• La religion de l'Amour ? Découvrir Abd el Kader al Djazaïr

     
     
    Vendredi 12 septembre 2008

     

     

     

     

     

    Abd el Kader al Djazaïri (1808-1883)

     

     

    L'homme qui appela au djihad contre l'agression étrangère,
    c'est aussi celui-là même qui sut chanter l'amour;
    et l'amour proclamé par l'émir c'est l'amour de Dieu,
    l'amour du prochain, l'amour de la vie, l'amour de l'humanité
    mais aussi l'amour paternel et l'amour sentimental.
    N'écrit-il pas ces vers qui rappellent le mystique Ibn Arabi.

    . . . Je professe la religion de l'amour
    Et quelque direction que prenne ma monture
    L'amour est ma religion et ma foi ...

     

    http://www.oasisfle.com/culture_oasisfle/emir_abdelkader.htm





    Grandes figures. Découvrir :

    Abd el Kader al Djazaïri (1808-1883)
    Un mystique ?
    La religion de l'Amour ?
    Djihad défensif
    Il sauva des Maronites et des Européens




    L'homme qui appela au djihad contre l'agression étrangère, c'est aussi celui-là même qui sut chanter l'amour; et l'amour proclamé par l'émir c'est l'amour de Dieu, l'amour du prochain, l'amour de la vie, l'amour de l'humanité mais aussi l'amour paternel et l'amour sentimental. N'écrit-il pas ces vers qui rappellent le mystique Ibn Arabi.

    . . . Je professe la religion de l'amour
    Et quelque direction que prenne ma monture
    L'amour est ma religion et ma foi ...

    L'émir Abd el-Kader (1808-1883), héros de la lutte algérienne contre la colonisation française au XIX°siècle, a depuis jeudi une place à son nom à Paris dans le Vème arrondissement non loin de l'Institut du Monde arabe et de la Grande Mosquée.

    En présence d'un des arrières petit-fils de ce grand combattant, penseur musulman et humaniste qui organisa un Etat arabe fondé sur l'islam, le maire de Paris Bertrand Delanoë a salué «un personnage magnifique» à travers lequel la capitale veut «rendre hommage au peuple algérien».

    Cette place, située au croisement des rues Poliveau, des Fossés Saint-Marcel et Geoffroy Saint-Hilaire, permet d'inscrire le nom de ce «nationaliste algérien (...) dans l'éternité de Paris», a-t-il ajouté. C'est le 16 mai que le Conseil de Paris a décidé de ce geste qui prend une importance toute particulière au moment où Alger exige de la France une «repentance» pour la colonisation. Paris compte deux autres lieux portant les noms de grands dirigeants du Maghreb: la place Mohammed V, l'ancien roi du Maroc, inaugurée en 2002, et l'esplanade Habib Bourguiba, le leader de l'indépendance tunisienne, inaugurée en 2004.

    Né à La Guetna, près de Mascara, en mai 1808, alors que l'Algérie est ottomane, l'Emir Abd el-kader a reçu une solide éducation scientifique, philosophique et religieuse. Dès 1832, après le départ du dey d'Alger, il conçoit, puis fonde un Etat en Algérie, et conduit le combat contre le colonisateur français. Bien que désigné en 1834 «sultan des Arabes», ce n'était pas un homme de pouvoir, et il refusa la fonction de vice-roi que l'empereur Napoléon III voulut lui donner pour la partie non-ottomane du Proche-Orient.

    En 1831, la transformation de la plus grande mosquée d'Alger en cathédrale le révolta. La violence contre le vaincu lui faisait horreur. «Tout Arabe ayant un Français ou un chrétien en sa possession est tenu pour responsable de la façon dont il est traité [...]. Au cas où le prisonnier se plaindrait du plus petit sévice, l'Arabe qui l'a capturé perdrait tout droit à récompense», disait-il. Vaincu en 1847, après des combats terribles en 1845 contre les troupes du maréchal Thomas-Robert Bugeaud, il est interné en France, alors que son ennemi, le duc d'Aumale, qui se glorifiait d'avoir détruit sa «smala» (ensemble des tentes d'un chef combattant, avec ses soldats et ses richesses) lui avait promis la «terre d'Islam».

    Il demeure à Toulon - où il dispose aussi d'une rue, octroyée sous Vichy, en 1942 -, Pau, puis Amboise, où il approfondit ses liens avec les intellectuels français. Sans rien renier de lui-même, il devient alors l'ami de la France. Napoléon III, qui le respecte et dont il devient l'ami, le libère.En 1853, Abd el-Kader se retire en Turquie puis en Syrie, où, en 1860, il sauve les chrétiens du massacre et lance un dialogue interreligieux, aux accents très modernes. Il meurt à Damas le 25 mai 1883.

    L'enseignement de l'émir est un modèle de tolérance : tout individu en prière, qu'il soit juif, musulman, chrétien ou même idolâtre prie un seul et même Dieu unique. C'est la théorie du wahdat al-wujud, de l'unicité absolue de l'essence divine, qu'il développe notamment dans son œeuvre majeure, Kitâb al-mawâqif (Le Livre des haltes, des stases, des états et des étapes) : "Dieu est l'essence de tout adoré et tout adorateur n'adore que Lui." Mais il va plus loin encore qu'aucun homme de foi ou de religion avant lui : toutes les prières, enseigne-t-il, s'adressent au Dieu unique, seule la forme diverge car chaque peuple a reçu la parole divine selon le mode spécifique qui lui correspondait :


    Pour qui le veut le Coran [...]
    Pour qui le veut la Torah
    Pour tel autre l'Évangile
    Pour qui le veut mosquée où prier son Seigneur
    Pour qui le veut synagogue
    Pour qui le veut cloche ou crucifix
    Pour qui le veut Kaaba dont on baise pieusement la pierre
    Pour qui le veut images
    Pour qui le veut idoles
    Pour qui le veut retraite ou vie solitaire
    Pour qui le veut guinguette où lutiner la biche.


    L’éducation religieuse qu’il reçut fit de lui un musulman mystique et un théologien. Mais les circonstances le transformèrent en guerrier. Devenu soldat pour défendre la terre d’Islam, sa tentative de créer un État indépendant devait laisser un souvenir prestigieux: il est célébré aujourd’hui comme le fondateur de la nation algérienne.
    Proclamé "sultan des Arabes" par quelques tribus de l’Oranie le 22 novembre 1832, Abd el-Kader s’imposa par une victoire sur les milices de l’ancien bey turc et mena avec bravoure, pendant quinze ans, la guerre sainte contre les Français. Jusqu’en 1838, toutefois, ceux-ci l’aidèrent à asseoir sa souveraineté sur les deux tiers de l’Algérie. Les généraux français, Desmichels puis Bugeaud, après l’avoir combattu, crurent devoir négocier avec lui dans l’espoir d’instaurer un protectorat.
    Abd el-Kader en profita pour étendre son autorité dans les provinces d’Oran, d’Alger, du Titteri et jusque dans le Constantinois et organiser un État arabe. Les fondements en furent essentiellement islamiques et les dirigeants recrutés parmi l’aristocratie religieuse, ce qui entraîna l’opposition de la noblesse d’origine militaire, les jawada , et la méfiance des tribus kabyles, jusque-là quasi indépendantes. Abd el-Kader commença pourtant à unifier son État en supprimant la distinction traditionnelle entre tribus makhzen privilégiées et tribus sujettes exploitées, puis en percevant partout comme impôt la zakkat (dîme coranique). Il le fortifia en le dotant d’une armée de 10 000 volontaires rétribués, d’une ligne de places fortes et d’une capitale, Tagdempt.
    Lorsqu’il crut que le temps jouait en faveur des Français, il reprit la lutte en novembre 1839 et envahit la Mitidja, où étaient déjà installés des colons. Une grande guerre s’engagea, au cours de laquelle il tenta par la mobilité de ses troupes de suppléer à leur infériorité numérique. Vaincu au terme de quatre années de combats, affaibli par la soumission de nombreuses tribus, il dut se réfugier au Maroc à la fin de 1843, mais il réussit à entraîner le sultan ‘Abd al-Rahman dans la guerre contre les Français. Après les bombardements de Tanger et de Mogador et la défaite de l’armée marocaine à la bataille de l’Isly (14 août 1844), le sultan se résigna à la paix. Abd el-Kader, déclaré hors la loi au Maroc, se cantonna près de la frontière algérienne puis, profitant de nouveaux mouvements insurrectionnels déclenchés par la confrérie des Taibiyya en 1845, il reparut en Algérie. Ses succès (Sidi Brahim, 23 sept. 1846) firent craindre aux Français son triomphe définitif. L’armée française, forte de 106 000 hommes répartis en dix-huit colonnes opérant simultanément, parvint à le rejeter de nouveau au Maroc. Le sultan, qui redoutait désormais en lui un compétiteur, le fit pourchasser. Alors l’émir des Croyants préféra se rendre aux Français, le 23 décembre 1847.
    Manquant à la promesse qui lui avait été faite de le transporter avec les siens à Alexandrie, le gouvernement de Guizot, puis ceux de la IIe République, tout aussi méfiants, le retinrent prisonnier en France. Mais de nombreux Français lui témoignèrent égards et amitié. Le prince-président Louis-Napoléon, homme généreux, fut de ceux-là: le 16 octobre 1852, il vint lui-même annoncer à l’émir sa mise en liberté et un traitement digne de son rang pour s’établir à Brousse en Turquie.
    Ces cinq années de séjour forcé en France révélèrent cependant à Abd el-Kader ce qu’étaient la civilisation et la religion chrétiennes et expliquent peut-être qu’il ait pu songer plus tard à un rapprochement islamo-chrétien.
    Dans la troisième partie de son existence, qui se déroula tout entière dans le Proche-Orient, de 1852 à 1883, Abd el-Kader se consacra presque exclusivement à l’étude et à la méditation religieuses. Cette orientation répondait à une vocation profonde; dès sa jeunesse, il avait manifesté le goût de l’oraison et de l’exercice mystique. À Brousse, il rédigea un traité de philosophie religieuse à l’usage des chrétiens qu’il intitula Rappel à l’intelligent, avis à l’indifférent. Installé à Damas, où il vécut de 1855 jusqu’à sa mort, il prit figure de maître spirituel: son enseignement y fut recueilli. Une partie de ses propos et de ses commentaires écrits a été publiée sous le titre Le Livre des haltes (mystiques), très partiellement traduit en français. Cet ouvrage, dont la splendeur littéraire frappe, révèle la profondeur du mysticisme de l’émir. Il s’y affirme disciple d’un des plus grands soufis de l’Islam, Ibn ‘Arabi, le Shaykh al-akbar (ce qu’on a pu traduire par Doctor maximus de la gnose islamique). Ainsi s’explique la volonté d’Abd el-Kader d’être inhumé à Damas près de la tombe d’Ibn ‘Arabi.
    Bien qu’il se tînt désormais à l’écart des affaires politiques, Abd el-Kader s’occupait activement de la colonie des muhajirin (émigrés pour la foi) algériens qui affluaient à Damas. Cela l’obligea à solliciter parfois l’aide de l’empereur Napoléon III. Mais s’il intervint, en juillet 1860, lors des émeutes antichrétiennes de Damas, ce fut seulement, expliqua-t-il, "par devoir de religion et d’humanité".
    En prenant sous sa protection et celle de ses Algériens plusieurs milliers de maronites et d’Européens, il leur permit d’échapper aux massacres.
    Ce geste, qui eut un grand retentissement en Europe, attira à nouveau l’attention sur lui. Il fut décoré de l’ordre de Pie IX et reçut la grand-croix de la Légion d’honneur.


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