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    Dimanche 7 septembre 2008

     

     





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                              DIALOGUE, OU TOLÉRANCE ?

              Dialogue, du grec dià-logein, "se parler l'un l'autre". Pour dialoguer, il faut parler la même langue, c'est-à-dire avoir les mêmes références. Qu'en est-il entre chrétiens et musulmans ?

    I. Le passé, et le présent

              Dès ses débuts, l'auteur du Coran se définit par son opposition violente au judaïsme et au christianisme. La deuxième partie du Coran (dite "médinoise") est en fait le carnet de route d'un chef de guerre, qui prêche et qui pratique la conquête du pouvoir par l'élimination (entre autres) des juifs et des chrétiens.
              L'islam s'est étendu au détriment des puissances chrétiennes. Jusqu'au coup d'arrêt de la bataille de poitiers (732) : coup d'arrêt très momentané, puisque l'histoire de l'Occident restera dominée par la lutte contre les "Maures". Le siège de Vienne (1529), la bataille de Lépante (1571), sont quelques épisodes parmi tant d'autres de l'affrontement durable et permanent entre musulmans et chrétiens. Affrontement inévitable, puisqu'il est inscrit dans la lettre même du Coran, le texte fondateur de l'islam.
              En un seul lieu, l'Andalousie, et pendant une période limitée, l'islam a pu instaurer une coexistence pacifique avec les chrétiens. Coexistence toute relative : c'était la paix offerte par le vainqueur musulman aux chrétiens hispaniques soumis. Ne nous y trompons pas : le royaume arabe d'Al-Andalous est une exception dans l'histoire d'une confrontation incessante, par la violence, entre musulmans agresseurs et chrétiens sur la défensive.

              Puis le pendule de l'Histoire a tourné : ce sont les chrétiens qui sont devenus agressifs et conquérants, par la colonisation et l'anéantissement de l'Empire Ottoman.
              Au début du XX° siècle, les peuples musulmans étaient partout asservis par des puissances chrétiennes.
              Grâce en partie à la manne pétrolière, nous assistons depuis 1/2 siècle au réveil de la conscience musulmane. Aujourd'hui, l'affrontement islam/chrétienté se rééquilibre au profit des musulmans. Conséquence : le "fait religieux" prend sous nos yeux une place considérable dans les médias des pays occidentaux, qui se voudraient pourtant laïques.
              On entend beaucoup parler de "dialogue inter-religieux", et ce terme vise toujours le dialogue entre monde chrétien et monde musulman.
              Ce dialogue est-il un mythe, un leurre, ou un idéal réalisable ?

    II. L'évolution de l'Occident chrétien

              Constitué en théocraties pendant 15 siècles, de 381 à la fin du XIX° siècle (la Révolution française n'est qu'une brève parenthèse), l'Occident a accompli en un siècle une évolution considérable : la séparation des deux sphères, civile et religieuse, s'est imposée partout - on l'appelle laïcité. Elle s'accompagne d'un déclin des Églises historiques, qui adoptent une position de refus sur la "modernité". A des degrés divers, selon qu'il s'agit des Églises orthodoxes (toujours liées au pouvoir), catholique (crispée sur ses dogmes) ou protestantes (plus ouvertes, mais en position de faiblesse face aux divers "renouveaux" évangéliques).
              Ce déclin, qui marque la fin d'un monde dominé par elles, les Églises historiques se montrent incapables de l'enrayer. Sociologiquement, il apparît spectaculaire et irrémédiable. Mais un phénomène plus discret a miné profondément l'establishement ecclésial : ce sont les progrès de l'exégèse.
              Initiée au XIX° siècle par les protestants (alors seuls libres de penser et de travailler), l'exégèse historico-critique a été condamnée par l'Église catholique jusqu'en 1943. Contraint par les faits, Pie XII (encyclique Divino afflante spiritu) a fini par en accepter le principe, et par l'autoriser aux catholiques.
              Depuis, la Bible est étudiée comme n'importe quel autre texte ancien. Quelques chercheurs catholiques, peu connus du public, sont à la pointe de cette recherche. On redécouvre que Jésus était juif, que son enseignement était celui d'un juif et non d'un chrétien. On apprend à distinguer ce qui vient de lui, et ce qui a été rajouté dans les Évangiles par ses héritiers autoproclamés, pour des raisons qui tiennent plus de la politique que de l'Esprit-Saint. Le visage de Jésus, et son enseignement, sortent peu à peu de l'ombre des dogmes.
               Je vois dans ce travail en cours l'espoir d'un Occident démoralisé par la perte de ses repères ancestraux.
              Le même travail a été fait pour l'Ancien Testament. On sait distinguer ce qui tient à l'époque - les appels à la violence, notamment - et ce qui est le message profond des Prophètes du judaïsme, Prophètes dont Jésus se veut explicitement le continuateur : "Je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir"

              La Bible avait pu servir à St Bernard pour écrire la Règle des Templiers : "Sache, écrit-il aux moines-soldats, que si tu tues, c'est pour le Christ. Et si tu es tué, c'est pour Dieu". Aujourd'hui, plus aucun chrétien, même peu cultivé, ne tiendrait ce langage.
              Sauf peut-être quelques-uns de nos intégristes : hélas, ils ont fait souche aux USA, où certains évangélistes reprennent à peu près cette idéologie meurtrière d'un djihad chrétien.
              Ayant appris à lire la Bible, nous sommes en paix avec nous-mêmes et prêts à entamer un dialogue avec d'autres, qui se réclament eux aussi du Dieu d'Abraham.
              Du moins, c'est ce qu'affirme la pensée politiquement correcte diffusée par nos médias : c'est le dialogue inter-religieux dont nous rêvons avec l'islam.

    III. Les musulmans : bulletin de santé

              Ce travail fondamental sur nos textes sacrés, tout ce qui fait autorité dans l'islam l'interdit aux musulmans. Il y a un dogme absolu, intangible, fondateur : le Coran existe par lui-même, au ciel. Ce Coran céleste, il a été dicté par l'ange Gabriel à un Muhammad inculte, qui écrivait sans comprendre. Le Coran est ainsi, grammaticalement, la pensée même de Dieu. Ce n'est pas une pensée humaine : c'est LA parole de Dieu, exprimée dans la seule langue capable de la transmettre, l'arabe.
              Il est donc inconcevable - et interdit - d'appliquer au texte du Coran les méthodes de l'exégèse historico-critique. Que ce texte, comme n'importe quel autre, reflète l'évolution d'un homme (son auteur) dans un milieu donné, à une époque donnée. Qu'il ait été retouché par la suite. Que sa compréhension soit rendue difficile, voire impossible, par une tradition (Hadits et Sunna) qui s'en est servie pour établir, puis conforter le pouvoir de Califes et de royaumes arabes - un musulman qui affirme cela est passible de mort.
              En France, les Nouveaux Penseurs de l'islam s'arrêtent tous au seuil de cette frontière infranchissable : la nature du Coran - et par conséquent, la personne du Prophète.

              Pendant des siècles, les chrétiens eux aussi ont cru que la Bible avait été dictée par Dieu à Moïse, seul auteur du Pentateuque. On sait maintenant qu'il n'en est rien. Eh bien ! Ce travail (qui fut pour nous long et douloureux), les musulmans ne l'ont pas encore commencé.
              Quelques chercheurs français s'y sont attelés : le P. Gabriel Théry ou le fr. Bruno Bonnet-Aymard (tous deux intégristes catholiques, ce qui ne retire rien à l'intérêt de leurs travaux). Et plus récemment M. Marie-Édouard Gallez. J'ai longuement travaillé et retravaillé leurs ouvrages, confidentiels et difficiles à trouver. Le résultat est à la fois stupéfiant, et riche d'un immense espoir.

    IV. Vous avez dit "dialogue" ?

             Stupéfiant, parce qu'il montre la distance qu'il y a entre la légende musulmane et la réalité du texte. La même distance, tout compte fait, qu'il y avait entre la vieille idéologie chrétienne et la réalité de l'Ancien Testament ou des Évangiles.
              Riche d'espoir, parce qu'il permet - enfin - de faire le tri dans les paroles du Coran. Et parce qu'on découvre que l'auteur a été un arabe converti au judaïsme rabbinique du VII° siècle, avant de rencontrer des hérétiques du christianisme (les nazoréens, souvent cités dans le Coran). Que dans le Coran se mélangent les eaux de ce judaïsme et de ce christianisme particuliers et marginaux. Que la violence, et l'appel à la violence, qui parcourent tout le texte viennent à la fois de ses sources juives rabbiniques, et du tempérament d'un homme, son auteur.
              Entreprendre l'éxégèse historico-critique du Coran, ce serait trouver le chemin d'un véritable dialogue entre juifs, musulmans et chrétiens. Ce serait faire la part des choses, comme nous avons su le faire pour l'Ancien Testament, comme on est en train de le faire (bien discrètement !) pour les Évangiles.

              Tant que ce travail ne sera pas entrepris ouvertement et publiquement, il n'y aura pas de dialogue possible entre islam et christianisme, entre monde musulman et Occident. On se contentera de discourir gravement sur le port du voile, l'application de la Cha'aria, la communauté de foi au même Dieu - mais... est-ce bien le même ?
              Faute de vrai dialogue, on se repliera sur la tolérance.
              On tolère ce qu'on ne peut pas éviter. On tolère des enfants turbulents, une rage de dents, des voisins incivils, l'énergie nucléaire, que sais-je... On tolère, mais on n'accepte pas profondément ce qu'on tolère. On supporte l'insupportable.
              Quand on tolère, on "fait avec", on s'en accomode tant bien que mal, pour éviter l'affrontement.
              La tolérance n'est pas le dialogue. La tolérance, c'est l'aveu de l'échec du dialogue.

              Pour que naisse un dialogue inter-religieux avec les musulmans, il faudra qu'ils s'engagent dans le long chemin qui fut celui des chrétiens vis-à-vis de leur propre "révélation"


              I have a dream ! Que des chrétiens (qui auraient vraiment digéré leur mutation) s'assoient à côté de musulmans. Qu'ils leur disent combien ce fut difficile pour eux, mais aussi immensément profitable. Quelle paix profonde provoque la redécouverte du visage de ceux qui ont transmis des textes, devenus sacrés.

    Et qu'aucun texte n'est "sacré" : tout texte "sacré" n'a qu'une mission : nous conduire à Celui qui est au-delà des mots.
              I have a dream ! En verrai-je le commencement, avant de mourir ?

                                         M.B., 1° mai 2008


    http://michelbenoit17.over-blog.com/article-19208523.html


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    Dimanche 7 septembre 2008

     

     

     

    Dimanche 24 août 2008

     

     

    (Après lecture de l'article Comment fut inventé le peuple juif, par Shlomo Sand, dans Le Monde Diplomatique, Août 2008, qui annonce son prochain livre, Comment le peuple juif fut inventé, Fayard, septembre 2008)

     

              Début août, une "Affaire Siné" a occupé nos médias momentanément privés de scandales. On a pu entendre sur les ondes les mots de race juive et d'identité raciale juive. Que peut-on dire à ce sujet ?

     

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    Identité raciale
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               Prenons un exemple : y a-t-il une race française ?
              Non, bien sûr. Il y a vingt ou trente siècles, une population s'est mise à exister entre Meuse et Pyrénées, entre Cap Finistère et Calanques. Celtes, Grecs, Romains, Northmen, "Barbares", Francs, Saxons, Lombards, tant et tant d'autres se sont établis sur ce territoire au cours des siècles pour que puissent naître, aujourd'hui, M. Martin et Mme Lefèvre !
              S'il n'y a pas d'identité raciale française, y a-t-il une identité française ?
              Oui. Nous ne nous sentons ni allemands, ni anglais.
              Qu'est-ce qui est à l'origine de cette identité ? Au rebours de l'Histoire :

    -a- Un phénomène récent, le Siècle des Lumières, et la Révolution de 1789. Pour faire bref, on pourrait dire que l'identité française a commencé à naître à la bataille de Valmy, et grâce à la première coalition européenne menée contre la France.

    -b- Mais l'idée de nation n'aurait pu naître à la fin du XVIII° siècle sans l'œuvre centralisatrice des rois, commencée sous Philippe le Bel, poursuivie par Louis XIV, achevée par Napoléon.
              Ce qui sous-tend cette lente naissance, et qui n'apparaît pas au premier coup d'œil, c'est le rôle continu et essentiel joué par la religion dans la naissance de notre identité nationale.
              On en a un exemple éclatant dans la guerre civile, commencée en 1529, et qui opposera pendant plus de deux siècles catholiques et calvinistes. La France est, ne peut être, que catholique.
              Pourtant, en France le catholicisme a été plaqué de l'extérieur sur une population - appelons-la "Celte" - qui possédait déjà une culture très riche, enracinée dans une religion autochtone vivante. Cette religion étrangère lui est venue de Turquie (Constantinople) et de nos cousins Ritals (Rome). Nos ancêtres, qui possédaient des cultes et un imaginaire religieux d'une grande richesse, n'éprouvaient nullement le besoin spontané d'aligner leurs deux genoux, mis à terre, sur la ligne immatérielle du dogme catholique. Ils se sont soumis.    
              Pour eux, le christianisme était une religion qu'ils n'ont pas inventée, qu'ils ont subie, qui leur venait d'ailleurs.
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    L'identité du peuple juif
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              "Tout israélien, écrit Shlomo Sand, sait sans l'ombre d'un doute que le peuple juif existe depuis qu'il a reçu la Loi dans le Sinaï... Chacun se persuade que ce peuple, sorti d'Égypte, s'est fixé sur la "terre promise" où fut édifié le glorieux royaume de David et Salomon", etc.
              "D'où vient cette interprétation de l'histoire juive ? Elle est l'œuvre, depuis la seconde moitié du XIX° siècle, de talentueux reconstructeurs du passé" En fait, le passé juif a été reconstruit, inventé, non pas au XIX° siècle mais dès l'Exil du VI° siècle avant J.C. Des théologiens politiques écrivent les Livres historiques de la Bible, et inventent une saga fondatrice qui ne repose sur rien ou presque. On sait aujourd'hui que l'Exode ne s'est pas passé tel que le raconte le Livre du même nom, que le royaume de David n'a rien à voir avec le Livre de Samuel et des Rois, et que même après la destruction du Temple en l'an 70 aucun exode massif n'a donné naissance à une diaspora juive qui existait déjà.
              Que s'est-il passé ?
              Au VI° siècle avant J.C., des prêtres prennent le pouvoir au milieu d'un conglomérat informe d'exilés à Babylone. Ils éprouvent le besoin d'une existence identitaire : pour y parvenir, ils inventent une religion, monothéiste, et la saga historique qui la justifie.
              A ma connaissance, c'est le seul cas où une religion ait été inventée par des "gens", volontairement, consciemment, pour que ces "gens" deviennent un "peuple".
              Vingt cinq siècles plus tard, ce peuple est devenu une race : c'est un français, Gobineau, qui a contribué de façon efficace à implanter ce concept racial au début du XX° siècle.
              L'identité juive est exclusivement religieuse. Sa transformation en identité raciale est récente, mais elle est revendiquée par les sionistes. "Depuis les années 1970, en Israël - continue Sand - une succession de recherches "scientifiques" s'efforce de démontrer, par tous les moyens, la proximité génétique des juifs du monde entier. C'est... un champ légitimé et populaire de la biologie moléculaire... dans une quête effrénée de l'unicité d'origine du "peuple élu"
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     Identité chrétienne, identité française ?
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              L'identité chrétienne s'est construite de la même façon, par une relecture orientée des événements qui ont suivi la mort de Jésus. J'ai pas mal écrit là-dessus (1), qualifiant cette relecture des événements d'imposture - imposture qui a donné naissance au catholicisme que nous connaissons.
              Le drame que nous vivons depuis les années 1950, c'est que ce catholicisme prend l'eau de toutes parts. Il ne faut pas s'en réjouir, l'écroulement de notre fondement identitaire accompagne et "marque" la crise identitaire profonde que connaît la France, et toute l'Europe catholique ou protestante.
              Il n'y aurait qu'une seule façon de sortir de cette crise, c'est de revenir à Jésus, tel qu'il fut en lui-même et non tel qu'il a été maquillé par les théologiens-historiens pour justifier l'immense édifice du christianisme catholique.
              Je constate que ce retour à Jésus, à ce qu'il a réellement fait ou voulu faire, à ce qu'il a réellement enseigné, est considéré comme irrecevable par nos contemporains. Ce serait admettre la faillite du christianisme, et nous ne le voulons pas puisque notre identité historique est en jeu.
              L'homme de Galilée pourra-t-il un jour être entendu ?
              Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre. Après tant d'autres, on ne peut que poser une petite pierre sur une route qui, telle qu'elle est, semble ne devoir mener nulle part.
                                           M.B.

     

    (1) Voir, dans ce blog, nombre d'articles et la publication de deux essais, Dieu malgré lui, nouvelle enquête sur Jésus et

     

    Jésus et ses héritiers.

    http://michelbenoit17.over-blog.com/article-22204589.html


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    http://www.lamed.fr/judaisme/Bible4Dummies/698.asp


    L'opinion d'un Rabbin


     

    Joseph et tous ses frères sont morts. Une nouvelle génération se lève. Elle n'a aucun souvenir des patriarches et s'assimile rapidement en Egypte. La nouvelle génération d'Egyptiens a depuis longtemps oublie les services que Joseph a rendus à leur pays. Les Israelites semblent être une minorité dangereusement puissante ; les Egyptiens en ont peur et en sont terriblement jaloux. C'est pourquoi, ils les asservissent.

     

    A travers les siècles d'exil juif, tolérance et assimilation ont alterné avec persécution et oppression. Au dix-neuvième siècle, un des plus eminents financiers se nommait Gerson Blechroder. Les enfants de Blechroder se sont convertis au Christianisme et ont contracté des mariages mixtes. Cela n'a pas epargné ses petits enfants qui ont été déportés à Auschwitz en tant que juifs.

     

    En Hébreu, homme se dit aussi " za'har " et mémoire se dit " ze'her " . La mémoire ne nous permet pas seulement de nous rappeler où nous avons mis nos clefs, elle nous permet aussi de savoir qui nous sommes.

     

    Nous sommes le résultat des expériences qui nous ont précédées. Et, lorsque les Enfants d'Israel oublient leurs ancêtres , ils oublient la signification de leur propre identité. Et finissent esclaves !!!

     

     

     

     

     

    Le rabbin Nachum Braverman a étudié la philosophie à l' Université de Yale. Il a été pendant plusieurs années directeur pédagogique de Aish HaTorah Los Angeles et est actuellement directeur, pour la région occidentale, du Fonds pour Jérusalem de Aish HaTorah. Il vit avec sa famille à Los Angeles.


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    Dimanche 7 septembre 2008

     

























     

              Une jeune femme (19 ans) que je ne connais pas, vient de mettre un commentaire sur ce blog. Je me permets de lui répondre, très rapidement, sous forme d'article.
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              Voici les extraits significatifs de son texte :
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              En tant que musulmane, je pense que la base du dialogue entre les juifs, les chrétiens et les musulmans serait que chaque religion accepte l'autre.

    Les musulmans à l'image de notre prophète reconnaissent Noé, Abraham, Moise Jesus etc en tant que prophètes? Mais en est-il de même pour les chrétiens et les juifs ?
    Reconnaissent-ils vraiment Mahomet comme le messager de Dieu porteur d'un mesage divin tout comme le fut Moise et Jesus ?
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              On retrouve en effet des "influences" juives et chrétiennes dans Le Coran, et pour cause. La Bible, Les Evangiles et le Coran proviennent du meme Dieu, non ? Dieu n'aurait pas lieu d'être s'il revenait sur ce qu'il disait, à chaque fois qu'il envoyait un ecrit saint par l'intermediare d'un Prophète !
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    Chère amie,
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              Vous posez, de façon limpide, le problème de fond qui rend impossible toute convergence entre musulmans et chrétiens.
              Vous dites (et c'est le dogme fondateur de l'islam) : Dieu n'aurait pas lieu d'être s'il revenait sur ce qu'il disait, à chaque fois qu'il envoyait un ecrit saint par l'intermediare d'un Prophète !
              Pendant plus de quinze siècles, les chrétiens ont fermement cru que les évangiles avaient été écrits par des hommes inspirés : ce qu'ils écrivaient ne venait pas d'eux, mais de l'Esprit Saint qui parlait à travers eux. Certains chrétiens (on les appelle fondamentalistes) le croient toujours. Tout comme ils croient que le Pentateuque, la Thora des juifs (les cinq premiers Livres de la Bible) ont été dictés par Dieu à Moïse. Ils ressemblent exactement aux fondamentalistes musulmans.
              Si l'on se tient à cette croyance, bien évidemment Dieu ne peut pas dicter une chose un jour, et son contraire un ou deux siècles plus tard. Il y a donc nécessairement progression de la Révélation, chaque prophète faisant faire un pas de plus à cette Révélation (sans annuler celles qui précèdent). Et c'est pourquoi le Coran présente son auteur comme le sceau des prophètes, et le Coran s'attribue à lui-même le titre de dernière Révélation.
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              On sait maintenant que les choses ne se sont pas passées ainsi. Mais il a fallu batailler ferme, dans le monde catholique, pour parvenir à une conception plus exacte de la Révélation. Ce qu'on appelle l'exégèse historico-critique (l'application à la Bible des techniques de lecture valables pour tout texte ancien) n'est autorisée officiellement chez les catholiques que depuis 1943 !
              Je ne ferai pas dans cet article - qui est plutôt une lettre amicale - un exposé de ce qu'est cette méthode de lecture, valable pour la Bible comme pour le Coran. Tous mes livres sont le fruit de cette méthode, que j'essaye d'appliquer avec discernement. Et sans oublier jamais qu'il ne s'agit pas de textes "morts", mais de textes pour vivre.
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              En un mot :
              "Dieu" n'a pas dicté le Coran à un Muhammad inculte, par l'intermédiaire de l'ange Ghibraïl. Cette croyance, c'est le dogme musulman, qui a été imposé, bien après la mort de Muhammad en 632, à l'Umma en formation - et pour des raisons politiques.
              Le résultat, c'est l'islam.
              Exactement comme les évangiles ont été mis par écrit, bien après la mort de Jésus, par des hommes qui ne cherchaient pas seulement à transmettre un souvenir, une mémoire de Jésus, mais aussi à établir un pouvoir politique - et ils ont parfaitement réussi.
              Le résultat, c'est le christianisme.
              Quelques chercheurs, presque tous d'origine chrétienne, et extraordinairement discrets, travaillent le texte du Coran selon les méthodes historico-critiques. C'est un immense travail, il a fallu un siècle et des centaines de chercheurs pour que le monde catholique découvre une autre vérité que celle du dogme de la Révélation, "dictée" par Dieu à des hommes.
              Ce travail, les penseurs musulmans ne l'ont pas encore commencé. Quelques-uns (peu nombreux) tournent autour, sans oser s'y aventurer, car leur vie est en jeu.
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              Il n'y aura pas de rapprochement possible entre musulmans et chrétiens (entre musulmans, chrétiens et juifs) tant que les musulmans ne s'attelleront pas, avec courage, à cet énorme travail de démythologisation du texte du Coran.
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              Peut-être, alors, découvriront-ils ce que j'ai esquissé dans le chapitre 59 du Secret du treizième apôtre. Vous vous doutez qu'en 3 pages, je n'ai pas pu faire état des résultats d'une recherche à peine esquissée ! Je n'ai fait qu'en donner les principaux résultats. Et dans le cadre d'un roman, ce qui "passe mieux".
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              Que vous dire d'autre ? Que pendant tous ces siècles où l'obscurantisme régnait sur la chrétienté, justifiant le pouvoir des papes et des évêques, il s'est trouvé quantité de grandes âmes pour découvrir "Dieu" à travers le dogme imposé, et malgré lui.
              Et des anonymes innombrables, une foule de sans-voix, admirables, qui en ont fait tout autant.
              Car "Dieu" n'est pas lié par les convoitises humaines : il se laisse trouver, même à travers le mur épais des mensonges dogmatiques, par les coeurs purs.
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              C'est peut-être cela, l'humour de Dieu : ce pied-de-nez qu'il fait aux prélats mitrés, aux imams, mollah et autres ayatollahs : "Dites toujours : vous n'empêcherez pas ces petits qui me cherchent, de me trouver".
              En attendant que l'islam évolue, et qu'il le fasse en profondeur, dans la paix, je vous souhaite ce même humour, jour après jour.
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                                 M.B.

    P.S. : Vous trouverez, dans la catégorie "ISLAM, JUDAISME, CHRISTIANISME" de ce blog, quelques "prudentes" réflexions à ce sujet.




     

     

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    Commentaires

    Merci de m'avoir repondu avec honneteté! J'ai bien lu et relu ce fameux chapître 59 mais alors que devrais-je croire? J'ai beaucoup lu sur la Révélation de Mahomet, elle est semblable à celle de Moise à travers le buisson ardent, Purquoi serait-ce impossible? Pourquoi serait-il impossible que Dieu aie désiré envoyé un Livre ( même plusieurs ) pour guider les hommes à travers des hommes qu'Il avait choisi (ses Prophètes)?

    Le Coran relève de la pure poésie, Dieu l'affirme lui-même si tous les hommes et tous les djinns se reunissaient pour ecrire quelque chose de comparable; ils en seraient tout bonnement incapables Le rêve d'Abraham, le déluge de Noé, la main blanche de Moise, les guerisons de Jesus, les miracles de Mahomet. Que doit-on alors penser de tout cela?? Que ce n'est que foutaises ?

    Que Mahomet eut été un disciple de prêtre rabbinique pourquoi pas. Qu'il ait cotoiyé des nazôréens tout cela est possible. Mais comment aurait-il été capable d'une telle poésie. Le Coran reste l'un des plus beaux recueils de poésie, aucun homme n'a jamais été capable d'egaler ce travail comment l'xpliquer?

    Et la personne de Mahomet? Contrairement à Jesus on ne le divinise pas, on sait qu'il était un homme comme les autres,vulnérable. Le Jardin Des Vertueux qui raconte les faits et gestes du Prophète par les compagnons selon des chaines claires et directes qu'est-ce?? Des mensonges, des inventions?? Si vous me repondez OUI alors dans quel but ?

    Le Coran et la Sunna sont pour nous des livres qui nous indiquent le droit chemin, nous montrent où est le bien où est le mal. Que dois-je alors penser de ce que j'ai appris?

    Si les musulmans sont si attachés au Coran et à Notre Prophète c'est parce que Mahomet était un homme bien, qui désirait faire le bien autour de lui et rétablir la religion d'Abraham en Arabie. Son comportement est un exemple pour nous, Mahomet prechait la gentillesse, la generosité, la piété et le respect mutuel comment pourrait-on l'imaginer en chef de guerre ?

    J'attends votre reponse avec impatience et j'espère que je ne semble pas trop réactionnaire, j'essaie juste de defendre ma religion dans un milieu qui lui semble plutôt hostile !

    Je sais que vous me repondrez avec sincerité.

    Amicalement.

     

    commentaire n° : 1 posté par : Amandine Loisel le: 27/08/2008 21:51:21

     

    Vous posez d'énormes questions, pas question d'y répondre ici. Juste quelques indications.
    Relisez le chap 3 du Livre de l'Exode : la "chose" qui parle à Moïse refuse de donner son nom. C'est la condamnation des toute théologie (=spéculation sur "Dieu"). La révélation à laquelle se réfère Muhammad et le judaïsme rabbinique est celle du Sinaï, Exode chap 19 et suivants. Elle est d'une toute autre nature.
    Mahomet poète inimitable ? On a retrouvé des fragments de poésie arabe antérieure au Coran, très belle. Et ensuite, il y a dans l'islam d'immense poètes, qui valent bien le Coran. La poésie coranique est celle du rabbinisme du VII° siècle, dans lequel Muhammad jeune a été formé.
    Muhammad "gentil" ? La 2° partie du Coran (chronologique, dite "médinoise") est le carnet de route d'un chef de guerre. Elle est remplie d'appels au meurtre.
    Pour les musulmans, comme pour les juifs et les chrétiens, la question est la même : Dieu n'a pas "dicté" une révélation. Des hommes ont écrit ce qu'ils percevaient de "Dieu", ils ont déchiffré les traces des pas de "Dieu" dans l'Histoire humaine. Le résultat est un mélange d'expriences spirituelles authentiques, et d'échos très humains, ambitions, frustrations, etc...
    Ce qu'on appelle "exégèse historico-critique" est la méthode de lecture qui tente de faire le tri. Elle est maintenant bien au point.
    Je serai absent pendant tout le mois de septembre...
    Bon courage !
    M.B.



    http://michelbenoit17.over-blog.com/article-22289985-6.html













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    Samedi 6 septembre 2008

    wikipedia.org

    Martin Luther King Jr
    Martin Luther King, le 26 mars 1964



    "Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots."

    Martin Luther King




    ________________________________________________________________________________________

    La pensée de Martin Luther King

    sur wikipedia.org

    Désobéissance civile et non violence

    Monument dédié à Martin Luther King à l'université d'Uppsala, Suède.
    Monument dédié à Martin Luther King à l'université d'Uppsala, Suède.

    Dans la Lettre de la prison de Birmingham écrite le 16 avril 1963 alors qu'il est arrêté pour une manifestation non violente, Martin Luther King répond à huit prêtres blancs de l'Alabama qui ont écrit quatre jours plus tôt une lettre intitulée Un appel à l'unité. S'ils admettaient l'existence des injustices sociales, ils exprimaient la croyance que la bataille contre la ségrégation raciale devait avoir lieu dans les tribunaux et non dans la rue. Martin Luther répond alors que sans des actions directes et puissantes comme celles qu'il entreprenait, les droits civiques ne seraient jamais obtenus.

    Il écrit qu' «attendre à presque toujours signifié jamais » et il affirme que la désobéissance civile est non seulement justifiée face à une loi injuste, mais aussi que « chacun a la responsabilité morale de désobéir aux lois injustes ».

    La lettre inclut la célèbre citation « Une injustice où qu'elle soit est une menace pour la justice partout » mais aussi les paroles de Thurgood Marshall qu'il répète : « Une justice trop longtemps retardée est une justice refusée »[74].

    Jusqu'à la fin de sa vie, Martin Luther King reste opposé à la radicalisation et à la violence prônée par le Black Power et souligne que « Les émeutes ne règlent rien » et considère ce moyen comme inefficace au-delà même de la nature opposée des émeutes à sa doctrine de non-violence, de morale et de foi[75] :

    « Si on dit que le pouvoir est la capacité à changer les choses ou la capacité à réussir ses objectifs, alors ce n'est pas le pouvoir que de s'engager dans un acte qui n'accomplit pas cela : et ceci quelque soit le bruit que vous fassiez et le nombre de choses que vous brûliez. »

    Pour lui une guérilla comme celle de Che Guevara est une « illusion romantique ». Il préfère la discipline de la désobéissance civile qu'il définit non seulement comme un droit mais aussi un hommage à une énergie démocratique inexploitée. De même pour la pauvreté, il demande aux militants d'« utiliser tout le pouvoir de la non-violence sur le problème économique », même si rien dans la constitution américaine ne garantit un toit et un repas. Martin Luther King reconnaît la difficulté de la tâche mais demande à ne pas être intimidé par ceux qui se moquent de la non-violence. Il note la similitude de leur lutte avec celle de Jésus[76] :

    « L'opinion publique s'est retournée contre lui. Ils ont dit qu'il était un agitateur. Il utilisait la désobéissance civile. Il a refusé les injonctions de la loi. »

    Foule à la marche sur Washington de 1963.
    Foule à la marche sur Washington de 1963.

    Pour Martin Luther, la non-violence est non seulement juste mais indispensable, car aussi juste que soit la cause d'origine, la violence signifie l'échec et le cycle de vengeance de la loi du talion, alors qu'il défend l'éthique de réciprocité[77] :

    « L'ultime faiblesse de la violence est que c'est une spirale descendante, engendrant la chose même qu'elle cherche à détruire. Au lieu d'affaiblir le mal, elle le multiplie. En utilisant la violence, vous pouvez tuer le menteur, mais vous ne pouvez pas tuer le mensonge, ni rétablir la vérité. En utilisant la violence, vous pouvez assassiner le haineux, mais vous ne pouvez pas tuer la haine. En fait, la violence fait simplement grandir la haine. Et cela continue… Rendre la haine pour la haine multiplie la haine, ajoutant une obscurité plus profonde à une nuit sans étoiles. L'obscurité ne peut pas chasser l'obscurité : seule la lumière peut faire cela. La haine ne peut pas chasser la haine : seul l'amour peut faire cela. »

    il affirme également que la fin ne peut justifier les moyens contrairement à la formule de Machiavel[78] :

    « J'ai toujours prêché que la non-violence demande que les moyens que nous utilisons doivent être aussi purs que la fin que nous recherchons. J'ai essayé de rendre clair que c'est mal d'utiliser des moyens immoraux pour atteindre une juste fin. Mais je dois affirmer maintenant que c'est aussi mal, voir pire encore, d'utiliser des moyens moraux pour préserver une fin immorale. »

    Dans sa Lettre de Birmingham, il répond même aux prêtres, qui l'accusent de créer des opportunités à la violence avec sa désobéissance civile pacifique dans un milieu raciste, que celui qui demande justice de manière non-violente ne peut être le fauteur de trouble[79] :

    « Dans votre déclaration, vous affirmez que nos actions, bien que pacifiques, doivent être condamnées parce qu'elles précipitent la violence. Mais est-ce une affirmation logique ? N'est-ce pas comme si vous condamniez un homme qui s'est fait volé parce que le fait qu'il possède de l'argent aurait engendré l'acte du vol ? »

    Égalité raciale, liberté et fierté

    Au-delà de son combat pour l'égalité raciale, du discours I have a dream où il imagine que ses « quatre jeunes enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés par la couleur de leur peau, mais par le contenu de leur personne » et de la victoire politique avec les votes des Civil Rights Act et Voting Rights Act, Martin Luther King a identifié que l'égalité raciale ne vient pas seulement des lois qui défendent la personne mais surtout de la façon dont cette personne se perçoit elle-même[80] :

    « Aussi longtemps que l'esprit est mis en esclavage, le corps ne peut jamais être libre. La liberté psychologique, un ferme sens d'estime de soi, est l'arme la plus puissante contre la longue nuit de l'esclavage physique. Aucune proclamation d'émancipation lincolnienne ou charte des droits civiques johnsonienne ne peut apporter totalement cette sorte de liberté. Le nègre sera libre quand il atteindra les profondeurs de son être et qu'il signera avec le stylo et l'encre de son humanité affirmée sa propre déclaration d'émancipation. Et avec un esprit tendu vers la vraie estime de soi, le nègre doit rejeter fièrement les menottes de l'auto-abnégation et dire à lui-même et au monde : “Je suis quelqu'un. Je suis une personne. Je suis un homme avec dignité et honneur. J'ai une histoire riche et noble”. »

    Pacifisme et engagement personnel

    Corps d'hommes, de femmes et d'enfants au Massacre de Mỹ Lai mené par l'armée américaine, le 16 mars 1968.
    Corps d'hommes, de femmes et d'enfants au Massacre de Mỹ Lai mené par l'armée américaine, le 16 mars 1968.

    Martin Luther King souligne que la non-violence n'est pas seulement une méthode juste, mais aussi un principe qui doit être appliqué à tous les êtres humains, où qu'ils soient dans le monde, et compare la campagne non-violence acclamée aux États-Unis à la violence de la guerre du Viêt Nam soutenue par une partie de l'opinion américaine :

    « Il y a quelque chose d'étrangement inconsistant dans une nation qui vous acclame quand vous dites “Soyez non-violent avec Jim Clark”[81], mais qui vous maudira et vous damnera quand vous direz, “soyez non-violent avec les petits enfants vietnamiens marrons”[82]. Il y a quelque chose qui ne va pas avec cette presse. »

    Pour Martin Luther, la non-violence doit mener au pacifisme, surtout dans le contexte de la guerre froide et de la stratégie militaire de destruction mutuelle assurée qui pouvait mener à l'apocalypse[83] :

    « Les hommes, depuis des années maintenant, ont parlé de la guerre et de la paix. Mais maintenant, ils ne peuvent plus juste en parler. Ce n'est plus un choix entre la violence et la non-violence dans ce monde ; c'est un choix entre la non-violence et la non-existence. »

    Martin Luther King invoque souvent la responsabilité personnelle pour développer la paix mondiale[84]. Pour lui, le triomphe du bien sur le mal est inévitable, malgré les fréquents reculs et guerres de l'histoire[85] :

    « Je refuse d'accepter la notion cynique que nations après nations doivent descendre l'escalier militariste vers l'enfer de la destruction thermonucléaire. Je crois que la vérité désarmée et l'amour inconditionnel auront le mot de la fin en réalité. C'est pourquoi le bien, même temporairement vaincu, est plus fort que le mal triomphant. »

    Il admet que cette opinion idéaliste et morale est difficile à tenir dans ce contexte historique, mais il souligne que la conscience et l'idéal de justice ne doivent pas reculer face à une opinion publique défavorable, au calcul politique ou à une tâche qui semble insurmontable[86] :

    « Sur certaines prises de positions, la couardise pose la question : “Est-ce sans danger ?”, l'opportunisme pose la question : “Est-ce politique ?”, et la vanité les rejoint et pose la question : “Est-ce populaire ?”. Mais la conscience pose la question : “Est-ce juste ?”. Et il arrive alors un moment où quelqu'un doit prendre position pour quelque chose qui n'est ni sans danger, ni politique, ni populaire mais doit le faire parce que sa conscience lui dit que c'est juste. Je crois aujourd'hui qu'il y a un besoin pour toutes les personnes de bonne volonté de se rassembler dans un grand acte de conscience et de dire les mots du vieux negro spiritual, “Nous n'allons plus étudier la guerre”. Ceci est le défi de l'homme moderne. »

    Vie spirituelle contre confort matériel

    Monument Martin Luther King, Yerba Buena Gardens, San Francisco, États-Unis.
    Monument Martin Luther King, Yerba Buena Gardens, San Francisco, États-Unis.

    Martin Luther King, sans préconiser un retour vers la simplicité volontaire ni devenir un critique du développement comme Gandhi, met en garde contre l'american way of life dont la course à la consommation et le matérialisme peut détourner l'homme de la cause du bien et de la spiritualité[87] :

    « Maintenant la grande tentation et la grande tragédie de la vie est que nous autorisons si souvent l'extérieur de nos vies absorber l'intérieur de nos vies. La grande tragédie de la vie est que nous autorisons trop souvent les moyens par lesquels nous vivons nous éloigner de la fin pour laquelle nous vivons. […] Quel est le profit pour un homme de gagner le monde entier de moyens — avions, télévisions, éclairage électrique — et perdre la fin : l'âme ? »

    Selon lui ce profond changement s'apparente à une révolution des valeurs qui permettra de vaincre les plus grands maux de la civilisation[88] :

    « Je suis convaincu que si nous voulons être du bon côté de la révolution mondiale, nous devons comme nation entreprendre une révolution radicale de valeurs. Nous devons rapidement commencer à passer d'une société “orienté vers les choses” à une société “orienté vers la personne”. Quand les machines et les ordinateurs, les motifs de profits et les droits de propriété sont considérés plus important que les individus, les triplés géants du racisme, du matérialisme et du militarisme sont impossibles à battre. »

    Foi, amour et pouvoir

    Martin Luther King, 1964.
    Martin Luther King, 1964.

    De par sa vocation de pasteur, Martin Luther King place la bible au cœur de son message, considérant que l'humanité a été depuis trop longtemps « dans la montagne de la violence », qu'elle devait aller vers « la terre promise de justice et de fraternité ». Pour lui cet objectif est une mission divine car on « ne devait jamais se satisfaire d'objectifs inachevés […], toujours maintenir une sorte de mécontentement divin »[89].

    Cette volonté divine et ce message d'amour transmis par l'évangile impliquent selon lui une volonté inébranlable face à l'adversité, « un esprit dur et un cœur tendre »[90], comme enseigné directement par Jésus à ses disciples[91] :

    « Jésus reconnut la nécessité de mélanger les opposés. Il savait que ses disciples devraient faire face un monde difficile et hostile, où ils auraient à se confronter à la récalcitrance des politiques et à l'intransigeance des protecteurs de l'ordre ancien […] Et il leur donna une formule d'action, “soyez aussi sage que des serpents et aussi inoffensifs que des colombes”. »

    L'amour n'est donc plus pour Martin Luther seulement une fin mais aussi un moyen d'arriver à la paix et la justice mondiale, et il réfute la notion de faiblesse de l'amour qu'ont émis certains philosophes dont Nietzsche[92] :

    « Cette demande d'une communauté mondiale qui élève les problèmes de voisinage au delà de la tribu, la race, la classe et la nation est en réalité un appel pour un amour universel et inconditionnel de l'humanité toute entière. Ce concept souvent incompris, souvent mal interprété, si rapidement éludé par les Nietzsche du monde comme une force faible et lâche, est maintenant devenue une nécessité absolue pour la survie de l'homme. Quand je parle d'amour je ne parle pas d'une espèce de réponse sentimentale et faible. Je ne parle pas d'une force qui est juste un non-sens sentimental. Je parle d'une force que toutes les grandes religions du monde ont vu comme le principe unifiant suprême de la vie. L'amour est la clef qui ouvre la porte qui mène à la réalité ultime. »

    Martin Luther King considère que le pouvoir dans ce contexte n'est pas quelque chose de mauvais en soit à partir du moment où il est compris et utilisé correctement, c'est-à-dire quand il n'est pas considéré comme l'opposé exact de l'amour. Pour lui, la mauvaise interprétation que l'amour est l'abandon du pouvoir et le pouvoir un déni d'amour est la raison pour laquelle Nietzsche a rejeté le concept chrétien d'amour et les théologiens chrétiens le concept Nietzschéen de la volonté de puissance.

    « Le pouvoir sans amour est dangereux et abusif, l'amour sans pouvoir est sentimental et anémique. Le pouvoir à son meilleur est l'amour implémentant la demande de justice, et la justice à son meilleur est le pouvoir corrigeant tout ce qui fait obstacle à l'amour. »

    Une lutte pour le pouvoir sans amour ou conscience est donc vouée à l'échec, que ce soit pour les blancs ou les noirs. Pour lui « c'est cette collision entre un pouvoir immoral et une moralité impuissante qui constitue la crise majeure de notre temps »[93].

    Bien qu'homme de foi, Martin Luther est pour la laïcité et il approuve une décision de la cour suprême d'interdire la prière dans les écoles publiques. Il commente que « cela ne cherche pas à mettre hors la loi la prière ou la croyance en Dieu. Dans une société pluralistique comme la nôtre, qui doit déterminer quelle prière doit être dite et par qui ? Légalement, constitutionnellement ou autre, l'État n'a certainement pas ce droit »[94].







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    Jeudi 4 septembre 2008

     

     

     

    Massoud, homme de paix



    Fondements de l'Islam

     

     

     


    L’Islam, révélation divine de lumière intérieure, d'amour, de fraternité humaine, de justice sociale, ouverte à tous, est la seule religion qui accepte tous les Prophètes.

     


    L'Islam, 2ème religion du Monde en nombre de fidèles, proclame que la vie est un cadeau divin afin que l'homme puisse sentir un rapprochement avec Allah et atteindre la perfection en se servant pleinement des possibilités qu'offrent le corps et l'esprit.

     


    Les rapports entre l'homme et Allah sont directs et personnels, sans besoin d'intermédiaire. Mêmes les personnages les plus saints, comme les Prophètes, ne sont que des guides, des messagers. C'est à l'individu de faire son choix : il est responsable directement devant Dieu. Il y a donc absence de clergé et le seul lien entre Allàh et le fidèle est la Sainte Prière.

     


    L'Islam dernière des religions révélées !


    Par le prophète Mohammed (Paix et Bénédiction sur Lui), fils d'une famille de marchands, il ne savait ni lire, ni écrire. Le Coran Lui a été révélé par l'Archange Gabriel (Djebraïl)

    L'Islam est la religion de la soumission et de l'abandon à Dieu, de la Justice par excellence et de l'Amour.
    L'Art par exemple est capital dans l'Islam : il doit rappeller Dieu, guider vers Dieu. Ainsi la mystique de l'Islam, le Soufisme est basée sur le rappel (Dikr) du nom de Dieu et de Ses Vertus.
    Mais l'Islam englobe également les règles politiques. Ainsi pour les Chi'ites, c'est le plus sage, le plus vertueux, qui doit être à la tête de la communauté.

    L'ensemble des croyants s'appelle la Umma. Tous les Musulmans du Monde prient aux mêmes heures et dans la même direction : la Qibla.

    5 piliers:

    - Le témoignage (Chaada) de sa foi en l'unicité de Dieu et en son prophète Mohammed (Paix et Bénédiction sur Lui)
    - La prière, cinq fois par jour (Salât)
    - L'Aumône (Zakat)
    - Le pèlerinage à la Mecque (Hadj)
    - Le Ramadan (Ramadàn)

     

    Le Credo:

    - Allah
    - Les prophètes : Abraham (Ibrahim), Moïse (Moussa), Jésus (Aïssa), Mohammed.
    - Les livres : (Bible ? , Coran...)
    - Les Anges

    Homme de Paix

     

     



    Ce jour là, il avait versé des larmes. Lui, dont certains voulaient faire un seigneur de guerre, s'était abandonné. C'était en 1993, dans une petite maison perdue aux confins de Kaboul. Au loin le canon tonnait, des rafales de mitrailleuses lourdes zébraient la nuit, les obus déchiraient la neige. A la lueur d'une lampe à pétrole tremblotante, au cœur de cette capitale plongée dans une obscurité encore plus profonde que le désespoir, Ahmad Shah Massoud s'était laissé aller: "Oui, avait-il reconnu, deux larmes perçant au coin de ses yeux, d'habitude si vifs, tant de souffrance, c'est une catastrophe, un gâchis sans nom."

    Il vécut en toute liberté et cette attitude lui valut "toujours des critiques". Ils furent nombreux à le convaincre de faire allégeance. A ces suggestions, il ne répondait pas, jamais! Seuls ses yeux riaient, et il y avait alors, dans ce regard, une ironie et une distance qui ne peuvent appartenir qu'à ceux qui se savent investis.

    Il aime lire. Ceux qui viennent le voir prennent d'ailleurs l'habitude de lui apporter des ouvrages de stratégie, de philosophie, de poésie…Sa curiosité est immense. Il est comme insatiable et, quand parfois il parle de religion, ses propos évoquent un islam aussi doux qu'une pêche du Panjshir.

    Pour faire obstacle aux taliban, Ahmad Shah Massoud disait qu'ils avaient mené "un coup d'état contre l'Islam : ces gens sans culture nous montrent le visage de la terreur et de l'oppression, mais ils ne connaissent pas l'Afghanistan. Le pays n'est pas à leur image." Pour Massoud, l'Afghanistan était le pays le plus beau du monde. Ne reculant devant aucune prise de risque, il a toujours été prêt à mourir. Il n'aimait rien tant que ces réveils à l'aube quand, engoncé dans une couverture, l'on découvre d'un œil endormi et frileux les indescriptibles montagnes afghanes. Il savourait chaque jour nouveau comme un don divin.

     


    Christophe De Ponfilly dit qu'il n'a pas réussit à filmer Massoud l'Homme de Paix.

    Et pourtant:


    "Nous retrouvons Massoud dans son bureau. Il est, ce 7 juillet 1997, étonnamment détendu. Il rit volontiers lorsque Merab lui demande comment il parvient à combiner le travail politique et le travail militaire.
    - Comme tu le vois: tout naturellement, répond-il en enfilant ses chaussures qu'il avait ôtées pour prier. Je m'efforce de régler les problèmes au jour le jour.
    Dans le bureau, peu de monde, seulement quelques commandants réunis pour une réunion à juste titre appelée "restreinte". Ils attendent un appel téléphonique de leur correspondant à Mazar afin de savoir où en est la constitution du gouvernement. Ce rêve en marche dont nous a parlé Qanony. Mais le satellite tourne au-dessus de nos têtes et ne transmet rien. Le temps passe en allées et venues de messagers pour des affaires d'intendance. Puis je filme Massoud qui prend un exemplaire du bulletin édité chaque semaine par l'ingénieur Is'Haq et son équipe de journalistes.
    - Il y a un poème dans notre journal. Quelqu'un l'a-t-il lu? demande Massoud à la cantonade.
    Les commandants présents s'emparent d'un exemplaire et plongent le nez dedans avec application. La scène est drôle! On dirait de mauvais élèves pris en défaut.
    - "Le Verre brisé", dit Massoud. C'est le titre de ce poème.
    Personnellement je l'ai lu deux fois pour le commandant. Le voici:
    "Il fait nuit, nos regards ont les yeux de ceux qui attendent..."
    Vous comprenez?
    Les hommes dodelinent de la tête, mi-affirmation, mi-négation, de peur de se faire engueuler. De vrais lèche-bottes!
    - Toi, le mollah, dit Massoud avec un grand sourire, c'est trop dur pour toi! puis il reprend:"Il fait nuit, nos regards ont les yeux de ceux qui attendent... Dans la nuit les étoiles scintillent ça et là..." Tu comprends? demande Massoud à un commandant.
    - Oui, quand on regarde le ciel, on y voit plein d'étoiles.
    - Non! Qu'est-ce que cela veut dire?
    "Dans la nuit, les étoiles scintillent ça et là...
    "Trempé des larmes de peine et de souffrances
    "Mon lit se trouve comme posé sur des flammes...
    "Arrosé du courage un rien devient perle
    "S'il atteint le courant de ma volonté.
    "A l'image d'un jardin à l'approche du printemps."
    Dans le bureau, personne n'ose lever la tête d'un texte qui laisse ces esprits imperméables. Aussi Massoud se met-il à en commenter la substance pendant que je continue à le filmer.
    - Un rien insignifiant, vous savez, une perle, une goutte de pluie qui n'était rien, quand elle tombe sur une perle, la goutte devient perle. C'est pareil pour le courage. Mon courage est une perle. Un rien rejoint mon courage et devient perle. Ca veut dire que je suis un homme si courageux que tous ces problèmes et ces souffrances ne peuvent m'atteindre:"A l'image d'un jardin à l'approche du printemps."
    Massoud pose le journal sur la table.
    - Ce jeune poète a beaucoup de talent. Il habite Rokha et deviendra sans doute un grand poète de l'Afghanistan. Si jeune! Il a des inventions lumineuses et de belles manières de les mettre en forme.
    Je demande à Massoud s'il aime la poèsie.
    - Quand j'ai le temps, je lis des poèmes, confie-t-il.
    Ce moment, saisi au hasard d'une visite, se trouve dans le film. Massoud tel qu'il est, avec sa gentillesse, son amour de l'Afghanistan, sa douce ironie vis-à-vis de ses hommes qui regardent le doigt lorsqu'on leur montre la lune. Un tel instant de grâce arrive soudainement. "Séquence poème."
    Maintenant qu'elle a été enregistrée, elle pourra vivre et revivre longtemps sur des écrans et dans nos souvenirs.
    Non, Massoud n'a rien d'une brute de guerre, comme l'affirment certains (qui ne l'ont jamais rencontré!), même si les drames qui jalonnent son existence ont tracé sur son visage des sillons profonds jusqu'à l'âme, qu'il protège de tout regard extérieur. A fortiori d'une caméra."

    Massoud l'Afghan, p111-112-113.


    Sources:

    - Patrick de Saint-Exupéry.
    - Christophe de Ponfilly.


       
     

     

     

    http://ahmadshahmassoud.free.fr/massoud/html/islam.htm


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