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    Vendredi 6 novembre 2009



    L'appel aux nouvelles « croisades »

     

    On se souvient que Nicolas Sarkozy a été élu président de la République française au mois de mai 2007. Le passage du relais US en Europe étant donc assuré, Tony Blair, le caniche de Bush, qui a apporté son soutien inconditionnel, contre le gré du peuple britannique, aux guerres d'agression contre l'Irak et contre l'Afghanistan, pouvait enfin céder son poste de premier ministre britannique. Ce qu'il fit en juin 2007.

     

     

    Dans la foulée, Blair fut remercié pour ses efforts dans la défense des « bonnes » causes pour mater et civiliser les « sauvages », en étant nommé comme représentant du Quartet au Proche Orient pour y apporter la « paix ». Une tâche dont il s'est brillamment acquittée car il a su se montrer silencieux et patient en attendant que les sionistes finissent leur folie meurtrière de grande envergue à Gaza. Il s'est finalement rendu sur la bande de Gaza début mars 2009, en vrai gentleman, et pour la première fois depuis sa nomination comme représentant du Quartet, afin de faire part à l'humanité de son émotion devant la destruction massive, mais aussi de sa détermination à tout faire pour reconstruire Gaza. Nobles sentiments !

     

    Des beaux parleurs comme Blair, on peut toujours en avoir besoin et on saura toujours leur trouver une place sur la scène internationale. En effet, voilà que le Times nous fait part ce jeudi 23 avril 2009 de son appel au monde pour faire la guerre contre « l'islam militant ». Monsieur Blair semble se préparer maintenant à une autre grande destinée pour mobiliser en faveur des nouvelles guerres « défensives » ou « préventives » contre le « terrorisme islamique », voire des guerres d' « ingérence humanitaire », que s'apprête à mener le nouvel-ancien conseil d'administration de l'empire US en s'appuyant sur une « coalition internationale » de ses alliés bien connus, et pour promouvoir sa « démocratie » qu'il veut appliquer dans les territoires conquis.

     

    Le journal rapporte que Blair s'est adressé à un forum sur la religion et la politique à Chicago au soir du mercredi 22 avril, pour appeler à combattre ce qu'il a appelé « l'islam militant », à l'instar du combat qui a été mené contre le communisme révolutionnaire !

     

    Son discours intervient presque dix ans depuis sa première intervention à Chicago aussi lors de la crise de Kosovo où il a défini une « doctrine de la communauté internationale » qui rend légitime toute intervention, y compris militaire, en cas de crise humanitaire ou de grave oppression de la population civile.

     

    Tony Blair a maintenu sa position en justifiant son intervention en Irak et en Afghanistan et en affirmant qu'il était pour le renversement de ceux qui opprimaient leurs citoyens.

     

    Pour Blair les raison de la doctrine qu'il avait proposée il y a dix ans sont toujours aussi fortes aujourd'hui. Il rappelle les attentats à Mumbai, en Irak, et en Afghanistan, les tentatives de déstabilisation au Yémen et les camps d'entrainement des rebelles en Somalie, pour souligner qu'il ne s'agit pas d'un mouvement et d'un commandement unique, mais qu' « il y a une idéologie commune », de « l'extrémisme jihadiste ». Et il pointe « des éléments parmi les dirigeants d'un grand pays, à savoir l'Iran, qui soutiennent et viennent à l'aide de ceux qui font recours à cette idéologie ».

     

    Blair apporte tout de même son soutien à la politique de la main tendue d'Obama envers l'Iran pour ne pas donner prétexte au gouvernement iranien que l'Occident refuse le dialogue. Cependant il affirme que le but de ce dialogue doit être « de mettre un terme à la politique de déstabilisation menée par le régime iranien et à son soutien au terrorisme ».

     

    Blair énumère différents conflits dans le monde, d' « Israël » à l'Irak en passant par les Philippines et l'Algérie et il insiste qu'il est temps de se rendre compte qu'il y a un factor principal commun dans ces conflits ; parmi ceux qui se battent il y en qui le font « au nom de l'islam ».

     

    Bien sûr Blair prend garde de souligner que le vrai islam est opposé à ce que « prêchent les extrémistes » et il soutient l'ouverture du président Obama envers le monde musulman, mais il avertit que cela pourrait créer « l'illusion de croire qu'il y a une autre alternative que de mener ce combat à son terme ».

     

    Car pour lui il s'agit de vaincre « l'idéologie en tant que mouvement au sein de l'islam », car cette idéologie est incompatible non pas seulement avec l'Occident mais même avec les « musulmans ouverts et tolérants ». Il souligne l'importance de « soutenir les musulmans qui croient profondément à l'islam tout en croyant en la coexistence pacifique, et à s'associer à eux pour affronter et vaincre les extrémistes qui n'y croient pas. »

     

    Blair affirme que cela ne suffit pas de renverser un régime despotique pour créer les conditions du progrès, mais qu'il faut mener un combat pour une victoire plus globale et mieux définie.

     

    Ensuite, il définit une stratégie en six points qui inclut l'usage des forces armées en cas de nécessité. « Nous devons comprendre une seule chose : quand nous sommes appelés à nous battre, nous devons le faire. Si nous sommes vaincus quelque part, nous risquons d'être vaincus partout ».

     

    Enfin Blair finit par nous offrir une fleur en affirmant qu'il « n'accepte pas du tout le point de vue qui prétend que la démocratie est irréalisable ou refusée dans le monde musulman. Bien on contraire, c'est seulement en incitant à plus de démocratie, bien que graduellement, que ce combat sera gagné ».

     

    Merci Monsieur Blair, voilà ce qui est clair. Cependant, vous ne nous dites pas combien de nouveaux morts collatéraux cela risque de faire ?

     

    Et puis, il en est où la reconstruction promise de Gaza, Monsieur Blair ?

     

    Iyad Abbara

    Le 25 avril 2009

     

     

    PS. :

             • Pour être complet, je n'ai pas eu à traduire le texte du Times. En effet je suis tombé sur une traduction intégrale du texte sur un site canadien dont l'objectif déclaré est de « s'attaque à l'islamisme » et qui était ravi du discours de Blair tout en trouvant que Blair ne va pas suffisamment loin sur la vérité de l'islam.

             • L'autre site qui cite des extraits du discours de Blair est le site d'un conseil représentatif français bien connu pour son soutien farouche de l'état sioniste, dont le président a prétendu que 95% des juifs français soutiennent la politique de cet état, et qui mène un combat tambour battant contre tous ceux, en France ou ailleurs, qui osent afficher leur soutien aux mouvements de résistance palestinien ou libanais. C'est tout dit.

     

     

    http://www.timesonline.co.uk/tol/comment/faith/article6153607.ece

     http://albatroz.blog4ever.com/blog/lire-article-10832-1405817-la_derive_nationaliste_de_la_fausse_gauche.html



    Sur ce blog (portugais ?), sur la même page :




    collage de Robert Varlez

    Le port de la burqa menace l'ordre républicain bourgeois. Au nom de la "fierté d'être français" on appelle au "combat commun droite/gauche" pour préserver "l'identité de la France". D'un mot, il s'agirait d'un "défi de civilisation" auquel nous invite non pas un quelconque parti fasciste ou agent particulièrement niais du parti républicain américain, mais tout bonnement le député du PCF, André Gérin, ex-maire de Vénissieux. L'homme est déjà bien connu pour ses prises de position nationalistes bornées qu'il a confirmé avec "Les ghettos de la République", un livre publié en 2007 où il justifiait les célèbres propos de Chirac de juin 1991, sur d'insupportables "bruits et odeurs" des familles immigrées, qui troubleraient le cadre de vie idyllique des familles autochtones...
    Dans une lettre du 11 avril dernier, adressée au premier ministre, Gérin réclame la convocation d'une commission d'enquête parlementaire pour barrer la route à la menace islamiste radicale "qui mène une lutte anti-France, anti-blancs"; il veut une commission pour enquêter et, bien sûr interdire, le port de la burqa qui "constitue, auprès de la population, une gène, un rejet et un trouble à l'ordre public"; il s'inquiète au nom de milliers de ses concitoyens "de voir sur nos marchés, nos lieux de commerces et de loisirs des femmes emprisonnées, entièrement voilées", pretend-il.
     
    Mais quelle est donc l'ampleur de cette menace? Ça presse, prévient Gérin, le phénomène s'est "amplifié ces dix dernières années" et notamment depuis un certain 11 Septembre —  évènement qui a opportunément permis de mettre à l'ordre du jour la théorie du "choc des civilisations"... et le besoin impérieux d'une nouvelle croisade guerrière en Orient.
    Mais combien sont-elles ces femmes "prosélytes", ces "fantômes ambulants" soumises "au mari" ou à une "conception radicale de la religion" (pour utiliser le langage de Gérin)? Curieusement ce sont les services de police qui viennent désarmer l'ardeur anti-intégriste du imprécateur au ruban tricolore. Une note de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) datée du 8 juillet dernier révèle "que seules 367 femmes en France seraient voilées intégralement sous une burqa ou un niqab". Ça étonne de prime abord : si peu et si précis?! On se demande comment la police a procédé à un tel comptage et à plus forte raison comment est-elle arrivée à un chiffre d'un telle précision... suisse!  Bien entendu, on n'a pas besoin d'être un fin limier pour que chacun se rende compte que "l'invasion de la burqa" n'existe pas, sinon sous la forme d'une hallucination ancrée dans le cerveau surchauffé d'un Gérin probablement gavé de soleil ...et sottises.
     
    Néanmoins, l'appel républicain du député "communiste" n'a pas laissé indifférent Sarkozy qui devant le Congrès réuni à Versailles le 22 juin, déclarait : "Je veux le dire solennellement : la burqa n'est pas la bienvenue sur le territoire de la République française". Et, à la vitesse d'un éclair à laquelle le chef suprême de la bourgeoise nous a habitué, la commission d'enquête réclamée par Gérin, muée en "commission d'information", s'est installée le 1er juillet à l'Assemblée Nationale pour dresser "l'état des lieux", dont elle doit rapporter les conclusions en début d'année 2010. Et le voilà Gérin à la tête de sa commission parlementaire composée de 32 membres, réunissant la fine fleur de la réaction parlementaire française, tous, bien entendu, avec "la main tendue vers les musulmans" pour "faire reculer l'intégrisme".

    Voilà un Gérin populiste marchant côte à côte avec l'une des droites les plus chauvines et coloniales de l'Europe avec la complicité implicite de son parti — appelé toujours communiste — et qui laisse faire son poulain sans piper le moindre mot...  Tout cela, sous prétexte de laïcité et de lutte contre l'intégrisme, sous prétexte de défendre l'Occident et la République, et surtout, sous prétexte de protéger, défendre et étendre les droits des femmes. Les voilà partis en guerre une fois de plus contre l'islam pratiqué en France : il serait la seule religion répressive à l'égard des femmes et cela en raison de la visibilité de l'apparat vestimentaire des fidèles (et les menaces cachées intrinsèques), tout en épargnant la critique des autres religions du Livre. La conséquence évidente et immédiate d'une telle tempête dans un verre d'eau, tempête unilatérale et provocatrice, sera l'aggravation inévitable des tensions raciales déjà criantes au sein de la population. En pleine crise, devant les nouvelles vagues de licenciement qui pointent, devant une législation de plus en plus liberticide, Gérin sert objectivement les dessins transparents de la bourgeoisie réactionnaire dirigée par Sarkozy : faire diversion en attisant les haines religieuses entre les communautés, diviser particulièrement la classe ouvrière suivant une ligne religieuse.
     
    Le fait religieux ("radical" ou pas), n'est pas le produit d'un complot, d'une conspiration ourdie dans le secret par un groupe de cléricaux fanatiques cachés miraculeusement dans une grotte au fin fond d'une montagne inaccessible, manipulant à dessin et au moyen de "sortilèges divins" des millions d'hommes et de femmes à travers la planète, téléguidant au moyen de multiples et innombrables "mains invisibles" des réseaux redoutables équipés à la manière de James Bond... et qu'on traque patiemment dans les halls de gare et les SAS des aéroports... C'est pourtant ainsi qu'on décrit le tableau général des troubles dans le pays et dans le monde. C'est bien ainsi que tous les organes de médiation bourgeoise véhiculent l'image de l'ennemi actuel de l'Occident, donc, de notre supposé ennemi commun — ce n'est plus le rouge, le totalitaire, le communiste mais le terroriste, l'intégriste, l' islamiste.  C'est ainsi que l'appareil de propagande bourgeois réduit la lutte politique majeure de notre temps à une sombre histoire compliquée entre flics et malfrats. Nous sommes là au coeur même du paradigme culturel type — décliné maintes fois en récits romanesques, biographies express, reportages haletants, représentations dramatiques, séries audiovisuelles, cinéma hollywoodien — auquel sont réduits les conflits de classes, qu'ils soient quotidiens ou de longue haleine, dans un monde qui au fond ne reconnaît qu'un seul dieu, l'argent. Cette représentation politique simple et simplette, entre le bien et le mal, entre les bons et les méchants, répondant aux archétypes bien rodés du réel réinterprété par la machine idéologique dominant, d'une religion hostile à l'ordre impérial dominante, justifie donc le recours naturel à la guerre sur le plan extérieur et à la vigilance policière accrue et toute une floppée de lois scélérates à l'intérieur des frontières.
     
    Or, la religion est une représentation idéologique globale du monde, un reflet inversé du réel dans la conscience. L'illusion religieuse est bel et bien le produit du réel. Elle a donc ses racines dans le monde social tel qu'il est. Lutter contre la religion est d'abord lutter contre ce monde, pour son dépassement. "Il est clair que tout bouleversement historique des conditions sociales entraîne en même temps le bouleversement des conceptions et des représentations des hommes et donc de leurs représentations religieuses" (Marx, "l'idéologie allemande, 1846).  
    D'autre part, comme l'a souligné Nadine Rosa-Rosso lors de son intervention au Forum international de Beyruth du 17 janvier 2009, si la religion est "l'opium du peuple", phrase lapidaire de Marx si souvent citée par ses adeptes, elle est bien précédée d'une réflexion fort instructive : "La misère religieuse est à la fois l'expression de la misère réelle et d'autre part la protestation contre cette misère. La religion est le soupir de la créature accablée, le coeur d'un homme sans coeur, comme elle est l'esprit des temps privés d'esprit. Elle est l'opium du peuple". ("Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel", 1844). Certes, elle est bien un opium, une consolation, un paradis artificiel, un frein à la conscience critique du monde. Mais elle est aussi "la protestation contre la misère", elle est aussi "l'esprit dans un temps privé d'esprit". Il y a donc dualité dans le phénomène idéologique religieux.
    Si on ne tient pas compte du double caractère dialectique de la religion, souvent comme légitimation de la société existante et parfois comme foyer de contestation de celle-ci, on n'est pas en mesure de comprendre l'ampleur grandissante de l'islam parmi les peuples opprimés du Proche et Moyen Orient victimes d'expropriations et massacres d'une violence inouïe pratiqués par les impérialistes. Les larges masses de ces contrées sont la cible d'agressions high-tech barbares venant de cet Occident laïcisé, bien pensant et professant des idées religieuses "civilisées" — "non-radicales" comme le dirait Gérin. Il ressort à l'évidence  que dans la conjoncture historique actuelle, les peuples opprimés du monde oriental ont fait de l'islam leur bannière dans la lutte de résistance contre l'agression américaine et ses alliés.
    On ne comprendra pas non plus, la percée de l'islam parmi les masses prolétaires issus de l'immigration qui s'entassent par centaines de milliers dans nos banlieues lointaines. Ici, l'islam apparaît, comme "le soupir de l'âme souffrante" devant l'ampleur de l'exploitation d'une bourgeoisie médiocre, assoiffée de profits, ne respectant même pas ses propres règles; devant un appareil d'Etat décrétant loi sur loi contre leur présence "clandestine" et pénalisant leurs moeurs vestimentaires religieux "ostentatoires". Ils l'ont déjà fait en 2004 en interdisant le port du voile à l'école, ils recommencent désormais avec le port (imaginaire) de la burqa dans l'espace public. 

    En 1909, Lénine abordant la religion et ses interférences dans la lutte des classes de son époque, synthétisait ainsi la question : "Pourquoi la religion se maintient‑elle dans les couches arriérées du prolétariat des villes, dans les vastes couches du semi-prolétariat, ainsi que dans la masse des paysans ? Par suite de l'ignorance du peuple, répond le progressiste bourgeois, le radical ou le matérialiste bourgeois. Et donc, à bas la religion, vive l'athéisme, la diffusion des idées athées est notre tâche principale. Les marxistes disent : c'est faux. Ce point de vue traduit l'idée superficielle, étroitement bourgeoise d'une action de la culture par elle-même. Un tel point de vue n'explique pas assez complètement, n'explique pas dans un sens matérialiste, mais dans un sens idéaliste, les racines de la religion. Dans les pays capitalistes actuels, ces racines sont surtout sociales. La situation sociale défavorisée des masses travailleuses, leur apparente impuissance totale devant les forces aveugles du capitalisme, qui causent, chaque jour et à toute heure, mille fois plus de souffrances horribles, de plus sauvages tourments aux humbles travailleurs, que les événements exceptionnels tels que guerres, tremblements de terre, etc., c'est là qu'il faut rechercher aujourd'hui les racines les plus profondes de la religion. « La peur a créé les dieux. » La peur devant la force aveugle du capital, aveugle parce que ne pouvant être prévue des masses populaires, qui, à chaque instant de la vie du prolétaire et du petit patron, menace de lui apporter et lui apporte la ruine « subite », « inattendue », « accidentelle », qui cause sa perte, qui en fait un mendiant, un déclassé, une prostituée, le réduit à mourir de faim, voilà les racines de la religion moderne que le matérialiste doit avoir en vue, avant tout et par‑dessus tout, s'il ne veut pas demeurer un matérialiste primaire" ("De l'attitude du parti ouvrier à l'égard de la religion").


    De nos jours, à cela doit s'ajouter une autre misère encore plus grave, une misère morale et politique qui frappe le prolétariat dans son ensemble et isole particulièrement la fraction du prolétariat issu de l'immigration — les uns et les autres se trouvent abandonnés d'une gauche moribonde, capitularde et à la dérive... et qui en bien des situations se drape ostensiblement, comme c'est le cas du philistin Gérin, des vieux oripeaux d'une droite fidèle aux valeurs de l'occident, à la barbarie civilisatrice de l'accumulation capitaliste. N'est ce pas significatif que Xavier Mathieu, leader syndical CGT de l'usine de pneumatiques Continental de Clairoix (Oise) en lutte pour l'indemnisation des 1 120 ouvriers licenciés, vient de qualifier Thibault, secrétaire général de confédération, de "parasite"?  Parlant des bonzes syndicaux, Mathieu ajoute, "Les Thibault et compagnie, c'est juste bon qu'à frayer avec le gouvernement, à calmer les bases. Ils servent juste qu'à ça, toute cette racaille!", tout en précisant, "J'attaquais uniquement les fédérations. J'ai un respect immense pour la base qui se bat au quotidien mais qui voit qu'en haut, ça ne suit pas". Si la gauche bien pensante, politique ou syndicale, vient à penser que  les ouvriers combatifs,comme ceux de "Continental", ne sont qu'une bande de "voyous", elle n'est pas loin de penser que tous ces prolétaires d'origine immigrée qui s'engagent au nom d'Allah dans le soutien à la résistance, à l'agression impérialiste ne sont que des "terroristes"  menaçant l'occident et l'homme blanc. Comme l'a souligné fort à propos Alain Badiou, "La "montée des intégrismes" n'est que le miroir dans lequel les Occidentaux repus considèrent avec effroi les effets de la dévastation des consciences à laquelle ils président" ("Derrière la loi foulardière, la peur", Le Monde, 22 février 2004).
     
    La religion est bien incompatible avec la libération de l'humanité de ses sujétions millénaires, issues des différentes sociétés divisées en classes qui nous ont précédé. De ce point de vue, elle ne doit pas échapper pour des "raisons tactiques" à la critique idéologique, mais il serait absurde de penser que l'arme de la critique suffirait, voire même, supplanterait la dimension politique du développement de la lutte de classes. Pour toute la période historique qui nous sépare de la chute du capitalisme, la religion sera là bien vivante, comme produit spirituel de ce monde, à la fois comme un frein et un levier. Un frein la plupart du temps, lorsqu'elle épouse la cause des oppresseurs et devient "une espèce d'alcool spirituel dans lequel les esclaves du capital noient leur image humaine", un ferment de révolte, quand les opprimés l'épousent comme bannière de leur cause. Aux révolutionnaires, à une véritable gauche qui doit renaître de ses cendres, de démontrer qu'il est possible de faire mieux et plus, en s'affirmant concrètement comme "la fraction la plus résolue des partis ouvriers de tous les pays, la fraction qui stimule toutes les autres" ayant l'avantage de maîtriser "l'intelligence claire des conditions, de la marche et des fins générales du mouvement prolétarien", comme le préconisait le manifeste communiste de 1848. Aux révolutionnaires de transformer la révolte en révolution, d'épouser sans réticences la cause des opprimés, d'effacer au sein des prolétaires toute ligne de démarcation entre croyants et non-croyants. "L'unité dans la lutte réellement révolutionnaire de la classe opprimée pour la création d'un paradis sur terre est plus importante pour nous que l'unité de l'opinion prolétarienne sur le paradis aux cieux", soulignait opportunément Lénine (Le socialisme et la religion, 1905). La transformation radicale des conditions matérielles de vie au cours du processus révolutionnaire, autrement dit dans la révolution en train de se faire, est le socle sur lequel s'érigera une humanité nouvelle, la condition aussi du dépassement de la religion comme conception général du monde. Le chantier est devant nous, béant.

    MV

    24 août 2009

    article publié par Mudar de Vida : http://www.jornalmudardevida.net/?p=1757

    http://albatroz.blog4ever.com/blog/lire-article-10832-1405817-la_derive_nationaliste_de_la_fausse_gauche.html


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    Jeudi 5 novembre 2009

     

     


                                   

    Commentaire reçu, que je vous livre ici pour sa beauté, son amour de l'Unique....


    Tout comme ma soeur Eva,


    L'enseignement de l'émir est un modèle de tolérance : tout individu en prière, qu'il soit juif, musulman, chrétien ou même idolâtre prie un seul et même Dieu unique. C'est la théorie du wahdat al-wujud, de l'unicité absolue de l'essence divine, qu'il développe notamment dans son œeuvre majeure, Kitâb al-mawâqif (Le Livre des haltes, des stases, des états et des étapes) : "Dieu est l'essence de tout adoré et tout adorateur n'adore que Lui." Mais il va plus loin encore qu'aucun homme de foi ou de religion avant lui : toutes les prières, enseigne-t-il, s'adressent au Dieu unique, seule la forme diverge car chaque peuple a reçu la parole divine selon le mode spécifique qui lui correspondait :


    Pour qui le veut le Coran [...]
    Pour qui le veut la Torah
    Pour tel autre l'Évangile
    Pour qui le veut mosquée où prier son Seigneur
    Pour qui le veut synagogue
    Pour qui le veut cloche ou crucifix
    Pour qui le veut Kaaba dont on baise pieusement la pierre
    Pour qui le veut images
    Pour qui le veut idoles
    Pour qui le veut retraite ou vie solitaire
    Pour qui le veut guinguette où lutiner la biche."

    Et encore que pour toi
    Et pour tout le temps que ma grande soeur a passé à m'informer :



    « Mon cœur est devenu apte à revêtir toutes les formes
    Il est pâturage pour les gazelles et couvent pour les moines
    Temple pour les idoles et Kaaba pour le pèlerin
    Il est les tables de la Torah et le livre du Coran
    Je professe la religion de l'amour, quel que soit le lieu
    Vers lequel se dirige ses caravanes
    Et l'amour est ma loi et ma foi ». 
     


    En attendant, si le prix nobel du journalisme existait....
    Pour moi, c'est toi et Montazer (vas-tu aussi lancer des chaussures ?)
    « L'encre des savants est plus précieuse que le sang des martyrs »
    (Hadîth : dit du Prophète)


    http://anti-fr2-cdsl-air-etc.over-blog.com/article-36755301-6.html



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    Vendredi 30 octobre 2009

     

    Quand les organisations sionistes
    misent sur l'islam de France


    Quand les organisations sionistes misent sur l'islam de France


    Jusqu'à une époque récente, les relations entre les organisations sionistes, CRIF en tête et les associations musulmanes de France (CFCM, UOIF, RMF et Grandes mosquées), n'étaient pas au beau fixe. En dépit de tentatives d'approches, timides et restées lettre-morte, le rejet et la défiance ont toujours constitué le cœur de leurs relations, à de rares exceptions près (1).


    Fouad Bahri Jeudi 29 Octobre 2009

    Mais depuis le lancement de son institutionnalisation sous la férule de l'État, l'islam de France semble devenu l'objet de toutes les attentions de la part des organisations sionistes.

    Une attention qui bénéficie de la bienveillance du bureau chargé du culte, place Beauvau. En effet, quelques semaines après son élection au poste de président du CFCM en 2008, Mohamed Moussaoui a été convié à se rendre au mythique diner du CRIF. Devant un premier refus de l'intéressé, le bureau chargé des cultes aurait fait pression pour qu'il s'y rende. Ce que Moussaoui, le vague à l'âme, s'est résolu à faire (2).

    Dans un tout autre registre, l'émergence subite de l'imam de Drancy, Hassan Chalghoumi, sur la scène médiatique a révélé les dessous d'une nouvelle stratégie du sionisme en France (3).

    Cet imam, ami de Marek Halter, avait déjà participé, aux côtés de l'imam de Bruxelles, Yacob Mahi, du prêtre Mathieu Gosse et du rabbin français Michel Serfaty, à un voyage à Sderot, puis à Gaza, en mars dernier, pour parler paix et respect des religions. Ils y avaient rencontré, à grands renforts de publicités, quelques responsables palestiniens, dont un des imams de Gaza.

    Depuis, Chalghoumi est devenu le chouchou des organisations départementales du CRIF (Seine-Saint-Denis). A présent, elles n'hésitent plus à le louer comme le modèle de l'imam républicain, ami d'Israël. "Il est pour nous un interlocuteur plus favorable que le CFCM, trop influencé par la politique internationale," (4) dira de lui Sammy Ghozlan, le responsable du Bureau national de vigilance de l'antisémitisme."C'est un homme d'une extrême courtoisie dont les embrassades médiatiques avec le rabbin Serfaty [l'un des responsables de l'Amitié judéo-musulmane] sont utiles pour le vivre ensemble", insiste Bernard Kanovitch, chargé au CRIF des relations avec les musulmans (5).

    Le cas de Chalghoumi est emblématique de la nouvelle stratégie mise en place par les mouvements sionistes en France.

    Jusqu'à présent, cette stratégie était classique : recours systématique à l'accusation d'antisémitisme pour disqualifier les opposants, instrumentalisation du génocide juif comme source de chantage permanent et de tension inter-communautaire, dont Roger Cukierman (6) s'était fait le champion.

    Dorénavant, une autre stratégie est utilisée : la dépolitisation de la communauté musulmane au moyen du dialogue inter-religieux. Parler de dialogue inter-religieux sur la toile de fond du plus vieux conflit de notre époque, permet à ces acteurs de créer un contre-feu, de dépolitiser un conflit purement politique.

    Cette nouvelle stratégie marche assez bien, d'autant plus que le CRIF est une organisation politique, rodée aux méthodes politiciennes, à la différence d'un Consistoire israélite, institution religieuse plus légitimement fondée à dialoguer avec les autres communautés.

    On retrouve cette stratégie à l'œuvre avec des associations musulmanes ayant pignon sur rue, et d'autres moins connues.

    Les Scouts musulmans de France, sous la houlette du Guide soufi Khaled Bentounès, se sont ainsi engagés dans un programme inter-culturel judéo-musulman prénommé le projet Aladin, “soutenu par de nombreuses personnalités parmi lesquelles plusieurs centaines d’intellectuels, historiens et personnalités de premier plan du monde arabo-musulman”. Ce programme “vise à rendre disponibles en arabe, en persan et en turc des informations objectives sur la Shoah, les relations judéo-musulmanes et la culture juive.” (7) On remarquera le terme objectif, dont les auteurs ont jugé l'emploi nécessaire, et les signataires. (8)

    L'Union des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (UAM 93), organisé sur le modèle du CRIF, ne manque jamais d'inviter, à ses dîners, les responsables départementales du CRIF, à l'instar de Sammy Gozlan et du désormais protégé Hassan Chalghoumi.

    Même l'UOIF n'a pas échappé à cette nouvelle donne. Si une rencontre entre elle et le CRIF avait déjà été organisée en catimini par un Sarkozy à l'époque ministre de l'intérieur, rencontre sans lendemain, certains cadres uoifistes n'ont plus de scrupules à devenir les interlocuteurs régionaux du CRIF. Tareq Oubrou en est l'exemple le plus célèbre.

    Interlocuteur depuis des années de la section sud-ouest acquitaine du CRIF, Tareq Oubrou n'hésite pas à participer aux conférences et dîners de cette section, au grand dam de la cause palestinienne dont l'UOIF prétendait être l'un des plus ardents défenseurs. (9)

    Tous ces cas illustrent la dérive patente des représentants religieux musulmans, devenus supplétifs objectifs du mouvement sioniste, avec comme conséquence fâcheuse, le discrédit et le déshonneur ainsi portés à la fonction d'imam.

    Mais les choses ne s'arrêtent pas là. Les organisations sionistes seraient mal inspirées de se limiter à des officines en mal de reconnaissance et de légitimité par leurs bases. La conquête des jeunes entrepreneurs et des futurs acteurs économiques s'est donc vite imposée comme une nécessité.

    Depuis peu, la fondation de Rothschild organise des séminaires judéo-musulman à destination du monde de l'entrepreneuriat, dont le but officiel est de “de promouvoir le dialogue interculturel et d’explorer les différentes voies possibles au dialogue entre les communautés musulmanes et juives et cela hors contexte du Moyen-Orient” (10). L'idée est “de dépasser le conflit israélo-palestinien”. Pour ses auteurs, “il ne faut pas que le dialogue soit pris en otage par celui-ci.”

    Et en guise de bonne foi, la Fondation de Rothschild a inauguré ce dialogue par une conférence sur... l'islamisme et ses origines. On ne doute pas un instant des bonnes intentions de cette noble institution.

    Si les premiers résultats de cette stratégie semblent porter leurs fruits, il parait évident qu'à long terme, elle n'est pas viable. La compromission morale et politique tant des institutions religieuses que des imams qui les entourent, ne manquera pas de produire une rupture de plus en plus violente avec la base, complètement ulcérée par ces formes de collaborations.

    En attendant la mise en place d'une nouvelle stratégie....


    1- Dalil Boubakeur est l'une de ces exceptions. Fidèle des banquets du CRIF et des réceptions mondaines, le recteur de la Mosquée de Paris a été fortement contesté au moment de son soutien d'Israël, peu de temps après les massacres de Gaza de l'hiver dernier.

    2- D'après ses propres confidences à un responsable associatif parisien.

    3- Sur l'affaire Chalghoumi, voir notre article : http://collineverte.over-blog.com/pages/Ces_imams_de_la_honte-1828177.html

    4- Le Figaro, L'imam de Drancy prône l'ouverture, 27 mars 2009.

    5- Le Monde, Des associations musulmanes laïques et religieuses émergent face au CFCM, 11 juin 2009.

    6- Ancien président du CRIF. Il avait notamment déclaré au soir du premier tour de l'élection présidentiel, que le succès de Le Pen était “un message envoyé aux musulmans pour qu'ils se tiennent tranquille.” On se souvient dans le même ordre d'idée, de la déclaration d'Ariel Sharon invitant les juifs de France à s'exiler en Israël, au motif d'une nouvelle montée de l'antisémitisme et de la présence importante de musulmans.

    7- in http://www.fondationshoah.org/FMS/spip.php?article884

    8- ibid. Parmi eux, Jacques Chirac, Gérard Schroder, le Prince El Hassan ben Talal de Jordanie et d'anciens chefs d'états de pays musulmans.

    9- Cette attitude schizophrénique de l'UOIF se retrouve également chez l'UAM 93 qui invite, parallèlement, le juge palestinien Cheikh Tayseer al Tamimi.

    10- Lire l'interview de Firoz Ladak, sur
    saphirnews.com.

     

    http://ism-france.org/news/article.php?id=12906&type=analyse http://ism-france.org/news/article.php?id=12906&type=analyse


    http://www.alterinfo.net/Quand-les-organisations-sionistes-misent-sur-l-islam-de-France_a38572.html


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    Samedi 24 octobre 2009

    .
      

    Christian Delorme (prêtre catholique, diocèse de Lyon)



    A propos du dialogue interreligieux :


    • nettoyer l’histoire :


      - comprendre les mécanismes qui ont conduit à tant de guerres,

      - savoir reconnaître et mettre en évidence ce qu’il y a eu de positif.
    • accueillir le présent :

      - savoir analyser ensemble le monde qui est le nôtre.

    • vouloir un avenir commun :

      notre monde est devenu un village planétaire, nos cultures doivent vivre ensemble.

                    

                    Nous vivrons ensemble
                  ou nous périrons ensemble.


     
                                http://www.larcenciel.be/spip.php?article179


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    Vendredi 23 octobre 2009
    DOSSIERS
    LA DÉBÂCLE DU MONDE ARABE L’Islam est-il responsable?

    22 Octobre 2009 Les musulmans représentent 23% de la population mondiale

    Le monde arabe, combien de divisions?

    Depuis la chute de l’empire soviétique, il est apparu que la guerre froide, n’ayant plus raison d’être, des idéologues américains ont cherché et trouvé «un Satan de rechange». Ceci a donné lieu, notamment après l’invasion de l’Irak et l’incantation de Bush père de l’avènement d’un «Nouvel ordre mondial» à des floraisons d’étude. Cela va de «La Fin de l’histoire» de Francis Fukuyama, à Samuel Huntington avec Le Clash des civilisations qui désigne le péril vert et le péril jaune comme adversaires de la civilisation judéo-chrétienne. L’Islam, «Le tiers exclu de la révélation abrahamique» est le bouc émissaire des maux actuels de l’Occident. Il n’est pas étonnant de ce fait, de soupeser le poids de l’adversaire en le dimensionnant ce qu’a fait The Pew Forum on religion & public life qui a publié, ce mois-ci, une étude détaillée sur les musulmans du monde, intitulée Mapping the Global Muslim Population. A report on the Size and Distribution of the World’s Muslim Population.
    Première leçon de cette étude, si l’on compte 1,57 milliard de musulmans (23% de la population mondiale), l’Asie représente la plus grande proportion d’entre eux, soit plus de 60% du total. Les quatre pays les plus peuplés de musulmans sont, dans l’ordre: l’Indonésie (202 millions), le Pakistan (174 millions), l’Inde (160 millions) et le Bangladesh (145 millions). Le pays arabe le plus peuplé de musulmans n’arrive qu’en cinquième position, c’est l’Egypte (78 millions). L’Afrique du Nord et le Proche-Orient ne comptent que 315 millions de musulmans (à peine plus de 20% du total), suivis de l’Afrique subsaharienne (240 millions). 80% des musulmans habitent des pays où ils représentent une large majorité.(1)

    Les musulmans parlent

    Dans le même ordre de la connaissance de l’Autre, un ouvrage important écrit par John L. Esposito, un des meilleurs spécialistes américains de l’Islam, et Dalia Mogahed, une analyste travaillant pour l’institut de sondage Gallup: Who speaks for Islam? What a billion muslims really think («Qui parle au nom de l’Islam?»). Cet ouvrage est intéressant à plus d’un titre, pour la première fois, à notre connaissance une image de la situation des musulmans dans le monde est donnée. Alain Gresh, qui le présente, écrit: «Cet ouvrage s’appuie sur une très large enquête d’opinion, à travers plus de 35 pays et représentant, selon les auteurs, plus de 90% des 1,3 milliard de musulmans. L’idée est de faire parler les musulmans eux-mêmes et pas les responsables ou les experts. Les auteurs résument ainsi les principaux résultats de leur enquête.»
    «Les musulmans n’ont pas une vision monolithique de l’Occident. Ils jugent les différents pays en fonction de leur politique, pas de leur culture ou de leur religion. Leur principal rêve est de trouver du travail, pas de s’engager dans le djihad. Ceux qui approuvent des actes de terrorisme sont une minorité et cette minorité n’est pas plus religieuse que le reste des musulmans. Ce que les musulmans admirent le plus dans l’Occident, c’est sa technologie et la démocratie; ce que les musulmans condamnent le plus en Occident, c’est la "décadence morale" et la rupture avec les valeurs traditionnelles (dans des proportions similaires à celles des... Américains). Les femmes musulmanes veulent à la fois des droits égaux et le maintien de la religion dans la société. La majorité ne veut pas que les dirigeants religieux aient un rôle direct dans l’élaboration des Constitutions, mais est favorable à ce que la loi religieuse soit une source de la législation. Pour la majorité des musulmans (plus de 90% dans certains pays), la religion est un aspect essentiel de leur vie.» «Beaucoup considèrent la religion comme un aspect primordial de leur identité. L’Islam n’est pas, pour ses fidèles, ce qu’il apparaît aux ob-servateurs étrangers, une simple carapace de règles contraignantes et de punition. Pour beaucoup de musulmans, c’est une boussole mentale et spirituelle qui donne un sens à la vie, les guide et leur donne de l’espoir. Une proportion importante des personnes disent que leur vie a un but important (90% pour les Egyptiens, 91% pour les Saoudiens).»(2)
    «
    Les auteurs montrent les changements de la situation des femmes depuis quelques décennies, avec leur intégration massive dans l’éducation (notamment au niveau de l’université). Elles veulent toutes plus de droits et notamment l’égalité juridique avec les hommes, le droit de vote en dehors de toute pression familiale, la possibilité de travailler à n’importe quel poste en fonction de leur qualification (c’est notamment le cas de 76% des Saoudiennes). Désirent-elles pour autant être "libérées par l’Occident"? Pourtant, quand on leur demande si adopter les valeurs occidentales ferait avancer leur cause, seules 12% des femmes indonésiennes, 20% des Iraniennes et 18% des Turques sont d’accord. Elles pensent que l’attachement à leurs valeurs spirituelles et morales est un élément important dans les progrès que leur situation doit connaître. "Travailler pour le progrès des femmes en s’appuyant sur la charia plutôt qu’en l’éliminant est un thème qui renaît dans les sociétés musulmanes contemporaines."
    Les femmes musulmanes veulent à la fois le respect de leur religion et leurs droits; alors qu’elles admirent certains aspects de l’Occident, elles n’adoptent pas toutes les valeurs de l’Occident; la majorité des femmes musulmanes considèrent avec suspicion les défenseurs occidentaux des droits des femmes.
    »(2) De l’analyse rapide des deux études précédentes, on peut déduire que l’essentiel de l’Islam est asiatique. Les pays asiatiques semblent se développer dans l’ensemble, selon les règles de la démocratie et connaissent des taux de croissance à deux chiffres (Malaisie, Indonésie). De plus, l’alternance est consacrée (Turquie, Malaisie, Inde, Pakistan). Il est donc faux d’attribuer les problèmes des sociétés arabes à l’Islam qui est de ce fait innocent des avanies que subissent les musulmans arabes en son nom. Pourquoi alors, le monde arabe est-il dernier partout comme le martèlent chaque année les Rapports du Pnud? Pourquoi l’alternance se fait-elle toujours par l’émeute? Dans les années 60, il était relativement mieux placé au niveau des indicateurs de développement économiques et sociaux que l’Amérique latine. En quarante ans, la régression est patente à la mesure du désarroi des sociétés et des individus privés de repères et de règles de jeu,soumis à un autoritarisme permanent, asservis dans un climat de répression qui fait que l’impasse paraissant durer mille ans [on a calculé qu’en moyenne un potentat arabe restait au pouvoir une vingtaine d’années, le record du Guinness est détenu sans conteste par El Gueddafi], le désespoir gagne des couches sociales de plus en plus importantes. Résultat des courses: les pays prennent un retard qui n’est pas linéaire, mais exponentiel. On aurait pensé, écrit Hicham Ben Abdallah El Alaoui, que sur le plan économique, les «ajustements structurels» (y compris les privatisations et la réduction des subventions étatiques), les accords de libre-échange, l’appel aux investissements et les incitations à entreprendre allaient enfin faire émerger de nouvelles classes moyennes. (...) Vingt ans plus tard, le bilan de ces espérances dans les différents domaines (politique, économique, idéologique et relations internationales) est affligeant.(...) L’islamisme, sous ses différentes formes, est arrivé à apparaître comme le meilleur porte-parole des mécontentements et des exigences de changement, même parmi des groupes traditionnellement de gauche et laïques, comme les étudiants. Si les voix laïques et islamistes font partie d’un même grand choeur exigeant la démocratisation, les uns chantent la mélodie d’un ordre social fondé sur le droit et sur les principes politiques modernes universellement admis, les autres psalmodient les principes d’un ordre politique fondé sur un ensemble de préceptes coraniques. Bref, les «réformes» infligées à notre région depuis quinze ou vingt ans - sous la pression de l’Occident - n’ont pas conduit sur ce chemin qui mènerait inexorablement de la libéralisation économique à la démocratie, en passant par la modernisation et la sécularisation. (...) L’Etat fait feu de tout bois, il crée ses propres médias, son propre simulacre d’une société civile. Il s’agit d’une mise en scène, d’une rationalisation limitée de l’ordre politique. L’Etat autoritaire n’a pas été transformé par la démocratisation, il s’est affublé de ses accessoires. On pourrait, par dérision, le nommer «autoritarisme 2.0». (...) Les facteurs géopolitiques pèsent sur ces évolutions. (...) A partir de 2001, l’administration de M.George W.Bush a opté pour une nouvelle lecture du pacte avec la région: la priorité des Etats-Unis ne serait plus la stabilité, mais l’instauration de la démocratie, au besoin par la force. Cet abandon d’un vieux principe a effrayé nombre de régimes, mais l’opinion arabe l’a vite senti: cette ferveur démocratique n’était que le camouflage d’un programme d’interventions dans le seul intérêt des Etats-Unis et d’Israël. Les régimes locaux ont vite appris à déchiffrer les déclarations contradictoires venues d’Occident et retrouvèrent leur confiance. Une façade démocratique allait leur suffire, à condition d’apporter leur pierre à la «guerre contre le terrorisme» et de ne pas s’opposer trop vigoureusement à l’hégémonie des Etats-Unis ni aux intérêts d’Israël.(3) Burhan Ghalioun, dans un premier livre, explique le malaise des masses arabes à la fois par des causes exogènes (les interférences multiples) et endogènes (la chape du pouvoir). Dans le monde moderne, écrit-il, en perpétuel changement, voué à la globalisation, à l’instabilité, à la confusion, à la pauvreté, à la présence de menaces multiples, les peuples cherchent dans leur patrimoine davantage des repères qui manquent, un sens de l’enracinement dans l’histoire des références, et un recours que des valeurs de piété.

    Le véritable mal
    Avec l’avènement de la modernité, la pensée politique arabe se trouve tiraillée entre deux angoisses: d’une part, la peur que les sociétés musulmanes soient exclues du processus de modernisation, et d’autre part, la crainte qu’elles soient obligées à renoncer à leur religion et donc à leur identité. Ainsi, le débat politique s’est structuré en deux tendances principales: l’une, d’inspiration religieuse, que l’on peut appeler la tendance musulmane ou islamiste, et l’autre, à caractère séculier, que l’on peut qualifier de moderniste ou laïciste. A l’heure actuelle, alors que des désordres émergent, plusieurs questions resurgissent: quel rôle joue la religion dans la communauté nationale moderne? Quelle place doit avoir l’État et quel rapport doit-il entretenir avec la religion?...
    Le véritable mal dont souffrent les sociétés musulmanes ce n’est pas l’Islam mais la gestion politique. «L’absence de catéchisme dans l’Islam fait dépendre l’enseignement religieux du pouvoir politique. Or les politiques culturelles ne sont nulle part innocentes. Elles reflètent des stratégies de pouvoir et répondent aux conditions de la reproduction des systèmes de domination sociale. (...) La formation d’une pensée déstructurée, qui est aujourd’hui la règle, est le fruit d’une stratégie éducationnelle et au-delà, politique. Elle fait partie de cette même entreprise qui voue le reste de la population à la marginalisation et à la clochardisation. Ces politiques ne sont pas séparables de l’ensemble des mécanismes sociopolitiques du système en place qui sanctionne, l’honnêteté, l’esprit d’initiative et la créativité. Il favorise le clientélisme, l’hypocrisie et la soumission aux chefs. Bref, il faut chercher la clé de la conscience déstructurée, désorientée, désaxée, désemparée et déstabilisée qui tend trop à définir la conscience musulmane d’aujourd’hui dans l’assujettissement de tout savoir, de toute culture, de toute religion, de toute littérature, de tout enseignement à la stratégie du pouvoir.»(4) Burhan Ghalioun ajoute l’instrumentalisation de tous ces Etats arabes dont le «tout-sécuritaire» est l’unique raison d’être, font subir à la religion, d’une part (réduite au seul aspect de la Shari’a) et au laïcisme proposé comme une nouvelle religion étatique, d’autre part. Pendant de longues décennies, l’Islam était considéré incompatible avec les valeurs de la démocratie. Quel est l’impact réel de l’Islam dans l’évolution politique des pays musulmans, en particulier les pays arabes du Moyen-Orient? (...) Il est aussi faux de dire que l’Islam est incompatible avec la démocratie que de soutenir le contraire. (..) Les musulmans sont, comme dans toutes les sociétés, divisés entre libéraux et radicaux, cléricaux et laïcistes, républicains et monarchistes. (...) Quelle serait la Solution? «Les facteurs qui favorisent une issue démocratique sont, à mon avis, poursuit Borhan Ghalioun, quatre: la faillite des systèmes autoritaires sur tous les plans: national, économique, politique et culturel, l’émergence de la pensée critique, de nouveaux espaces de sociabilité, de nouvelles forces politiques et civiles. L’éveil de l’opinion publique, sous l’effet de la mondialisation des médias et de la popularisation à travers Internet, des moyens d’information, avec pour conséquence la naissance de nouvelles aspirations et de fortes motivations pour la changement. (...) L’incertitude quant à la possibilité d’obtenir un soutien international cohérent et à long terme est avérée. En effet, il n’est pas certain que les puissances euro-américaines qui bénéficient d’une position privilégiée dans la région y croient vraiment. D’où la volonté d’exercer une sorte de contrôle continu sur l’évolution politique de systèmes et d’essayer d’imposer aux sociétés de la région des équipes ayant de bons rapports avec les puissances occidentales. (...)»(5) Comment, en définitive, dépasser l’impasse majeure depuis l’échec du réformisme: l’angoisse de l’exclusion de l’histoire moderne et celle d’un abandon de valeurs et référents religieux et culturels, cette fameuse double errance dont souffre en particulier les Algériens ballotés entre une métropole moyen orientale qui a montré ses limites et qui instrumentalise la religion d’une façon rétrograde et un Occident tentateur qui ne fait pas dans le détail pour broyer les identités grâce à la puissance de ces «industries du plaisir» que «l’Unique» pour citer son errance, tente d’imiter en programmant à la fois Foursane el Kor’an et l’équivalent de la Star Ac erstatz libanais de la Star Ac elle-même pâle imitation d’émissions de variétés outre-Atlantique. On le voit, la «solution» ne peut pas être exogène, au contraire, les interférences occidentales font tout pour maintenir en l’état les masses arabes.

    (*) Ecole nationale polytechnique
    (*) Ecole d´ingénieurs Toulouse

    1.Alain Gresh. Musulmans du monde - Le Monde Diplomatique - 16 octobre 2009,
    2.Alain Gresh: Que veulent les musulmans? Le Monde Diplomatique - 1er avril 2008,
    3.H.Ben Abdallah - Les régimes arabes modernisent l’autoritarisme. Le Monde diplom. 04 2008
    4.Burhan Ghalioun. Islam et politique. P.182. Editions La Découverte 1997
    5.Borhan Ghalioun http://critique-sociale.blogspot.com/2005/islam-et-dmocratie-venise

    Pr Chems Eddine CHITOUR (*)



    Source : l'Expression


    http://panier-de-crabes.over-blog.com/article-la-debacle-du-monde-arabe-l-islam-est-il-responsable--37991378.html


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