mes frangins. On faisait rigoler tout le monde à l'époque, le sujet est plus que jamais d'actualité".

    Un cousinage lointain avec Sarkozy

    Inscrit sur la liste de Michel Pezet aux dernières élections municipales à Aix, il s'est retrouvé dans une curieuse situation de cousinage avec Nicolas Sarkozy. "Ministre de l'intérieur, il posait les bonnes questions sur le financement du culte musulman. Les baux emphythéotiques, en particulier celui de la Grande mosquée de Marseille, ne sont qu'un financement occulte. Il faut arrêter l'hypocrisie".
    Les religions même bricolées sur le principe du "do-it-yourself" et de la personnalisation sont incontournables selon Bruno Etienne. "Elle apportent les balises et les interdits sans lesquels une société ne peut fonctionner. Moi, j'ai de la sympathie pour la connerie des hommes, leur acharnement à défendre leur peau. Si cela apaise leur souffrance, la peur de la mort, du cancer, pourquoi pas ? En quoi l'histoire de la Vierge est-elle moins ahurissante que celle de la Dianétique qui prétend guérir ? ".

    La seule fois où Bruno Etienne évoquera le cancer. "Je recommence à travailler, le traîtement m'avait beaucoup fatigué. Mon livre sortira en début d'année....Inch'Allah"
    (1) "Abd el-Kader et la franc-maçonnirie suivi de Soufisme et franc-maçonnerie" chez Dervy, 16 euros
    (2) "L'Eglise, l'Etat et l'Entreprise " chez Odile Jacob

    Interview intégrale




    - Un de vos étudiants raconte que vous vous êtes décrit, une fois, comme étant un mécréant...


    Je suis un mécréant, mais comme on dit en provençal. Mon arrière grand-père de la Roque d'Anthéron était un franc-maçon, une autre partie de famille était protestante et résidait de l'autre côté du Rhône. Comme j'étais orphelin, mon grand père m'a mis dans un internat à La Seyne, j'ai bien connu le catholicime. Mon penchant, si j'avais un choix à faire, c'est plutôt le protestantisme. Mon oncle, avocat à Nîmes, prêcheur protestant, m'a marqué. Le protestantisme, c'est la liaison avec les études, on travaille énormément les textes et on est seul chez les protestants. Alors que chez les catholiques, on s'inscrit dans une structure hiérarchique qui nous dit ce qu'il faut penser. Je suis devenu chercheur parce que j'ai eu envie de comprendre. Dès 14 ans j'avais la passion des textes, je connais la Bible et le Coran par coeur. J'ai une collection de Bible, de Coran, de Talmud, mon psychiatre me dira peut-être que c'était tordu à 14 ans d'avoir un goût immodéré des livres.

    Vous êtes de quel côté finalement, athée, agnostique ou croyant ?

    Posé comme cela, je suis agnostique. Avec 45 ans d'expérience d'anthopologie liée à la religion, je suis devenu d'un relativisme culturel absolu. J'ai découvert jusqu'où les hommes étaient capables de croire, c'est incroyable. En quoi l'histoire de la Vierge Marie est-elle moins ahurissante que la Dianétique de l'Eglise de Scientologie, qui prétend vous guérir. L'humanité est prête à croire tout et n'importe quoi, la peur de la mort sans doute. La religion, c'est un objet d'étude, pour moi. Mais j'ai aussi une certaine sympathie pour la connerie des hommes, leur volonté de défendre leur peau, tout ce que l'humanité produit même de mauvais m'intéresse. Mon domaine est celui de la science politique, mais celle qui s'intéresse à la gouvernance, je m'en fous, ce qui me passionne, c'est le "border line", pourquoi ils vont au FN ou dans les sphères marginales. Il y a un défaut de spiritualité dans la société, aucune société ne peut fonctionner sans balise et sans interdit, c'est sans doute le réactionnaire qui parle. Le rituel est partout, les rituels laïques et sécularisés de la République ont remplacé les rituels religieux. Quand Mitterand monte au Panthéon avec les trois roses, c'est un rituel.


    La politique justement, on vous a entendu dire des choses positives sur Sarkozy, on ne vous attendait pas, avec le passé militant qui est le vôtre, dans ce camp...

    Quand Sarkozy a posé le problème du financement des lieux de culte musulman, il a posé un véritable question de société, je dois le reconnaître, il mettait le doigt sur une question pertinente. On a 300 000 juifs, 400 000 bouddhistes, et 2 millions de musulmans français, mais ces derniers ne sont pas placés sur un pied d'égalité, en raison de la situation sociale de la majorité. Le bail emphytéotique est un financement occulte et au culte, qui ne dit pas son nom, c'est la loi de 1901 qu'il faut réviser. Mais voilà dès que l'on énonce cela, il y a raidissement d'un certain nombre de gens, de mon âge d'ailleurs. Ils refusent de comprendre que c'est la société qui a changé, et que la laïcité doit changer avec elle.


    Qu'entendez-vous par cela ?


    Mon pépé quand il voyait un curé dans la rue, il courait après lui et faisait "croa, croa". C'est terminé, les curés n'ont plus de soutane et ils ne sont plus dans la rue. La première enquête que nous avons menée avec l'Observatoire du religieux était de Franck Frégosi et Jocelyne Césari, c'était en 1980, et elle portait sur la mosquée de la Porte d'Aix, du recteur Allili. On a fait rigoler tout le monde. On dit qu'il y a 60 synagogues à Marseille, mais on n'en parle pas comme on parle des moquées. Ce n'est pas anti sémite ce que je dis, la société a changé, c'est tout. La Soka Gakkai à Trets, nous l'avons étudiée avec Raphaël Liogier et l'Observatoire du religieux. Le mot secte en sociologie n'est pas péjoratif, je sais bien qu'il y a des sectes plus ou moins douteuses, mais ce que je conteste, ce sont ces rapports parlementaires, sans valeur juridique, qui prétendent définir ce que sont les bonnes et mauvaises religions. Mes copains y compris mes frangins me disent qu'il n'y a pas d'adjectif à laïcité, pour moi, il existe. Et je souhaite une laicité "ouverte". Prenons l'exemple de la grande mosquée de Marseille, je n'en suis pas un partisan à tout crin, je pense que les mosquées de proximité sont tout aussi utiles. Mais voilà pour des raisons stratégiques ou clientélistes, je ne sais, il a été décidé la construction d'une grande mosquée, tournée vers la Méditérranée. On va donner un bail emphytéotique et alors ? Par ce biais, le tissu associatif va être contrôlé, je préfére cela à des islamistes occupant des mosquées partout dans les quartiers. Je suis hostile aux discours sur les communautés. Si l'on en croit certains, la France est menacée par le communautarisme à l'américaine, c'est une stupidité. L'histoire n'est pas la même, en plus là bas 90% des personnes croient en Dieu, alors que le taux est de 23% en France.
    La communauté n'existe pas. En sociologie, c'est un ensemble de personnes qui se réunissent et qui n'ont pas besoin d'intervention extérieure pour régler leurs problèmes internes. Or à Marseille, toutes les élections du culte musulman se sont terminées devant le tribunal, c'est là même chose pour les élections au consistoire israélite. Nous estimons qu'il existe au moins cinq groupes concurrentiels au sein de la dite communauté musulmane marseillaise


    Comment pourra-t-on harmoniser les cultes ?


    Cela se fera par l'Europe, nous nous adapterons ou sinon le juge européen va nous aligner sur le statut des cultes reconnus. Sarkozy, en fait, dans ses propositions est sur un modèle allemand. Dans lequel la collectivité passe un accord avec une association cultuelle ou culturelle qui rend des services à la collectivité. Je ne crois pas à la volonté des hommes politiques, le fait est qu'ils sont confrontés au principe de réalité et il y a un moment où ils doivent négocier. C'est ainsi que les choses fonctionnent.

    La réalité actuelle est donc la multi-appartenance ?


    Certains cathos font des sessions de méditation chez les bouddhistes. Je constate également que dans les loges il y a des musulmans et des catholiques qui continuent à pratiquer alors qu'à mon époque on était laïque et socialiste. La double appartenance est un fait, la société a généré un super market des biens religieux et tout le monde pioche. Pourquoi on ne pourrait pas avoir deux voies spirituelles, si cela vous fait du bien, psychologiquement ou pour le cancer ? C'est un aspect que j'aborde dans mon ouvrage, L'Eglise, l'Etat et l'Entreprise. Dans ce pays de rationalité, il faut appartenir à un seul truc. La réalité est que, à cause de mondialisation ou du phénomène market, on a plusieurs appartenances. Est-ce que les gens sont moins barjots qu'il y a 50 ans, je ne crois pas.

    La franc maçonnerie dans tout cela ?


    J'y suis rentré pour des raisons politiques, mon grand-père était communiste et mon parrain maçon. J'y suis resté parce que ce qui m'intéresse c'est d'avancer soi même. Pour moi la FM s'inscrit dans le champ religieux, au même titre que le bouddhisme. Les jeunes, ne vont plus rejoindre la Franc maçonnerie pour les mêmes raisons. Moi à l'époque, j'étais de gauche, tiersmondiste, maintenant les jeunes qui nous rejoignent le font pour d'autres raisons. Ils ne recherchent pas une annexe du PS, ils veulent de la spiritualité, une spiritialité laïque, hors des institutions ecclésiastiques. La grande suprise, c'est la présence de beurs et beurettes. Il y a au moins deux loges de la Grande loge féminine à Marseille qui sont dirigées par des musulmanes, et le vénérable de mon atelier était jusqu'en 2007 musulman. Il y a 40 ans, les rares musulmans qui adhéraient à la FM étaient athées, ce n'est plus le cas. La FM a été chrétienne, impériale, monarchique , c'est une institution humaine, elle a un inconvénient, les apparatchiks produisent un discours qui ne reflète pas toujours ce qui se passe dans les loges. Parce que ce qui se passe là, à l'intérieur des loges et des régions, ce sont des débats incroyables, d'une grande qualité. La Franc maçonnerie est confrontée à deux courants, l'un est porté sur l'extériorisation, la stratégie au sein de la société et l'autre qui dit aux frères, commencez à construire ce que vous êtes et vous serez meilleurs dans la société. Jusqu'à maintenant et depuis la IIIe République, la première tendance était majoritaire. Aujourd'hui, c'est l'autre qui est en train de le devenir. Il y a un changement qualitatif, globalement, au Grand orient de France, soit mille loges, 130 travaillent au rite REAA faisant référence au Grand Architecte, une centaine au RER qui est chrétien, une centaine au rite français rétabli ancien. Donc il y a au moins un tiers qui croient au Grand Architecte au Grand Orient. Sur le terrain, la composition des loges sur Aix est à peu près la composition socio professionnelle et politique de la société française. A l'exception de l'extrême droite, rare en FM, de l'extrême gauche inexistante à part quelques anciens trotskistes. Mais on ne commence plus en FM avant 35 ans, à mon époque c'était 2O. Il n'y a plus d'ouvriers, pas de paysans, à part quelques viticulteurs plutôt bourgeois. Pour moi, la Franc maçonnerie n'est pas LA solution au problème du monde moderne, mais peut faire partie de la solution. C'est une vieille idée d'un vieux pasteur, Wilfrid Monod, père des deux Monod, qui avait créé le Tiers ordre des veilleurs. Je crois en des groupes discrets, pas forcément secrets, mais qui travaillent à l'abri du prime time, de l'audimat, et qui sont des éveilleurs. Des gens qui posent des questions impertinentes, mais qui sont aussi des veilleurs, des gens capables de dire "oh société tu as la fièvre, si tu veux casser le thermomètre, c'est ton problème mais attention". Il me semble que dans le cadre d'une spiritualité laïque, dégagée des Eglises et des partis, la FM moderne qui a 250 ans, qui a survécu à tous les régimes est un lieu où cela peut se passer. Chacun à sa place doit être meilleur et le monde fonctionnera mieux. 


    http://lavenircestmaintenant.skyrock.com/2344988121-In-memoriam-Bruno-Etienne.html


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    Samedi 21 février 2009

     





    Un commentaire pour la Paix :

    Chers frères et soeurs,
    chers ami(e)s,
    chers concitoyens,
    Que la Paix soit sur vous.
    Cette paix, nous la chérissons tous,
    nous la désirons tous.
    En France et ailleurs,
    nous goûtons à cette paix depuis 1962 environ.
    Jamais depuis notre vie ici n'a été menacée de basculer à cause de la guerre,
    mais nous avons vu
    -et certains d'entre nous ont connu ailleurs-
    le drame et l'horreur inévitable que contient toute guerre.

    En ces heures graves,
    nous recevons la peine immense
    des victimes de l'interminable guerre israëlopalestinienne.
    Juifs, chrétiens de tous bords, musulmans de tous bords et autres
    souffrent de ce sang qui coule à flots depuis 60 ans.
    L'hémoragie de la Palestine ne s'interrompt que rarement,
    dans des conditions insoutenables,
    pour durée condamnée à s'écourter
    et s'achever irrémédiablement dans de nouveaux assauts désespérés.

    A chaque assaut de l'Etat d'Israël,
    grandit dangereusement la haine du peuple juif,
    le peuple Israël.
    Chaque attaque baptisée riposte déclenche un nouveau massacre
    et une nouvelle vague de hargne et de colère,
    dont patissent les juifs du monde entier,
    s'obligeant à défendre encore un rêve déchu qui leur est cher,
    et sans lequel leurs souffrances passées ne sembleraient avoir de sens:
    le rêve du rappel en Terre Promise,
    récupéré par des idéologues de la conquête maximale à tout prix,
    les sionistes.
    Hier encore, seuls les fascistes et les néonazi,
    ainsi que d'autres sortes d'extrémistes aux conceptions racistes
    dénonçaient le sionisme.
    Tant nous voulions pardonner et comprendre
    après la détresse endurée sous le reich allemand.

    Aujourd'hui, les horreurs et les violations de droits fondamentaux perpétrés
    ont hissé -dans les nombreux esprits excédés- le peuple juif,
    à nouveau, en "ennemi des peuples opprimés",
    à cause de cette politique du bulldozer.
    Les partisans de la paix y sont pourtant nombreux!
    Ils aspirent à la paix
    tout autant que nous aspirons
    à conserver la paix ici.

    Quant aux palestiniens,
    tant de larmes ont coulé depuis six décennies,
    mêlées à tant de sang,
    tant de vies ont été fauchées ou confisquées,
    tant de familles ont disparu ou été réduites à la terreur
    et aux mauvaises moeurs des armées d'occupation
    que l'on s'étonne toujours de les voir se battre encore,
    avec dignité plus souvent qu'avec rage.

    Aujourd'hui qu'Ehud Olmert annonce une nouvelle "riposte disproportionnée"
    aux ripostes gazéennes qui ont fait deux morts après la pluie de bombes
    qui chez eux a fait -aux dires des israëliens-
    au moins 600 morts,
    Aux dires du Hamas,
    plus de 1300.
    Depuis 1948,
    750 000 palestiniens ont été victimes de cette guerre sans fin.

    Levons-nous courageusement pour la paix:
    envoyons un signe de paix pour les israëliens,
    par un signe d'amour pour les palestiniens...

    ...Portons tous, chaque fois que nous en avons le droit
    le kéfié palestinien.

    Par cet acte, accompli par des français de souche,
    des immigrés, des touristes, des juifs,
    des descendants de la migration,
    par toutes les couches de la population,
    en tailleur et costume autant qu'en jean basquet,
    nous pouvons montrer que nous aimons la Palestine,
    que nous aimons les palestiniens,
    et que lorsque l'on nous voit vivre des peines ou des moments de joie,
    des moments de colère ou des moments de honte,
    nous aspirons à la paix pour tous les hommes,
    à la dignité pour tous les hommes et toutes les femmes,
    au droit à la vie pour tous les enfants du monde.

    Faites ce geste simple: portez le kéfié
    pour dire tout ceci sans avoir autre chose à faire
    que sourire et vivre en paix.

    Que la paix, la grâce et la miséricorde soient sur vous,
    et qu'innondant de vous,
    elle coule jusqu'au peuple de Palestine.
    Amîne.


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  • Vendredi 20 février 2009
     



    La "Bonté divine" de Roland Giraud et Christophe Lidon

     

    Mis en scène par Christophe Lidon, Roland Giraud incarne, dans « Bonté divine ! » de Frédéric Lenoir et Louis-Michel Colla, un prêtre catholique se retrouvant enfermé avec un rabbin, un iman et un bonze. Nous les avons rencontrés pour parler de la pièce, bien sûr, mais également de ce lien entre comédien et metteur en scène.

    Propos recueillis par Marie-Céline Nivière

     

    Nous nous retrouvons au bar d’en face. Leur temps étant compté, ils vont être rapides, précis et généreux. J’interroge Roland Giraud sur les risques d’une pièce sur les religions. « Tout est possible si c’est une comédie dramatique. Dans cette pièce, on passe du rire à l’émotion et de l’émotion au rire. Comme disait Jouvet , “Au théâtre, c’est important d’avoir de l’émotion.” » Lidon rebondit sur la phrase du maître : « Le théâtre est l’endroit où l’émotion donne de l’intelligence. L’émotion, du rire, des larmes, c’est ce qui nous différencie de l’animal. Et au théâtre, cela passe par nous. C’est pour cela que j’ai accepté de faire cette pièce avec Roland, car c’est un fabuleux passeur. » Roland se tourne vers son metteur en scène : « Ah bon, je suis un passeur ! » Lidon soulève un sourcil : « C’est un texte important pour Roland, je me dois de ne pas le décevoir. Ensemble on raconte une histoire et par le travail, on fait passer l’amour qu’on met dedans. Face à une actualité qui fait réfléchir, le principe de la comédie humaine est de faire attention à ne pas choquer, pour ne pas bloquer les gens afin qu’ils entendent toujours ce qui est dit. » Roland poursuit : « J’avais envie depuis longtemps de jouer une pièce comme ça. “Bonté divine !” est un cadeau divin ! »

     
    A travers les trois grandes religions monothéistes et le bouddhisme, les auteurs parlent de foi, de doute, mais essentiellement de l’homme. « Oui, ici, religion est dans le sens de relier, précise Roland Giraud. Les gens s’intéressent à la religion mais pas à l’église. Il y en a même qui ne savent pas qu’elles ont le même Dieu. » Lidon précise : « On va se divertir, apprendre (peut-être) et se souvenir, que l’on ait une éducation religieuse ou non. Justement, pour Roland Giraud qui est croyant et pratiquant, cela doit avoir un sens particulier de jouer ce texte.» « Cela me rend deux fois plus angoissé. Je voudrais que les gens soient intéressés. Je suis très heureux de faire un curé catho alors que je suis protestant ! »

     

    Toucher au sacré est toujours délicat. Lidon sourit : « Sacré, voilà un terme que j’adore. On fait un métier où la notion de sacré est importante ! » Giraud éclate de rire : « C’est ça, on fait un sacré métier ! » « Ça, c’est sûr ! La présence du bonze est une autre vision du sacré. Est-ce une philosophie, une religion ? La volonté des auteurs est de laisser des portes de sortie. » « C’est comme pour le choix de la distribution, enchaîne Roland Giraud, il devait être investi d’une réalité, d’une humanité. A aucun moment, le spirituel de la pièce ne doit être abîmé par des mésententes internes. Mes camarades sont parfaits. Ce qui m’intéresse, ce sont les gens qui doutent, pas ceux qui ont des certitudes. » Lidon renchérit : « La confiance est ce qui permet de donner le meilleur de nous-mêmes, alors on peut bien travailler. C’est impressionnant de voir comment Roland fait en sorte que l’ambiance soit la plus agréable possible. Il est englobant. » Roland Giraud tape sur ma feuille : « C’est ça, englobant, notez-le ! » Lidon arrête sa main : « Il a implanté un esprit de troupe comme si je travaillais avec ma compagnie. » Roland, toujours taquin : « On est en bonne compagnie, c’est l’essentiel. »


    Justement, comment s’accomplit ce travail entre l’acteur et le metteur en scène. Roland Giraud insiste sur sa nécessité. « Le metteur en scène est l’œil extérieur. Ce qui est primordial pour moi, c’est de savoir où je vais, ce que je fais, ce que je vais faire. » Lidon regarde avec tendresse son comédien et ajoute : « L’acteur qui répond à ta demande en disant “oui je vais le faire” et le fait encore mieux, ça m’a toujours scotché. » Roland Giraud est clair, pour lui, tout est une question de ressenti. « Je sais si le metteur en scène me fait confiance. J’ai de l’instinct comme un animal. J’ai un flair d’enfer ! »


    Et entre le metteur en scène, les comédiens et l’auteur, comment s’opère la passation ? Lidon explique la différence entre un texte classique et un texte de création. Pour ce dernier, il utilise l’image de la haute couture. « La création, c’est du sur-mesure. J’interpelle l’auteur. On fait plusieurs essayages, des retouches, jusqu’à ce que le modèle tombe juste sur le comédien. Il faut que l’auteur comprenne que le comédien doit être à l’aise, car il est le vecteur de son écriture. » Roland Giraud éclate de rire, saute sur sa chaise : « Mince ! Je suis un acteur vecteur ! » Lidon réplique : « Mais oui, tu portes une parole ! » Goguenard et sérieux en même temps, Giraud continue :
    « Après plus de quarante ans de métier, j’ai enfin compris ce que j’étais, “un porte-parole”, habillé par le metteur en scène.
    Merci, je sais que je suis un acteur vecteur ! »

     

    "Bonté divine" , au théâtre de la Gaîté Montparnasse , à partir du 21 janvier 2009.



    http://spectacles.premiere.fr/pariscope/Theatre/Exclusivites-spectacle/Interviews/La-Bonte-divine-de-Roland-Giraud-et-Christophe-Lidon/(gid)/1515383 

    BONTÉ DIVINE
    GAÎTÉ MONTPARNASSE
    du 21 janvier au 31 mai 2009

    Places disponibles : Mardi, Mercredi, Jeudi, Vendredi, Samedi à 20H00 | Dimanche à 15H00.
    Tarifs : 38,5-44,5 € tarif plein ou 32-44,5 € tarif adhérent

    Roland Giraud est à l'affiche de cette comédie mettant en scène l'improbable huis clos entre un prêtre, un rabbin, un imam et un bonze bouddhiste. Déjà un franc succès !
      On ne parle que de paix, de tolérance, cette pièce n'est pas pour ceux qui ont des convictions très arrêtées ! (R. Giraud)


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    Vendredi 30 janvier 2009



    Le vrai choc de civilisations ?
    Interprétation de Leveilleur


    Le vrai choc des civilisations pourrait bien avoir lieu prochainement non pas entre une civilisation arabo-musulmane et l'occident mais plutôt entre une administration obamienne qui se réclame ouverte au dialogue avec l'orient et un état israelien qui poursuit une ligne pure et dure que certains qualifient d'un "autre âge".

    Nous savons combien la "civilisation" Israelienne est fondée sur la généalogie, le lien du sang, à la terre; nous savons combien elle est prête à défendre bec et ongle son dessein d'un "grand Israel". Pendant longtemps, l'état hebreux a joui d'un soutien inconditionnel des Etats-Unis en s'appuyant sur de vrais et solides soutiens politiques au plus haut niveau de l'état américain. Le vent serait-il en train de tourner pour Israel ? En apparence au moins.

    Un signe qui n'a pas du plaire à tous : on se souviendra que le premier coup de fil présidentiel passé par Obama au proche Orient ne fût pas donné aux Israeliens mais aux palestiniens (M. Abbas) LIRE ICI

    Barack Obama est l'expression d'une tendance au metissisme qui est une autre et nouvelle idéologie des races et qui représente sans doute la nouvelle vision que l'on voudrait donner à l'humanité pour les années à venir, c'est à dire un monde où les races, les cultures sont vouées nécessairement au mélange et à la cohabitation. C'est en fait le bon sens même qui parle ici, le metissisme étant l'une des conséquences d'un monde nomadisé par les effets de la mondialisation. Cela dit, gare aux idéologies. ils s'en trouvent toujours l'un ou l'autre pour les usurper et les détourner.

    Le 10 février, les élections se tiendront en Israel et les sondages donneraient en tête des hommes très à droite. On sait que "Bibi" (Benjamain Netanyahu), leader du Likoud,  tient le haut du pavé dans cette affaire mais il s'en trouve dans son parti, et autour de lui, des plus radicaux que lui encore.  Voici ci-dessous quelques liens qui évoquent ce risque potentiel de divergences croissantes entre Israel et les Etats-Unis. Cela dit, rappelons nous que nous vivons dans un monde d'apparence et rappelons nous aussi que l'équipe Obama est composée de personnalités qui sont historiquement liées aux causes israeliennes. On pourrait donc bien souffler le chaud et le froid dans ce dossier. Notons toutefois qu'il semble que B.B. ne semble pas avoir les faveurs personnelles d'Hilary Clinton suite à de vieux contentieux qui remontent à la présidence Clinton.

    J'écris ces lignes au moment où le Président US s'apprête à adresser une première lettre d'ouverture diplomatique à l'Iran. LIRE ICI Tout cela alors que tout récemment, certains ont averti que l'Iran était à quelques centimètres de posséder LA bombe. Encore une fois, jeu des apparences ou véritables divergences stratégiques avec Israel ?? A suivre.

    Sur l'opposition des politiques de Bibi vs Obama - LIRE ICI en anglais
    Sur Bibi et les radicaux LIRE ICI
    Sur les différences présumées entre les candidats LIRE ICI   http://lapromo.neufblog.com/leveilleur/2009/01/le-vrai-choc-de.html


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    Mardi 20 janvier 2009

     

     

     

     





     

    Un Palestinien entre deux mondes

     


    Hier, j'ai passé une bonne partie de la journée à écrire sur l'histoire du docteur Ezzedine Abu al-Aish (Libération du 19 janvier). Ses cris dans le téléphone portable du correspondant de la chaîne 10 de télévision israélienne me hantent encore :


    Trois filles, une nièce et un frère, tués par un tir d'artillerie israélienne, une fille et une nièce blessées... Une tragédie emblématique de l'absurdité de ce conflit. Si encore Israéliens et Palestiniens pouvaient se haïr autant qu'ils veulent bien le dire, vivre séparés sur ce petit bout de terre en prétendant que les autres n'existent pas.
    Mais la réalité les rattrape sans cesse.


     

    Ezzedine Abu al-Aish est certes un cas rare, un Palestinien entre les "deux mondes" comme il se définit lui-même, entouré d'amis et de collègues israéliens tout en vivant à Gaza. Mais l'imbrication des deux peuples, et leur proximité souvent, sont des réalités tangibles. "Shlomi, viens vite, viens, viens!" , hurle le docteur palestinien dans le combiné du journaliste israélien. Shlomi Eldar tente de garder une contenance mais son visage se décompose lentement. Il quitte le plateau. Plus tard, Ezzedine Abu al-Aish  racontera sa vie dévastée depuis l'hôpital Tel Hashomer, près de Tel-Aviv. Sa fille grièvement blessée à l'oeil y est soignée par des Israéliens, ses collègues. Certains d'entre eux avaient sûrement, ou ont encore, des fils mobilisés à Gaza.

     


     
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