•  
     
    Mercredi 17 septembre 2008
    Lundi 15 septembre 2008


    Relations téléspectateurs France 2
    7 esplanade Henri de France
    75907 PARIS Cedex

     

    Madame, Monsieur,

     

    J’ai suivi, non sans un certain intérêt, les cérémonies liées à la visite du Pape diffusées sur  votre chaine, ainsi que les journaux télévisés  qui relayaient cette information.

    Si je me permets de vous écrire aujourd’hui, c’est que j’ai été déçu de la manière dont l’information a été traitée par votre chaine.

    Tout d’abord, j’ai relevé bien souvent que vos journalistes emploient le terme « l’Eglise », comme s’il n’y avait qu’une seule Eglise en France. Que faites vous des différentes Eglises orthodoxes ? Et des Eglises issues de la réforme ? Ce ne sont pas des Eglises également ?

    Je suis d’autant plus déçu, que j’ai également relevé qu’à plusieurs reprises était employée l’expression « les Chrétiens » en lieu et place de « les Catholiques ». Je me permets de vous rappeler que parmi les chrétiens, près d’un milliard de croyants ne sont pas catholiques romains, et par conséquent ne suivent pas le Pape.

    En tant que Protestant, Réformé, j’ai été désagréablement surpris et déçu de la manière dont l’information a été traitée par certains de vos journalistes, mais aussi par certaines personnes de confession catholique que vous interviewez.  Je tenais à vous le faire savoir.

    Par ailleurs, j’ai été au regret de constater dimanche matin que les émissions religieuses des autres confessions (orthodoxie, protestantisme, islam et bouddhisme) avaient été purement et simplement supprimées au profit de la diffusion d’une émission sur la visite du Pape à Lourdes. La République étant laïque, le service public ne se devait il pas de diffuser les émissions de toutes les confessions religieuses ? Pourquoi avoir privilégié ainsi la diffusion d’une émission au profit d’une seule religion, en l’occurrence la religion Catholique ?

    Vous remerciant par avance pour l’attention que vous porterez à ce courrier, et dans l’attente de votre réponse ;  je vous prie d’agréer, madame, monsieur, mes respectueuses salutations.


    http://regards-sur-le-monde.over-blog.com/article-22838943.html

     


    votre commentaire
  •  
     
    Mercredi 17 septembre 2008

     

     

    Mardi 16 septembre 2008

     

    Ci dessous, je retranscris un texte d'un prêtre Anglican, David Keighley; Ce texte a été publié dans la dernière revue de "Evangile et Liberté", mensuel de théologie chrétienne libérale.



    Je m'en vais !

    J'abandonne les compromis politiques et éthiques qui corrompent le message de mon Jésus.

    J'abandonne la théologie masculine autoritaire qui m'étouffe.

    J'abandonne l'idée selon laquelle nos doctrines sont absolues et immuables.

    J'abandonne la croyance selon laquelle nos textes saints sont sans erreur.

    J'abandonne l'idée d'un Dieu intervenant dans le monde de manière surnaturelle et miraculeuse.

    J'abandonne toute assurance prétentieuse et toute illusion de posséder la seule vraie foi.

    J'abandonne l'illusion d'être au bénéfice d'une révélation divine indiscutable.

    J'abandonne la conception névrosée de la religion selon laquelle je serais installé dans la vérité.

    J'abandonne l'idée que toutes les autres voies vers Dieu sont de deuxième classe, et que les penseurs hindous, bouddhistes, musulmans et juifs sont dans l'erreur.

    J'abandonne la conception selon laquelle Jésus serait, pour tout le monde, l'unique chemin vers Dieu.

    J'abandonne mes credo et mes confessions de foi habituelles.

    Je ne peux plus rester à un endroit invivable.

    Je dois aller là où je pourrai de nouveau chanter la gloire de Dieu.

    Je dois aller là où ma foi pourra revivre et me soutenir.

    Je dois aller là où les enfants ne me diront plus que mes croyances sont incroyables mais qu'ils peuvent croire ce que je crois moi-même.

    Je dois aller là où les enfants ne sont pas occupés à arranger les chaises-longues sur le pont d'un Titanic ecclésiastique en train de couler.

    Je ne peux pas renoncer à ma vie avec Dieu, le Dieu de Jésus-Christ qui est mon Seigneur.

    Je dois aller là où on ne parle plus de théisme mais où l'on croit toujours en Dieu.

    Je m'en vais. Mais où vais-je ? Dieu seul le sait.

    David Keighley
    prêtre anglican

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Beno%C3%AEt_XVI  (photos)

    http://regards-sur-le-monde.over-blog.com/article-22860448.html


    votre commentaire
  •  
     
    Mercredi 17 septembre 2008

     

    En ce mois de Ramadan

    Découvrir l' Islam
    La Mecque aujourd'hui, 15 siècles après la mort de Mohamet 

     
    wikipedia.org
    La Mecque aujourd'hui, 15 siècles après la mort de Mohamet




    Connaître l' islam :
    Une foi profonde mariée à une
    profonde intelligence critique

    Par Tariq Ramadan

    samedi 13 septembre 2008, par Tariq Ramadan



    La plupart des enseignements religieux classiques concernant le mois de Ramadan insistent sur les règles à respecter ainsi que sur la dimension profondément spirituelle de ce mois de jeûne, de privation, d’adoration et de méditation.

     

    En y réfléchissant de plus près, on s’aperçoit que le mois de Ramadan marie des exigences apparemment contradictoires mais qui, au fond, constituent ensemble l’univers de la foi. Méditer sur ces différentes dimensions relève de la responsabilité de chaque conscience, de chaque femme, de chaque homme et de chacune des communautés de foi, où qu’elle se trouve.

     

    On ne répétera jamais assez l’importance de ce retour à soi pendant le mois du jeûne. Le mois de Ramadan est un mois de rupture : cela est vrai dans nos sociétés plus que partout ailleurs… au cœur des sociétés de consommation où nous sommes habitués à l’accès facile aux biens et à l’avoir et où nous nous voyons emportés par l’individualisme prononcé de nos quotidiens. Ce mois exige de chacun qu’elle/il revienne au centre et au sens de sa vie. Au centre, il y a Dieu et son cœur comme le Coran nous le rappelle « … Et sachez que [la connaissance de] Dieu se trouve entre l’Homme et son cœur ». Au centre, chacun est appelé à renouer un dialogue avec le Très-Haut et le Très-Rapproché... un dialogue d’intimité, de sincérité et d’amour. Jeûner, c’est chercher… avec lucidité, avec patience, avec confiance… la justice et la paix avec soi-même. Le mois de Ramadan est le « mois du Sens »… Pourquoi cette vie ? Et Dieu dans ma vie ? Et ma mère et mon père… vivants ou partis déjà ? Et mes enfants ? Et ma famille ? Et ma communauté spirituelle ? Pourquoi cet univers et cette humanité ? Quel sens ai-je donné à mon quotidien, quel sens suis-je capable de vivre ?

     

    Le Prophète de l’islam (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui) avait prévenu : « Certains ne gagneront de leur jeûne que le fait d’avoir eu faim ou soif »… Il parlait de celles et ceux qui jeûnent aussi mécaniquement qu’ils mangent. Ils se privent de manger avec la même inconscience et la même légèreté qu’ils se sont habitués à consommer. En fait, ils « consomment » le mois du jeûne et le transforment en tradition culturelle, en mode festive, voire en mois de festins et de nuits de Ramadan. Le jeûne de l’extrême aliénation… un jeûne à contre-"Sens" !

     

    En même temps que, chaque année, ce mois nous invite vers ces horizons profonds de l’introspection et du sens, il nous rappelle le sens du détail, de la précision et de la discipline dans la pratique. Le jour précis du début du Ramadan, qu’il faut chercher avec rigueur ; l’heure précise à laquelle il faut s’arrêter de manger avant l’aube ; la prière « à des moments déterminés » ; l’heure précise de la rupture. À l’heure de la méditation profonde avec Dieu et soi, on aurait pu penser qu’on pouvait se laisser aller, que la quête de sens était tellement profonde qu’elle nous permettait de faire l’économie des détails de l’heure et des règles. L’expérience du mois de Ramadan nous dit exactement le contraire : pas de spiritualité profonde, pas de réelle quête du sens sans discipline et rigueur quant à la gestion des règles à respecter et du temps à maîtriser. Le mois de Ramadan marie la profondeur du sens et la rigoureuse précision de la forme.

     

    Il existe une « intelligence du jeûne » qui naît très exactement de ce mariage du fond et de la forme : jeûner avec son corps est une école pour l’exercice de l’esprit. La rupture qu’implique le jeûne est une invitation à une transformation et à une réforme profonde de soi, de sa vie qui ne peut se réaliser que par une rigoureuse introspection intellectuelle (murâqaba). Pour réaliser l’ultime but du jeûne, même après le mois de Ramadan, la foi requiert un esprit exigeant, lucide, sincère, honnête et capable d’une saine autocritique. Chacun doit en être capable pour soi, devant Dieu, dans sa solitude comme dans son engagement parmi les êtres humains. Il s’agit en somme de maîtriser ses émotions, de se regarder en face et de prendre les décisions qui conviennent dans la transformation de son être et de sa vie afin de se rapprocher du Centre et du Sens.

     

    Les musulmans d’aujourd’hui ont plus que jamais besoin de renouer avec cette école de la spiritualité profonde et de l’exercice de l’intelligence rigoureuse et critique. Particulièrement en Occident. À l’heure où la peur s’installe, où la suspicion se généralise, où les musulmans sont tentés par l’obsession d’avoir à se défendre et à s’innocenter, le mois de Ramadan les rappelle à leur dignité autant qu’à leurs responsabilités. Il est urgent qu’ils apprennent à maîtriser leurs émotions, qu’ils dépassent leurs craintes et leurs doutes et qu’ils reviennent à l’essentiel avec confiance et assurance. Il est impératif également qu’ils s’imposent la rigueur et l’honnêteté quant à l’évaluation de leur manière d’agir individuellement et collectivement : l’introspection collective et l’autocritique sont impératives dans toute démarche de transformation des communautés et des sociétés musulmanes.

    Au lieu de blâmer « ceux qui dominent », « l’Autre », « l’Occident », etc., il convient de faire sien l’enseignement du mois de Ramadan : vous êtes, au fond, ce que vous faites de vous-mêmes. Que faisons-nous de nous-mêmes aujourd’hui ? Quelle est notre contribution dans les domaines de l’éducation, de la liberté, de la justice sociale, dans la promotion de la dignité des femmes et des enfants ou encore de la protection des droits des pauvres et des marginalisés ? Qu’offrons-nous comme exemples de spiritualité profonde, intelligente et active ? Qu’avons-nous fait de notre message universel de justice et de paix ? Qu’avons-nous fait de notre message de responsabilité, de fraternité humaine et d’amour ? Toutes ces questions dans notre cœur, en nos esprits… et une seule réponse inspirée du Coran et nourrie par l’expérience du Ramadan : Dieu ne changera rien si tu ne changes rien.
    http://www.tariqramadan.com/spip.php?article10338


    votre commentaire
  •  
     
    Mardi 16 septembre 2008

     

    Wikipédia, l'encyclopédie libre.

    Benoît XVI
    Pape de l’Église catholique romaine
    Image du pape Benoît XVI
    Nos ergo debemus sublevare huiusmodi, ut cooperatores simus veritatis (3Jo 1:8




     
    Nous vivons un mélange des genres entre religion et politique très significatif avec la visite de Benoît XVI.

    La débauche ostentatoire des moyens officiels mis à disposition, l'occupation agressive de l'espace public, le harcèlement médiatique télévisuel, tout fait sens. Ici, le moyen, c'est le but.

    Le pape et le président ont en commun une stratégie de « reconfessionnalisation » institutionnelle de la société française.
     
    13 septembre 2008

    Les deux hommes s'inscrivent à ce sujet dans la théorie du choc des civilisations de Samuel Huntington, bréviaire de la diplomatie des Etats-Unis. Ils tirent de la religion la légitimité à agir pour la domination d'un prétendu "Occident".

    Dans cette perspective, la République laïque fait obstacle.

    Un changement de cap est nécessaire. Le discours de Latran de Nicolas Sarkozy l'a proclamé sous le nom d'une "laïcité positive".

    Cela devrait se traduire par une pseudo "modernisation" de la loi de 1905. Dès lors, juste avant la visite du pape, son Premier ministre, le cardinal Bertone, s'est réjoui : « Certains éléments font espérer une évolution de cette laïcité rigide qui fit de la France de la IIIe République un modèle de comportements antireligieux. »

    Qu'est-ce que cette "laïcité positive" ?

    Une reformulation par Benoît XVI de la revendication de l'Eglise romaine à être reconnue comme acteur officiel de l'espace public ! Voici le postulat du cardinal Ratzinger : « La foi n'est pas une chose purement privée et subjective. Elle est une grande force spirituelle qui doit toucher et illuminer la vie publique. »

    Nicolas Sarkozy l'a officialisé : "J'appelle de mes vœux l'avènement d'une laïcité positive, c'est-à-dire une laïcité (...) qui ne considère pas que les religions sont un danger mais plutôt un atout. "

    C'est ce que demandait le pape : "Un Etat sainement laïque devra logiquement reconnaître un espace dans sa législation à cette dimension fondamentale de l'esprit humain. Il s'agit en réalité d'une "laïcité positive" qui garantit à tout citoyen le droit de vivre sa foi religieuse avec une liberté authentique, y compris dans le domaine public. "

    Le domaine public, voilà l'enjeu pour le pape : "L'hostilité à toute forme d'importance politique et culturelle accordée à la religion, et à la présence, en particulier, de tout symbole religieux dans les institutions publiques, n'est certainement pas une expression de la laïcité, mais de sa dégénérescence en laïcisme.

    Joseph Ratzinger avait prévenu : "Une telle séparation, que je qualifierais de "profanité'' absolue, serait certainement un danger pour la physionomie spirituelle, morale et humaine de l'Europe. " *

    Car, pour le pape, "l'Europe est un continent culturel et non pas géographique. C'est sa culture qui lui donne une identité commune. Les racines qui ont formé et permis la formation de ce continent sont celles du christianisme. "

    La vision est plus large encore. C'est l'Occident qui est en cause. "L'Occident est menacé depuis longtemps par le rejet des questions fondamentales de la raison et ne peut en cela que courir un grand danger", déclare le pape.

    Nicolas Sarkozy partage ce credo. Le "premier risque" dans le monde, a-t-il déclaré trois mois après son élection, c'est celui d'une "confrontation entre l'islam et l'Occident". Foin de la réalité étatique de l'ordre international, et tant pis pour cinq millions de musulmans français. Bien sûr, cette thèse ne proclame une identité que pour mieux désigner des adversaires.

    L'islam d'abord.

    Cette lecture d'un Occident menacé par l'islam, Benoît XVI l'a aussi exprimée de manière particulièrement provocante dans son discours de Ratisbonne en 2006. Au prétexte d'une réflexion sur la foi et la raison, le pape utilise un dialogue entre l'empereur byzantin Manuel II Paléologue et un savant perse sur "le christianisme et l'islam, et leur vérité respective". Il citait ainsi l'empereur chrétien : "Montre-moi donc ce que Mohammed (le Prophète) a apporté de neuf, et alors tu ne trouveras sans doute rien que de mauvais et d'inhumain, par exemple le fait qu'il a prescrit que la foi qu'il prêchait, il fallût la répandre par le glaive. "

    Cette référence très douteuse prononcée au lendemain de l'anniversaire des attentats du 11 Septembre est un programme politique. Et une mystification. Elle fait en effet l'impasse sur les siècles de violence impulsée par l'Eglise, des croisades à l'Inquisition en passant par les dragonnades, la chouannerie et la résistance à la loi de 1905.

    Face au tollé soulevé par ce discours, Benoît XVI en avait minimisé la portée, prétextant une réflexion anodine.
     
    Pourtant, son secrétaire particulier, l'abbé Gaenswein, en confirmait un an plus tard la portée très politique : "Je tiens le discours de Ratisbonne, tel qu'il a été prononcé, comme prophétique. On ne peut pas éluder les tentatives d'islamisation de l'Occident. Et le danger pour l'identité de l'Europe, qui y est lié, ne doit pas être ignoré. " Tel est l'arrière-plan de la croisade du pape dans la France de Nicolas Sarkozy.

    Le pape est bien un chef politique autant qu'un chef religieux. Toute l'Amérique latine progressiste en fait l'expérience amère dans sa lutte pour le droit au divorce ou à l'avortement et par la mise au ban de la théologie de la libération. L'Italie, l'Espagne et la Pologne le paient d'intrusions permanentes dans leurs élections.

    La France ne sera pas épargnée si l'hébétude du spectacle clérical éteint la vigilance laïque. La laïcité prétendument positive est une tromperie. Elle rétablirait les privilèges de préconisation publique et de pressions privées de l'Eglise. C'est d'une laïcité étendue à de nouveaux domaines de l'espace public (hôpitaux, services publics, etc.) que la France a besoin.

    Plus que jamais : l'Etat chez lui, l'Eglise chez elle !


    www.jean-luc-melenchon.fr


    http://www.michelcollon.info/articles.php?dateaccess=2008-09-13%2017:16:52&log=invites



    Précédent texte, extraits :

    Le Pape est l’homme de la « laïcité positive ». C’est-à-dire du droit pour la religion d’entrer dans la sphère publique et d’y être reconnue comme partie prenante. C’est donc le contraire de la laïcité définie en France depuis la troisième république notamment par la loi de 1905. A l’occasion de sa visite au Vatican et de son discours au Latran lors de son intronisation comme chanoine de cette paroisse, Nicolas Sarkozy a donné son accord à cette nouvelle définition de la laïcité. C’est à un projet de reconfessionalisation de la société française qu’il a souscrit. Je le montre dans le livre que j’ai publié à ce sujet. Le pape et le président ont une étroite connivence intellectuelle sur le sujet. Et les deux inscrivent leur approche dans les mots et la logique de la théorie du "choc des civilisations". J’y reviendrai de manière plus approfondie dans une prochaine note. C’est dans ce contexte que s’effectue la visite du pape

    http://www.jean-luc-melenchon.fr/?p=617#respond




    Chef politique :


    Le pape est un chef poliEn cliquant sur l'image, téléchargez le bon de commande du livre de Jean-Luc Mélenchon.tique, n’en déplaise aux naïfs et aux malins qui voudraient en faire une pure figure de la contemplation métaphysique.


    Le pape est un chef politique. En attestent encore récemment par exemple ses prises de positions et interventions publiques dans la campagne électorale espagnole.



    C’est le cas encore au quotidien en Amérique latine où les églises catholiques mènent des campagnes acharnées contre le droit à l’avortement et le divorce sans hésiter à entrer très directement dans l’arène électorale. Naturellement je mets de côté les cas extrême où les prélats participent à des coups d’Etat comme au Venezuela ou menacent de mort des ministres comme en Argentine. Mais je crois utile de ne pas les oublier au moment où sont montrés du doigt comme sectaires et passéistes tous ceux qui osent rappeler la face obscure de l’église.





    Plutôt que d’intervenir dans des édifices du culte, ou même sur leurs parvis, le pape a tenu à occuper  en grand l’espace public. Il fera plusieurs déplacements en "papamobile" dans le cœur de Paris, conduira une procession nocturne, appelée « chemin de lumière » sur les quais de la Seine et célèbrera le lendemain une messe géante sur l’esplanade des Invalides. Non seulement tout cela conduit à privatiser des lieux publics au bénéfice d’un culte particulier, mais cela entraîne une débauche sans précédent de moyens publics. Et sans aucune comparaison avec la visite des quarante chefs d’Etat pour l’Union pour la Méditerranée, par exemple. Le ministère de l’intérieur a annoncé que 6 000 policiers seraient spécialement mobilisés pour l’occasion, dont 3 500 rien que pour sécuriser les trajets du pape en "papamobile" dans Paris. Et comme Sarkozy n’est pas à une faveur près, les deux «papamobiles» blindées, pesant quatre tonnes chacune, arriveront à Paris par un avion Hercules C-130 affrété par l’armée de l’air française !. Et ce n’est pas tout : « Le Figaro » rapporte que pour sécuriser la suite de la visite du Pape à Lourdes, un avion radar Awacs survolera l’espace aérien et que des chasseurs et rampes antimissile seront déployés autour de l’aéroport de Tarbes pour créer une bulle virtuelle de vingt kilomètres autour de Lourdes. Rien de moins. La liste des moyens publics civils qui seront aussi mobilisés pour l’occasion  semble d’ailleurs illimitée. Ainsi la RATP s’est docilement pliée aux exigences de l’évêché et de la nonciature apostolique: elle augmentera la fréquence et l’amplitude horaire des lignes convergeant vers la procession nocturne du vendredi et la messe en plein air du samedi. La télévision n’est pas en reste : TF1 et France 2 vont rivaliser d’émissions spéciales en retransmettant notamment la messe du samedi matin. France 2 va même plus loin et diffusera une émission spéciale dès le vendredi pour retransmettre l’arrivée du pape à Paris et sa réception à l’Elysée par Sarkozy. Car c’est là une autre faveurs/ que lui a accordé Sarkozy qui lui présentera à cette occasion les principaux membres du gouvernement. Le mépris de la laïcité de l’Etat sera enfin aggravé par la participation annoncée des autorités de l’Etat à la messe du samedi matin.


    Tout ce que fait le pape, la débauche de moyens et d’occupations d’espace public à laquelle sa présence donne lieu d’une façon extraordinairement ostentatoire converge pour marquer les esprits et banaliser la présence publique de l’église.  Ici le moyen c’est le but. La cible du Pape est politique et pas seulement religieuse.



    (..) «  l’Eglise est par essence une société inégale » et que «  la multitude n’a pas d’autre devoir que celui de se laisser conduire et, troupeau docile, de suivre ses pasteurs » Pour lui « la religion est la règle suprême et la souveraine maîtresse quand il s’agit des droits de l’homme et de ses devoirs ». Cela fera dire à Aristide Briand qu’il y avait « une incompatibilité radicale entre l’Eglise traditionaliste et l’Etat démocratique » et qu’il fallait engager « une libération totale et définitive ». L’église était donc loin d’être une victime de la République comme le Pape ou Nicolas Sarkozy se plaisent aujourd’hui à la présenter.
    Et nous allons devoir supporter pendant quatre jours l’insupportable revanche que le cléricalisme ultramontain n’a jamais cessé de vouloir prendre sur la patrie de la liberté de conscience.



    http://www.jean-luc-melenchon.fr/


    votre commentaire
  •  
     
    Dimanche 14 septembre 2008

    samedi 13 septembre 2008, par Tariq Ramadan

    DECOUVRIR : :





    En ce mois de Ramadan

    Une foi profonde mariée
    à une profonde
    intelligence critique



    La plupart des enseignements religieux classiques concernant le mois de Ramadan insistent sur les règles à respecter ainsi que sur la dimension profondément spirituelle de ce mois de jeûne, de privation, d’adoration et de méditation.

    En y réfléchissant de plus près, on s’aperçoit que le mois de Ramadan marie des exigences apparemment contradictoires mais qui, au fond, constituent ensemble l’univers de la foi. Méditer sur ces différentes dimensions relève de la responsabilité de chaque conscience, de chaque femme, de chaque homme et de chacune des communautés de foi, où qu’elle se trouve.

    On ne répétera jamais assez l’importance de ce retour à soi pendant le mois du jeûne. Le mois de Ramadan est un mois de rupture : cela est vrai dans nos sociétés plus que partout ailleurs… au cœur des sociétés de consommation où nous sommes habitués à l’accès facile aux biens et à l’avoir et où nous nous voyons emportés par l’individualisme prononcé de nos quotidiens. Ce mois exige de chacun qu’elle/il revienne au centre et au sens de sa vie. Au centre, il y a Dieu et son cœur comme le Coran nous le rappelle « … Et sachez que [la connaissance de] Dieu se trouve entre l’Homme et son cœur ». Au centre, chacun est appelé à renouer un dialogue avec le Très-Haut et le Très-Rapproché... un dialogue d’intimité, de sincérité et d’amour. Jeûner, c’est chercher… avec lucidité, avec patience, avec confiance… la justice et la paix avec soi-même. Le mois de Ramadan est le « mois du Sens »… Pourquoi cette vie ? Et Dieu dans ma vie ? Et ma mère et mon père… vivants ou partis déjà ? Et mes enfants ? Et ma famille ? Et ma communauté spirituelle ? Pourquoi cet univers et cette humanité ? Quel sens ai-je donné à mon quotidien, quel sens suis-je capable de vivre ?

    Le Prophète de l’islam (Paix et Bénédiction de Dieu sur lui) avait prévenu : « Certains ne gagneront de leur jeûne que le fait d’avoir eu faim ou soif »… Il parlait de celles et ceux qui jeûnent aussi mécaniquement qu’ils mangent. Ils se privent de manger avec la même inconscience et la même légèreté qu’ils se sont habitués à consommer. En fait, ils « consomment » le mois du jeûne et le transforment en tradition culturelle, en mode festive, voire en mois de festins et de nuits de Ramadan. Le jeûne de l’extrême aliénation… un jeûne à contre-"Sens" !

    En même temps que, chaque année, ce mois nous invite vers ces horizons profonds de l’introspection et du sens, il nous rappelle le sens du détail, de la précision et de la discipline dans la pratique. Le jour précis du début du Ramadan, qu’il faut chercher avec rigueur ; l’heure précise à laquelle il faut s’arrêter de manger avant l’aube ; la prière « à des moments déterminés » ; l’heure précise de la rupture. À l’heure de la méditation profonde avec Dieu et soi, on aurait pu penser qu’on pouvait se laisser aller, que la quête de sens était tellement profonde qu’elle nous permettait de faire l’économie des détails de l’heure et des règles. L’expérience du mois de Ramadan nous dit exactement le contraire : pas de spiritualité profonde, pas de réelle quête du sens sans discipline et rigueur quant à la gestion des règles à respecter et du temps à maîtriser. Le mois de Ramadan marie la profondeur du sens et la rigoureuse précision de la forme.

    Il existe une « intelligence du jeûne » qui naît très exactement de ce mariage du fond et de la forme : jeûner avec son corps est une école pour l’exercice de l’esprit. La rupture qu’implique le jeûne est une invitation à une transformation et à une réforme profonde de soi, de sa vie qui ne peut se réaliser que par une rigoureuse introspection intellectuelle (murâqaba). Pour réaliser l’ultime but du jeûne, même après le mois de Ramadan, la foi requiert un esprit exigeant, lucide, sincère, honnête et capable d’une saine autocritique. Chacun doit en être capable pour soi, devant Dieu, dans sa solitude comme dans son engagement parmi les êtres humains. Il s’agit en somme de maîtriser ses émotions, de se regarder en face et de prendre les décisions qui conviennent dans la transformation de son être et de sa vie afin de se rapprocher du Centre et du Sens.

    Les musulmans d’aujourd’hui ont plus que jamais besoin de renouer avec cette école de la spiritualité profonde et de l’exercice de l’intelligence rigoureuse et critique. Particulièrement en Occident. À l’heure où la peur s’installe, où la suspicion se généralise, où les musulmans sont tentés par l’obsession d’avoir à se défendre et à s’innocenter, le mois de Ramadan les rappelle à leur dignité autant qu’à leurs responsabilités. Il est urgent qu’ils apprennent à maîtriser leurs émotions, qu’ils dépassent leurs craintes et leurs doutes et qu’ils reviennent à l’essentiel avec confiance et assurance. Il est impératif également qu’ils s’imposent la rigueur et l’honnêteté quant à l’évaluation de leur manière d’agir individuellement et collectivement : l’introspection collective et l’autocritique sont impératives dans toute démarche de transformation des communautés et des sociétés musulmanes.


    Au lieu de blâmer « ceux qui dominent », « l’Autre », « l’Occident », etc., il convient de faire sien l’enseignement du mois de Ramadan : vous êtes, au fond, ce que vous faites de vous-mêmes. Que faisons-nous de nous-mêmes aujourd’hui ? Quelle est notre contribution dans les domaines de l’éducation, de la liberté, de la justice sociale, dans la promotion de la dignité des femmes et des enfants ou encore de la protection des droits des pauvres et des marginalisés ? Qu’offrons-nous comme exemples de spiritualité profonde, intelligente et active ? Qu’avons-nous fait de notre message universel de justice et de paix ? Qu’avons-nous fait de notre message de responsabilité, de fraternité humaine et d’amour ? Toutes ces questions dans notre cœur, en nos esprits… et une seule réponse inspirée du Coran et nourrie par l’expérience du Ramadan : Dieu ne changera rien si tu ne changes
    rien.

    http://www.tariqramadan.com/spip.php?article10338


    votre commentaire