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    Lundi 23 mars 2009

     

     




    Littératures et modèles culturels, par Luc Collès

     

    « Unifier, c’est nouer mieux les diversités particulières, non les effacer pour un ordre vain. » (Saint-Exupéry, Citadelle)

     

    Une démarche interculturelle

     

    Lors d’une récente recherche entreprise au sein de classes belgo-maghrébines du cycle supérieur de l’enseignement secondaire, nous avons tenté de montrer que les cours de français peuvent y être vécus comme un moment de confrontation et d’échange où Belges et enfants de migrants réagissent autour de textes issus des littératures françaises de France et de Belgique ainsi que du Maghreb et de l’immigration.
     
    L’objectif poursuivi consistait à fournir aux uns comme aux autres des outils d’analyse pour les aider à rendre moins étranges leurs comportements respectifs, à mieux prendre conscience de leur identité propre et à mieux percevoir l’originalité de la culture d’autrui. Il s’agissait d’une approche interculturelle destinée à valoriser ce qui est propre à chacun en corrigeant ses « cribles culturels ».

    Une telle méthodologie nous paraît éminemment formative car elle sensibilise l’élève à l’arbitraire de son système de références maternel. L’analyse des différences culturelles permet à chacun de porter un autre regard sur sa propre communauté.

     


    On sait que, traditionnellement, les cours de français des dernières années du secondaire sont en partie consacrés à l’enseignement des littératures françaises de France et de Belgique.

     


    D’une part, le professeur belge a le point de vue subjectif de celui qui parle de sa propre culture. S’agissant des valeurs qui sont véhiculées dans pareils textes, il est assez mal placé pour les expliquer à des étrangers puisqu’elles lui sont toujours apparues de manière implicite.

     


    D’autre part, élèves belges et adolescents issus de l’immigration partagent avec le professeur un certain nombre de postulats et de croyances puisés dans un univers qui leur est commun et dont certaines dimensions proviennent à la fois de la rue et de l’école, ainsi que de la télévision et du cinéma.

     


    Néanmoins, ce qu’on appelle aujourd’hui la « culture migrante » s’ancre également dans les traditions familiales importées par les parents. Et même si cette culture d’origine s’est transformée quelque peu au contact des autochtones, elle est bien souvent survalorisée. Décontextualisée, privée de ses racines, elle acquiert en effet une valeur  mythique à travers le discours des parents.

     


    L’enfant de migrant dispose donc d’un savoir particulier et porte sur la culture francophone de Belgique, telle qu’elle se manifeste notamment dans les textes étudiés en classe, le regard interrogateur de celui qui n’adhère que partiellement à une série de comportements et d’habitudes de vie.

     


    Le système culturel qu’il aborde lui apparaît d’autant plus aléatoire qu’il peut être dissonant par rapport à sa propre vision du monde, que celle-ci soit encore très proche de son univers d’origine ou en soit déjà éloignée. Cette distorsion peut entraîner des jugements de valeur grossiers et réducteurs.

     


    Mais, par ailleurs, l’étranger jouit d’un point de vue privilégié dans la mesure où, étant en partie hors du jeu, il ne participe pas à la connivence entre les élèves belges et le professeur. Son questionnement explicite (ce qui suppose une bonne maîtrise de la langue française), s’il est accueilli favorablement, peut amener la classe à mettre au  jour certaines des règles du système.

     


    Des cours traditionnels de littérature française donnés dans une classe culturellement mixte peuvent donc faire l’objet de véritables échanges interculturels. Néanmoins, dans ce cas, c’est la culture du pays d’accueil qui constitue le seul support à partir duquel les adolescents issus de l’immigration manifesteront (s’ils y sont aidés) leur questionnement.

     


    Il nous a paru que pour éviter, de manière plus sûre encore, tout ethnocentrisme, et pour créer à l’école les conditions d’un échange égalitaire, un pas de plus devait être franchi. Il n’est pas facile pour des jeunes issus de l’immigration de faire valoir un point de vue différent de celui du professeur, d’autant que leur culture est celle d’une classe socioéconomique défavorisée.

     

    Dès lors, si, dans les écoles qui nous préoccupent, l’approche interculturelle implique, de la part des enfants de migrants, l’acquisition de la langue française et la compréhension des comportements et valeurs des Belges francophones, elle suppose aussi que la société dite d’accueil soit sensibilisée aux valeurs et attitudes des étrangers.

     


    Une approche anthropologique de la littérature
     

     

    Ce sont des textes pour la plupart littéraires qui ont servi ici de médiateurs dans cette démarche interculturelle. Le texte littéraire, en effet, véhicule des images dont la reconnaissance, à travers un double mouvement d’identification et de différenciation, confère au lecteur une identité. Par ailleurs, ces images renvoyant à des mythes reconnus et acceptés par le groupe dont l’auteur fait partie et où son œuvre est d’abord reçue, ce processus d’identification a valeur sociale également.

     

    Le texte littéraire constitue donc un excellent support d’analyse pour l’enseignant qui tente d’amener ses étudiants à saisir un « système de valeurs dynamiques formé d’éléments acquis, avec des postulats, des croyances et des règles qui permettent aux membres d’établir des rapports entre eux et avec le monde, de communiquer et de développer les capacités créatrices qui existent chez eux. » (définition de la culture selon l’Unesco) Il apparaît comme l’expression et la mise en forme esthétique de représentations partagées par   les membres d’une même communauté.

     


    L’étude de ces représentations met en évidence l’état psychologique d’un groupe ainsi que les types de relations qui s’instaurent en son sein. En d’autrestermes, les œuvres littéraires peuvent constituer une voie d’accès à des codes culturels.

     


    La notion de « modèles culturels » permet de mieux comprendre la structuration et le fonctionnement d’une culture :

    « Un modèle culturel est un ensemble structuré de conduites qui s’imposent à l’intérieur d’un groupe social déterminé et qui sont dotées d’une certaine permanence. Il peut être explicite et faire l’objet de sanctions comme pour le code de la route qui représente le modèle de la conduite automobile ; il peut être aussi largement implicite comme la politesse qui constitue un modèle des relations sociales. » (G. Michaud et E. Marc, Vers une science des civilisations ?,Bruxelles, Hachette, éd. Complexe, 1981, p.110)

     

    Les comportements sociaux correspondent à la mise en œuvre du code que constitue un modèle culturel. Après avoir repéré les multiples codes d’un ou de plusieurs secteurs sociaux fondamentaux (le vêtement, l’alimentation, les relations entre sexes, l’éducation des enfants, etc.), les sémiologues de la culture étudient comment ces codes s’organisent en système, le(s) modèle(s) culturel(s) que ceux-ci impliquent, ainsi que leurs significations.

     


    Ils s’attachent de même à cerner les valeurs autour desquelles ces codes s’ordonnent (économiques, éthiques, juridiques, sociales), les attitudes et les conduites qui en découlent. Ces valeurs, transmises et inculquées de manière privilégiée par l’éducation, se réfèrent à des normes qui, en tant que système de références commun, constituent le fondement de toute collectivité.

     


    Un travail de repérage semblable peut évidemment se faire sur des textes littéraires, dans la mesure où ceux-ci représentent des expressions langagières particulières de ces différents systèmes. Mais qu’on me comprenne bien : il ne s’agit pas de confondre littérature et culture anthropologique, même s’il y a des points communs entre la démarche du romancier et celle de l’ethnologue.

     


    Ainsi, M. Abdallah-Pretceille (Dialogues et cultures n°32, FIPF, 1988, pp.75-81) montre que les œuvres littéraires comme les monographies d’ethnologues ont un caractère à la fois universel et singulier. Evoquant des rites collectifs, parlant du monde et des hommes, les unes et les autres expriment une perception singulière, marquée par le contexte d’énonciation. Dans les deux cas, tous les paramètres de la communication (et notamment les conditions sociohistoriques de production) interfèrent avec la nature et la forme du message.

     


    Le texte littéraire peut donc être considéré comme un regard qui nous éclaire, fragmentairement, sur un modèle culturel. La multiplicité des regards (la juxtaposition de textes en rapport avec les mêmes thèmes) permet à la classe de cerner petit à petit les valeurs autour desquelles celui-ci s’ordonne. Des textes non littéraires émanant, entre autres, d’études de sociologues et d’anthropologues sont également pris en compte et traités, à titre complémentaire, comme d’autres regards sur les mêmes réalités.

     


    Après avoir souligné la convergence de ces points de vue, en dépit de leurs variations individuelles, professeur et élèves ont l’occasion d’en mesurer la relativité en les confrontant à d’autres qui relèvent d’un autre univers culturel. En l’occurrence, il s’agissait, dans notre parcours, de comparer la manière dont Maghrébins (en tentant de cerner l’originalité de leur situation de migrants) et Occidentaux francophones (Français et Belges) appréhendent un certain nombre de traits culturels repérables dans les œuvres étudiées.

     


    Parmi ceux-ci, les systèmes spatial et temporel ont particulièrement retenu notre attention car E.-T. Hall a souiligné qu’ils sont déterminants dans la caractérisation d’une culture (La Dimension cachée, Paris, Points-Seuil, 1978 ; Le Langage silencieux, Paris, Points-Seuil, 1984 ; La Danse de la vie, Paris, Seuil, 1984). On a donc cherché à déceler quelles perceptions différentes de l’espace et du temps affleurent dans les textes abordés, quelles conduites elles manifestent et à quelles valeurs elles répondent. Ces composantes socioculturelles ont ainsi fait entrer les élèves dans des visions du monde différentes où interviennent bien d’autres aspects connexes : rapport au corps, à la famille, au sacré…

     


    Pour réaliser cet objectif, le professeur doit partir de l’expérience que chacun a de sa propre culture et telle qu’elle peut s’expliciter au contact d’œuvres qui relèvent de son aire culturelle. Il doit d’abord lui faire découvrir les affinités et ensuite les différences avec les manifestations de la culture de l’autre, avec lesquelles il entre en contact de manière privilégiée grâce aux textes littéraires.

     



    Identités culturelles et littératures

     



    La confrontation de textes issus des littératures de France et de Belgique francophone avec des textes maghrébins, du point de vue des schémas temporels et sociaux, manifeste la présence de deux grands foyers de culture : la France et la Belgique francophone d’une part, le Maghreb d’autre part.

     


    En ce qui concerne la littérature maghrébine, il nous a paru préférable de travailler sur des textes d’expression française et non sur des traductions. C’est qu’ils posent, en effet, moins de problèmes dans le cadre de cours traditionnellement consacrés à la littérature française. De plus, ce qui importe surtout dans la perspective interculturelle ici tracée, c’est moins l’introduction de la langue d’origine que ce dont elle est porteuse symboliquement. Le français pratiqué par l’écrivain arabe a d’ailleurs une coloration spécifique.

     


    Du reste, si l’on introduit en classe de tels textes, ce n’est pas nécessairement pour que les enfants de migrants se les approprient, mais pour les « valoriser » au même titre que ceux des littératures française et belge, l’objectif étant que chaque élève, qu’il soit belge ou d’ascendance maghrébine, puisse être légitimement fier de sa famille et de sa culture.

     


    Mais, à côté des textes de littérature maghrébine, nous avons également proposé la lecture de textes issus de l’immigration. C’est que nous nous rallions en effet à l’avis de C. Lozares : « C’est leur histoitre récente que les enfants migrants doivent assumer (les dangers d’un interculturalisme se référant uniquement à une prétendue culture d’origine sont le folklorisme et le risque d’alimenter un certain idéalisme nationaliste). Mais le fait migrant, avec ses valeurs et ses misères, est la médiation pour les enfants migrants. » (Pédagogie interculturelle, Genève, 1984, p.117)

     


    De ce point de vue, les romans écrits par les « beurs », c’est-à-dire les Maghrébins de la deuxième génération, offrent de nombreux témoignages originaux. Leur expression résulte de l’appartenance à deux cultues, à deux pays (cf. sur ce blog l’article Plaidoyer pour l’insertion de la littérature migrante à l’école).

     


    Pour les parents, la culture d’origine constitue les fondements de leur mémoire et fournit  les clés de décryptage de leur univers actuel, y compris celui de leur exil. Le pays quitté reste ce Paradis perdu où l’on rêve toujours de revenir. Suite au regroupement familial, les échéances projetées ont dû être reculées, ce qui a creusé davantage encore le désir du retour, en lui donnant un caractère mythique.

     


    L’adaptation au pays d’accueil s’avérant nécessaire pour des raisonssocioprofessionnelles, l’étranger a tenu cependant à ne pas perdre son intégrité psychologique et à se rassurer. D’où la préservation de rites qui s’inscrivent dans son espace intime, la maison et le quartier (A. Bastenier in D. Grootaers et al., Chronique sociale/Vie ouvrière ; Lyon/Bruxelles, 1984).

     

    Le rapport initial des enfants à cette culture d’origine est évidemment tout autre. L’idée qu’ils se font de celle-ci à travers les discours des parents et ce qu’ils en vivent en famille se heurte aux représentations dévalorisées qu’en a la société d’accueil (notamment pour des raisons socioéconomiques). Coupée de ses racines « nationales », cette culture n’a plus comme fonction que de servir de refuge et de faire contrepoids aux images ambiantes négatives. Ainsi se perpétue le mythe.

     


    A.Begag et A. Chaouite (Ecarts d’identité, Paris, Seuil, Point virgule, 1990, p.52)  soulignent les conséquences de cette référence à l’origine qui est propre au milieu familial : « Son effet pervers est d’enfermer l’autre dans une image factice de lui-même, de l’acculer à ne pouvoir se vivre comme créateur de sa propre identité à partirde ses propres choix et références. »

     


    La pédagogie interculturelle se fixe donc comme tâche de donner à l’adolescent étranger la possibilité d’être lui-même, de trouver son identité sans adéquation totale avec la culture standard des Belges francophones ni ave la culture d’origine de ses parents migrants. Il s’agit même de l’amener à choisir entre des appartenances multiples, fragmentées, liées à des influences diverses, celles de son quartier et de la bande de jeunes dont in fait partie étant largement prépondérantes (cf. sur ce blog l’article Une Quête identitaire).

     


    Cette fragmentation se retrouve dans les ouvrages d’immigrés de la seconde génération comme Zeïda de nulle part de Leïla Houari, le Gone du Chaâba d’Azouz Begag, Journal « Nationalité : immigrée de Sakinna Boukhedenna, Le Sourire de Brahim de Nacer Kettane et bien d’autres. (1)

     


    En classe de français, il est intéressant et fécond – l’expérience nous l’a révélé – d’observer les références qui les règlent, à l’intersection entre l’héritage arabo-islamique, les traditions populaires du Maghreb et leur contestation éventuelle suite à la confrontation avec les modes de vie occidentaux.

     

                                       
    Luc Collès – CRIPEDIS (UCL)

     


    (1) M. Lebrun et L. Collès, La littérature migrante dans l’espace francophone : Belgique – France – Québec – Suisse, Cortil-Wodon, E.M.E., 2007 (« Proximités-didactique »)

     


    Posté par Alaindependant à 12:46 -
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    Vendredi 20 mars 2009

    Le 11 septembre 2001 :
     une provocation mondiale

    Un Gl Russe témoigne.
    Les grandes manipulations
    et les provocations planétaires.
    Tout est artificiel....


    A lire absolument, par tous, pour comprendre
    ce qui se passe réellement... 

    par Général Leonid Ivashov*

    Politologue russe influent, issu des milieux nationalistes, le général Léonid Ivashov était chef d’état-major des armées le 11 septembre 2001. Ce jour-là, il avait placé ses satellites en alerte pour observer les manœuvres militaires aériennes annoncées aux USA, mais c’est un tout autre spectacle auquel il fut confronté. Au vu des analyses de cet événements par ses experts, il a écarté l’hypothèse Al-Qaïda et conclu à une provocation de l’élite financière anglo-saxonne. Sur cette base, il développé la vision stratégique russe du monde post-11-Septembre. Nous reproduisons ici un de ses articles, représentatif de sa pensée et de celle des officiers supérieurs russes. Le lecteur sera surpris de constater que ce qui est considéré comme un délire dans les pays de l’OTAN est une vérité d’évidence en Russie, comme d’ailleurs dans de nombreux autres régions du monde. Au-delà de la question d’établir la vérité, l’honnêteté intellectuelle exige de comprendre et d’accepter la relativité des points de vue. Cet article sera particulièrement précieux pour les militaires français au moment où le ministre de la Défense a engagé une chasse aux sorcières contre les enseignants de l’École de guerre qui ont osé rendre compte de la diversité des interprétations du 11-Septembre.

    L’expérience de l’humanité montre que le terrorisme apparaît partout où se produit à un moment donné une aggravation des contradictions, où les relations commencent à se dégrader au sein de la société et où l’ordre social change, où surgit l’instabilité politique, économique et sociale, où se libèrent des potentiels d’agressivité, où les valeurs morales périclitent, où triomphent le cynisme et le nihilisme, et où la criminalité explose.

    Les processus liés à la mondialisation créent des conditions favorables à ces phénomènes extrêmement dangereux. Ils entraînent un redécoupage de la carte géopolitique du monde, une redistribution des ressources planétaires, violent la souveraineté et effacent les frontières des États, démantèlent le droit international, anéantissent la diversité culturelle, appauvrissent la vie spirituelle et morale.

    Je pense que nous sommes en droit aujourd’hui de parler de crise systémique de la civilisation humaine. Elle se manifeste de manière particulièrement aiguë au niveau de l’interprétation philosophique de la vie. Ses manifestations les plus spectaculaires concernent le sens donné à la vie, l’économie et le domaine de la sécurité internationale.

    L’absence de nouvelles idées philosophiques, la crise morale et spirituelle, la déformation de la perception du monde, la diffusion de phénomènes amoraux contraires à la tradition, la course à l’enrichissement illimité et au pouvoir, la cruauté, conduisent l’humanité à la décadence et peut-être à la catastrophe.

    L’inquiétude, ainsi que le manque de perspectives de vie et de développement de nombreux peuples et états constituent un important facteur d’instabilité mondiale.
    L’essence de la crise économique se manifeste dans la lutte sans merci pour les ressources naturelles, dans les efforts déployés par les grandes puissances du monde, avant tout par les États-Unis d’Amérique, mais aussi par des entreprises multinationales pour soumettre à leurs intérêts les systèmes économiques d’autres États, prendre le contrôle des ressources de la planète et surtout des sources d’approvisionnement en hydrocarbures.

    La destruction du modèle multipolaire qui assurait l’équilibre des forces dans le monde a entraîné également la destruction du système de sécurité internationale, des normes et des principes qui régissaient les relations entre États, ainsi que du rôle de l’ONU et de son Conseil de sécurité.
    Aujourd’hui les États-Unis d’Amérique et l’OTAN se sont arrogés le droit de décider du destin d’autres États, de commettre des actes d’agression, de soumettre les principes de la Charte des Nations Unies à leur propre législation.

    Ce sont précisément les pays occidentaux qui, par leurs actions et agressions contre la République fédérale de Yougoslavie et l’Irak, ainsi qu’en permettant de toute évidence l’agression israélienne contre le Liban et en menaçant la Syrie, l’Iran et d’autres pays, ont libéré une énorme énergie de résistance, de vengeance et d’extrémisme, énergie qui a renforcé le potentiel de la terreur avant de se retourner, comme un boomerang, contre l’Occident.

    L’analyse de la substance des processus de mondialisation, ainsi que des doctrines politiques et militaires des États-Unis d’Amérique et d’autres États, permet de se convaincre que le terrorisme favorise la réalisation des objectifs de domination du monde et la soumission des États aux intérêts de l’oligarchie mondiale. Cela signifie qu’il ne constitue pas un sujet en tant que tel de la politique mondiale mais un simple instrument, le moyen d’instaurer un nouvel ordre unipolaire ayant un centre de commandement mondial unique, d’effacer les frontières nationales et d’assurer la domination d’une nouvelle élite mondiale. C’est elle qui constitue le sujet principal du terrorisme international, son idéologue et son « parrain ». C’est elle aussi qui s’efforce de diriger le terrorisme contre d’autres États, y compris contre la Russie.

    La principale cible de la nouvelle élite mondiale est la réalité naturelle, traditionnelle, historique et culturelle qui a jeté les bases du système de relations entre les États, de l’organisation de la civilisation humaine en États nationaux, de l’identité nationale.

    Le terrorisme international actuel est un phénomène qui consiste, pour des structures gouvernementales ou non gouvernementales, à utiliser la terreur comme moyen d’atteindre des objectifs politiques en terrorisant, déstabilisant les populations sur le plan socio-psychologique, en démotivant les structures du pouvoir d’État et en créant les conditions permettant de manipuler la politique de l’État et le comportement des citoyens.

    Le terrorisme est un moyen de faire la guerre de manière différente, non conventionnelle. Simultanément, le terrorisme, allié aux médias, se comporte comme un système de contrôle des processus mondiaux.
    C’est précisément la symbiose des médias et de la terreur qui crée les conditions favorables à des bouleversements dans la politique mondiale et dans la réalité existante.
    Si l’on examine dans ce contexte les événements du 11 septembre 2001 aux États-Unis d’Amérique, on peut en tirer les conclusions suivantes :

    - l’attentat terroriste contre les tours jumelles du World Trade Center a modifié le cours de l’histoire du monde en détruisant définitivement l’ordre mondial issu des accords de Yalta-Potsdam ;

    - il a délié les mains des États-Unis d’Amérique, de la Grande-Bretagne et d’Israël, leur permettant de mener des actions contre d’autres pays en faisant fi des règles de l’ONU et des accords internationaux ;

    - il a stimulé l’amplification du terrorisme international.

    D’autre part, le terrorisme se présente comme un instrument radical de résistance aux processus de mondialisation, comme un moyen de lutte de libération nationale, de séparatisme, un moyen de résoudre les conflits entre les nations et entre les religions, ainsi que comme in instrument de lutte économique et politique.

    En Afghanistan, au Kosovo, en Asie centrale, au Proche Orient et dans le Caucase nous constatons que la terreur sert aussi à protéger des narcotrafiquants en déstabilisant leurs zones de passage.
    On peut constater que dans un contexte de crise systémique mondiale la terreur est devenue une sorte de culture de la mort, la culture de notre quotidien. Il a fait irruption dans la prospère Europe, tourmente la Russie, secoue le Proche-Orient et l’Extrême-Orient. Il favorise l’accoutumance de la communauté internationale à des ingérences violentes et illégales dans les affaires intérieures des États et à la destruction du système de sécurité internationale.

    La terreur engendre le culte de la force et lui soumet la politique, le comportement des gouvernements et de la population. Le plus effrayant est que le terrorisme a un grand avenir en raison de la nouvelle spirale de guerre qui s’annonce pour la redistribution des ressources mondiales et pour le contrôle des zones clé de la planète.
    Dans la stratégie de sécurité nationale des États-Unis d’Amérique, approuvée cette année par le Congrès états-unien, l’objectif avoué de la politique de Washington est « de s’assurer l’accès aux régions clé du monde, aux communications stratégiques et aux ressources mondiales », avec comme moyen pour y parvenir de procéder à des frappes préventives contre n’importe quel pays. Du point de vue du Congrès, les États-Unis d’Amérique peuvent donc adopter une doctrine de frappes nucléaires préventives qui s’apparente à du terrorisme nucléaire.
    Cela implique l’utilisation à grande échelle de substances nocives et d’armes de destruction massive. On ne s’embarrassera pas de scrupules pour choisir les moyens de répondre à une attaque. Pour se défendre les parties n’auront que le choix des moyens.

    La provocation par un acte terroriste devient un moyen d’atteindre des objectifs politiques d’ampleur globale, régionale et locale. Ainsi, une provocation organisée dans la localité de Rachic (Kosovo, Serbie) a fini par entraîner le changement de régime politique en Serbie et l’effondrement de la République fédérée de Yougoslavie, tout en servant de prétexte à l’agression de l’OTAN et à la séparation du Kosovo de la Serbie. Il s’agit d’une provocation d’ampleur régionale.

    Les explosions dans le métro de Londres, les désordres à Paris en 2005-2006 sont des provocations locales qui ont eu des répercussions sur la politique et l’opinion publique en Grande Bretagne et en France.
    Pratiquement chaque acte terroriste dissimule des forces politiques puissantes, des entreprises transnationales ou des structures criminelles ayant des objectifs précis. Et presque tous les actes terroristes, à l’exception des activités de libération nationale) sont en réalité des provocations.

    Même en Irak, les explosions dans les mosquées sunnites et shiites ne sont rien d’autre que des provocations organisées en vertu du principe « diviser pour régner ». Il en va de même de la prise en otage et de l’assassinat de membres de la mission diplomatique russe à Bagdad.
    L’acte terroriste commis à des fins de provocation est aussi ancien que l’humanité elle-même. Ce sont précisément des provocations terroristes qui ont servi de prétextes au déclenchement des deux guerres mondiales. Les événements du 11 septembre 2001 constituent une provocation mondiale. On peut parler d’opération d’ampleur mondiale. De telles opérations permettent en général de résoudre plusieurs problèmes mondiaux à la fois. On peut les définir comme suit :

    - 1. L’oligarchie financière mondiale et les États-Unis d’Amérique ont obtenu le droit non formel de recourir à la force contre n’importe quel État.

    - 2. Le rôle du Conseil de sécurité s’est trouvé dévalué. Il fait de plus en plus figure d’organisation criminelle complice de l’agresseur et alliée à la nouvelle dictature fasciste mondiale.

    - 3. Grâce à la provocation du 11 septembre, les États-Unis d’Amérique ont consolidé leur monopole mondial et ont obtenu l’accès à n’importe quelle région du monde et à ses ressources.

    Dans le déroulement d’une opération-provocation il y a toujours trois éléments obligatoires : le commanditaire, l’organisateur et l’exécutant. En ce qui concerne la provocation du 11 septembre et contrairement à l’opinion dominante, « Al-Qaida » ne pouvait être ni le commanditaire, ni l’organisateur, ne disposant pas des moyens financiers suffisants (et ils sont énormes) pour commander une action d’une telle ampleur.

    Toutes les opérations menées par cette organisation ne sont que des actions locales et assez primitives. Elle ne dispose pas des ressources humaines, d’un réseau d’agents suffisamment développé sur le territoire des États-Unis d’Amérique, pour réussir à pénétrer les dizaines de structures publiques et privées qui assurent le fonctionnement des transports aériens et veillent à sa sécurité. Al-Qaida ne saurait donc avoir été l’organisateur de cette opération (sinon à quoi peuvent bien servir le FBI et la CIA ?). Ces gens pourraient en revanche fort bien avoir été de simples exécutants de cet acte terroriste.

    À mon avis, le commanditaire de cette provocation pourrait avoir été l’oligarchie financière mondiale, dans le but d’installer une fois pour toutes « la dictature fasciste mondiale des banques » (l’expression appartient à l’économiste états-unien bien connu Lyndon LaRouche) et d’assurer le contrôle de ressources mondiales en hydrocarbures limitées. Il se serait agi par la même de s’assurer la domination mondiale pour longtemps.

    L’invasion de l’Afghanistan, riche en ressources gazières, de l’Irak et peut-être aussi de l’Iran, qui possèdent des réserves mondiales de pétrole, mais aussi l’instauration d’un contrôle militaire sur les communications pétrolières stratégiques et l’augmentation radicale du prix du pétrole sont des conséquences des événements du 11 septembre 2001.

    L’organisateur de l’opération pourrait avoir été un consortium bien organisé et abondamment financé formé de représentants (anciens et actuels) des services secrets, d’organisations maçonniques et d’employés des transports aériens.

    La couverture médiatique et juridique a été assurée par des organes de presse, des juristes et des politiciens stipendiés. Les exécutants ont été choisis sur la base de leur appartenance ethnique à la région qui possède les ressources naturelles d’importance mondiale.

    L’opération a réussi, les objectifs sont atteints.

    L’expression « terrorisme international » en tant que principale menace pour l’humanité a fait irruption dans le quotidien politique et social.
    Cette menace a été identifiée en la personne d’un islamiste, ressortissant d’un pays disposant d’énormes ressources en hydrocarbures.
    Le système international mis sur pied à l’époque où le monde était bipolaire a été détruit et les notions d’agression, de terrorisme d’État et de droit a la défense ont été altérées.

    Le droit des peuples de résister aux agressions et aux activités subversives des services secrets étrangers ainsi que de défendre leurs intérêts nationaux est foulé aux pieds.
    Toutes les garanties sont assurées en revanche aux forces qui cherchent à instaurer une dictature mondiale et à dominer le monde.
    Mais la guerre mondiale n’est pas encore finie. Elle a été provoquée le 11 septembre 2001 et elle n’est que le prélude à de grands événements à venir.

     Général Leonid Ivashov

    Le général Leonid Ivashov est vice-président de l’Académie des problèmes géopolitiques. Il fut chef du département des Affaires générales du ministère de la Défense de l’Union soviétique, secrétaire du Conseil des ministres de la Défense de la Communauté des États indépendants (CEI), chef du Département de coopération militaire du ministère de la Défense de la Fédération de Russie. Il était chef d’état-major des armées russes, le 11 septembre 2001.



    Réseau Voltaire
    http://changementclimatique.over-blog.com/article-29173919.html
    http://bridge.over-blog.org/article-29182265.html

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    Jeudi 19 mars 2009

     

     

    UNION DES RELIGIONS CONTRE L'INJUSTICE DU SIONISME

     

    Bonsoir,

     

    Voici le nouveau communiqué du Président du Centre Zahra France, Monsieur Yahia Gouasmi, lancé depuis le Moyen-Orient , dans le cadre de la conférence qui aura lieu à Bruxelles ce jeudi 19 mars 2009 et dont le thème est :

     

    UNION DES RELIGIONS CONTRE LE SIONISME

     

     

     

    Nous vous remercions pour la diffusion de cet appel .

     

     

    Vous trouverez ci-dessus le flyer de cette conférence :



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    Mardi 17 mars 2009

     

     


    Juifs, Arabes et Noirs
    sur le même terrain de foot

     


    Lundi 16/03/2009
    | Posté par
    Nadia Méhouri

     


    Ça devrait être tellement banal, mais ça ne l’est pas. Première hier à Paris : un tournoi de foot « mixte » a rassemblé des enfants entre 9 et 13 ans. D’habitude, ils s’ignorent. VIDEO EN +

     

     -- Cliquez pour voir l'image en entier

     

    « Tu viens faire un foot au stade avec des feujs ? – Ah ouais, on va les niquer ! – Ah non, Malik, c’est pas possible, ce seront des équipes mixtes. – Oui, mais ça sert à quoi de faire ça ? – En fait, c’est pour rassembler les peuples, et si tu vois que le soleil est au rendez-vous, c’est que la paix est la voie à suivre. – Ok, on verra. » 14 heures, le soleil est au rendez vous ce dimanche 15 mars. Il brille de tous ses rayons au-dessus du stade Jules Ladoumègue de la Porte de Pantin, dans le 19e arrondissement de Paris, où se tient un tournoi de foot « intercommunautaire ».

     

    Six équipes, chacune de neuf joueurs, âgés de 9 à 13 ans, sont constituées par Jocelyn Boisdur, le président du FC Antillais du 19e, dont les consignes sont : « Dans ce tournoi pour le mieux vivre ensemble, on vous demande d’être fair-play. » Sept enfants de confession juive pour une quarantaine de jeunes noirs, maghrébins, asiatiques. Peu d’enfants juifs ? Oui, mais en temps normal, les juifs ne sont jamais de la partie. Depuis la seconde Intifada du début des années 2000 – et la guerre à Gaza en décembre et janvier dernier n’a rien arrangé –, ils jouent au foot entre eux. C’est « plus simple » pour tout le monde… Mais là, on n’a voulu sortir de la spirale du simple. « Le foot a le don de rassembler les hommes, on se sent en famille parce que dans le sport, on ne parle pas de politique. » Ça, c’est Djazzard Fathi, l’entraîneur de l’ASPB, B pour Bagnolet, qui le pense et le dit haut et fort.

     

    Ce tournoi, c’est encore un coup de nos deux compères Joyce et Khadiatou, coachs de l’association Rassemblement des mères du 19e, rejointes dans cette initiative par Jocelyn Boisdur, que les jeunes footeux écoutent sans oser faire un bruit. Six équipes sont donc sur le terrain : « AS pourquoi pas nous », « ASG Bagnolet », deux équipes des « Antillais Paris 19e », « Solitaires Paris 19e » et « Olympique Football club de Pantin ».

     

    Jugurtha, 12 ans, trouve la démarche intéressante. « C’est bien de nous rapprocher. Moi, je suis pour. » Jugurtha affirme que, « de toutes façons, il y a du racisme dans les deux sens ». Joseph, 11 ans, David, 13 ans, sont venus avec leur père et cinq autres enfants juifs pour participer à ce tournoi amical. Bien qu’ils se disent très pratiquants, ils refusent de s’enfermer dans un ghetto, « sinon autant aller vivre en Israël. Ce sport peut nous permettre de rencontrer et apprendre à connaître des gens que l’on côtoie tous les jours sans vraiment les connaître ».

     

    Oui, mais une question me taraude. Pourquoi la majeure partie des familles juives du 19e scolarisent-elles leurs enfants dans des écoles juives. La « laïque », c’est plus pratique pour créer des liens, non ? Eh bien c’est simple, la religion d’abord, les copains après. « L’instruction religieuse ne se fait que dans nos écoles, on doit la transmettre à nos enfants. C’est plutôt le non respect d’autrui qui est responsable de tous les problèmes dans notre société. »

     

    Didier Alone, le père de David, aurait bien voulu inscrire son fils dans le club de foot local « Espérance arabe », sauf qu’il y a entraînement le vendredi soir aussi. Or au même moment, c’est shabbat. « Ça nous obligerait à conduire nos enfants au stade en voiture, chose interdite par le shabbat. Nous avons fait un choix religieux, donc nous vivons on fonction de cela, quitte à nous priver de certains plaisirs. »

     

    L’« AS, pourquoi pas nous » sera la seule équipe du tournoi vraiment mixte. Malik « le petit Arabe », ainsi que d’autres non juifs, sont invités à rejoindre l’équipe de David. Malik est un nerveux qui craint le qu’en dira-t-on ? « Je veux pas jouer avec eux, on va se faire taper 20/0 La vie d’ma mère, les gars du quartier, ils vont me voir jouer avec des feujs, ils vont me traiter ! » Un petit coup de panique vite oublié, l’appel du ballon est trop fort. Malik intègre son équipe, joue et marque un but ! Ce qui lui vaut les félicitations de son team, et notamment de Didier, père d’un des joueurs juifs : « C’est la plus belle chose de voir Malik qui ne voulait pas jouer avec nous et qui de sa propre bouche a sorti : On est tous des êtres humains. » Jusqu’ici tout va bien.

     

    Quelques matchs et éliminations plus tard, il fait toujours aussi bon vivre au stade Jules Ladoumègue. L’heure des récompenses approche. Les quatre coupes pour les équipes gagnantes et un bon d’achat chez Go Sport de 15 euros sont distribués à tous les participants autour d’un généreux goûter. Cette première semble être une vraie réussite, si l’on exclut les sautes d’humeurs de Malik notre teen-ager.

     

    Est ce dû à la surprenante clémence de la météo ? Sent-on poindre une volonté de vivre ensemble sans avoir à se cacher ou à se justifier des « différences » ? Jocelyn, Khadiatou et Joyce sont ravis de la réussite de cette journée, et ils ne vont pas s’arrêter là. Ils prévoient de rééditer ce type de tournoi, avec une présence massive des parents. Hier, on a fait fondre la glace, la prochaine fois, on fera griller les merguez.

    Nadia Méhouri

    Photo du milieu : au centre, Jocelyn Boisdur et Joyce Malay-Ayach

    « C'est le buuut ! »

    Juifs, Arabes et noirs sur le même terrain
    envoyé par Bondy_Blog

    http://www.juif.org/go-news-91675.php


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    Lundi 16 mars 2009

    L'Islam expliqué de Marek Chebel article paru le 5 novembre 2006


    Malek Chebel, psychanalyste, anthropologue et docteur en sciences politiques est un farouche défenseur de l’Islam modéré. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la société musulmane qui sont aujourd’hui des références : Dictionnaire amoureux de l’Islam, Psychanalyse des Mille et Une Nuits, Manifeste pour un Islam des Lumières…


    Malek Chebel réhabilite l’image de la religion musulmane, porteuse d’amour et de beauté, face à l’image négative d’une religion de terreur, liée aux fondamentalistes. Il lutte pour l’évolution des mentalités et un meilleur statut de la femme musulmane. Il prône un Islam des Lumières, un Islam de partage et d’apaisement. Proche de la communauté juive de France, Malek Chebel nous livre ses convictions, ses craintes et ses espoirs.

    Olivia Cattan : Malek Chebel, vous êtes aujourd’hui en France, le représentant d’un Islam des Lumières, croyez-vous que cet Islam modéré résistera à la montée de l’Islamisme ?

    Malek Chebel : Oui, bien sûr, sans quoi, c’est la catastrophe absolue. Je défends les valeurs d’un Islam ouvert, tolérant et éclairé. Je sais aussi que la majorité des musulmans de France n’aspire qu’à une chose, vivre sa religion en adéquation avec les règles républicaines, dans le respect d’autrui. Il est vrai que depuis des années, les réseaux islamistes se sont organisés dans l’indifférence des municipalités et de toutes les autorités publiques. A cela, il faut ajouter que la précarité sociale, le chômage, la perte des valeurs de la société française ont été de bons alliés pour eux. J’espère qu’il n’est pas trop tard pour récupérer une bonne partie de cette jeunesse. Tarik Ramadan affirme également représenter une partie des musulmans de France… Il faut se méfier de Tarik Ramadan, son discours est celui d’un prédicateur. Il faut rejeter ceux qui souhaitent nous imposer des lois divines en remplacement des lois des hommes. Ces lois divines ont été écrites au 7e siècle, alors comment voulez-vous les proposer aux hommes et aux femmes du 21 siècle ! La société évolue et la religion doit suivre cette évolution, même si le commentaire est interdit dans le Coran et qu’il est difficile de faire bouger les choses ! Tarik Ramadan ne représente pas la majorité éclairée mais la minorité ignorante des musulmans.

    O.C. : Pensez-vous que le Coran doit être modernisé ?

    M.C. : Non. Ce n’est pas le Coran qu’il faut réformer, c’est l’approche théologique qui lui est appliquée, c’est à dire son interprétation. J’en appelle à la liberté de chacun pour juger du bien fondé de telle ou telle approche. Mon but est de réhabiliter l’Islam, de montrer sa pluralité. L’Islam n’est pas seulement une religion faite d’interdits, elle est l’héritage d’un humanisme, le fruit d’une Civilisation, qui à travers les siècles, a connu de grandes périodes de créativité où savants, grammairiens, médecins travaillaient ensemble dans le creuset d’un seul Islam, celui des lumières. L’algèbre, l’arithmétique, la sagesse orientale sont nés de cela. L’Islam n’est pas une religion apocalyptique, ayant pour objectif la fin de l’Occident. Il faut humaniser cette religion, la rendre accessible afin de redonner de l’Islam une image positive, éloignée de la terreur.

    O.C. : Au sujet de la terreur, que pensez-vous des Kamikazes, qui au nom de Dieu et de l’Islam, au nom d’une revendication territoriale s’offrent à la mort, tuant d’innocentes victimes ?

    M.C. : Il faut 30 ans pour former un intellectuel et 3 semaines pour former un Kamikaze. Notre Dieu, comme je le dis souvent, n’est pas un Dieu de colère, de souffrance et de mort. Je récuse toute manipulation de la religion qui vise à perpétrer la violence.

    O.C. : Vos livres parlent de Sexualité, de raffinements de la culture orientale pendant que dans les cités, la violence sexuelle s’exprime, alors que faire pour lutter contre cela ?

    M.C. : Nous pourrons lutter contre cela lorsque l’image et la place de la femme évolueront dans la religion musulmane. Dans mon livre, le Dictionnaire amoureux de l’islam, j’aborde avec la plus grande liberté la sexualité. Je suis pour l’harmonie entre les sexes et pour un Islam de désirs. Il faut rappeler que cette religion s’est longtemps préoccupée de beauté et de sensualité, Contes orientaux, hammams, goût des parfums…Elle préconise à l’homme de profiter de sa vie terrestre. Certains textes parlent même d’un amour divin lié à l’amour charnel et le Prophète Mohamed disait lui-même que les femmes, les parfums et la prière étaient ce qu’il préférait dans ce monde. Nous pouvons être des musulmans fidèles, respectueux du Texte sacré, sans être ennemis de la jouissance charnelle. Mais ce désir doit s’exprimer, sans aucune violence et dans le respect de la femme.

    O.C. : L’excision, les mariages précoces sont encore pratiqués dans certaines familles musulmanes de France, comment faire évoluer ces pratiques d’un autre temps ?

    M.C. : En condamnant tous ces actes comme la répudiation, la polygamie, les mariages forcés, le rapt de jeunes filles, le dénigrement des mères célibataires. Il faut condamner les assassinats, perpétrés au nom du Khalf at-thar, au nom de l’honneur. Les pays musulmans doivent réévaluer toute leur législation civile pour donner à la femme le moyen de s’épanouir dans les règles sociales établies. La femme n’est pas inférieure à l’homme, contrairement à ce que prônent les fondamentalistes. Il faut que les mentalités évoluent et acceptent également l’homosexualité, dont je parle également dans mes ouvrages.

    O.C. : Pensez-vous que le voile est une régression pour les Droits de la femme ?

    M.C. : Non pas tout a fait mais obliger la femme à se voiler, c’est ne pas lui faire confiance et c’est la déposséder de son image. D’ailleurs, seuls 3 versets dans le Coran, évoque le voile. Mais le débat sur le voile est un faux débat. Je suis pour la loi contre le voile à l’école, par principe de laïcité. De plus cette loi protège les femmes qui ne veulent pas le porter mais qui l’endurent à cause de leurs familles ou de leurs maris. J’appelle à une égalité absolue de droits et de devoirs entre l’homme et la femme.

    O.C. : Que pensez-vous de la discrimination positive proposée par Nicolas Sarkozy ?

    M.C. : J’y suis très opposé parce que dans « discrimination positive », il y a le mot « discrimination ». Discriminer dans un sens ou dans l’autre est mauvais en soi. Je suis pour que 10 chefs d’entreprise français fasse une déclaration d’intention et proposent d’embaucher 10 jeunes de banlieue. Je suis pour que le gouvernement français encourage activement l’émergence des classes moyennes et que l’on valorise les bonnes volontés.

    O.C. : Pensez-vous que le CV anonyme élargirait les chances ?

    M.C. : Oui, je le pense. Lorsqu’un employeur a le choix entre deux candidats et que l’un des deux porte un nom arabe, le choix est vite fait. Il y a beaucoup trop de Français, d’origine arabe, qualifiés, lettrés qui sont au chômage, juste à cause de leurs origines et ce n’est pas tolérable ! De plus, la précarité sociale et le chômage sont des faiblesses que les Fondamentalistes exploitent adroitement dans les Cités. La Société française doit réagir !

    O.C. : Il y a en France, malgré une apparente harmonie, des tensions entre la communauté juive et la communauté musulmane, comment voyez-vous l’avenir de ces relations ?

    M.C. : Je suis plutôt optimiste. C’est ma nature. Grâce à la bonne volonté des uns et des autres, grâce aux discours responsables des autorités religieuses – je signale en passant la qualité d’un certain nombre de personnalités juives et musulmanes, soucieuses de paix et respectant la pluralité de ce pays -, nous arriverons à conjurer les mauvais augures et les discours pessimistes qui nous promettent l’apocalypse. Il faut toujours garder son sang froid, sa philosophie.

    O.C. : Vous avez décidé de créer une fondation pour l’Islam des Lumières, comment est née cette idée ?

    M.C. : Cette idée est née sur le perron de l’Elysée, le 14 mai 2004, lorsque le Président Chirac m’a honoré de la Légion d’honneur, à la suite de la publication du Dictionnaire amoureux de l’Islam. Idéalement, la Fondation pour un Islam des Lumières a pour objectif de lutter contre les amalgames, favoriser le dialogue entre les communautés en France et promouvoir le plus largement possible un discours de tolérance et de respect. Cette fondation favorisera également l’intégration des jeunes musulmans au sein de la République. Elle permettra l’accès à la connaissance, le triomphe de la raison et du progrès et l’ouverture sur le monde. Nous avons une vingtaine de projets, nous voulons organiser une journée du livre autour de l’Islam, amener les jeunes des cités au Louvre en leur faisant découvrir la richesse de leur civilisation, les rattacher à leurs racines. Il faut unir nos bonnes volontés et nous montrer solidaires. La prochaine étape sera de réunir des fonds privés, indépendants de toutes idéologies, afin de mener à bien tous ces projets. Face à l’intégrisme, il faut toujours montrer une solidarité sans failles, une compréhension des enjeux, un travail républicain.

    O.C. : Comment voyez-vous l’Islam de demain ?

    M.C. : Dans mon Manifeste pour un Islam des Lumières, j’explique dans vingt-sept propositions que je souhaite une libre interprétation des textes et l’affirmation de la supériorité de la raison sur l’émotion qui dirige le monde musulman. Je souhaite une renaissance de l’Islam susceptible de forger l’identité collective, apaisante, car apaisée, de l’Islam de demain. Je souhaite un Islam respecté qui respecte les autres religions, un Islam du Partage.


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