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    Dimanche 21 septembre 2008

     

    Hélder Câmara

    Sur Wikipedia.org
    Prière (Helder Camara)


    Pour garder l'espérance envers et contre tout !



    Prière de Carême
          

    Je crois en Dieu, Père et Mère de tous les êtres humains
             Et qui leur a confié la terre.

    Je crois en Jésus-Christ qui est venu pour nous encourager et pour nous guérir,
            Pour nous délivrer des puissances et pour annoncer la paix de Dieu avec humanité.

              Il s'est livré pour le monde. Il est au milieu de nous, ce Seigneur vivant.

    Je crois en l’Esprit de Dieu qui travaille en toute personne de bonne volonté.

    Je crois en l'Église donnée comme un signe pour toutes les nations,
             Armée de la force de l'Esprit et envoyée pour servir l’humanité.

    Je crois que Dieu, à la fin, brisera la puissance du péché en nous et en tout être humain.

    Je crois que l’homme vivra de la vie de Dieu pour toujours.

    Je ne crois pas au droit du plus fort, au langage des armes, à la puissance des puissants
     
    Je veux croire aux droits humains, à la main ouverte, à la puissance des non-violents.

    Je ne crois pas à la race ou à la richesse, aux privilèges, à l’ordre établi.

    Je veux croire que tous et toutes sont des personnes humaines
             Et que l’ordre de fa force et de l’injustice est un désordre.

    Je ne croirai pas que je n'ai pas à m'occuper de ce qui arrive loin d'ici

    Je veux croire que ce monde entier est ma maison

             Et que tous moissonnent ce que tous ont semé.

    Je ne croirai pas que je puisse là-bas combattre l’oppression si je tolère ici l’injustice.

    Je veux croire que le droit est un, ici et là,
             Et que je ne suis pas libre tant qu'une seule personne est esclave.

    Je ne croirai pas que la guerre et la faim soient inévitables et la paix inaccessible.

    Je veux croire à l’action modeste, à l’amour aux mains nues et à la paix sur terre.

    Je ne croirai pas que toute peine est vaine.

    Je ne croirai pas que le rêve de l’être humain restera un rêve et que la mort sera la fin.

    Mais j'ose croire, toujours et malgré tout à l’homme nouveau.

    J'ose croire au rêve de Dieu même :
             Un ciel nouveau, une terre nouvelle où la justice habitera.


     D'après Don Helder Camara qui fut archevêque de Récife, au Brésil.


    http://alainindependant.canalblog.com/archives/2008/09/20/10516027.html

     

    http://r-sistons.over-blog.com/article-22992573.html







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    Dimanche 21 septembre 2008
    Utilisez ce lien si vous voulez ajouter un signet ou un lien direct vers cet article... Je fais un rêve....
    21-04-2008 Actualité






    Deux images, aujourd'hui. Très frappantes.

    Dans l'une, on voit le Pape saluer Bush, le Vice-Président Cheney..., et puis il s'agenouille devant Ground Zero, ce symbole de l'orgueil américain fracassé.

    Moi qui suis croyante, j'ai été révoltée. Le Pape, ce Chef de l'Eglise chrétienne, fraternise avec les plus grands criminels de notre époque, acceptant de fouler le tapis rouge qu'on déroule devant lui, comme si ce tapis n'était pas rouge du sang de tant de victimes de la puissance américaine.

     Je fais un rêve. Je suis Pape, et au lieu de serrer la main aux assassins des peuples, je leur dis: Je viendrai seulement quand vous aurez demandé pardon pour tous vos péchés, et promis de vous amender.

     Bush et sa clique de soi-disant chrétiens, enfreignent tous les commandements divins, et d'abord les plus graves. Ils tuent, ils volent (les ressources des autres), ils mentent, ils font de faux témoignages, ils sont cupides, rancuniers, ivres de puissance et d'orgueil, ils s'agenouillent devant les Riches et piétinent ou méprisent les pauvres, ils adorent Mâmon, ils convoitent les biens d'autrui, et j'en passe de meilleures...

     Oui, je fais un rêve : Que l' Eglise, avant de dénoncer l'avortement de manière obsessionnelle, plaide pour la vie de ceux qui sont déjà  sur terre, pour le respect de toute vie, pour la Vérité, pour la Sagesse, pour la Justice, pour la Paix.... Oui, au lieu de s'occuper des futurs vivants, que l' Eglise commence par prendre soin de ceux qui sont déjà nés. Qu'elle refuse de s'associer aux criminels, de leur rendre visite, de s'afficher avec eux. Qu'elle les mette en face de leurs péchés. Qu'elle plaide pour les victimes des puissants, Palestiniens, Irakiens etc etc, au lieu de se faire l'avocat des  conflits de civilisation... judéo-chrétiens, véritables guerres de purification, de nettoyage ethnique..

    Alors, au lieu d'être complices des criminels,  elle s'érigerait en défenseur du Bien, du Bon, du Juste, du Vrai, du Sage... Jésus ne s'est associé aux malfaiteurs que pour les mettre en face de leurs péchés, et pour les encourager à changer de vie.

     Alors, l' Eglise serait Lumière, lumière de Vie, de Paix, d'Amour, de Justice....et espérance pour le monde.

     Et pendant ce temps-là, au Paraguay, un Evêque des Pauvres accède au pouvoir suprême, pour l'exercer  comme un sacerdoce au service non des puissants qui font horreur à Dieu, mais des petits, des faibles, des rejetés, des opprimés.... Et pour accéder à la charge qui lui permettra de servir ses concitoyens, l' Evêque a dû braver la colère de l'Eglise, du Pape. Belle hypocrisie !

    Oui, deux images : Un Pape qui pactise avec les pires criminels de la planète, festoyant à leurs côtés, se faisant applaudir, marchant au milieu des fidèles dans une papa-mobile blindée (n'est-il pas dit dans la Bible : " ne crains point, crois seulement" ?), recevant mille honneurs dans un faste coûteux qui déconsidère l'Eglise. Si j'avais été Pape, j'aurais distribué aux pauvres tout cet argent gaspillé en fastes inutiles et vaniteuses.

     Et puis de l'autre côté, un Evêque humble, d'abord soucieux de la libération des opprimés, de leur dignité, de leur bien-être.

    Quel contraste ! L'Eglise des puissants, du faste, du pouvoir, celle du Vatican, ou l'Eglise des petits, de la rue, du don de soi, de la pauvreté partagée, l'Eglise de la Théologie de la Libération, qui porte si bien son nom. La foi en Dieu n'est-elle pas libération ?

     Et la libération doit concerner tous les aspects : Le corps, l'âme, l'esprit. Si elle n'est pas sociale, aussi, elle est incomplète.

     C'est ce que la Théologie de la Libération a compris.

     Le Pape a pactisé avec le Diable, l'Evêque s'est donné pour les pauvres. Comme son maître, Jésus.

     Il y a bien deux Eglises.

    Je fais un rêve : Qu'il n'y en ait plus qu'une, celle de Martin Luther King.



    http://r-sistons-actu.skynetblogs.be/archive-day/20080421

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    Dimanche 21 septembre 2008

     



    Fondamentalismes
    - islamiste (voir vidéo école coranique musclée)
    - chrétien (catholique ou évangéliste)
    - juif (Bétar, par exemple)
    choc de fondamentalismes
    choc de civilisations
    dialogue et même communion de civilisations



    Editorial d'Eva,
    à la suite d'une vidéo reçue sur des écoles coraniques, intégristes :


    Les fanatismes, les fondamentalismes, les intégrismes sont un des cancers de la société. Instrumentalisés par des pouvoirs aux abois,  notamment financiers, comme aux USA, afin de détourner notre attention et de nous entraîner vers un choc de civilisations qui profitera seulement aux multinationales de la mort, ils constituent une menace, en particulier pour la paix civile.

    Personnellement, j'ai bien connu le fondamentalisme chrétien, très exactement l'évangéliste, je l'ai approché de près, pendant plusieurs années. Soumission au responsable, assurance de détenir la vérité à l'exclusion des autres, et donc intolérance et sectarisme, prosélytisme conquérant, intransigeance sur les principes, etc. Du côté "néo-sioniste", ce n'est pas mieux . Là, il ne s'agit pas de pointer du doigt le sionisme qui s'est battu pour que les Juifs aient une terre où se protéger de futures persécutions; je songe à toutes les dérives politiques, à toutes les instrumentalisations (notamment de la Shoah), à toutes les intolérances envers ceux qui réprouvent le sionisme, ou même qui critiquent de près ou de loin l'Etat d'Israël, devenu, à cause de ses dirigeants, raciste, prédateur, impérialiste, colonisateur. Quant aux islamistes, aussi conquérants que les nouveaux croisés de Benoît XVI ou évangélistes, ils constituent eux aussi une menace pour le bien-vivre ensemble. Leur terrorisme est redoutable, certes, mais il l'est moins que celui qui est pratiqué par certains Etats prédateurs et surarmés, ou des Institutions comme l'OTAN, le FMI et la B.M.

    Actuellement, on parle d'Inquisition à propos des néo-sionistes ombrageux, mais l'expression s'applique tout aussi bien aux extrémistes chrétiens et musulmans.

    Tous les fondamentalismes sont odieux, et à dénoncer. Sous couleur de "démocratisation", de "combat pour le Bien", "pour Dieu", ou pour la "Liberté", Georges Bush en a fait son fond de commerce au nom d'un Evangile complètement dévoyé, et au service d'intérêts plus bassement temporels que spirituels. Lorsque les médias, à l'unisson, ont dénoncé l'islamisme comme danger suprême pour la civilisation, après les événements du 11 septembre 2001, je savais déjà, pour avoir fréquenté les fondamentalistes évangéliques, très exactement les évangélistes souvent pentecôtistes, toujours prêts à défendre le modèle américain, je savais déjà, donc, que la menace venait de TOUS les fondamentalismes, et non seulement de celui des islamistes comme on voulait nous le mettre dans la tête de manière réductrice, pour servir des intérêts financiers bien étrangers aux soucis et aux droits des peuples.

    Tous les fondamentalismes se valent : Ils sont dangereux par leurs excès, par leur fanatisme, par leur intolérance, par leurs instrumentalisations... Aujourd'hui, j'ai reçu une cassette vidéo pointant du doigt l'accueil musclé réservé à une équipe de télévision quand elle s'intéresse de trop près aux méthodes de groupes islamistes. Je ne voudrais surtout pas qu'on fasse d'amalgames douteux, qu'on fasse porter sur le dos des Musulmans, pour l'essentiel parfaitement intégrés, le poids d'actes ou de comportements à la marge. Même chose pour les deux autres religions monothéistes.

    Reste que cette vidéo montre clairement que la vigilance doit prévaloir, à l'encontre de tous ceux qui veulent se servir de la Religion pour d'autres fins, non avouées, et généralement politiques. Et par exemple, les Evangélistes ne faisaient "pas de politique", officiellement, mais ils passaient leur temps, au moment de la campagne électorale de Reagan, à soutenir ce candidat, à l'encenser, etc. Pire encore : ils militaient ouvertement pour l'apartheid sud-africain, en laissant se produire des groupes musicaux faisant l'apologie de l'Ordre sud-africain, raciste, élitiste... je me souviens avoir ferraillé avec des organisateurs de concerts, encourageant les témoignages de Noirs convertis, devenus soudain de zélés serviteurs de l'Apartheid, au nom de la soumission au pouvoir, et à l'Ordre. Les membres des Eglises pentecôtistes gobaient tout cela, et certains d'entre eux partaient en Afrique du Sud pour observer de plus près ce pays "exemplaire". Pour ma part, je boycottais consciencieusement les produits de ce pays. La suite, on la connaît. Je doute que ces zélés fanatiques chrétiens se soient repentis de leurs choix.



    Bref, nous devons rester vigilants, et ne pas tolérer que les fondamentalismes musulman, juif ou chrétien, gangrènent notre société laïque - et de moins en moins démocratique.

    Je joins le lien de la cassette vidéo, et j'en profite pour vous renvoyer à des articles ou liens concernant d'autres extrémismes, aussi dangereux. Toutes les religions ont leurs chancres. Ce n'est pas la religion qu'il faut dénoncer, mais l'usage qu'on en fait, politique, en particulier, comme dans certains Etats islamistes, comme aux USA et comme en Israël ! Et ne nous laissons pas entraîner par les diatribes des uns ou des autres, gardons raison, relativisons, ne nous laissons pas entraîner vers un choc de civilisations qui, en définitive, ne profitera qu'aux multinationales, à la City, à Wall Street, etc. Ce sont les extrémistes qu'il faut dénoncer, sans relâche. Pas les Musulmans, les Juifs ou les Chrétiens sincères. Et ceux-là, d'ailleurs, on ne les entend pas...

    Et je vous renvoie aussi à mon dernier article, sur les nouveaux croisés Benoït XVI  et Nicolas Sarkozy,  qui partent en guerre contre l'un de nos biens les plus précieux, la laïcité, et plus généralement, en faveur d'un redoutable choc de civilisations, qui risque de nous conduire tous droit dans le mur si nous n'y prenons garde.

    Eva


    TAGS : Sarkozy, Benoît XVI, fondamentalismes, intégrismes, fanatismes, sectarismes, communion civilisations, choc civilisations, Musulman, Islamiste, Juif, Bétar, Sioniste, néo-sioniste, Chrétien, évangéliste, catholique, Vatican, croisés, City, Walll Street, civilisation, USA, Israël, pays arabes, démocratie, Noirs, Apartheid, Afrique du Sud, Reagan, religion, Finance, 11 septembre 2001, OTAN, BM, FMI...


    Voir parution complète
    (tous les liens pour les 3 religions)
    sur
    http://r-sistons.over-blog.com/article-22981257.html


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    Dimanche 21 septembre 2008

     






    Signes extérieurs d'intégrisme

    Abbé G. de Tanoüarn

    Pacte n°84 - 26 mars 2004

    Les événements marquants pour la Tradition catholique se sont multipliés à Paris en ce mois de mars si changeants, jusqu'à la sortie, le 31 mars, du film de Gibson. Il ne faudrait pas que nous en oubliions un colloque, organisé conjointement par Civitas et par l'abbé Thouvenot, recteur de l'Institut Universitaire Saint Pie X, qui s'est tenu le 20 mars dernier au Forum de Grenelle dans le XVème arrondissement. Réussite sur toute la ligne. Le plus intéressant dans cette réunion,c'était encore le thème et la manière dont il fut traité par les nombreux intervenants qui se succédèrent sur l'estrade : Géopolitique de l'intégrisme.

    Comment définir l'intégrisme ? Ce slogan trop souvent entendu finit par regrouper tous les opposants à la mondialisation heureuse, de quelque religion, de quelque politique qu'ils se réclament. Comment reconnaître l'intégrisme ? L'un des intervenants, que les lecteurs de Certitudes connaissent bien, Jacques Henry, a proposé la définition suivante : « Je définis l'intégrisme comme une idéologie (philosophie diffuse) fortement opposée à la vision chrétienne du monde, à caractère religieux, à caractère politique, et qui conduit à une certaine forme de surdité ou aveuglement par rapport à la réalité et au pire à la guerre sainte ». Le ton était donné ! L'abbé de Tanoüarn avait proposé le matin même de définir l'intégrisme comme une variante absolument moderne de l'idéalisme, un idéalisme pratique qui se formule donc comme un légalisme (le règne du Tu dois/tu ne dois pas) et qui se caractérise par son refus de reconnaître une forme de nature universelle, surplombant les diverses croyances et dont le respect s'impose à tous les hommes sans distinction. Il pointait du doigt trois intégrismes principaux, trois légalismes, tendant à la théocratie ou à l'idéocratie : l'intégrisme juif, l'intégrisme musulman et l'intégrisme républicain ou laïque.

    L'abbé Héry avait la charge de définir l'intégrisme catholique : il le fit longuement, en remontant au XTXème siècle, pour découvrir une matrice commune à l'intégrisme et au progressisme dans un commun refus de la réalité dans sa complexité. Il citait Emile Poulat dans Certitudes : « Historiquement le catholicisme intégral et le catholicisme social sont, sous Pie X, deux produits de la dissociation du catholicisme intransigeant, régnant au XIXe siècle »... Quant à François Thual, dont les travaux en géopolitique font autorité, il concluait son exposé en mettant en cause, dans la naissance de l'intégrisme, un mauvais rapport au temps, une négation pratique (et gnostique) du temps. Et de pointer la mégalomanie des hommes qui pensent que c'est eux qui doivent sauver Dieu et non Dieu qui vient les sauver. Je pensais en l'écoutant à la formule d'André Frossard : « L'intégriste est celui qui veut faire la volonté de Dieu, que Dieu le veuille ou pas ».

    Ce colloque extrêmement riche et dont je suis loin d'épuiser la matière, il n'est pas indifférent qu'il ait été organisé par la Fraternité Saint Pie X, à travers l'Institut du même nom. Cela nous rappelle que saint Pie X est le pape qui, le premier, a condamné l'intégrisme en la personne de Ramon Nocedal, un dissident du carlisme espagnol, dont la politique tendait à faire de l'Espagne une sorte de théocratie

    http://site.pacte.free.fr/pacte/84/pacte84f.htm


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    Dimanche 21 septembre 2008



     
    Siné, sur le blog de Laplote le caricaturiste
    http://laplote.over-blog.fr/



    L'intégrisme, c'est quoi exactement ? 





    Un article publié dans le
    numéro 2 de la revue Parvis, de juin 1999

    Une catégorie universelle ?

    Question : Dans le numéro de “Cultures et Foi” sur l’intégrisme, publié en 1986, tu posais toi-même la question : “L’intégrisme phénomène catholique ou catégorie universelle?”. Aujourd’hui, l’extension du concept hors du champ religieux est encore plus sensible. Qu’en penses-tu ?

    Réponse : Historiquement, “intégrisme” est un mot de culture catholique et qui par ailleurs s’est développé en milieu catholique. Pendant longtemps, personne ne parlait d’intégrisme en dehors des milieux catholiques. Aujourd’hui, il se trouve qu’il y a une espèce d’épidémie sociale qui atteint tout le monde : le mot est employé à toutes les sauces  sans qu’on le définisse, sans que personne ne sache qui cela englobe. La mode, c’est d’en faire une catégorie universelle. On peut s’interroger pour savoir si ce passage est légitime. Personnellement, je suis très réservé. Je suis d’ailleurs déjà réservé sur l’emploi du mot intégrisme : les intégristes, c’est les autres. C’est comme les modernistes : c’est une étiquette infamante mais vue de l’autre côté. On peut se jeter mutuellement à la face des étiquettes : je ne crois pas que ce soit cela qui permette de clarifier beaucoup les problèmes.

    Q : Ne pourrait-on pas définir l’intégrisme comme le refus de la modernité ?

    R : A ce moment là, il faudrait dire que l’ACJF était intégriste. “Nous referons chrétiens nos frères». C’était un mouvement de reconquête chrétienne contre le monde moderne. C’est en 1921 que Maritain a publié son livre Antimoderne. Le catholicisme a été anti-moderne pendant tout le 19ème siècle, encore largement pendant le 20ème. Et maintenant, quand il se prétend moderne, c’est de manière souvent non critique. C’est Péguy qui a dit que les socialistes “encensent sous le nom de moderne ce qu’ils condamnent sous le nom de capitaliste”.

    Un phénomène catholique

    Q : Revenons à l’origine que tu as rappelée. Serais-tu d’accord avec la définition proposée par Etienne Fouilloux au cours du colloque de l’ACAT en 1996 : “Fer de lance du catholicisme intégral et intransigeant, réduit contre son gré à l’état de groupes de pression minoritaire, voire oppositionnel, du fait de l’évasion partielle de l’Eglise hors du modèle antérieur” ?

    R : Ce que je vais dire peut paraître étonnant. Mais j’ai une approche beaucoup plus historique que Fouilloux qui est pourtant historien. Sa définition m’apparaît trop abstraite. C’est à partir des conflits intérieurs à l’Eglise que j’ai saisi l’émergence et le développement de ce qu’aujourd’hui on appelle intégrisme.

    Q : Dans ce cadre, y-a-t-il selon toi continuité entre le mouvement du début du siècle et celui d’aujourd’hui ?

    R : Il n’y a pas de continuité historique. On voit seulement l’un ou l’autre personnage secondaire qui peut servir de relais, mais de toute évidence le mouvement intégriste tel qu’il s’est développé autour de Mgr Lefebvre, c’est autre chose que la Sapinière.

    Q : Comment interpréter la lettre envoyée à près de 30.000 prêtres ? Signe de faiblesse ?

    R : Non. D’autant que les expéditeurs mettent les points sur les “i” dans cette lettre : “Nous sommes l’Eglise qui continue et vous êtes en train de virer à la secte. Nous avons raison, vous avez tort, rejoignez-nous”. Mon sentiment est que le mouvement ne s’étend pas mais ne s’affaiblit pas non plus. Il s’enracine et se consolide dans ses limites. C’est quand même un mouvement international : il y a actuellement une dizaine de districts dans le monde, et un district très important aux USA.

    Q : Est-ce que la crise interne du Front National peut avoir une incidence ?

    R : Tous les intégristes ne sont pas Front National. La majorité des membres du Front National ne sont pas catholiques. Beaucoup se déclarent athées. Je pense donc que cette crise n’aura pas un effet important, même si elle crée des tensions entre traditionalistes.

    Un pluriel ambigü

    Q : Sans tout confondre, n’est-il pas légitime de parler, à côté d’un intégrisme catholique, d’un intégrisme juif et d’un intégrisme musulman ?

    R : Le problème au niveau du langage, c’est qu’on ne parle pas d’intégrisme protestant mais de fondamentalisme protestant. Là, on est capable de faire la différence. Mais quand on parle des Musulmans, c’est indifféremment des intégristes ou des fondamentalistes.

    Quand il y a conflit entre Hindous et Musulmans, est-ce de l’intégrisme ou du fondamentalisme ? Quand on parle d’intégrisme laïque, est-ce l’un ou l’autre ? J’ai aussi entendu parler d’intégrisme ultra libéral en économie !

    Q : Est-ce que la manière de se référer aux textes fondateurs ne serait pas un bon critère ?

    R : A partir du moment on l’on définit l’intégrisme en référence à la Tradition, et le fondamentalisme en référence à l’Ecriture, on s’aperçoit que l’on peut trouver de l’intégrisme chez les Protestants (ils ont eux aussi leurs traditions) et du fondamentalisme chez les catholiques. Quand on dit : “Il y aura toujours des pauvres parmi vous” ou “rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu”, c’est du fondamentalisme !

    Q : Impossible donc de définir une constante qui serait valable dans tous les cas ?

    R : En revanche, il y a un terme qui est complètement oublié et que les Lumières du 18ème  siècle connaissaient bien, c’est celui de “fanatisme”. Avec ce qui se passe aujourd’hui, en Algérie, en Inde, au Pakistan ou en Afghanistan, n’a t-on pas affaire à des fanatiques tout simplement ? C’est une espèce de folie théologique : on s’enferme dans l’idée que l’on se fait de Dieu et au nom de Dieu, tout est permis.

    Un nouveau paysage

    Q : On parle beaucoup aujourd’hui des nouveaux mouvements : Opus Dei, Communion et Libération, Focolari, Néo-Catéchuménat. Comment les situerais-tu au regard de l’intégrisme ? Ne retrouve t-on pas, là, un même intransigeantisme ?

    R : C’est un type de catholicisme qui déplaît aux progressistes : je ne peux pas considérer que tous ceux qui me déplaisent sont intégristes… Oui, il y a de l’intransigeance dans ces mouvements, mais l’Eglise n’a jamais renoncé à son intransigeance. Il faut revenir à la méthode que je préconise : ces mouvements répondent à des besoins et révèlent des tensions, voire des conflits au sein de l’Eglise.

    Q : Vatican II représente tout de même un infléchissement sérieux ?

    R : Oui, mais ce n’est pas la sortie de l’intransigeantisme.

    L’intransigeantisme se définit par un certain nombre de refus de principe dont les foyers et les enjeux se déplacent : aujourd’hui, refus de l’ordination des femmes, exclusion des divorcés-remariés, l’œcuménisme même… On se rend compte que l’ouverture de Vatican II est une ouverture limitée : quand on ouvre une porte, il faut savoir si c’est pour que ceux qui sont dedans sortent, ou pour que ceux qui sont dehors entrent. Vatican II a ouvert  la porte pour que ceux qui sont dehors entrent.

    Q : N’y-a-t-il pas plusieurs lectures possibles du Concile ? Jean-Paul II lui-même respecte-t-il toujours l’esprit du Concile ? Quid aujourd’hui de la collégialité ? La conception de la vérité qui s’exprime dans “Splendor Veritatis” est-elle conciliable avec la Déclaration sur la liberté religieuse du Concile ?

    R : Il faut lire les textes. Concernant la collégialité, le récent document romain a trait à la théologie des Conférences épiscopales qui ne peuvent pas se substituer aux évêques. Certaines Conférences épiscopales arrivaient à fonctionner par bureaux interposés. Les évêques ont réagi : le document traduit cette réaction. Quant à la déclaration sur la liberté religieuse, j’aurais beaucoup de choses à en dire : dans cette déclaration, le mot Etat n’est même pas prononcé. Or la liberté religieuse y est définie par rapport aux Etats contemporains sécularisés. C’est un texte qui marque un progrès. Mais je ne peux pas réussir à l’admirer sans réserves. En tout cas, il n’y est pas question de liberté de conscience au sens où nous l’entendons.

    Q : Reste tout de même Assise qui représente une ouverture incontestable. On est en pleine ambiguïté…

    R : C’est l’ambiguïté de l’interprétation. Quand on dit “tout le Concile, rien que le Concile” que dit-on ?

    Q : Permets-moi de revenir, pour terminer, sur les nouveaux mouvements. En 1986, tu les évoquais en parlant “d’extrême-centre” ?

    R : Je parlais d’extrême-centre parce qu’on l’on parlait d’extrême-droite et d’extrême- gauche. J’ai repris l’image : des mouvements pugnaces et combatifs comme “Communion et Libération” sont des mouvements “très au centre”. Si la démocratie chrétienne est au centre, on a affaire là à un extrême centre.

    Q : En France, on a eu aussi les “vierges pèlerines” en 1996. Et après, les JMJ…

    R : Je suis frappé moi-même de voir que dans notre quartier, le 5ème arrondissement, les églises qui autrefois étaient vides, maintenant sont pleines, avec de très belles liturgies. Et un public assez jeune ! Reflet du courant charismatique ? Je ne pense pas.

    Notre-Dame est sans doute un lieu touristique. Mais il se trouve que l’Archevêque de Paris a nommé pour accueillir les touristes japonais un chapelain qui est un ancien prêtre-ouvrier au Japon. Comment interpréter cela dans nos vieilles catégories ?

    Est-ce le chapelain qui devient “intégriste” ou le cardinal qui devient “progressiste” ? Ou les Japonais qui se transforment en “néo-chrétiens” ?

    On est devant une transformation en profondeur qui rend nos catégories dérisoires. Où placer la communauté Sant’Egidio, née en 1968 ?

    Émile Poulat, interviewé par Jacques Chatagner

    Retour au sommaire du numéro 2  de la revue Parvis, de juin 1999

    http://reseaux.parvis.free.fr/1999_n2_integrisme_poulat.htm


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