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    Vendredi 26 septembre 2008

    vendredi 27 juillet 2007, par Tariq Ramadan 
      





    Tariq Ramadan (Professeur d’islamologie) :

    Interview sur l' Express

     

     

     

    " Maurice ne doit pas se laisser noyer par une culture mondiale "

     

     

     

     

     

    " Il y a un projet mauricien qu’il faut que vous protégiez contre vents et marées. Vous avez une réalité insulaire. La réalité d’une société qui est vraiment plurielle culturellement, religieusement "

     

    Tariq Ramadan, qui à son huitième séjour à Maurice pour une série de conférences, ne cesse d’être présent dans tous les débats internationaux autour de la question islamique. Ses propos ne laissent pas insensible, n’hésitant pas à remettre en cause certaines démarches islamiques. " Les pires ennemis de l’islam, ce sont les musulmans eux-mêmes parce que ce sont eux qui dénaturent parfois le message ", avance-t-il. Personnage controversé en France où l’on dénonce " son double langage ", il affirme que ce n’est pas prouvé. " Ce sont des gens qui ont envie de m’utiliser, moi, parce que je suis l’arbre qui cache la forêt qu’ils n’ont pas envie de voir ". Aux Mauriciens qui lui reprochent sa vision européenne de l’islam, il répond que " lorsque je viens avec une opinion, je ne m’inscris pas contre les traditions... ". Il soutient que Maurice se doit de protéger sa réalité d’une société vraiment plurielle culturellement, religieusement.

     

     

     

     

    Tariq Ramadan, vous êtes en première ligne de tous les débats concernant l’islam, vous multipliez les conférences à travers le monde, vous êtes régulièrement présents dans la presse à travers des articles et des interviews. Est-ce que votre message sur la réforme de l’islam est en train de passer ?

     

     

     

    Le but de mon engagement, ce n’est pas un message personnel, propre à moi, c’est une réconciliation avec le message premier de l’islam. Ce message a trois dimensions essentiellement. La première, c’est la dimension de l’universalité. C’est-à-dire que la tradition musulmane se réfère à des valeurs universelles et donc la particularité des valeurs universelles, c’est qu’elles sont propres à l’islam mais qu’elles confirment et qu’elles s’appuient sur d’autres valeurs. La question de la dignité humaine, la question de la justice de la liberté, la question de respect et d’intégrité de la personne sont aussi enracinées dans la tradition musulmane que dans d’autres traditions. Je pense qu’en ces temps crispés, à l’heure d’une globalisation qui pousse les uns et les autres à revenir à des immensités tout à fait singulières, rappeler ces dimensions-là est fondamental. Pour moi, il ne s’agit pas de parler de l’islam contre tous les autres, mais de dire en quoi l’islam se nourrit et partage avec tous les autres les dimensions fondamentales.

     

    La deuxième dimension, c’est celle de la spiritualité. Il s’agit d’éviter le ritualisme pour en venir au sens des choses. On est à une époque où il est essentiel de savoir pourquoi on fait ce qu’on fait, quelle en est la finalité, qu’est-ce qu’on est en train de faire avec l’être humain. Aux États-Unis, 53 % de la population disent qu’il serait possible dans certaines circonstances de torturer les gens... C’est-à-dire qu’on est dans une situation de régression. Hier, aux États-Unis, on n’aurait jamais pu dire une chose pareille. Il y a de la peur, il y a des craintes et tout à coup maintenant, on admet la torture. La torture est toujours inadmissible. Elle ne peut jamais être admise. Dans aucune circonstance on ne doit pouvoir torturer quelqu’un. C’est contre la dignité humaine. Les peurs sont tellement grandes que finalement on finit par admettre des choses. On a vu ce qui s’est passé dans les prisons en Irak et à Guantanamo. On a vu aussi des extraditions extraordinaires et des prisons cachées en Europe où il y a de la torture. On est en situation de régression. Il faut absolument aujourd’hui pouvoir revenir avec un message qui nous rappelle le fondement des choses. Et pour moi, quelque chose qui est évident, c’est un vrai travail sur soi : de spiritualité, du sens de la vie, pourquoi on fait ce que l’on fait, d’éthique et de morale. Ces choses ne se font pas. Aujourd’hui, on parle de la façon dont on traite l’univers. C’est dramatique ce que le réchauffement de la planète est en train de produire. Tous les éléments sont connectés.

     

    La troisième des dimensions est qu’il faut que l’on cesse de nourrir la mentalité de victimes. Beaucoup trop de personnes regardent le monde sous l’angle : "C’est toujours la faute aux autres". Pour les musulmans, c’est la faute aux non musulmans ; pour l’administration Bush, c’est la faute au terrorisme ; pour un certain nombre de chrétiens, c’est la faute aux musulmans. On est tous en train de se renvoyer la balle. Or, on est des citoyens. On a des avantages dans certaines situations. À Maurice, vous avez une démocratie, vous avez des droits. À chacun d’entre nous de se poser la question : à mon niveau, qu’est-ce que je peux faire ? Pour moi, c’est vraiment un message personnel et individuel, de conscientisation personnelle. Pour les musulmans, bien entendu, c’est se réconcilier avec l’universalité de leur message, de servir les gens en rappelant toujours d’une chose : être proche de Dieu, c’est servir les hommes. C’est aussi un message qu’entendent très bien les chrétiens, les juifs, les bouddhistes, les hindous ou les athées. C’est aussi un message de responsabilisation immédiate. Il faut le faire et il faut le faire tout de suite, à votre niveau. Lorsqu’on voit du racisme dans sa rue, il faut agir ; des discriminations dans sa société, il faut agir ; lorsqu’on voit ce qui se passe sur la scène internationale, il faut la dénoncer. C’est un message de responsabilisation personnelle. Est-ce que ce message passe ? Oui. Partout où je vais et chaque fois que je viens à l’île Maurice, il y a une vraie reconnaissance dans ce sens-là. Ce message-là a aussi des adversaires. Il ne faut pas être naïf. On a aujourd’hui sur la scène internationale, des gens qui ont envie de rupture, de polarisation. Il y a des gens qui se font de l’argent grâce à la guerre ; il y a des gens qui se font de l’argent grâce à la peur ; on a des dénégations de spécialistes du terrorisme qui nous expliquent tout et n’importe quoi et qui se font de l’argent ; on a des médias qui se font de l’argent sur les catastrophes. Il y a des gens qui n’ont pas envie que ces discours passent. Sur le terrain, il y a une vraie audience. Oui, les choses avancent. C’est très difficile. On n’est pas dans une situation facile. Il faut continuer.

     

     

     

    La dénonciation des prisons cachées, de la situation en Irak entre autres, vous a coûté votre visa pour les États-Unis. Comment avez-vous vécu cela ?

     

     

     

    Etre interdit d’entrée aux États-Unis sous l’administration Bush, c’est plus un honneur qu’un déshonneur eu égard à ce que l’on sait de cette administration. Elle a entretenu le mensonge, l’hypocrisie. Elle s’est engagée dans une guerre en Afghanistan qui a tué des milliers de civils. Elle s’est engagée dans une guerre en Irak ; et puis, après le 11-septembre, elle a développé une véritable chasse aux sorcières. Aujourd’hui, ou on est avec Bush ou on est contre. Je sais que l’administration américaine n’est pas contente de mes propos. Mais qui aujourd’hui dans le monde est content de l’administration Bush ? Qui aujourd’hui est heureux de ce que le président des États-Unis fait ? Les gouvernements européens ? Ils ont peur ; ils ne parlent pas, donc ils suivent et tous les autres jusqu’à dans votre pays, à Maurice, j’ai vu des officiels qui sont tout à fait conscients des dérives de l’administration Bush. Qu’ils soient eux mécontents ne me gêne pas, mais que nous soyons en désaccord est le plus important. Parce que je pense qu’il y a un déficit de dignité, de cohérence dans la politique américaine actuelle.

     

     

     

    En même temps, lorsqu’on voit ce qui s’est passé à la mosquée rouge ainsi que d’autres activités terroristes, cela bat en brèche le message de paix que prêchez...

     

     

     

    Il ne faut pas nier qu’il y a des choses qui aillent très mal. Les pires ennemis de l’islam, ce sont les musulmans eux-mêmes parce que ce sont eux qui dénaturent parfois, comme dans ces cas-là, le message. Il y a des gens qui produisent de la violence, tuent des innocents. C’est regrettable. Le discours de la paix, de l’exigence de l’engagement est le seul message qui peut résister à la radicalisation. Comment allez-vous faire ? Vous allez tuer tout le monde ? Mettre les radicaux en prison ? Il faut un autre message, un message fort : "L’islam c’est ça, ce n’est pas ce qu’ils disent." Il faut être capable de dire aux gens que ce que vous faites ce n’est pas l’islam, c’est contre l’islam. Le meilleur moyen, c’est un vrai discours de l’intérieur qui s’oppose et qui critique les dérives de la compréhension de l’islam. Maintenant on est en face des terroristes, en face des gens qui utilisent l’islam de façon inadmissible. Il faut le dire. Il faut le répéter par un discours constructif pas uniquement par un discours défensif.

     

     

     

    Vous insistez dans votre message que le jihad n’est pas synonyme de guerre sainte ?

     

     

     

    J’ai un livre publié sur le jihad, Guerre et paix en islam, dans lequel je parle de cela. Je viens de participer, avec le New York Times et le Washington Post qui ont posé à des muslim scholars trois questions dont l’une était sur le jihad...

     

     

     

    En France surtout, vous avez une image très controversée. Plusieurs livres vous sont d’ailleurs consacrés. On vous accuse d’avoir un double langage, un pour les musulmans un autre pour les non musulmans ?

     

     

     

    C’est ce qu’on dit mais qu’on ne prouve pas. Il y a un autre livre qui a paru récemment qui dit que je n’ai pas de double langage. Moi je n’ai pas de temps à perdre. Si j’ai un double langage, cela devrait se savoir. J’ai diffusé plus de 200 cassettes. Il y a même un livre qui dit que je parle en arabe dans les banlieues. Le problème c’est que dans les banlieues, ils ne parlent pas arabe. Ce sont des gens qui ont envie de m’utiliser, moi, parce que je suis l’arbre qui cache la forêt qu’ils n’ont pas envie de voir. Et cette forêt, c’est qu’aujourd’hui, il y a des Francais de confession musulmane qui sont Français, qui ne s’appellent pas seulement Zidane qu’on accepte quand il met des buts et on rejetterait tous les autres parce qu’ils sont dans les banlieues. Je dis aux Français de confession musulmane : vous avez des droits comme tous les citoyens. Donc pas de mentalité de victime, travaillez, devenez des citoyens. Cela gêne beaucoup de monde. Parce qu’hier, ils étaient dans les colonies en Algérie. Aujourd’hui ils sont en France et sont des citoyens. Il y en a qui n’ont pas envie de cela. Moi, je suis simplement la voix qui fait entendre ça. C’est pourquoi que cela les gêne. Ils n’ont pas envie de comprendre ou d’admettre que l’islam est une religion française ; qu’il y a des Français qui sont des citoyens comme tous les autres et qui ont eu un passé arabe, algérien, marocain. Il y a un vrai problème de reconnaissance de cela. Je gêne tous ceux qui n’ont pas envie de reconnaître la dimension plurielle de la société française. Ils ont juste envie de symbole. Être ministre de la Justice (Rachida Dati, par exemple) c’est bien. On ne veut pas de symbole pour oublier les autres ; on veut des voix qui permettent à tous d’être présents partout.

     

     

     

    Comment avez-vous accueilli l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République française ?

     

     

     

    Je savais qu’il allait être président parce qu’il avait préparé cela depuis très très longtemps. Je pense qu’il est extrêmement habile parce qu’il a réussi en l’espace d’une année à faire imploser le Front national (FN) et se déliter le Parti socialiste (PS) en même temps. Il sait lui que ce n’est plus une question idéologique, c’est une question de pouvoir. La différence entre le PS et lui, elle est minime sur le plan idéologique. Il a utilisé chez les socialistes ceux qu’il savait aimer le pouvoir. Je pense qu’il va surprendre beaucoup de monde. Je ne le sous-estime pas du tout. C’est quelqu’un qui a réussi à placer ses billes dans le monde médiatique, dans le monde financier, dans la grande économie et dans le monde politique. Sur ces chantiers, il a établi des gens qui sont très proches de lui. Il peut parfois déraper par des excès d’émotivité. On l’a vu dans certaines circonstances. Cela ne va pas être facile parce qu’il a une vue sur certaines questions qui est problématique notamment en ce qu’il s’agit de la création du ministère de l’Identité nationale et de l’Immigration.

     

     

     

    Vous invitez les musulmans à revenir aux textes fondamentaux. Que voulez-vous dire par là ?

     

     

     

    Lorsqu’on revient aux textes fondamentaux, c’est le meilleur moyen pour nous de revenir dans le contexte fondamental et de proposer une nouvelle lecture. Il faut revenir aux fondamentaux, sinon les musulmans ne vous suivront pas. Les musulmans, ils croient dans les textes, ils croient au Coran et ils suivent le Prophète. Vous ne pouvez pas avancer sans les textes. La question est de savoir si vous revenez aux textes par l’intermédiaire des savants du treizième siècle ou si vous revenez aux textes et essayez de les comprendre dans leur contexte. C’est cela revenir aux fondamentaux. Il y a deux façons de le faire : soit revenir pour s’y enfermer littéralement - ce n’est pas mon attitude - soit revenir pour ouvrir les champs d’investigation et essayer de trouver la bonne solution. Il y a des textes qui sont universels, transhistoriques. Il y a d’autres qui demandent de l’interprétation.

     

     

     

    Dans certains milieux à Maurice, on estime que vous avez une vision très européenne de l’islam. Qu’en est-il ?

     

     

     

    À Maurice, on est habitué à certaines écoles de pensée que je respecte. Dans ces milieux-là, on est habitué à certaines réponses. Quand on vient avec d’autres réponses, on dit que cela vient de l’Europe. Non. Même au Pakistan, même en Inde, en Afrique et dans le monde arabe, il y a plusieurs opinions sur certaines choses. Lorsque je viens avec une opinion, je ne m’inscris pas contre les traditions ; mais je dis : attendez, il y a cette position, mais il y en a d’autres également. Au moins, ayez l’éventail de toutes les solutions. Je respecte les écoles qui sont présentes. Je rappelle d’autres positions sur certaines questions particulières. À partir de là, les gens font leur choix.

     

     

     

    Une remarque du ministre britannique Jack Straw à l’effet que le voile gène l’intégration fait débat...

     

     

     

    Il ne disait pas le voile, mais le voile intégral. C’était une bonne question posée par la mauvaise personne. C’est devenu une mauvaise question. Jack Straw est un homme politique, un ministre dans le gouvernement britannique. Il pose une question qui est importante. Comment fait-on pour la vie en société ? Cela pose un vrai problème d’autant qu’il y avait le problème d’une enseignante devant des élèves très jeunes. Les enfants pouvaient avoir de la peine à entendre ce qu’elle disait. En tant que musulman, il faut qu’on donne une réponse sur quelle est la vraie prescription islamique. Est-ce la couverture des cheveux sans que la face ne soit couverte ? C’est mon opinion. Je pense que ceux qui vont plus loin doivent vraiment se poser des questions. Au bout du compte, quel rôle social donnez-vous à la femme ? C’est une vraie question qui doit être débattue de l’intérieur. Certains savants sont d’opinion que les femmes ne devraient pas porter le hijab dans une société non majoritairement musulmane parce qu’elles n’étaient pas comprises.

     

     

     

    L’appel à la prière a été au centre d’un débat à Maurice. Avez-vous eu l’occasion de suivre cette affaire ?

     

     

     

    Dans toutes ces situations on a aujourd’hui des crispations. Ici, il y a eu crispation autour de l’appel à la prière, en Suisse on a eu des crispations autour de la visibilité des minarets. En France, on a eu des crispations autour de la visibilité des foulards. Toutes ces situations elles se crisperont si l’on va vers le conflit et la loi, et elles s’assoupliront si l’on va vers le dialogue et la compréhension mutuelle. Votre situation, elle est passée par les deux étapes. Il y a eu une procédure légale qui a tendu les choses. Des deux côtés il y a eu des gens qui ont polarisé, alors que des deux côtés il fallait calmer les choses et venir à la table de dialogue. C’est ce qu’on a fait après. Il faut commencer par le dialogue et non pas finir. Si le problème c’est le niveau sonore, une fois qu’on l’a baissé, c’est terminé. Lorsque quelque chose dans la tradition de l’autre nous gène il faut le dire, il faut s’asseoir, il faut discuter parce qu’on peut trouver des solutions. Une société plurielle qui s’assume est une société qui dialogue. Une société plurielle qui implose est une société qui ne s’écoute plus ou qui se parle à coup de loi. Le légal est toujours crispant.

     

     

     

    Le thème de votre conférence prévue demain (aujourd’hui, NdlR) est l’islam et la démocratie. N’est-ce pas là un terrain glissant pour vous ? À part la Turquie, la démocratie n’est pas légion dans les Républiques islamiques ?

     

     

     

    Et le Sénégal et l’Indonésie... On est obsédé par le mode majoritairement musulman parce qu’on pense à l’Arabie. Lorsqu’on pose la question de l’islam et la démocratie, il faut poser la question de principe : est-ce que oui ou non c’est possible ou pas. À mon avis c’est possible d’avoir des processus démocratiques du point de vue islamique sans que cela pose de véritables problèmes. C’est une vraie question que j’ai abordée à plusieurs reprises. J’ai écrit un livre à ce sujet. Même en Turquie on a vu qu’il y a des difficultés avec la présence de l’armée qui joue un rôle. Il n’y a pas d’opposition entre les principes de l’opposition et les principes de l’islam. Et puis il faut que chaque société trouve son modèle et entre dans un processus de démocratisation.

     

     

     

    Quel message comptez-vous transmettre aux Mauriciens ?

     

     

     

    Le message portera sur ce qui est universel et partagé, de la rencontre du dialogue, de la cohésion et du respect mutuel, de la confiance en soi, de la confiance vis-à-vis des autres. On est dans un monde qui se polarise. Il faut passer à autre chose, construire un autre rapport à soi. Beaucoup de confiance en soi, de respect de l’autre et d’ouverture d’esprit. Un discours orienté vers tous les Mauriciens. On passera parfois par des organisations musulmanes et parfois par des conférences complètement publiques. Il y a un projet mauricien. Qu’il faut que vous protégiez contre vents et marées. Vous avez une réalité insulaire. La réalité d’une société qui est vraiment plurielle culturellement, religieusement. Il ne faut pas perdre cela. Il ne faut pas se laisser noyer par une culture mondiale. Il ne faut pas que la culture de Maurice soit produite à Washington, à Paris ou à Londres. Il faut qu’elle soit produite ici. C’est ici qu’il faut établir la confiance. À l’échelle du monde, Maurice est une localité. Il faut que dans cette localité on ait de vraies initiatives de rencontre, de respect. Il faut protéger. Si cela peut être un espace de paix, un projet pilote de paix et de meilleure connaissance, autant que ce soit ainsi plutôt que le contraire.

     

     

     

    En dépit de la mondialisation ?

     

     

     

    En résistance à la mondialisation. Le vrai message que Maurice pourrait renvoyer au monde global c’est la réalité du pluriel local.

     

     

     

     

     

     

     



     

     

    " Le jihad n’est pas synonyme de guerre sainte "

     

    Nous avons interrogé Tariq Ramadan sur le sens du Jihad, qui, dit-il, n’est pas synonyme de guerre sainte. Il nous a donné la réponse suivante : " D’abord, c’est une question de définition. On dit souvent que c’est la guerre sainte. C’est faux. Cela ne répond à rien dans la traduction à partir de l’arabe. En fait, cela veut dire effort et résistance. Faire un effort et une résistance à quoi ? D’abord, il y a une première dimension personnelle et spirituelle. Chacun d’entre nous a de mauvaises tentations ; il y a de la violence en nous. Nous faisons donc un effort pour résister à cela. C’est un jihad personnel. On prend le contrôle, pourquoi ? On veut être en paix avec soi-même. Le jihad, c’est le chemin, on gère une tension pour aller vers la paix. Ce n’est pas le chemin de la guerre. Sur le plan collectif, lorsqu’on est agressé, résister à l’agression et ou à l’exploitation, cela peut être légitime. Par exemple, résister à des gens qui viennent prendre vos terres, là, c’est la légitime défense. C’est une résistance à l’oppression pour arriver à une situation de justice et de paix. Le jihad, c’est toujours gérer un état de tension par rapport à une oppression pour aller vers la paix. Combattre mon propre égoïsme pour aller vers la paix intérieure. C’est le chemin vers la paix qui passe par un effort, une résistance parce que nous sommes comme ça. Les êtres humains ont besoin de faire des efforts et résister à leurs mauvaises tentations. " 

     

    Tariq Ramadan soutient également que le prophète Muhammad n’était pas un belligérant, comme on a voulu le faire accroire. " Je viens d’écrire un livre qui sera partout présent dans mes conférences. Dans cet ouvrage, je présente l’image du prophète où on disait que durant la deuxième période de sa vie, il était belligérant. C’est complètement faux. Au moment où il s’installe à Médine, il y a des gens qui veulent le détruire. Lui, il ne fait que résister à leur volonté de destruction. Il est exactement dans ce jihad-là, celui de la résistance à l’oppression. Alors que cela allait et qu’il n’avait pas besoin de réagir parce qu’il pouvait survivre, il faisait une résistance passive. Comme à la Mecque où il n’a jamais résisté par les armes. Mais à un moment donné, on voulait l’éliminer. Donc il est parti parce qu’il ne voulait pas la guerre. Ils ont fait des alliances avec des tribus alentour pour pouvoir le détruire. Face à cette injustice, il n’avait qu’une seule option : résister par les armes. Il n’y a eu chez lui que la résistance nécessaire face à une répression imposée. C’est comme cela qu’il faut qu’on le comprenne. Ce n’est pas du tout un prophète aux élans de guerrier comme on le présente ".

     

     

     

     

     

     

    Paru dans le Mauricien le 26 juillet 2007

     


     

     

     

    TARIQ RAMADAN
    “L’islam doit être une force de transformation pour le meilleur”

     

     

     


    Tariq Ramadan en est à sa huitième visite à Maurice pour une série de conférences sur le thème de la confiance mais aussi pour partager sa conviction que l’islam peut agir pour le mieux dans la construction citoyenne du musulman.

     

     

     

    Qu’est-ce qui vous amène aussi régulièrement à Maurice ? 

     



    Lorsque j’ai visité l’île Maurice voilà onze ans et demi, cela a été une première rencontre qui a culminé à une découverte mutuelle et, pour les Mauriciens, la reconnaissance d’une certaine approche. Il existe une atmosphère à Maurice que j’apprécie beaucoup. Cette reconnaissance et cet acte d’approche ne pouvaient s’inscrire que dans le long terme. Depuis, cela a été une même ligne et un même message universaliste et d’ouverture sur le monde qui ont primé.

     




    En quoi consiste cette approche ?

     



    Ma première visite a eu lieu avant le 11 septembre et déjà, à cette époque, il était question de sérénité dans ce qu’on est, du refus de la mentalité victimaire et de l’idée que le message est universel. Aujourd’hui encore après le 11 septembre et ses répercussions et les débats sur les lois et le terrorisme, il s’agit toujours de mettre en avant toutes ces dimensions. Le thème retenu pour cette visite est la confiance car il importe de passer d’une évolution de la peur à une révolution de la confiance. Je tiens aussi à dire que c’est une mauvaise perception que de croire que ceux qui m’entourent à Maurice s’accaparent de ma présence. Ils sont plutôt dans l’ouverture et engagés dans un acte de sacrifice.

     




    On a eu à Maurice il y a quelque temps de cela un débat sur l’“azaan”. Comment analysez-vous ce débat ?

     



    C’est un cas symptomatique qui démontre comment on peut basculer dans la dérive ou accéder à la pacification. On n’arrivera pas à vivre ensemble à travers l’obsession du droit. Ce n’est possible que par la pacification qui passe par le dialogue. D’ailleurs la résolution de la problématique de l’“azaan” chez vous le démontre : c’est dans la négociation qu’a surgi la solution. C’est ce qu’il faut

    promouvoir : négocier dans le dialogue plutôt que contrarier par le droit.

     

     




    La société politique mauricienne a la propension d’instrumentaliser la religion à des fins électoralistes. Comment sortir de ce cycle ?

     

     

     

     



    Cela ne passera pas par le politique, par cet engagement politique basé sur l’appartenance communautaire. Il faut une politique citoyenne. Le bon angle pour changer les mentalités est un projet social où on réunit

    les gens de toutes les confessions. Cela permet de développer une conscience citoyenne qui transcende la conscience ethnique.

     

     




    Passons à un autre ordre d’idées ? Comment se porte aujourd’hui, selon vous, “l’axe du mal” ?

     



    S’il y a une chose que je combats de ce point de vue, c’est bien la simplification. Le fait, par exemple, que mon visa ait été révoqué m’interdisant d’entrer sur le sol américain sous l’administration Bush est un honneur. Car ils ont démontré par leurs actes en Afghanistan et en Irak qu’ils sont capables de torture et de déni de justice. C’est en tant que citoyen et non en tant que musulman qu’on doit être inquiets de ces actes. Quant à l’Iran, il n’est qu’un bouc- émissaire.

     




    Comment en est-on arrivé là ?

     



    On sait que des musulmans sont impliqués dans les actes condamnables du 11 septembre. Il fallait condamner sans verser l’instrumentalisation de ces actes. N’ayant pu éviter cela, on bascule dans la guerre contre le terrorisme. Mais c’est une guerre dont l’une des caractéristiques est d’affronter un ennemi insaisissable, toujours en mouvement et non identifiable. Cela a produit des mesures sécuritaires clairement condamnables et une ère liberticide. En même temps, il faut dire qu’on assiste à monde musulman qui ne s’ouvre pas politiquement. Un monde où il n’y a pas de grand effort de démocratisation sauf dans certains cas. Il ne s’agit pas donc de blâmer seulement l’Occident car il n’y a pas eu de travail critique et surtout de travail sur soi. Aujourd’hui, pour moi, il est autant question de rejeter le cloisonnement du monde musulman tout en luttant durant toute ma vie contre l’unilatéralisme des Etats-Unis sur le dossier israélien.

     



    Vous évoquez souvent l’impératif d’être citoyen et d’être musulman. Cela n’est-il pas irréconciliable ?

     



    Il y a 18 ans que je travaille sur ces questions. J’ai d’abord cherché les zones de conflit. Or, il s’avère que les Constitutions occidentales et a fortiori la Constitution mauricienne n’empêchent aucun citoyen de pratiquer sa conscience musulmane et sa conscience citoyenne. A l’étude de ces conflits possibles, j’ai identifié l’avis de certains savants qui soulèvent la question de l’appartenance à l’armée où, dans le cas d’un conflit armé, des musulmans pourraient être amenés à se battre contre des pays musulmans. Or, il y a une énorme flexibilité dans les lois musulmanes. Les citoyens musulmans ne sont pas plus ou moins démocrates que les autres. Ce sont des démocrates comme les autres. Je ne crois pas qu’il faille construire un problème là, ou qu’un problème de perception. Je dirais qu’avec une bonne compréhension de l’éthique musulmane, on aboutit à un meilleur engagement citoyen.

     




    Quelle idée de l’islam que vous vous faites ?

     



    Elle est basée sur trois principes. D’abord, l’islam est une religion universelle. Elle produit des valeurs et une éthique qui ne lui sont pas exclusives. En l’islam, on retrouve des valeurs qui sont chez les autres. Les musulmans doivent revenir vers cet universel pour ne pas s’enfermer dans des particularismes et ne pas céder à la tentation d’être victimes. Ensuite, il y a des valeurs transhistoriques. Soit vivre fidèlement sa foi dans toutes les circonstances et au sein de toutes les sociétés. Il y a donc à tenir compte de toute une dimension de l’histoire et de la culture en termes de ce qui est immuable et ce qui participe de la nécessité du changement. C’est en conséquence une question de réforme et l’islam a les outils pour penser le changement en fonction des principes qui sont les siens. Il s’agit d’avoir en tête le texte et le contexte. L’un ne va pas sans l’autre. Une pensée qui reste la même au XVe siècle et au XXe siècle n’est pas fidèle aux principes fondamentaux. Enfin, il faut être une force de transformation pour le meilleur.

     



    Comment aborder la question du djihad lorsqu’il y a autant d’interprétations qui sont proposées ?

     



    Lorsque l’abbé Pierre dit qu’il est en guerre contre la pauvreté, je dois tout autant pouvoir dire que je suis en guerre contre la pauvreté ou contre les formes nouvelles d’esclavagisme. Lorsque des murs sont dressés entre le Mexique et les Etats-Unis ou autour de l’Europe, c’est une nouvelle forme d’esclavagisme qu’on pratique. On y retrouve à ces frontières des sous-zones où s’installent des individus dont ces pays ont besoin sur le plan économique. Lorsque ces individus franchissent ces murs et vont finir par travailler clandestinement dans les pays qui les repoussent, c’est en fait une exploitation clandestine de ces femmes et hommes.

     



    L’islam, le nouvel ennemi de l’Ouest après la fin du communisme ?

     



    L’islam est le nouvel ennemi, c’est une évidence sauf que ce n’est plus du tout pareil comme lorsque les pays de l’Ouest étaient confrontés à l’ennemi soviétique. Il ne s’agit plus d’un ennemi de l’extérieur. Le nouvel ennemi a été créé et sa figure est différente de l’ennemi communiste. Toutefois, dans son expression de rejet, on voit revenir les réflexes de stigmatisation et du maccarthysme.

     



    Enfin, vous êtes souvent accusé de tenir un double langage. L’un devant les musulmans et un autre devant les non-musulmans. Comment répondez-vous à cette critique ?

     



    Lorsque des journalistes me posent cette question, je leur réponds de m’apporter des preuves. C’est en fait une critique tellement grotesque. En France, par exemple, on m’accuse de parler français et arabe dans les banlieues. Or on ne parle pas et on ne comprend pas l’arabe dans les banlieues ! Nul n’est plus sourd que celui qui ne veut pas entendre la vérité.

     



    Propos recueillis par
    Nazim ESOOF

     

     

     

    Paru dansL’Express à Maurice le 27 juillet 2007

     


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    Vendredi 26 septembre 2008

    Musulmans occidentaux :
    Ce que je crois

    lundi 22 septembre 2008, par Tariq Ramadan 
      







    Musulmans occidentaux : Ce que je crois

     

     

    Cela fait vingt-cinq ans que je me suis engagé dans la réflexion et l’action autour de la question des musulmans en Occident. J’ai observé les évolutions de terrain, accompagné la réflexion et participé à l’élaboration de la nouvelle identité du citoyen européen de confession musulmane. J’ai pu visiter la quasi totalité des pays occidentaux d’Est en Ouest et débattu avec des politiques, des ulémas et des leaders religieux ou associatifs. Aujourd’hui, après une génération, et en m’appuyant sur les chiffres et les faits, je ne partage pas le pessimisme ambiant au sujet de la présence de l’islam en Occident.

     

    Loin des positions des partis d’extrême droite et de l’instrumentalisation politicienne de « la question de l’islam » par des leaders en quête d’électeurs qui n’hésitent pas à verser dangereusement dans le populisme le plus simpliste (au point d’intégrer à leurs discours une version revue des thèses de l’extrême droite), j’affirme avec force que les communautés musulmanes vivent encore une révolution silencieuse (intellectuelle, psychologique et sociale) que l’on peut observer sur le terrain. Ils sont désormais des millions à être citoyens européens (américains, australiens, etc.) : ils parlent la langue du pays, respectent les lois et sont loyaux à leur nation (même s’ils peuvent être critiques sur le plan des choix politiques comme chaque citoyen devrait pouvoir l’être). En Angleterre et en France (les deux pays en avance historiquement quant à l’accueil des premiers migrants musulmans), les deuxième, troisième et quatrième  générations sont désormais de plus en plus visibles dans tous les domaines de la vie civile (universités, médias, business, travail social, etc.) car ils sortent des anciens ghettos géographiques et sociaux (ou ethniques) dans lesquels leurs parents avaient été (ou s’étaient eux-mêmes) enfermés. C’est cette nouvelle visibilité qui, paradoxalement mais assez naturellement, fait peur : les musulmans sont nombreux, on pense qu’ils vont changer l’Europe et l’immigration n’est pas prête de s’arrêter (l’Europe elle-même en a besoin). Les perceptions craintives sont en retard vis-à-vis des évolutions positives de l’histoire et poussent à se tromper sur l’interprétation des faits : la nouvelle visibilité des musulmans n’est pas un signe d’isolement communautaire mais au contraire celui d’une intégration de plus en plus effective. Je défends l’idée qu’il faut désormais passer, sur le plan religieux et culturel, à l’étape de la « post-intégration » : le succès de l’intégration est de cesser de parler d’intégration.

     

    L’immigration ne va pas cesser et l’on va continuer, dans les médias, à parler des cas difficiles et des faits divers, etc. Ces faits peuvent être parfois graves mais au lieu d’utiliser les nouveaux immigrés musulmans (qui ont des difficultés naturelles à s’intégrer) pour jeter la suspicion sur tous les citoyens musulmans parfaitement intégrés, on devrait faire le contraire : utiliser ces derniers pour accompagner l’installation des nouveaux venus. Ce n’est pas le chemin qu’empruntent les politiciens : embarqués dans la surenchère médiatique et populiste, ils se laissent entraîner, à gauche comme à droite, par la passion des controverses et de l’usage des faits divers qui prouveraient que les musulmans sont « in-intégrables », comme on le disait des Italiens en Suisse ou des Polonais en France dans les années soixante. Il faut absolument sortir de ce climat politique malsain qui entretient la peur et rend impossible la cohésion sociale et un pluralisme apaisé. Le rapport de l’institut américain Pew Research Center publié la semaine dernière révèle que près de la moitié des Européens (45%) ont une image négative de l’islam alors que l’antisémitisme augmente parallèlement de façon inquiétante. Au lieu de ne penser qu’à gagner les prochaines élections, les politiciens devraient de préoccuper de ce problème majeur pour l’avenir de nos sociétés.

     

    Les musulmans ont également une grande part de responsabilité s’ils veulent inverser la tendance. Comme je le répète depuis des années, il leur appartient de prendre la mesure des peurs de leurs concitoyens et de tenir un discours clair. Il existe bien sûr des politiciens ou des intellectuels qui utilisent « la question islamique » en cherchant la stigmatisation mais la majorité des citoyens ont des questionnements sincères qu’il faut entendre et auxquelles il faut répondre. Il faut commencer par cesser de se penser minoritaires et d’entretenir une attitude victimaire (de victimes). Comme je l’explique dans mon court ouvrage de clarification[1] qui est paru hier, Islam e Liberta, il faut que les citoyens européens de confession musulmane tiennent des propos clairs sur l’impératif respect des lois, contre la violence terroriste, pour l’amélioration du statut des femmes et s’inscrivent dans leur société en s’intéressant à toutes ses dimensions (et pas seulement à l’islam) . Ils ont commencé à le faire mais ils faut aller plus loin. Les musulmans devraient être les premiers à refuser d’ « islamiser » les problèmes sociaux du chômage ou de la violence urbaine. Ces questions n’ont rien à voir avec le religieux ou le culturel mais sont des problèmes socio-économiques qui requièrent des politiques sociales. Il faut le rappeler aux politiciens en manque de projets et s’engager fortement dans ces domaines.

     

    Il est l’heure pour les citoyens musulmans d’être une force de contribution. Leur présence doit devenir positive par ce qu’ils apportent au niveau social, politique, culturel. Leur ouverture à la communication interculturelle et interreligieuse, la créativité (sociale et artistique), l’apport critique (en tant que citoyens, en matière de politique domestique et étrangère) et l’engagement solidaire doivent transformer leur présence en un message : nous avons tant de valeurs en commun et notre présence n’est pas un problème pour l’avenir mais une promesse d’enrichissement mutuel.

     

     Sources : Il Riformista

    Article paru le mercredi 24 septembre 2008.

     

     http://www.tariqramadan.com/spip.php?article10363

     

     


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    Vendredi 26 septembre 2008



    Vatican: un rabbin pour la première fois
    au synode des évêques catholiques  25/09/2008

    Un dignitaire religieux juif - le grand rabbin de Haïfa, Shear-Yashuv Cohen - s'exprimera pour la première fois de l'histoire lors du synode des évêques catholiques qui entamera ses travaux au Vatican le 5 octobre prochain, rapporte mercredi le service de presse du Saint-Siège.

    Le rabbin arrivera au Vatican à l'invitation du pape Benoît XVI et interviendra devant les évêques le lendemain de l'ouverture du synode, en présentant un rapport intitulé "La place centrale de l'écriture juive dans la tradition juive".

    Shear-Yashuv Cohen a beaucoup apprécié l'invitation du souverain pontife.

    Pourtant, a-t-il indiqué, certains rabbins estiment que le dialogue interreligieux n'est qu'un moyen de "persuader les Juifs de se convertir au christianisme".

    "C'est justement la raison pour laquelle certains leaders juifs se sont opposés à mon intervention lors du synode. Certains craignent qu'incapables de nous y amener par la force, les chrétiens ne le fassent par la parole", a dit le rabbin.

    "S'ils ont raison, je suis en train de commettre une erreur, mais je ne pense pas qu'il en soit ainsi", a conclu Shear-Yashuv Cohen.

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    Vendredi 26 septembre 2008

     

     



    Un empire américain mondial constitué de bases militaires 
    http://aipas.over-blog.org


    Mes amis,

    Il y a quelques mois, j'écrivais dans ce blog (article sur les fondamentalismes religieux, fin sept.2007) :

    "Nous vivons dans un monde terriblement dangereux, coincés entre les prétentions d’Etats hégémoniques et prédateurs, les appétits de l’ogre libéral, les projets de dirigeants irresponsables, et les fanatismes religieux. Pour réagir, il faut d’abord comprendre ce monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Il est explosif !"

    Etudier les rapports de la religion avec la politique, c'est comprendre une partie des  enjeux d'aujourd'hui. Car le néo-libéralisme n'explique pas tout. En effet, notre société est menacée, dans ses fondements, par la lutte sans merci que les extrémismes religieux se livrent pour la domination du monde. Les Islamistes veulent imposer la charia au monde entier, les évangélistes envoient leurs missionnaires partout pour convertir les peuples à leur foi et les rendre dociles, les sionistes ne souhaitent pas seulement la création du Grand Israël, mais aussi établir leur suprématie financière et idéologique sur le monde. Et si les évangélistes et les sionistes sont provisoirement alliés, c'est circonstanciel, le moment venu chacun ne pensera plus qu'à absorber l'autre.  Pour reprendre un mot célèbre, ce sera "la lutte finale" pour le Pouvoir. La domination totale du monde, le IVe Reich. Hitler n'est pas mort !

    Alors, pourquoi ce sujet aujourd'hui ? Figurez-vous que j'ai trouvé tout à l'heure ce message dans ma boîte mails :

    Chère Eva


    Tout d'abord, moi aussi je m'appelle Eva et j'ai lu un peu sur le blog ce que vous avez écrit sur vous, sur Israël et la notion du "Peuple Elu"...

    Je vous sens sincère et vous avez des questions auxquelles vous cherchez des réponses.

    Je vous encourage à consulter un site qui m'a fait beaucoup de bien et qui a répondu à toutes les questions que je me posais moi-même.
      www.pierre2.org

     Bonne chance dans votre recherche dans la Justice    Eva
     



    Or, comme vous le savez, j'ai eu la
    surprise de faire un jour l'expérience de la foi, dans les milieux évangéliques, ceux-là mêmes qui, lorsqu'ils dérivent vers le sectarisme fanatique, sont qualifiés d'évangélistes : Comme les Musulmans deviennent des Islamistes, et les Juifs des sionistes, ou plus exactement, des néo-sionistes.

    Aujourd'hui, de cette expérience il me reste la foi, vivante, profonde, en Dieu, mais je ne suis membre d'aucune Eglise, et cela me permet d'être ouverte à toutes les dénominations, en songeant, tout simplement, que les êtres humains sont tous enfants du même Créateur, d'un même Dieu d'Amour, et frères et soeurs en humanité, citoyens du même monde. En pensant cela, vous considérez automatiquement l'autre comme un ami, quelles que soient sa croyance, sa culture, sa philosophie. Et vous le respectez en tant que tel. Concrètement, vous ne pouvez pas supporter l'idée d'abord d'une guerre, ensuite d'un choc et d'un conflit de civilisation. La fraternité est universelle.




     C'est pourquoi, aujourd'hui, je rejette le prosélytisme, j'appelle au respect de toutes les croyances en considérant que tous les chemins mènent au Dieu d'Amour, au Dieu Père-Créateur, et au Bien, à l'amour du prochain. Et je dénonce tous les sectarismes, les fanatismes, les excès, les crispations, les intégrismes, les communautarismes identitaires ou religieux qui, aujourd'hui, de plus en plus, gangrènent la planète. Et pour ne citer qu'un exemple, Bertrand Delanoë ne souhaite-t-il pas devenir le premier Président homosexuel ? A sa place, je saluerai plutôt le désir de devenir le Président de tous les Français. Et c'est avec plaisir que j'ai appris la candidature de Martine Aubry, que je préfère à celle de ce socialo-libéral, diluant le socialisme dans le libéralisme si préjudiciable aux intérêts de tous. Et pour refermer la parenthèse, voilà qui serait inédit, le cas échéant : Un duel Martine Aubry-Ségolène Royal pour la tête du P.S.. Deux femmes. Quant à moi, mon coeur va plutôt à celui qui pourrait être le recours idéal, dans la conjoncture actuelle : Jean-Pierre Chevènement, homme d'Etat, d'autorité, de conviction, courageux, indépendant, laïc (et donc de rassemblement), très à gauche sur le plan social et économique, et capable de tenir tête à la mafia anglo-usraélienne. Une voix forte, comme celle du Général de Gaulle, qui aurait porté très haut la France dans le concert des nations couchées devant l'ogre néo-libéral, dominateur, prédateur, carnassier, criminel. Il n'y a pas beaucoup d'individus, aujourd'hui, capables de tenir tête aux ennemis de la France - et de l'humanité.

    Ceci étant dit (eu égard à l'entrée en scène de Martine Aubry), je reviens à mon sujet. Celui de l'universalisme de la foi en Dieu. Seule capable de réunir les individus, au lieu de les opposer les uns aux autres. Bref, le rêve d'une humanité réconciliée, célébrant le même Dieu (ou ne le reconnaissant pas), au lieu de laisser les hommes et les femmes se dresser les uns contre les autres au nom de vérités absolues et contradictoires.  Bannissant l'intolérance, le monolithisme, l'unilatéralisme, le fanatisme, le sectarisme, les guerres qui font le malheur de l'humanité.   


    En ces temps  abominables, lourds de menaces, où l'on brandit l'idéal de la liberté, de la démocratie, et même de Dieu - d'un Dieu aux couleurs provisoirement évangélistes et néo-sionistes -, contre le Dieu des islamistes, alors que l'on cherche seulement à imposer sa suprématie, à faire main-basse, aussi, sur les ressources des autres tout en amoindrissant les puissances émergentes, en ces temps-là, donc, n'est-il pas temps de plaider pour la raison, la sagesse, l'unicité du genre humain, et, selon le cas, la laïcité de consensus ou la foi en l'Unique, le Père d'Amour gage de Paix et d'harmonie ?




    Ce post, je l'ai écrit parce que j'ai lu le texte que je joins, dans le blog conseillé par cette autre Eva, soeur inconnue mais si tendrement fraternelle et, comme moi, tournée vers la quête de la vérité, d'une Vérité qui rassemblerait tous les individus au lieu de les dissocier, de les opposer, de les conduire à se dresser les uns contre les autres.

    Mes amis, vous savez combien le politique m'interpelle, puisque ce blog est un blog politique d'alerte, de dénonciation, de combat des atrocités qu'on nous prépare, comme la domination de quelques-uns sur les autres, la destruction de toutes les solidarités humaines, les guerres infâmes qui ne profitent qu'à une petite minorité de prédateurs, au nom d'un choc de civilisations en réalité seulement destiné à masquer les vrais problèmes et à détourner notre attention des vrais coupables, au sommet, relayés par des médias bien serviles.

    Notre époque hyper-technique est cruelle, brutale, égoïste. Raison de plus pour découvrir, ou redécouvrir, l'unité du genre humain, et, pourquoi pas, de la foi. Ce serait aussi une manière de combattre ceux qui ne songent qu'à nous diviser - pour leur seul profit.

    Eva.

                           


    Attention
    ! Sauf information urgente (dont je prendrai connaissance, grâce à mon réseau de relations, avant que les médias ne s'en emparent), je serai en congé pendant au moins 15 jours.


    En attendant, vous pouvez vous abonner, c'est gratuit (à droite de l'écran, présentation du blog), recommander à vos amis mon blog, leur offrir un abonnement (cadeau gratuit si vous êtes fauchés) à R-sistons, ou aux supporters des néo-cons ou du libéralisme, afin qu'ils entendent une voix différente.



     

    Unité en Abraham

    Juifs, Chrétiens et Musulmans sont tous les enfants d’Abraham. Les Juifs et les Chrétiens par Isaac, fils de Sara la femme d'Abraham.. Les Musulmans par Ismaël, fils d'Agar, sa servante....
    http://eva-coups-de-coeur.over-blog.com/article-18863741.html


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    Voici comment
    le site se présente :

     Les fanatiques n'ont pas d'amis dans ce site


    Notre mission est d'injecter l'amour de l'Inspiration biblico-coranique dans les cœurs purs de tous rites, religions et confessions, sans fanatisme ni bigoterie, afin que l'Amour règne sur terre entre l'homme et l'homme son frère
    .

    Découvrons la vraie foi par la connaissance des Saintes Ecritures ! Car cette connaissance seule est capable d'affranchir les cœurs purs des pièges de l'ignorance et des chaînes de certains cultes et diverses traditions hérités d'une foi aveugle, et pratiqués par simple habitude.

    Dieu ne désire pas ces pratiques. Il nous demande simplement de Le connaître et de L'aimer (Osée 6,6 / Jean 4,23-24 / Jean 17,3 ;
    Coran XXII ; Le Pèlerinage, 37).


    http://eva-coups-de-coeur.over-blog.com
    /article-18863741.html




    Le texte à l'origine de ce post :
    (http://www.pierre2.org/fr/drame.htm) :



    Judaïsme, Sionisme, Jésus, Universalité
    Le sionisme politique trahit le judaïsme


    Peu de personnes comprennent le drame de Jésus et la raison pour laquelle les Juifs refusèrent de reconnaître en Lui le Messie attendu : Il refusa de restaurer un Royaume juif car, avait-il révélé, le Royaume de Dieu "n'est pas de ce monde" (Jean 18,36).

    Ainsi, un Etat juif est aussi condamnable par Dieu qu'un Etat chrétien ou musulman.

    En effet, Dieu est pour tous les croyants, mais les Etats appartiennent chacun à ses citoyens, croyants et incroyants.


    Sionisme contre Judaïsme
     

    Le drame de Jésus c'est le sionisme, la politisation du judaïsme. Tout le problème est là ! L'essence du judaïsme est spirituelle. Cette foi en Dieu débuta avec Abraham, il y a 4000 ans, à qui le Créateur se révéla en vue de Se faire connaître par lui à tous les hommes. L'intention divine n'était pas de créer un courant politique juif restreint mais de répandre la connaissance du Dieu unique.

    Durant les siècles, le sionisme a étouffé le judaïsme au point de le réduire à un nationalisme juif. Les Hébreux crurent qu'ils devaient traduire leur foi en créant un Etat national. Le judaïsme, est-il une foi ou un Etat ? Dans l'optique de Dieu, les deux ne sont pas compatibles. Tout le drame est là !


    Histoire de la politisation du Judaïsme
     

    Le Judaïsme prit une tournure politique au XIe siècle av.J.-C., après l'entrée des Israélites en Palestine. Dès cette époque, la communauté juive voulut se transformer en royaume : "Les gens d'Israël dirent à Gédéon : "Règne sur nous, toi, ton fils et ton petit-fils..." ; Gédéon leur répondit : "Ce n'est pas moi qui régnerai sur vous, ni mon fils non plus, car c'est Dieu qui doit être votre Roi" (Juges 8,22-23). Gédéon, avait compris le danger d'une telle dynastie politique et rejeta le projet, comme Jésus après lui, en déclarant que Dieu est l'unique Roi.

    Un second essai fut tenté un siècle plus tard sous Samuel. Cette fois, un royaume juif fut établi avec Saül comme premier roi, mais contrairement à la volonté explicite de Dieu et du Prophète Samuel. En effet, Dieu se considéra détrôné par les Juifs et déclara à Samuel : "...C'est Moi qu'ils ont rejeté ne voulant plus que je règne sur eux" (1 Samuel 8,7).

    Après l'intronisation de Saül, Samuel invita la communauté israélite au repentir et à reconnaître son tort d'avoir choisi un homme comme roi : "Reconnaissez clairement combien grave est le mal que vous avez commis au regard de Dieu en demandant pour vous un roi" (1 Samuel 12,17). Et les Juifs d'avouer : "Nous avons mis le comble à tous nos péchés en demandant pour nous un roi" (1 Samuel 12,19). La politisation du judaïsme est ainsi condamnée, dès l'origine, par ceux-là mêmes qui l'ont instituée.

    Des siècles plus tard, les prophètes rappelèrent aux Juifs leur déviation vers la politique. Dieu dit par le prophète Osée : "Ils (les Israéliens) ont fait des rois, mais sans mon aveu ; ils ont établi des chefs mais à mon insu….(Osée 8,4). ...Tu t'es détruit, Israël ! En Moi seul est ton secours ! Où donc est-il ton roi ? Qu'il te sauve ! Tes chefs, qu'ils te protègent ! Ceux-là dont tu disais : 'Donne-moi un roi et des chefs'. Un roi, Je te l'ai donné dans ma colère et dans ma fureur je te l'enlève" (Osée 13,9-11).

    Effectivement, le royaume fut enlevé d'Israël après l'invasion babylonienne sous Nabuchodonosor, en 586 av.J.-C.. Le Temple de Salomon fut détruit, les Juifs furent déportés en Babylonie et la royauté, la dynastie de David, cessa en Israël depuis (2 Rois 25,8-12 / 2 Chroniques 36,17-21).

    Dès lors, les Israéliens eurent la nostalgie de ce royaume davidique, oubliant totalement que le seul Roi est Dieu. Durant les siècles qui suivirent l'invasion babylonienne, ils tentèrent souvent de rétablir leur royaume en Israël. Ils voyaient dans le Messie la seule personne capable de rétablir ce royaume davidique. Ce royaume terrestre devint leur obsession. Comme les vieux Siméon et Anne, ils attendaient de toutes leurs forces cette "consolation d'Israël", cette "délivrance de Jérusalem" (Luc 2,25-38).

    Au premier siècle av.J.-C., sous l'Empire Romain, les Juifs parvinrent à rétablir un royaume avec l'aide des Romains. Le premier roi fut Hérode le grand. Celui-ci n'obtint pas le consentement du peuple, n'étant pas de la lignée de David, mais un descendant des Maccabées (de la tribu de Lévi).

    Or les Juifs voulaient un royaume autonome dirigé par une dynastie issue de David. Ils cherchaient donc à se soulever, à la fois, contre Hérode et contre les Romains pour rétablir ce royaume. Mais ils croyaient qu'il fallait qu'apparaisse d'abord le Messie pour rassembler le peuple au combat contre les Romains.

    Cette nostalgie croissante d'un royaume israélien éclipsa totalement la dimension spirituelle du judaïsme. Le Messie n'était attendu que pour "sauver" Israël militairement, en vue de restaurer un vaste empire juif, un "Grand Israël" semblable à celui de Salomon
    .


    Jean-Baptiste
     

    Voyant Jean-Baptiste attaquer Hérode, les nationalistes le prirent pour le Messie et le suivirent en foules nombreuses. Mais lui disait aux foules qu'un autre, plus puissant et plus important que lui, devait apparaître (Matthieu 3,11 / Jean 1,26-37). Mais pour Jean-Baptiste, ce Messie qui devait le suivre ne pouvait être qu'un guerrier libérateur. Lui-même ne comprenait pas le comportement de Jésus et, "ayant entendu, dans sa prison, parler des œuvres du Christ, il lui envoya certains de ses disciples pour lui dire : 'Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre' ?" (Matthieu 11,2-3). Il s'attendait à ce que Jésus rassemble le peuple au combat. Or "ces œuvres" du Christ dont il entendait parler, étaient celles d'un miséricordieux qui pardonne et d'un guérisseur, non d'un révolutionnaire juif. Ces œuvres spirituelles ne pouvaient satisfaire les nationalistes, dont Jean faisait partie.

    C'est pourquoi, sans douter de Jésus comme envoyé divin, Jean envoya des disciples Lui demander s'il était le Messie attendu, ou bien "fallait-il en attendre un autre" comme Messie pour mener la révolte ? Il n'avait pas encore saisi la dimension spirituelle de la Libération. C'est la raison pour laquelle Jésus avait dit que Jean-Baptiste est, à cause de sa conception matérialiste du royaume, plus petit que le plus petit dans le Royaume des Cieux, ce dernier ayant compris que ce Royaume est intérieur, dans l'âme. Jean-Baptiste lui-même ne l'avait pas compris (Matthieu 11,2-11).

    Aujourd'hui encore, tous ceux qui ne saisissent pas cette dimension, attendent de même cet "autre Messie" pour restaurer le royaume politique en Israël.


    Jésus
     

    A l'époque de Jésus, les Juifs avaient déjà perdu la notion spirituelle du salut. Les meilleurs parmi eux comprenaient ce fait politiquement. Pour eux, le Messie devait naître d'une famille de haut rang ou riche et puissante de Jérusalem, capable de mobiliser le peuple au combat. Paradoxalement, Jésus sortit d'une modeste famille du village lointain de Nazareth : "De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ?" (Jean 1,46).

    Un pauvre charpentier n'a pas convaincu l'orgueilleuse attente des Israéliens. Sa mission principale était de rétablir le judaïsme dans sa pureté originelle, spirituelle, le libérant de la politique : "Mon royaume n'est pas de ce monde" avait dit Jésus. (Jean 18,36). Par Jésus, Dieu devait reconquérir son Trône dans le cœur des croyants. Ce Royaume ne devait pas se limiter aux seuls Juifs, mais à tous les hommes de bonne volonté du monde entier.

    Jésus apparut parlant du Royaume de Dieu. Les Juifs crurent en Lui en Le voyant opérer des miracles, mais ils voyaient en Lui le libérateur politique et militant. Au lieu de répondre à son invitation au repentir, leur réaction devant ses miracles était nationaliste.

    Ils voulurent Le forcer à être le roi politique d'Israël, à rétablir le royaume de David, Lui qui était issu de la lignée de David. En effet, Jean, dans son Evangile, nous dit que les Juifs, après le miracle de la multiplication des pains, crurent en Jésus, puisqu'ils dirent : "C’est vraiment Lui le Prophète qui doit venir dans le monde". Mais leur réaction devant ce miracle ne fut pas spirituelle, vu que Jean ajoute :

    "Jésus se rendit compte qu'ils allaient venir L'enlever pour le faire roi ; alors Il s'enfuit de nouveau dans la montagne tout seul" (Jean 6,14-15).

    Il faut souligner ce fait qui passe ici inaperçu : "Ils allaient venir L'enlever pour le faire roi... et Jésus s'enfuit". Les Juifs ne venaient pas "solliciter" Jésus, ni Lui "offrir" le royaume israélien, mais le Lui imposer. Il n'avait d'autre choix que la fuite devant ce qui faisait la trahison de sa mission. N'avait-Il pas déjà repoussé l'offre de l'empire israélien de la main du diable ? (Matthieu 4,8-10).

    Dans ces versets paraît le drame de Jésus car, devant sa persistance à renier le royaume d'Israël, les Juifs finirent par le renier, à leur tour, comme Messie.

    Les nationalistes en voulurent à Jésus et le jugèrent non patriotique parce qu'Il n'avait pas mis sa puissance miraculeuse au service de la nation et du trône. C'est pourquoi ils l'accusèrent de "tromper le peuple" (Jean 7,12). C'est que les Juifs nourrissaient, en Le voyant agir et parler, de faux espoirs de restauration nationale : "Nous espérions, nous, que c'était Lui qui délivrerait Israël" dirent deux de ses disciples après Sa mort (Luc 24,21). Voyant que Jésus ne satisfaisait pas leurs espoirs politiques, les chefs juifs conclurent que Ses miracles étaient faits par la puissance du diable (Jean 10,20 / Matthieu 12,24-28). Ils obtinrent enfin que Jésus soit crucifié car, par son messianisme spirituel qui galvanisait les foules, Il était devenu un obstacle à la réalisation de leurs buts politiques et nationalistes (Jean 7,37-52 / 12,10-11).

    Pourtant, Jésus n'est pas le premier Juif à avoir refusé d'établir un royaume israélien, sachant que cela était contraire à la volonté de Dieu.

    Gédéon, Samuel et Dieu Lui-même ne s'étaient-ils pas prononcés contre la réalisation d'un tel royaume, "Dieu étant l'unique Roi" ?

    Jésus eut beaucoup de mal à expliquer à ses amis les plus intimes son Royaume spirituel. A plusieurs reprises Il préparait ses Apôtres à sa mise en croix, non au combat contre Hérode et les Romains. Le Royaume dont Il leur parlait n'avait rien de politique et son langage n'a jamais été celui d'un nationaliste. Il ne parlait jamais du royaume de David mais du Royaume des Cieux. Eux s'attendaient à l'entendre dire par exemple : "Enfants d'Israël, vous les fiers descendants de Jacob et les héritiers de la Terre, suivez-moi, n'hésitez pas à prendre les armes et à libérer la terre de vos ancêtres etc…". Or, Ses discours étaient du genre : "Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux, heureux les doux… heureux les miséricordieux… (Matthieu 5,1-12)… Aimez vos ennemis, priez pour vos persécuteurs...(Matthieu 5,43-45)".

    Aux Pharisiens qui lui demandaient "quand devait arriver le Royaume de Dieu" (d'après eux, le royaume davidique), Jésus répondit : "La venue du Royaume de Dieu ne se laisse pas observer et l'on ne saurait dire : 'Le voici ! Le voilà !'. Car sachez-le, le Royaume de Dieu est en vous" (Luc 17,20-21). Ce Royaume étant intérieur, il ne fallait donc plus en attendre un autre à l'extérieur. Nul en Israël ne s'attendait à ce genre de Royaume ni à ce messianisme. Le courant nationaliste avait séduit tous les Juifs, les Apôtres inclusivement.

    Afin d'instituer ce Royaume divin, il fallait briser l'idole qu'était le Messie politique. Jésus savait qu'il n'y parviendrait qu'au prix de son sang. Il prépara donc ses Apôtres à ce dénouement dramatique : "Le fils de l'homme doit être livré aux mains des hommes et ils Le tueront". A ces mots, "ils furent tout consternés" (Matthieu 17,22-23), car, ne voyant encore en Lui qu'un Messie nationaliste, ils n'imaginaient pas que Jésus soit vaincu, mis à mort, sans rétablir le trône et la dynastie de David.

    Les Apôtres eurent beaucoup de mal à saisir la dimension spirituelle du Royaume quoique Jésus demeurât avec eux durant trois années. Ils continuaient de croire que ce Royaume était politique et lui demandèrent, juste avant l'Ascension : "Seigneur est-ce en ce temps-ci que tu vas restaurer la royauté en Israël ?" (Actes 1,6). Ce n'est qu'après avoir reçu l'Esprit Saint, qu'ils commencèrent à comprendre l'intention du Maître (Actes 1,7-8 / 11,15-18 / 15,7-11).

    Jésus devait remplacer, dans la mentalité de ses Apôtres, la notion du messie sioniste par celle du Messie spirituel et universel. C'est un subtil exorcisme qu'il fallait opérer. Il attendit deux ans avant d'entamer cette délicate opération. D'abord, Il devait s'assurer que ses Apôtres croyaient indéfectiblement en Lui comme Messie. Il fallait qu'Il manifestât sa puissance par les miracles pour donner aux disciples confiance en Lui. C'est ainsi, en effet, qu'ils crurent en Lui (Jean 2,11 / Jean 6,14). C'est alors seulement qu'Il leur demanda : "Pour vous qui suis-Je ?". Et Pierre, lui seul, eut le courage de répondre : "Tu es le Messie".  Néanmoins, pour Pierre et les Apôtres, le messianisme de Jésus ne pouvait être que nationaliste ; Il est le Messie, oui, mais le messie guerrier ! Pierre portait encore son épée lors de l'arrestation de Jésus ! (Jean 18,10-11).

    Le deuxième pas à franchir, le plus délicat, était la révélation de son messianisme spirituel ; les Apôtres ne pouvaient même pas l'imaginer. Jésus, après avoir obtenu de ses disciples, pour la première fois, la reconnaissance de sa qualité de Messie, pouvait franchir ce deuxième pas qui consistait à leur présenter son vrai visage de Messie spirituel, non nationaliste. C'est ce qu'Il fit en leur annonçant, pour la première fois, sa prochaine mise à mort. Il leur déclara cela "à dater de ce jour" où ils Le reconnurent comme Messie, non pas avant, précise Matthieu (Matthieu 16,21). C'était leur dire : Je suis le Messie, oui ! Mais Je ne restaurerai pas de royaume politique. Pour que vous le compreniez, je serai livré à la mort.

    La réaction spontanée de Pierre était de rejeter cette annonce inattendue : "Dieu t'en préserve Seigneur ! Cela lui a valu une sévère réprimande du Christ : "Eloigne-toi de moi, Satan. Tu m'es un scandale, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes" (Matthieu 16,21-23). La réaction de Pierre est due, justement, au fait que les disciples ne pouvaient pas, à ce moment, concevoir que le Messie, le futur roi d'Israël et le sauveur de la nation, finisse sur une croix, comme un vulgaire criminel, eux qui L'imaginaient déjà sur le trône d'Israël, inaugurant la nouvelle dynastie davidique. Le Messie, le roi d'Israël, mourir sur une croix ?! Jamais ! Lui qui doit détrôner Hérode et chasser les Romains ! Les Apôtres "ne comprenaient pas cette parole : elle leur demeurait voilée" (Luc 9,44-45).

    Il fallait que les Apôtres subissent de la part du Maître un réel lavage de cerveau, un "baptême". Il ne pouvait changer leur mentalité que sur la croix. Il fallait que meure le concept du messie sioniste auquel ils croyaient. Il fallait que Jésus meure sans restaurer de royaume israélien. Alors, leur foi en Lui comme Messie -non plus nationaliste, mais spirituel et universel- devait continuer à vivre en eux ; ce qu'ils ne comprirent, en effet, que plus tard, après la crucifixion de Jésus.

    Ainsi, par la mort de Jésus, s'écroule, dans l'esprit de ses disciples, l'idole sioniste. Par sa mort, Jésus triompha de la mort qu'est ce nationalisme : "J'ai vaincu le monde", dit Jésus la veille de sa crucifixion (Jean 16,33).

    Après la mort de Jésus, en effet, les Apôtres continuèrent à croire en Lui comme Messie. Ils découvrirent ainsi la dimension spirituelle et universelle du salut. Dieu n'est plus le monopole des Juifs, Il appartient au monde entier : "Dieu est-il le Dieu des Juifs seulement, et non point des Païens. Certes, également des Païens" (Romains 3,29). Par contre, les nationalistes endurcis, ceux pour qui Jésus était "une occasion de chute" (Matthieu 11,6), et une "pierre d'achoppement" (Romains 9,30-33), furent choqués par son manque de "patriotisme" et Le renièrent.

    Il y a lieu de distinguer entre un nationalisme religieux coupable, créé au nom d'une foi -celui-ci est condamné par Dieu- et un patriotisme légal indépendant de la foi.

    A noter que le messie sioniste représente tout esprit matérialiste et dominateur.

    Cet esprit a séduit d'innombrables Chrétiens le long des siècles. Ceux-ci n'ont rien compris à la Croix du Christ. Tous les matérialistes suivent l'esprit du messie sioniste et meurent dans leurs péchés. C'est le cas des Juifs qui refusèrent, par le passé, et qui refusent encore aujourd'hui, de croire en Jésus (Jean 8, 21-24). Jésus répète encore aujourd'hui à tous : "Si vous ne croyez pas que Je Suis (le Messie) vous mourrez dans vos péchés" (Jean 8,21-24).




    Judas


    Quant à Judas Iscariote, le prétendu apôtre qui trahit le Christ, il n'a jamais suivi Jésus par conviction spirituelle, mais par intérêt matériel.

    Judas croyait que Jésus était le Messie nationaliste.  Les miracles de Jésus et ses discours spirituels le laissaient spirituellement indifférent. Il n'y voyait qu'un moyen pour rétablir le royaume politique et réaliser ses propres ambitions matérielles.

    (..) Quand Judas eut la certitude que Jésus ne comptait pas établir un règne politique, et qu'il ne pouvait plus rien tirer de Lui, il décida de Le livrer (Jean 13,2).

    L'intérêt matériel de Judas primait sur toute autre considération, cela se voit dans son désir de livrer Jésus en en tirant, au moins, un certain profit pécuniaire ...





    Les Apôtres après la Croix


    Les pèlerins d'Emmaüs étaient consternés après la crucifixion de Jésus, déçus de sa mort car, dirent-ils : "Nous espérions, nous, que c'était Lui qui délivrerait Israël" (Luc 24,21). C'est qu'ils s'attendaient à une délivrance politique.

    Lors de l'Ascension, les Apôtres, "quand ils Le virent, ils se prosternèrent ; d'aucuns cependant doutèrent" (Matthieu 28,17). Quelle était la nature de ce doute ? Ils doutèrent de Lui comme Messie vu qu'Il n'avait pas restauré le Royaume en Israël. C'est pourquoi, à ce moment, ils Lui demandèrent de nouveau : "Est-ce en ce temps-ci que tu vas restaurer la royauté en Israël ?" (Actes 1,6).


    Les Juifs d'aujourd'hui


    Aujourd'hui, le drame de Jésus se renouvelle par la résurgence du nationalisme juif incarné dans l'Etat d'Israël. Cet Etat a séduit des foules de Chrétiens menées à le soutenir aveuglément.


    Et ceci, malgré la mise en garde de Jésus : "Prenez garde qu'on ne vous abuse… lorsque vous verrez l'Abomination de la Désolation installée dans le Saint Lieu (Terre Sainte, Jérusalem)… Ne vous mettez pas à leur suite…" (Matthieu 24,4-15 / Luc 21,7-8). Et pourtant, ils se mirent à leur suite !!

    Comment est-il possible de convaincre les Juifs -et particulièrement les Sionistes parmi eux- que Jésus de Nazareth est le Messie qu'ils attendent ?

    Comment les convaincre que le règne auquel ils aspirent est spirituel et en faveur de toute l'humanité ? Comment les convaincre de renoncer à un Etat politique sioniste à travers lequel ils veulent régner sur le monde ?

    Heureux ceux d'entre eux qui entendront la voix du Messie crucifié, l'Unique capable de donner la  vraie paix.

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    Lundi 22 septembre 2008






    Je fais le rêve


      M.L. King 

     

    Je fais le rêve que les hommes,

    un jour, se lèveront et comprendront enfin

    qu'ils sont faits pour vivre ensemble

    comme des frères.

     

    Je fais encore le rêve que nous serons capables

    de repousser au loin les tentations du désespoir

    et de jeter une nouvelle lumière

    sur les ténèbres du pessimisme.

     

    Je rêve que, un jour, notre pays se lèvera

    et vivra pleinement la véritable réalité

    de son credo : "Nous tenons ces vérités

    pour évidentes par elles-mêmes

    que tous les hommes sont créés égaux."

     

    Je rêve que, un jour,

    sur les rouges collines de Georgie,

    les fils des anciens esclaves

    et les fils des anciens propriétaires d'esclaves

    pourront s'asseoir ensemble

    à la table de la fraternité.

     

    Je rêve que mes quatre petits enfants

    vivront un jour dans un pays

    où on ne les jugera pas à la couleur de leur peau,

    mais à la nature de leur caractère.

     

    Oui, nous serons capables de hâter le jour

    où la paix règnera sur Terre

    et la bonne volonté entre les hommes.

    Ce sera un jour merveilleux,

    les étoiles du matin

    chanteront ensemble,

    les fils de Dieu

    pousseront des cris de joie.

     

     

                    Martin Luther King


    http://alainindependant.canalblog.com/archives/2008/09/22/10619244.html


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