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    Dimanche 17 octobre 2010

     

    Christophe Barbier, rédacteur en chef de l'Express, a une longueur d'avance sur les organisateurs d'apéros saucisson-pinard : instigateur dès février 2010 d'une réunion éditoriale placée sous le signe de la charcuterie - "pâté, rillettes, saucisson" - il a aussi gravé ses thèses riches (c'est-à-dire grasses) dans le papier glacé de l'hebdomadaire - dernière livraison, n°3092 semaine du 6 au 12 octobre.

    Le dossier s'intitulait "L'Occident face à l'Islam" et s'étalait sur 11 pages interrompues par six rappels publicitaires : un grand bol d'air consumériste pour donner à cette enquête une haleine idéologique aussi fraîche que celle des journalistes du Point fantasmant dans leurs salons sur les polygames de banlieue. Retour sur ce dossier symptômatique d'une construction, à la fois ignorante et maligne, de l'Islam comme péril.

     

    La couverture d'abord est exemplaire : en lettres capitales, un titre se décline selon plusieurs pistes qui convergent toutes vers le niveau d'alerte maximal - en quatre phases : "le retour de la menace terroriste", "la poussée des fondamentalistes", "l'échec de l'intégration", "les forces politiques qui en profitent". Une rhétorique où la menace est évidemment mondiale et la générosité pure qui visait à civiliser le métèque en l'intégrant à l'échelle de la nation, vaine en tous points. Enfin, on attise la rancoeur en imputant la droitisation de l'Europe aux musulmans - qui ne sont pourtant pas ceux qui votent en majorité pour les partis ultra-nationalistes. Tous nos malheurs ne découleraient en somme que de cette affreuse religion : c'est dire la subtilité de la problématique unidimensionnelle mise en place par l'Express.

     

    L'Occident - dont l'évidence de la définition et la supériorité morale sont tenues pour acquises tout au long du dossier - est d'emblée positionné "en face". L'imaginaire haineux de la confrontation déployé par la rédaction de l'Express est implicitement prêté à l'autre partie - celui de la "musulmanerie". Or, d'un point de vue islamique et dégagé de la gangue orientaliste des préjugés qui représentent le musulman comme un barbu au couteau entre les dents - un tel dispositif est non seulement absurde, mais contraire à la lettre :

    "La piété ne consiste point en ce que vous tourniez vos visages vers le Levant ou le Couchant. Vertueux sont ceux qui croient en Dieu et au jour dernier, aux Anges, au Livre et aux prophètes, qui donnent pour l'amour de Dieu des secours à leurs proches, aux orphelins, aux nécessiteux, aux voyageurs indigents et à ceux qui demandent l'aide, et pour délier les jougs, qui observent la prière, qui font l'aumône. Et ceux qui remplissent les engagements qu'ils contractent, se montrent patients dans l'adversité, dans les temps durs et dans les temps de violences. Ceux-là sont justes et craignent le Seigneur." Coran 2-77

    La photographie choisie pour la couverture de l'hebdomadaire représente un paysage crépusculaire, avec un minaret bien visible en premier plan à droite et un pauvre petit clocher - réduit à la pénombre - en second plan. L'Express met lui-même en scène le péril qu'il prétend analyser en construisant, au moyen notamment de cette imagerie islamophobe, un discours aux références très discutables et dont le peu de légitimité morale et de fiabilité théorique ont déjà été avérés - deux entretiens sont publiés, l'un avec la menteuse Ayaan Hirsi Ali et l'autre avec l'ego hypertrophié d'Abdennour Bidar. On a connu des sources mieux habilitées pour délivrer un discours crédible et rationnel sur l'Islam. Pour qu'une critique puisse être prise en compte, encore faudrait-il qu'elle soit posée sur des fondements honnêtes qui ne cherchent pas systématiquement à nuire et à tourner en dérision l'objet qu'elle prétend investiguer.

     

    Ce décryptage d'un clash annoncé, s'il prétend donc éclairer le lecteur, remplit de fait une autre mission : interpréter la partition néo-conservatrice bien connue d'une prétendue guerre de civilisations entre deux blocs monolithiques fantasmés. Sa réactivation actuelle au sein de l'opinion publique française assure des fonctions géopolitiques bien précises que l'Express, tout en prétendant promouvoir une réflexion critique et informer son lectorat, se contente en réalité de valider - et non sans malhonnêteté : puisque d'une part, il ne dit évidemment jamais d'où il parle et, d'autre part, il emploie une imagerie grossière et un style excessif dignes des "tabloïds" - ce qui ne fait pas vraiment honneur à son histoire.

     

    Dès la page 60, on voit une de ces photographies dont raffolent les sites laïcards ultra-nationalistes : des musulmans qui prient dans la rue - sûrement par goût de l'exhibitionnisme, et certainement pas faute de locaux adéquats, propres, fermés et propices au recueillement. L'usage de cette image sans autre commentaire que : "l'islam à la française reste une gageure des années 1990" témoigne d'une bonne dose de mépris et d'un refus de penser.

     

    La photographie est surplombée de lettres énormes et rouges sur fond noir - une esthétique qui relève davantage du remake de Dracula que de l'analyse rationnelle. Dans ce premier article, on nous annonce dès le chapô qu'il sera "sans tabous". Putasserie oblige. Le lecteur islamophobe en aura pour ses 3, 50 euros.

     

    Christian Makarian, qui signe le premier papier, observe que : "la supériorité des valeurs occidentales est d'un faible secours face à un faisceau convergent d'éruption planétaire". La religion musulmane est donc ici réduite aux groupes variés et armés qui se revendiquent de l'Islam politique. Ce dispositif idéologique est récurrent dans les discours islamophobes : on s'étonne que les musulmans s'en émeuvent, on leur prête une trop grande sensibilité.

    Mais enfin, les catholiques par exemple aimeraient-ils que leur foi et le message des Évangiles soient résumés aux pratiques du Ku-Klux-Klan - qui se réclame lui aussi du christianisme?

     

    Le journaliste poursuit, sans avoir questionné "la supériorité des valeurs occidentales", ni même seulement donné une définition, un exemple ou une manifestation de ces "valeurs" supérieures. Alors que sa prose y participe, il dénonce à la page 62 un "funeste amalgame" entre les "musulmans anonymes" et une "noria de groupuscules agissant pour le compte d'un islamisme affiché et conquérant". Or, par le choix précis de la photographie des hommes contraints de pratiquer leur culte dans la rue, il y a un glissement, une confusion même entre ces deux ces catégories. Le journaliste persiste à feuilleter le dictionnaire des idées reçues sur l'Islam en sortant la carte prévisible de l'Islam politique, sans avoir pris soin d'expliquer au lecteur quelle tendance de l'Islam politique il dénonçait et en oubliant d'expliquer qu'au sein de cet Islam politique, il existait des groupes extrêmement variés, porteurs de projets différents - certains incitant leurs frères à relever la tête dans une perspective anticoloniale, tandis que d'autres la leur écrasent plutôt en adoptant les intérêts géo-stratégiques des "sociétés occidentales" - dont l'Express a établi pour mémoire l'indiscutable supériorité.

     

    Fort de ses préjugés, le journaliste résume la mentalité islamique - alors même qu'il n'a mentionné que les groupuscules dits terroristes et des musulmans anonymes - à "une spiritualité exogène [qui] se transforme en angoisse endogène". Joli chiasme parfaitement creux dont la trouvaille a, faute d'enquête sérieuse, sans doute réjoui le journaliste.

     

    D'autres expressions irrationnelles ponctuent l'article dénué d'argument précis et rigoureusement fondés : "une amplification du risque", "aucun pays ou presque n'échappe à la question de l'islam", la désormais bien connue "maladie de l'islam"...

     

    On n'échappe pas non plus à l'argument fallacieux de la démographie, cher à Oriana Fallacci et aux antisémites des années 1930 - le journaliste énonce la liste de prénoms musulmans donnés aux nouveaux-nés bruxellois...

     

    Page 67, c'est l'entretien avec Abdennour Bidar - un des philosophes auto-proclamés de l'Islam des Lumières. La citation, qui donne son titre à l'article, n'est rien de moins qu'une nouvelle bidarade en forme constat - comme à son usage, illégitime et infondé : "Beaucoup de musulmans étouffent". Beaucoup : on appréciera le degré de précision de cette rumeur. L'ego surdimensionné de Bidar déplore que les "penseurs susceptibles de faire évoluer le dogme [n'aient] trouvé aucun relais." Une publicité télévisuelle vantait autrefois les mérites du poisson (pané et surgelé) - la même joyeuse mélodie vient à l'esprit quand on lit cet ersatz de pensée philosophique qui n'est pas de toute fraîcheur : Heu-reu-se-ment qu'il y a Bidar!

     

    Plus sérieusement, il y a dans le Traité de la réforme de l'entendement de Spinoza - que Bidar devrait daigner parfois relire - une critique des différents degrés de connaissance ; un énoncé tel que "Beaucoup de musulmans étouffent" relève assurément du degré le plus bas de la connaissance, quelque part entre "l'ouïe-dire" et "l'expérience vague" - c'est-à-dire très loin de la vérité.

     

    Comme dans ses autres textes, le petit Abdennour est très arrogant ; il s'agace et s'invente des obligations là où personne ne lui a rien demandé : "De quel droit cette tradition islamique me commande-t-elle de prier cinq fois par jour? C'est à moi de juger quand prier." Invente donc ton propre culte si tu tiens absolument générer des dogmes!

     

    Il poursuit : "Je n'ai pas besoin d'un muezzin hurlant dans son micro, mais d'apprendre à entendre un appel intérieur à la prière ou à la méditation." Ce crétin ne s'est apparemment jamais demandé pourquoi les églises sonnaient les cloches, ni si le "muezzin hurlant" ne participait pas précisément de la même fonction de rappel que les cloches - que Bidar trouve sûrement mélodieuses.

     

    L'être exceptionnel qu'est Abdennour Bidar - une cloche elle-même fondue dans le plus dissonant des métaux - n'a nul besoin de rappel. La chose est entendue. Mais pourquoi donc cet acharnement à en priver les autres - nous autres, pauvres musulmans qui n'avons pas atteint son degré d'intelligence et de foi?

     

    Les musulmans, s'ils étouffent, c'est d'abord sous la pression d'âneries érigées en discours philosophique.

     

    Le prix de l'article le plus comique de ce dossier islamophobe revient néanmoins à celui de Noria Ait-Kheddache qui s'intitule "France : Polémique au menu" (p.68). Tout un programme. La journaliste, comme ses collègues, ne s'embarrasse pas de précision mais se permet d'asséner comme une vérité générale : "Un islam rigoriste s'immisce depuis quelques années dans les revendications des citoyens français".

     

    La dénonciation du péril halal - si chère au rédacteur en chef, mais c'est sans doute pur hasard - ressurgit : "A Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) depuis la rentrée scolaire, les cantines de la ville propose deux menus : l'un avec viande, l'autre sans." C'est très grave en effet, soufflez trompettes et sonnez tocsins : les "valeurs occidentales" sont en danger, il y a des plats sans viande à la cantine!

     

    Le développement de cet article ridicule se poursuit en citant l'exemple d'un maire de la ville voisine n'ayant rien de mieux à faire pour l'intérêt général de sa commune que de se féliciter de servir une bonne carne industrielle aux enfants tous les midis. Voilà le genre de "résistance", à hauteur de talonnettes, dont la France se flatte aujourd'hui : contrer "l'alliance" entre musulmans et végétariens - ériger un rempart contre l'islamo-vegétarisme, en quelque sorte !

     

    Les pages 72 à 76 sont pour l'essentiel consacrées à des exemples internationaux, notamment européens et américain puisqu'en dehors de cet espace, selon l'Express, point de culture ...

     

    Un portrait de l'imam Feisal Abdul Rauf, dans le prolongement de l'entretien avec Bidar, offre un modèle de "bon musulman" - au "CV moderne et humanisme". Qu'est-ce qu'un CV moderne? Celui qui n'est pas rédigé à la plume? Ou celui d'un musulman qualifié de "prêcheur soufi" et promoteur d'un Islam tolérable, réduit à sa seule dimension culturelle, vidée de sa pratique? En ligne de mire : un Islam sans Islam - "assemblage d'installations sportives, de galeries, de restaurants, de salles de conférence et d'activités culturelles ouverts à tous." Un espace où, à l'instar de l'Institut des Cultures d'Islam à Paris, on peut vraiment tout faire - sauf pratiquer sa religion.

     

    Le tour d'Europe traverse l'Allemagne, l'Autriche, la Suède, le Danemark, la Norvège et les Pays-Bas. Chaque fois, la xénophobie dans le débat public est, selon un étrange tour de force, corrélée aux musulmans et non pas à ceux qui produisent le discours xénophobe. Ce qui reviendrait à imputer le sexisme aux femmes, l'antisémitisme aux Juifs, la négrophobie aux Noirs. Ils l'ont bien cherché.

     

    En dehors de l'Europe et des Etats-Unis, le dossier islamophobe examine sur une page le cas algérien - ce qui n'a rien de surprenant. Dans cette page, Anis Allik, correspondant de l'Express s'emploie à démontrer combien les fidèles non musulmans sont persécutés par des musulmans. Les non musulmans sont des chrétiens. Mais le journaliste oublie de souligner le fait que ces chrétiens n'appartiennent à aucune Eglise - d'Orient ou d'Occident - établie mais relèvent d'une secte néo-évangéliste américaine - qui serait même en France tenue pour dangereuse.

     

    Sans naturellement minimiser les persécutions dont les membres de cette secte font l'objet, on doit cependant ne pas en ignorer le contexte. En outre, ceux qui ont le plus souffert d'arrestations arbitraires et de tortures au Maghreb - avec la complicité de cet Occident aux valeurs supérieures - sont les islamistes. Mais les droits humains, pour le journaliste de l'Express, ne s'étendent pas jusque là.

     

    L'article qui clôt assez superbement ce dossier mensonger est un entretien avec la menteuse Ayaan Hirsi Ali. Elle vient de publier un livre non encore traduit en français où elle raconte sa vie, sans doute émaillée des mythes qui ont fait sa célébrité. Elle critique le pourtant "bon musulman" Feisal Abdul Rauf mais déclare : "Je suis prête à lui accorder le bénéfice du doute". Les scientifiques devraient se pencher sur une possible corrélation entre arrogance et Islam désislamisé : le travers déjà constaté chez Bidar se retrouve dans les propos de Hirsi Ali ; et tous les deux partagent cet amour pour la "dimension spirituelle de l'islam".

     

    Mais ce goût pour la spiritualité n'empêche malheureusement pas Hirsi Ali de condamner a priori tous les musulmans, coupables tant qu'ils n'ont pas prouvé leur innocence - ses concitoyens, accessoirement : "Le danger [peut] venir aussi des musulmans américains." Que cette humaniste soit conséquente avec elle-même et suggère, en guise de prévention, de les déporter tous à Guantanamo!

     

    Même le journaliste de l'Express - Philippe Coste - esquisse un doute : "Les millions de musulmans américains vous paraissent-ils vraiment tentés par une mouvance extrémiste?"

     

    En définitive, ce qui se voulait un décryptage de l'Islam n'est qu'une synthèse journalistique des préjugés islamophobes en cours. Les promesses de la couverture ont été tenues : aucun effort n'a été tenté pour rendre intelligible la situation concrète des musulmans. Le dossier brosse en revanche un tableau irrationnel et sombre qui porte en lui le mépris de l'Autre, tenu pour inférieur. Ce choix délibéré en faveur de l'ignorance et de l'activation des peurs n'est pas seulement dommageable pour la réputation des musulmans : il neutralise, plus profondément, toute possibilité d'une réflexion vraiment critique, et dégagée des idées préconçues sur l'Islam conçu comme une idée abstraite - une bannière aussi inadéquate que celle de l'Occident, brandie par les journalistes de l'Express.

     

    Source ici


    Auteur : La Princesse de Clèves - Source : http://islamogauchiste.blogspot.com/search?updated-min=2010-

     

    http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=16747

     

     

    Lire aussi, sur ce blog,

    Lettre ouverte au Directeur Général de France 2


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    Samedi 2 octobre 2010

    Lettre aux citoyens juifs qui ont été persécutés

    Unite-et-paix.jpg

     Lettre ouverte aux citoyens Juifs,

    par eva R-sistons:

     

    Je viens de lire le texte ci-joint. Il rejoint complètement mes préoccupations.

    Le rejet de l'autre, la discrimination, l'instrumentalisation de causes ou de personnes, sont des abominations.

    Vous avez vécu dans votre chair, dans vos familles, dans vos vies, l'horreur de la persécution. Longtemps. Et tout s'est accéléré, de manière atroce, avec le nazisme.

    La chasse aux sorcières, par exemple aux Etats-Unis contre les Noirs ou contre les communistes du temps du Maccarthysme, est intolérable. Vous savez, pour l'avoir vécu, ce qu'est l'intolérance, la haine, le fanatisme.

    Aujourd'hui, la peste brune s'étend à nouveau sur le monde, en particulier sur l'Europe. Des temps qu'on croyait révolus réapparaissent. L'abjection est à nos portes. Contre les Roms, et même plus généralement contre les Tsiganes, et puis contre les Musulmans, souvent Arabes, vos frères sémites. Oui, vous avez une origine commune, ne l'oubliez pas. Et un même culte du Dieu unique.

    Sans doute direz-vous que je suis mal placée pour vous rappeler cela, moi qui critique si souvent Israël et les tenants du néo-sionisme militaro-financier. Mais n'y voyez pas une attaque personnelle, un rejet de votre religion, de vos citoyens. Je suis engagée pour la vérité - contre la désinformation et la partialité, donc -, contre les guerres génératrices de tant de souffrances et ne résolvant rien, contre le libéralisme financier et les privilèges de certains, contre les injustices qui frappent les plus faibles, les plus pauvres, toujours plus mal traités. Pour moi il n'y a qu'une seule race, humaine, et tous les individus sont mes frères et mes soeurs. Mais comme je combats pour la vérité, la paix, la justice, la communion des êtres et des civilisations, je ne peux souscrire aux politiques militaro-financières de vos décideurs, provoquant partout désolation et larmes. Au-delà des critiques concernant les choix de vos Responsables, il y a chez moi la recherche permanente de la communion entre les individus, de l'équité, de l'éthique.

    Et c'est à ce titre que je m'adresse à vous. Parce que vous avez tant souffert du racisme et des discriminations, vous devriez être les premiers à dénoncer l'intolérance et le fanatisme. Or, la vérité commande de dire que vos frères et soeurs arabes sémites commencent à subir aujourd'hui ce que vous n'avez que trop subi pendant si longtemps.

    En un mot, les Arabes, les Musulmans, sont aujourd'hui devenus les boucs-émissaires des frustrations de beaucoup. Ceux qui, au sommet, mettent en place les politiques anti-sociales détournent ainsi l'attention sur d'injustes victimes.  Il est intolérable que ces citoyens soient ainsi ostracisés, alors que sauf rares exceptions, bien entendu aussitôt épinglées par des médias partiaux, ils sont bien intégrés dans la société. J'admire leur patience ! Leur colère, leur ressentiment, devrait éclater chaque jour. Non, ils subissent en silence. Jusqu'à quand ?

    Vous, les Juifs, vous devriez être les PREMIERS à dénoncer l'horreur qui se propage de jour en jour. Après la chasse aux sorcières communistes et juives, va-t-on dériver vers le rejet des Arabes et des Musulmans ? Alerte ! Ce que vous avez vécu, ils ne doivent pas le vivre. Pas plus que les Roms ou les Tsiganes. Vous savez jusqu'où cela peut mener : Dans les camps d'extermination. Et vers un choc de civilisations qui, s'il est nucléaire, risque d'ensanglanter la planète et de menacer l'existence même de la vie sur terre. Quelle abomination !

    Alors, je m'adresse à vous: Certains parmi vous alimentent l'horreur d'aujourd'hui, alors que votre devoir, eu égard à votre passé, est au contraire d'arrêter la machine infernale. Puisque vous cultivez la mémoire de la Shoah, qu'elle serve à éviter que de telles atrocités ne se reproduisent sur de nouvelles victimes, Roms ou Arabes ou Musulmanes !

    Citoyens juifs, l'Histoire vous ramène à votre devoir: Celui d'être les adversaires les plus farouches du rejet de l'autre. Au nom du passé, au nom des Préceptes qui vous ont été confiés, permettez-moi de vous le rappeler.

    Nous sommes tous citoyens d'un même monde, le Créateur est le même pour tous, notre destin sur terre est le même, fragile, éphémère, et si beau, pourtant, lorsque nous faisons appel à nos instincts les plus nobles.

    Rejoignez l'universel qui est, aussi, votre destin particulier, en accueillant l'autre fraternellement. Comme il est. "Si tous les gars du monde..."(titre d'un film) se donnaient la main au lieu de se rejeter et de se tirer dessus, comme le monde serait beau !

    Pour être vraiment fidèle à votre passé, soyez au premier rang de ceux qui dénoncent les nouvelles discriminations !

    Eva R-sistons au rejet de l'autre, quel qu'il soit.

    http://r-sistons-actu.skynetblogs.be/archive/2010/10/02/lettre-a...

     

    Extrait du texte qui m'a interpellée :

    Pendant les années trente, la démonisation du juif et du bolchevique a permis de rallier la majorité au national-socialisme. Le délire paranoïaque rendait plus aisée l'adhésion des masses à une guerre d'expansion impérialiste.

    La rhétorique de la démonisation est une constante dans l'imaginaire
    occidental. Elle a toujours servi à rationaliser l'agression qui se trame et
    à la justifier après coup. On a vite fait de dénier à une altérité jugée
    démoniaque son humanité et par conséquent sa légitimité. L'urgence de son
    éradication s'impose alors comme un impératif moral. C'est comme si la
    modernité inquiète par essence, en quête perpétuelle de sens, ne retrouve sa
    cohésion et sa consistance et ne construit son identité que face à une
    altérité maléfique qu'elle s'invente selon les les besoins du moment. Ce
    que nous vivons en ce moment n'est pas sans nous rappeler les années trente du
    siècle dernier. Je sais que beaucoup ne manqueront pas de m'accuser
    d'anachronisme mais les similitudes sont si frappantes et si inquiétantes.

    Si la figure du juif persécuteur et assassin du Christ, bolchévique de
    surcroît a fait les beaux jours des fascistes de l'époque, aujourd'hui,
    c'est celle de l'islamiste-musulman-arabe (pas la peine d'être très
    regardant sur la nuance) qui fait le bonheur de l'extrême droite européenne,
    nord-américaine, australienne... Voila que ressurgit des tréfonds du passé le
    sarrasin sanguinaire, violent, violeur, voleur, obscurantiste, barbare, inculte,
    conquérant, sans foi ni loi pour s'acharner contre les valeurs chèrement
    acquises du monde civilisé. Curieuse cette subite diabolisation de l'islam
    alors qu'il n y a que quelques années l'occident qualifiait les terroristes
    actuels du nom gratifiant de moujahidines. Il faut dire qu'à cette époque les
    islamistes combattaient l'armée soviétique en Afghanistan. Ce qu'il faut
    dire aussi est que l'islam radical a été encouragé, financé et propagé
    dans le monde arabo-musulman par ceux-la même qui le démonisent aujourd'hui.
    L'effondrement de l'URSS a créé en occident un vide qu'on pourrait
    qualifier à la limite d'existentiel. Le monde capitaliste s'est rendu compte
    alors de sa fragilité et de son incapacité à assurer sa cohésion interne
    sans s'inventer une altérité démoniaque. On a alors vite fait de remplacer
    le démon communiste défaillant par un autre, le démon islamiste. Curieux,
    cependant, cet enchaînement des faits. Les États Unis, pays traditionnellement
    anti-islamique et pro-sioniste promouvant et finançant l'extrémisme islamiste
    au moment où l'union soviétique implosait d'elle-même!... Et si l'objectif
    étasunien n'était autre que d'éveiller les vieux démons de l'extrême
    droite européenne et occidentale!... Mettre deux extrémismes face à face et
    provoquer une belle réaction en chaine! En un mot instaurer " le chaos
    créateur " si cher à Condoleezza Rice!

    La manoeuvre a si bien réussi que toute l'Europe s'est mise en branle,
    sonnant l'hallali. La meute fascisante a retrouvé subitement toute sa hargne
    alléchée par la nouvelle proie, confondant taliban afghan, savant iranien,
    élu palestinien, ouvrier turc, jeune des banlieues, etc...etc...A tous les
    niveaux de la société, une atmosphère de guerre froide s'installe. Une
    vision duale et réductrice du monde opposant l’Occident à l’Orient, la
    civilisation à la barbarie relègue en arrière-plan les identités sociales.
    Depuis plus de vingt ans déjà l'extrême droite occupe les devants de la
    scène sociale, politique et médiatique, brandissant sans répit
    l'épouvantail arabo-islamique, semant la peur et l'insécurité, remodelant
    les clivages sociaux en dressant les unes contres les autres les ethnies et les
    confessions. Une marche à rebours vers le tribalisme!

    http://www.alterinfo.net/La-peste-brune-gangrene-l-occident_a50351.html

     

     

    Lire aussi mon post,

    Après l'étoile jaune, l'étoile verte ?

    http://r-sistons-actu.skynetblogs.be/archive/2010/05/13/apres-l-...

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