•  
     
    Lundi 14 mars 2011

    mercredi 9 mars 2011

    Dialogue interculturel - Assises de l'interculturalité

    http://www.belgium.be/fr/actualites/2009/news_appel_a_projets_assises_interculturalite_2009.jsp

     

    Belgique: assises de l'Interculturalité. Pour nourrir le débat en France...

     

    Allocution de la Vice-Première ministre et ministre de l’Egalité des chances de Belgique à l’occasion de la clôture des « Assises de l’Interculturalité »

     Le 8 novembre 2010

     

     

    1.  Introduction : un an d’Assises de l’Interculturalité

     

    Il y a un an, au moment du lancement des Assises de l’Interculturalité obtenues

    dans la déclaration gouvernementale, j’évoquais le visage changeant d’une

    Belgique qui ne sera plus jamais la même. Ce visage n’est pas celui de ses

    institutions certes évolutives mais celui de ses citoyens. Ce visage, c’est celui des

    10 pc de personnes  de nationalité étrangère qui vivent chez nous, c’est celui des

    20 pc de la population principalement belge d’origine étrangère qui sont devenus

    nos compatriotes.

     

    Je parlais aussi de l’audace de la lucidité si nous voulions réussir le pari de

    l’interculturalité ; oui « lucidité », car si nous ne pouvions que constater les

    avancées essentielles des politiques d’insertion de ces dernières années, nous ne

    pouvions taire l’aspect encore inachevé de cette évolution, les débats non

    clôturés, les consensus non atteints, ni occulter certaines difficultés engendrées

    aujourd’hui par la diversité  croissante de la population belge, qu’elles se

    nomment discriminations, inégalités, incompréhensions, stéréotypes, peur de

    l’autre, replis identitaires. Et vu le climat du moment, je tiens à préciser que la

    lucidité face à certaines difficultés ne signifie en rien la simplicité de slogans

    faciles décrétant par démagogie que l’intégration des personnes d’origine

    étrangère est un échec général.  

     

    Aussi, pour moi, la Belgique devait faire le pari de l’« interculturalité réussie », et

    d’une nouvelle forme de pluralisme : le pluralisme interculturel, parallèlement à

    celui du pluralisme politique ; un pluralisme qui mise à la fois sur la citoyenneté

    et les valeurs communes et sur la reconnaissance de différentes identités

    ouvertes. Il y a pour moi urgence, car il s’agit ni plus ni moins de relever

    le défi du métissage que nous adresse le XXIème siècle.

     

    La diversité est un fait et est devenue une caractéristique ontologique de nos

    sociétés occidentales qui ne seront plus jamais basées sur une communauté de

    personnes d’origine, de culture, de convictions philosophiques ou religieuses et

    d’ethnie homogènes. C’est pour cette raison que les Assises ont été demandées et lancées. Il s’agissait, avec des regards innovants, d’imaginer et de dessiner la manière harmonieuse de faire vivre ensemble et de fédérer - dans un même espace

    national ou régional ou local, dans des entités de vie quotidienne, dans des

    milieux éducatifs ou socio-professionnels - des citoyens, jeunes ou moins jeunes,

    aux histoires, aux cultures, aux religions et convictions divergentes et aux

    langues différentes. 

     

    Nous avons voulu jouer, tout d’abord, la carte de la discrétion et de la

    priorité accordée au débat de fond et non à des opérations médiatiques

    tapageuses et coûteuses.  Nous avons voulu jouer la carte de l’authenticité et de la proximité en permettant  aux associations de terrains, sur la base de trois vagues d’appels d’offres de lancer des débats, des conférences, des dialogues dans les différents espaces de vie de Wallonie, de Flandre et de Bruxelles, soit plus de trois cents activités et projets réalisés à travers tout le pays, auxquels il faut ajouter 50 journées de réflexions, diverses études universitaires, un sondage.

     

    Enfin, nous avons voulu jouer la carte de l’indépendance totale et de la

    confiance accordée à la société civile et un Comité de pilotage a été ainsi mis

    à l’œuvre, composé paritairement de néerlandophones, de francophones et

    germanophones, de personnalités académiques ou venant du terrain et

    représentant des origines culturelles diverses, des sensibilités religieuses et

    philosophiques très différentes et des convictions socio-politiques parfois aux

    antipodes.  Les entités fédérées ont également désigné des experts au sein de ce

    Comité qui les tenaient informées de l’évolution des travaux.

     

    Ce Comité ne se connaissait pas. Nous l’avons laissé travailler dans une totale

    autonomie. J’ai découvert le rapport ficelé à la Toussaint. 

    Ses membres ont choisi leur méthode de travail, leurs thèmes prioritaires, les

    modalités d’arbitrages sur des sujets sensibles. Dès le début, ils ont dû connaître

    le scepticisme extérieur de certains, quelques tentatives infructueuses de

    déstabilisation de certains qui n’ont pas voulu entrer dans une logique de

    compromis, seul gage de réussite. Mais, ils ont tenu et malgré un contexte

    politique fragile, des élections non prévues, une chute du gouvernement, ils ont

    accepté de continuer et de s’investir sans compter pour produire un rapport riche

    à la fois de modestie et de franchise, d’analyse, de propositions, de

    recommandations concrètes et surtout de capacité de compromis, notamment en

    matière de port convictionnel, malgré des visions souvent totalement

    antinomiques.

     

    Je tiens à les remercier tous, profondément, pour cette capacité de concessions

    mutuelles, si difficile à atteindre pourtant dans le domaine institutionnel, les

    remercier pour ce travail de l’ombre, cet investissement, cette ténacité et la

    démonstration que nous pouvions faire confiance à la sagesse et au

    professionnalisme de la société civile malgré la force des pressions et des

    différences. Je tiens à saluer le rôle fondamental joué par les deux présidentes

    des Assises dans la rédaction, l’impulsion et les arbitrages opérés. Elles ont pu,

    avec le sens de l’écoute et du respect qui les caractérise, trouver le chemin, les

    mots, la méthode et les arbitrages qui ont permis la finalisation de ce rapport. 

    Le rapport nous est présenté dans un contexte politique particulier à plusieurs

    titres. Tout d’abord, il est remis notamment à un gouvernement en affaires

    courantes, durant la Présidence belge d’une Union européenne traversée par

    certaines tensions relatives aux problématiques de l’insertion des personnes

     

    d’origine étrangère ou de certains groupes cibles tels que les Roms ou encore par

    le rapport  parfois complexe des populations d’origine européenne à l’Islam. Il  se

    présente hélas en plein débat sur la crise de l’accueil et sur la problématique de

    l’augmentation dans l’ensemble de l’Europe du nombre des demandeurs d’asile,

    alors que ce débat porte sur une toute autre thématique et concerne des

    personnes primo-arrivantes et non des citoyens belges ou apparentés d’origine

    étrangère et vivant chez nous depuis une, deux, voire trois ou quatre

    générations.

     

    Le rapport enfin se présente sur fond de débats politiques soumis pour certains à

    la tentation démagogique voire électoraliste. 

    Or, les débats relatifs à la réussite de l’interculturalité ont besoin de nuances, de

    respect, de sérénité. Ils doivent être abordés positivement avec l’envie de

    construire et de fédérer et non de réduire et de diviser. Ils doivent être initiés

    avec la conscience des dangers qu’ils peuvent susciter, car ils sont parfois utilisés

    à d’autres fins, ils peuvent déboucher consciemment ou inconsciemment sur

    certaines expressions qui peuvent blesser, stigmatiser, simplifier, renforcer les

    distances voire les incompréhensions et les tensions entre groupes de personnes.

    Ils peuvent être utilisés à des fins partisanes peu heureuses. Aussi, je me

    permets de demander à tous les responsables et acteurs de la société d’éviter de

    faire de ce rapport équilibré un élément de discorde, alors qu’il  se veut une offre

    de trait d’union entre citoyens majoritairement Belges ou vivant en Belgique. 

     

    Le bien-être de l’ensemble de nos citoyens belges de souche ou non, étrangers

    ou non et la qualité des relations qu’ils nouent ou doivent nouer entre eux

    méritent à la fois du sérieux, de la retenue, un esprit constructif et des débats à

    la fois lucides et sans tabous.

     

    2. Les conclusions à tirer du rapport des Assises de

    l’Interculturalité 

     

    Plusieurs conclusions s’imposent à la lecture de ce rapport.

     

    1. La promotion d’un modèle interculturel et non d’un modèle

    « d’assimilation », d’un modèle « communautariste » ou encore

    simplement « multiculturel ».

     

    Dans son approche et le choix de ses propositions, le rapport semble clairement

    choisir la voie de l’interculturalité et non celle du communautarisme ou de

    l’assimilation.  Il s’agit dans ce rapport de réussir l’interculturalité, de réussir la mixité et de bannir les communautarismes, de promouvoir les identités ouvertes et de lutter contre les identités fermées. Le terme même de multiculturalité désigne la simple coexistence indifférente de diverses cultures au sein d'un même ensemble, alors que l’interculturalité évoque le lien interpersonnel, le dialogue, l’insertion, le

    projet collectif qui allie unité et diversité, respect des identités et projet collectif.

     

    L’interculturalité, c’est à la fois une politique de citoyenneté forte et d’adhésion à

    des valeurs communes indispensables à la cohésion sociale, une politique de

    respect des différences et des identités plurielles et une politique ferme de lutte

    contre les discriminations sous toutes leurs formes et contre tous les types de

    racisme qui peuvent lui être liés.  L’interculturalité, c’est opter pour une civilisation où les minorités peuvent être elles-mêmes sereinement et ouvertement tout en participant à un projet de citoyenneté commun. C’est le croisement entre le droit au respect de son identité et le devoir d’insertion dans un projet commun et un Etat de droit avec les contraintes que cela comporte.

     

    L’interculturalité, ce n’est pas le communautarisme. Dans un monde

    dominé par les clivages identitaires, nous devrons, en effet, éviter que chacun ne

    s’isole dans ses certitudes et que le débat n’ait plus sa place.

    Le communautarisme est, pour moi, la négation de la citoyenneté. Autant il est

    essentiel de prendre en compte ses différentes composantes de manière implicite

    et souple afin que chacun se sente représenté, autant il est pernicieux, et même

    destructeur, d’instaurer un système fermé qui partage durablement la Nation en

    tribus rivales ou non. 

     

    Contrairement au communautarisme, l’interculturalité prône des normes et

    valeurs communes et exclut le relativisme moral.

    L’interculturalité permet aux citoyens de gérer leurs diversités tout en formulant

    ou respectant des valeurs communes, seules garantes d’un avenir collectif réussi.

    L’interculturalité, ce n’est pas non plus sombrer dans l’aveuglement que

    constituerait une volonté d’assimilation à tout prix qui nierait la richesse

    d’identités plurielles, qui imposerait une pensée unique contraire au pluralisme

    qu’exige la démocratie. 

     

    C’est dans ce cadre que  la problématique trop souvent mal comprise ou dévoyée

    des accommodements raisonnables doit trouver sa place. S’agit-il d’opérer

    demain des règles à géométrie variable selon les publics ? Non ! S’agit-il d’avoir

    des normes légales ou réglementaires différentes par groupes communautaires ?

    Non !  S’agit-il de renoncer à nos principes constitutionnels notamment en ce qui

    concerne l’égalité hommes-femmes ? Jamais ! S’agit-il de renoncer à la mixité de

    nos écoles ou institutions ? De revoir le contenu scientifique de nos cours ? Non !

     

    Les accommodements raisonnables ne sont en fait que des petites pratiques

    quotidiennes existantes depuis longtemps parfois et permettant dans un groupe

    d’individus, une entreprise, une école, un hôpital, d’aménager de manière

    volontaire et consensuelle, souvent à la marge et de manière personnalisée,

    l’organisation du temps ou des lieux ou des activités ou des repas pour permettre

    à tous de s’épanouir et d’être respectés dans leurs convictions. Il ne s’agit en fait

    que d’une simple question de respect de l’identité, respect qui par ailleurs par

    son aspect « raisonnable » ou praticable ne peut entrer en conflit avec la

    sensibilité des autres, ne peut remettre en cause des normes générales, ou

    encore l’efficacité d’une organisation. 

     

    2. Le besoin, au niveau national et pour chaque niveau de pouvoir d’une politique de la diversité transversale, reconnue à part entière.

      

    Le défi de l’interculturalité est, avec le défi démographique, climatique et

    économique, un des enjeux de société fondamentaux du XXIème siècle. Il mérite

    d’être appréhendé avec l’importance et le sérieux nécessaires et surtout via des

    politiques prioritaires officielles spécifiques et transversales reconnues et

    considérées comme telles et non vues comme des accessoires de seconde zone.

    Cela demande, au niveau belge, d’avoir dans chaque gouvernement des

    ministres clairement identifiés aux compétences transversales réelles et d’avoir,

    au niveau national, un Comité ministériel de la diversité efficace composé de

    chaque ministre compétent au sein de chaque niveau de pouvoir et chargé de

    coordonner ou d’impulser des politiques collectives dans le respect des

    autonomies réciproques.

     

    3. L’établissement d’une « stratégie  nationale pour une  diversité

    réussie » qui soit pluriannuelle, et coordonnée, dans chaque niveau de

    pouvoir, et entre les différents niveaux de pouvoirs.

     

    La réussite de l’interculturalité de notre société ne va pas  se décréter par slogan

    incantatoire ou par décisions politiques ponctuelles. Elle ne se réalisera au fil du

    temps que par une stratégie pluriannuelle et multi-dimensionnelle ayant des

    objectifs prioritaires, idéalement chiffrés, dans certains domaines, notamment en

    ce qui concerne l’insertion dans les mondes socio-professionnels, les

    qualifications, le nombre de plaintes pour discriminations objectivées. Cette

    stratégie doit se construire à partir des entités  fédérées et se coordonner sur

    certains aspects avec l’Etat fédéral.

     

    Cette stratégie doit être portée par les responsables publics, mais s’appuyer et

    investir dans les services de proximité et notamment associatifs devrait

    idéalement comprendre, sur base notamment du rapport qui vient de nous être

    présenté.

     

    - A. Un plan d’accès sans entraves à l’emploi et à tous les secteurs

    socio-professionnels en vue d’assurer la participation, la visibilité, la

    représentativité et l’insertion  des personnes d’origine étrangère dans tous

    les milieux de vie (police, fonction publique, entreprises, enseignement,

    médias, professions libérales, etc.) et à tous les niveaux hiérarchiques. Il

    s’agit d’une politique volontariste de lutte contre la discrimination à

    l’embauche (plans de diversités généralisés, quotas momentanés), mais

    aussi et surtout d’investissement dans le capital humain : formation,

    accompagnement, orientation, soutien des groupes cibles, de nouveaux

    pactes interculturels. En ce qui concerne l’emploi, un plan complet de lutte

    contre les discriminations à l’embauche comprenant un grand nombre de

    propositions concrètes importantes est prêt et devait être déposé en avril

    dernier si le gouvernement n’était pas tombé.

     

    -B. Un programme radical de lutte contre les discriminations dans

    l’ensemble des secteurs  (emploi, logement, enseignement, police,

    etc.) : le racisme, la xénophobie moyennant un réel suivi renforcé, des

    inspections sensibilisées et augmentées, des procédures de poursuite plus

    nombreuses et des sanctions plus  fortes dans un nombre de cas étendus

    (injures, etc.). Cette approche de lutte contre les discriminations demande

    aussi des actions spécifiques de discriminations positives adaptées si les

    mesures multiculturelles ne suffisent pas.

     

    -C. Opérer une révolution copernicienne des mentalités.  

    Ce n’est qu’en agissant sur les projections respectives, les stéréotypes, la

    méconnaissance réciproque, les peurs et les replis que l’on fera naître une

    interculturalité harmonieuse. Il s’agit donc de concrétiser des avancées sur

    ce point  en matière de médias, d’enseignement et de formation des

    enseignants, de formation des personnes responsables des ressources

    humaines, de formation et sensibilisation des autorités hiérarchiques, du

    rôle plus conscientisé des médias et des politiques d’information, d’une

    politique de mémoire légitime qui s’impose.  

     

    -D.  Organiser la mix-cité et les rencontres constantes entre personnes

    d’origines différentes, valoriser les activités interculturelles et non

    uniquement monoculturelles, renforcer  les échanges et rencontres, les

    partenariats entre groupes d’origine diverse via l’école, le secteur

    associatif, le secteur de la jeunesse.

     

    -E. Déployer les espaces, rôles et fonctions de conseils, impulsions, 

    médiations et d’arbitrages interculturels via à la fois la

    reconnaissance de nouvelles formations et de nouvelles fonctions

    officiellement reconnues : celles de médiateurs interculturels et ce dans le

    plus grand nombre de milieux de vie (scolaires, hôpitaux, entreprises,

    fonctions publiques, logements sociaux, quartiers, etc.). Eviter les conflits,

    les gérer, trouver les compromis, conseiller, réconcilier et apaiser les

    tensions éventuelles entre personnes d’origines diverses sont des 

    fonctions-clés de la vie en société actuelle et future qui demanderont de

    nouvelles formations et de nouveaux métiers reconnus.

     

    -F. Déployer dans l’ensemble du pays, et notamment à Bruxelles et

    en Wallonie, une politique active et personnalisée

    d’ « inburgering » des nouveaux arrivants.

     

    L’immigration est à la fois un fait actuel et une nécessité pour le futur si l’on veut compenser le choc du vieillissement de la population européenne, le rétrécissement du marché du travail qui y sera lié et donc assumer le poids de nos systèmes

    de sécurité sociale et de pensions. 80 pc des 18 millions d’habitants

    européens nouveaux des 10 dernières années viennent de l’immigration. Il

    s’agit dès lors du facteur-clé de maintien et d’augmentation de la

    population européenne qui se retrouve face aux explosions

    démographiques des autres continents émergents. Aussi, nous devrons,

    aux niveaux européen et belge, définir un politique d’immigration

    maîtrisée certes mais réelle.

     

    Dès lors, et sans attendre, il est indispensable de systématiser une politique d’accueil et d’accompagnement systématique et d’y prévoir notamment dès l’arrivée l’apprentissage de la langue et des modes d’organisation sociale  et institutionnelle du pays et de ses régions. Il s’agira dès lors de mettre en œuvre une politique

    d’ « inburgering » à Bruxelles comme en Wallonie, comme le prévoit

    l’accord de gouvernement. Cette stratégie en 6 points doit,  pour réussir,  se baser sur une méthode nouvelle et efficace et se doter d’outils permanents  d’évaluation externe et indépendante de la concrétisation des objectifs et des problèmes rencontrés. Elle doit aller de pair avec le choix d’une politique migratoire maîtrisée et clairement définie pour l’avenir et la résolution de la crise de  l’accueil et de

    l’asile. En effet, si cette crise n’a rien à voir avec les problèmes vécus par les

    jeunes Belges de la troisième génération de personnes d’origine étrangère et la

    thématique de l’insertion des citoyens établis depuis longtemps chez nous, elle

    crée des amalgames, des raccourcis, des peurs et des projections négatives que

    ressentent les minorités établies chez nous. 

     

    4. La constitution d’un Conseil consultatif interfédéral de la diversité.

    Le rapport du Comité de pilotage est une contribution essentielle pour le futur

    des politiques de diversité.  Ce rapport recommande lui-même d’organiser un

    suivi réel pour s’assurer de la prise en compte du rapport et de la concrétisation

    de ses propositions. Reconnaissons que l’importance et la complexité du sujet exigent  désormais de ne plus vivre au rythme de rapports successifs, entrecoupés de périodes longues ou courtes. Cette thématique a besoin d’une prise en charge constante.  Par ailleurs, un travail, des conseils et études restent nécessaires pour aborder de manière complète, notamment :

     - le rôle-clé des médias classiques et nouveaux afin de promouvoir une

    société interculturelle, réduire les a priori et les projections négatives et

    faire évoluer les mentalités ;

    - la question des cultes, de leur organisation et de leur rapport entre eux et

    à l’Etat ;

    - la précision des ajustements ou accommodements  raisonnables et la part

    des droits de respect de la  diversité  et du devoir de respect des normes et

    règles collectives.

     

    Il me semble dès lors opportun qu’un  Comité de pilotage devienne  permanent

    et que l’on établisse à l’occasion du prochain gouvernement un Conseil

    consultatif interfédéral de la diversité  composé notamment de membres des  Conseils consultatifs de la diversité, à créer ou désigner au niveau des Communautés et Régions, Conseils par ailleurs représentatifs des différentes sensibilités et origines.

    Ce Conseil indépendant pourrait être chargé de donner de sa propre

    initiative ou à la demande des avis, recommandations, conseils

    constants sur des thématiques ponctuelles liées à l’insertion et

    l’interculturalité à destination des gouvernements compétents (chaque

    Conseil régional ou communautaire étant en charge exclusivement des

    recommandations destinées au niveau de pouvoir compétent).   

    Il pourrait également assumer le suivi constant des propositions ou initiatives

    prises en la matière et jouer un rôle d’arbitrage consultatif pour tenter de

    résoudre les problématiques générales ou ponctuelles et pratiques  posées par

    les relations interculturelles. 

     

    3. Conclusions 

     

    En conclusion,  je ne peux que vous remercier pour ce rapport qui sera publié sur

    le site des Assises dès cet après-midi et que je vais transmettre officiellement à

    l’ensemble de mes collègues de l’ensemble des gouvernements du pays. Il me

    semble opportun de l’inscrire à l’ordre du jour d’un prochain Comité de concertation pour analyser ensemble la suite à lui donner et je l’espère mettre sur pied une conférence interministérielle qui puisse, à l’instar de ce qui s’est fait sur le plan de lutte contre les violences conjugales, initier un travail en vue de déposer une stratégie collective.

     

    Je voudrais terminer cette allocution en lançant un appel à l’ensemble de nos

    niveaux de pouvoir, à l’ensemble de nos acteurs socio-économiques,

    éducatifs, académiques et associatifs, un appel à déployer une volonté

    politique forte, voire radicale, à porter le projet d’une interculturalité

    réussie tant au Nord qu’au Sud et à Bruxelles, à oser avancer sans dogme

    ni a priori avec le sentiment d’écrire une page inédite, délicate et irréversible de

    notre histoire, de cette histoire d’une humanité basée sur la tolérance, le respect

    des différences et l’impératif de normes et valeurs collectives, une volonté

    politique forte d’oser bouger malgré les discours populistes ou extrémistes de

    certains, malgré les réticences compréhensibles d’un grand nombre d’habitants

    qui ont besoin de pédagogie et de sensibilisation comme de pain pour

    comprendre l’urgence d’un nouveau lien social, d’un réel respect et insertion des

    personnes d’origine étrangère  et du dialogue à nouer avec elles.

     

    Sur cette base et dans ce cadre, je voudrais lancer également un appel à

    l’ensemble des acteurs représentatifs des communautés étrangères ou

    de leurs religions pour qu’ils partagent parallèlement cette même volonté forte et

    continuent à sensibiliser par ailleurs à la nécessité de déployer les sentiments

    d’appartenance collective, de partager des valeurs démocratiques et

    constitutionnelles communes, de développer des logiques de respect de l’Etat de

    droit, des sensibilités de l’autre et de la mémoire collective du pays.     

     La question du sens et de l’ADN de notre pays se pose de plus en plus

    fréquemment en raison de notre contexte institutionnel pour le moins complexe.

     

    Pour moi, le génie, le talent, la force, le cœur, l’âme et donc le futur de

    notre pays est et devra continuer à être sa capacité à fédérer les

    différences, différences philosophiques, historiques entre religion et

    Etat ; différences politiques et différences linguistiques et

    communautaires.  Et, désormais, différences entre Belges de souche et

    nouveaux Belges, entre nationaux et personnes et citoyens de

    nationalités différentes.

     

    Voilà l’ADN de notre pays : son interculturalité !

    Voilà notre devoir collectif : réussir à la fois un nouveau pacte entre les

    néerlandophones et les francophones, mais aussi un nouveau pacte

    entre les Belges qu’ils soient de souche ou non et entre les Belges et les personnes de nationalité différente.

     

    Comme le dit Kofi Annan, « La diversité est aussi bien le fondement du dialogue

    entre les civilisations que la réalité objective qui rend ce dialogue nécessaire. Il

    est possible d'aimer ce que nous sommes sans haïr ce que nous ne sommes

    pas ».

     

    Barack Obama me permettra de conclure : « Tant que notre relation restera

    définie par nos différences, nous donnerons du pouvoir à ceux qui sèment la

    haine et non la paix et qui encouragent le conflit au lieu de la coopération qui

    peut aider nos deux peuples à connaître la justice et la prospérité. C'est ce cycle

    de la méfiance et de la discorde qui doit être brisé. (...) Nous devons consentir un

    effort soutenu afin de nous mettre à l'écoute et d'apprendre les uns des autres ;

    de nous respecter mutuellement et de rechercher un terrain d'entente. »


     

      [Intervention communiquée par Luc Collès]

    Posté par Alaindependant
     
    Vous aimerez peut-être :

     

    http://alainindependant.canalblog.com/archives/2011/03/09/20589413.html

     

     


    votre commentaire
  •  
     
    Lundi 14 mars 2011

     

     

    Élections 2012 : De l'islamophobie au choc des civilisations…

    Élections 2012 : De l'islamophobie au choc des civilisations


    On se souvient du débat sur l'identité nationale, voulu par Nicolas Sarkozy et mené à l’échelle nationale par Eric Besson. Très vite, ce débat avait montré son véritable objectif : stigmatiser la communauté musulmane, et la désigner comme bouc émissaire responsable de tous les problèmes que connaissent les Français !  Mais ce « débat » a rapidement tourné court, la ficelle étant un peu grosse. Nombreux ont été les Français de tout bord à s’indigner, et le fameux débat pris fin, faute d’interlocuteurs.

    Mais le mal était fait, et des graines de discorde et de haine avaient été semées, sans parler des dérapages de certains. Ces dérapages, volontaires et calculés, étaient d'ailleurs des ballons d’essai, de petites bombes à retardement en attendant que le débat rebondisse. En réalité, la campagne islamophobe n’a jamais cessé, et a même pris de l’ampleur. Reprise et amplifiée par l’extrême-droite pro-sioniste, celle que l’on reçoit avec tous les égards à Tel Aviv, elle a fini par faire partie de l’air du temps dans la vie politique de notre pays. Ainsi, Marine Le Pen a largement utilisé l’islamophobie dans sa campagne interne contre Bruno Gollnisch pour la présidence du Front National, et pour acquérir un espace médiatique longtemps refusé à son père. Il est vrai que lorsqu'on dénonce le lobby sioniste et le CRIF (Conseil Représentatif d'Israël en France), on est très peu invité sur les plateaux télévisés du système…

    Aujourd'hui, Nicolas Sarkozy remonte au créneau et veut à nouveau mettre la question de « l’Islam de France » sur le tapis. A sa demande, le groupe parlementaire UMP va lancer un nouveau débat à l’Assemblée nationale. Le cadre a été fixé par avance par le Président lui-même : préciser – et donc stigmatiser – la place de l’Islam en France. Cette campagne poursuit plusieurs objectifs. Tout d’abord, détourner l’attention des Français des vrais problèmes, qui sont eux bien connus : chômage, appauvrissement, précarité face à une grande finance aussi insolente que cosmopolite (et qui porte toute la responsabilité de la crise économique actuelle)… On souhaite également faire de l’Islam l’un des thèmes majeurs de la prochaine élection présidentielle, si elle a bien lieu en 2012 (tout change très vite ces jours-ci !). Mais le véritable objectif va bien au-delà des prochaines élections. On prépare en effet l’opinion publique au « choc des civilisations », c'est-à-dire à une guerre contre les pays musulmans, qui en ce moment tentent de se libérer de la domination américano-sioniste.

    Les révolutions en cours dans tout le monde arabe montrent amplement les liens politico-financiers qui unissent la classe politique française aux dictatures arabes, dont celles de Tunisie et d'Égypte. Les scandales autour du voyage de Michèle Alliot-Marie en Tunisie, le discours de François Fillon en Arabie Saoudite faisant l’éloge de Moubarak, et l’appartenance des deux dictateurs tunisien et égyptien à l’Internationale Socialiste ont suffisamment ouvert les yeux de nos compatriotes (et en particulier des Français musulmans). Ces révolutions, toujours en cours, confirment aussi que la « démocratie » n’est bonne pour les pays arabes que si Israël donne son accord… Et sur ce dernier point, droite et gauche sont parfaitement en phase !

    La défense d’Israël étant la priorité de la France selon Nicolas Sarkozy (et selon également les dirigeants socialistes, ce n’est pas Dominique Strauss-Kahn qui nous démentira !), on veut donc désigner un ennemi intérieur qui servira à la fois de diversion et de conditionnement psychologique pour les événements à venir. Bien entendu, aucun de ces politiciens de l’UMPS ne nous parlera du lobby sioniste, qui est une préoccupation beaucoup plus sérieuse (car située au plus haut niveau de l’État) que quelques prières musulmanes accomplies dans quelques rues françaises. La soumission de la classe politique et médiatique au CRIF et à Israël va de pair avec la montée de l’islamophobie en France. Et l’isolement croissant de l’entité sioniste après la chute des dictateurs à ses ordres, ne peut qu’accentuer l’islamophobie voulue et programmée par le lobby sioniste et les politiciens à ses ordres.

    C’est pourquoi, il est erroné de ne voir dans la campagne contre l'Islam qu’une tactique électorale. Il s’agit d’une stratégie mûrement réfléchie, soigneusement organisée. Elle est directement liée à la situation internationale, à savoir la crise d’un système économique dominé par les lobbies sionistes, et combattu par les peuples et les nations décidés à s’en libérer. Nous nous attendons à une montée en puissance de cette campagne islamophobe, et les pires provocations sont à craindre. Le prévoir permet au moins de s’y préparer, et c’est aussi une des fonctions que s’est données le Parti Anti Sioniste.

     

    Yahia Gouasmi
    Président du Parti Anti Sioniste
     

     

     http://www.partiantisioniste.com/communications/elections-2012-de-l-islamophobie-au-choc-des-civilisations-0623.html
    Voir aussi sur ce site  :
    (..) Tout ceci confirme l'existence d'une ingérence nord-américaine, officielle et ouverte, dans la vie politique française. Son but est de donner une image positive de l’USraël aux musulmans français, et tenter de les opposer au reste de la population. Nous retrouvons le fameux « choc des civilisations », mais cette fois à l’échelle d’un seul pays. (..)
    Les manipulations américaines dans les banlieues françaises
     

    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires